Démarches après décès (au passage merci aux service EDF, bien organisés)
1972

Les journées filent

 

    Les journées filent. À toute allure. 

Depuis le dépôt de plainte pour le cambriolage normand, et les derniers choix funéraires, rien de réellement pénible pris séparément - et d'ailleurs il ne faut pas se plaindre, même ces devoirs se sont accompli dans les meilleures conditions -. Mais l'énergie semble s'être évaporée, passée dans un siphon. 

Je m'efforce de faire l'essentiel. Y parviens à peu près. Restent toujours des monceaux de choses à faire. 

Chaque mauvaise nouvelle pèse de tout son poids. C'est une autre mère malade, que je ne connais pas, mais je sens qui je connais soucieuse, ce sont des démarches qui n'aboutissent qu'au prix d'une dépense d'énergie excessive, c'est un entraîneur que j'aime bien et qui se retrouve à l'hôpital et a frôlé un grand danger, un livre publié d'un ancien bien-aimé avec sa dulcinée qui me peine, oui, même après plusieurs années (toujours cette sensation d'avoir été spoliée, dépouillée, bien plus que par le cambriolage en Normandie de nos pauvres effets et denrées), mais on ne peut reprocher aux amis communs qui n'ont rien à reprocher à leur pote et trouvent probablement eux aussi la dame fort attirante, de relayer l'info - peut-être qu'au fond tous les hommes en bonne santé ont des agissements de cet ordre à se reprocher, laisser brutalement tomber une qui les a aidés pour une autre porteuse de meilleures perspectives -. Personne n'y est pour rien si croiser ce genre de nouvelles, réjouissante pour le reste du monde, blessante seulement pour moi, tombe au pire moment personnel, au second pire moment (le pire du pire c'était le 8 janvier 2015 avec la petite promo y afférent), j'attends par ailleurs un document qui tarde, ça devient inquiétant, la rupture dont j'ai appris la survenance récemment me peine infiniment, pour les deux principaux protagonistes - comment un long bonheur, du moins ce qui semblait tel, peut-il être brisé si brutalement - et derrière à nouveau pour l'entourage de second cercle, dont je suis, la perte d'une personne qu'on aimait bien, qui comptait, parce qu'elle disparaît de fait. Si je parviens contre vents et marées à mener l'écriture à bien j'écrirai un jour un ouvrage fait des portraits de mes chers "disparus par ricochets" : ceux qui ont changé de vie, de métier, de pays, et happés par leur nouvelle vie n'ont plus donné de nouvelles, les conjoints des cousins et amis, les enfants grands des bien-aimés, des grands amis, qui nous quittent et que du coup on ne voit plus non plus. Une amie proche d'une grande amie qui nous écarte de sa vie et qui plus tard meurt sans qu'on ne l'est jamais revue, ceux qui nous effacent parce que l'on est ami-e avec quelqu'un qu'ils ont salement quitté (nous sommes sans doute témoins désormais indésirables de leur moment de mocheté). Bref, toutes ses frontières affectives que l'on ne distingue pas lorsque tout va bien et qui se révèlent quand s'achève la paix.
Il y aura aussi deux chiens, même si j'ai des nouvelles et vois souvent de belles photos de l'un : je partageais avec lui trois jours par semaines de mon quotidien et sa présence expressive me manque encore aujourd'hui. Quant à l'autre, il est peu probable que je le revoie jamais. Il était si affectueux avec moi, m'avais adoptée. 
Pour faire bonne mesure, je raconterai aussi quelques retrouvailles formidables de personnes qu'ainsi indirectement j'avais cru perdues à tout jamais.

J'ai un immense besoin de quelques jours de vacances. Un long week-end s'approche, celui des 4, 5 et 6 mars, il faudra que ça me suffise à me remettre sur pied. 
C'est qu'il me restait encore un brin d'avenir lorsque tout s'est (re)mis à vriller. Parce que vous voyez, je commence à en avoir plus qu'assez du syndrome de George Bailey.

 

PS : Au passage tombée sur cette video rieuse, sur les internets tout existe, décidément (mais pourquoi diable les Irlandais ?). Celle-ci, fort instructive, n'est pas mal non plus.

PS' : Rien à voir avec rien mais depuis hier je descends sans problème à vitesse normale les escaliers. On dirait qu'un sort qui m'était jeté a été levé c'est très étrange comme sensation de n'avoir plus aucune difficulté à exécuter des mouvements qui jusqu'alors tout aussi mystérieusement coinçaient. Puisse cette nouvelle capacité; comme la résistance au froid, me durer. 

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