1972
Quand bien même (Le chant du canari)

BDJ - Les dossards et une place offerte

(J'ai dû interrompre les Bonheurs du jour l'an passé indépendamment de ma volonté, je persiste à en rédiger encore, quand ça peut)

   

    Le deuil est encore là, je me sens encore engluée dans les démarches - consciente qu'il s'agit pour partie d'un problème personnel avec ce type d'activités, car pour l'instant tout se passe plutôt pas si mal, j'ai des personnes compétentes au téléphone, de visu ou en ligne, et je ne suis pas encore tombée sur un blocage en mode cercle vicieux (1) - et il se trouve très malheureusement que les heures de travail vont sans doute augmenter sur la période qui vient, temps bousculés en sombre et désolant relais pour la personne pour laquelle je travaille (2). Tout se passe comme s'il n'y avait décidément plus moyen de prévoir, de s'organiser.

Je tente de maintenir les inscriptions sportives, les entraînements lorsque je ne tousse pas (trop), les participations.

Alors aujourd'hui c'était le moment d'aller chercher les dossards pour les 10 km. Une petite boutique d'équipement de marathon à Ermont, servait de relais. Nous y sommes allés à deux afin qu'en cas d'attente je puisse filer au travail sans tarder. Il y avait quelques personnes, pas trop, juste ce qu'il fallait et une ambiance joyeuse, tout le monde semblait content d'être là, futurs participants comme organisateurs. L'homme s'est même enfin laissé convaincre de s'acheter des collants de course histoire d'avoir une tenue alternative l'hiver à ses vieux survêtements. C'est dire si l'ambiance était à une légère euphorie.

Je pense que demain on rigolera moins, nous n'avons pas pu nous entraîner autant que nous l'aurions souhaité et 10 km avec pas mal de dénivelées, on sera contents d'arriver. Quant à ceux qui prenaient leurs dossards pour des 24 ou 42 bornes, même si le parcours est magnifique, ils ne vont pas plaisanter. 

Seulement voilà, le temps d'être dans la petite boutique lors d'un moment de grand soleil, heureux à l'idée de bientôt en découdre, tous les chagrins, toutes les tristesses et même Lord Dampnut étaient restés dehors, c'était redevenu un moment joyeux d'une période normale de pendant la paix.

 

L'autre BDJ fut joli, surprenant aussi.

Je rentrais via un RER C à Ermont Eaubonne. J'étais vêtue en mode sport, jean noir vieux blouson de cuir qui a fait dix vies, j'avais mon sac à dos en guise de sac à main, un bouquin à ma main gauche et une roue de VTT à droite (3). Je ne pense donc pas que je faisais "vieille dame" à laquelle l'ancienne éducation préconise que des égards sont dus. Il semblait y avoir (eu) un incident : foule assez dense sur le quai. Train annoncé douze minutes après. J'ai calé la roue en bordure d'une série de sièges tous occupés, et je m'apprêtais à ouvrir mon livre lorsqu'un homme jeune m'a proposé son siège, "pour lire ça sera plus facile" a-t-il argumenté. J'étais sidérée. Finalement une autre place s'est libérée qui a mis fin à notre conversation (je disais que ça n'était pas la peine, il insistait avec gentillesse). Il est assez fréquent qu'on me propose une place, sans doute mes cheveux que je laisse grisonnants, ou mon teint particulièrement pâle, ma fatigue qui se voit - alors que j'ai parfaitement l'habitude de fonctionner comme ça -, ou dernièrement mon air sans doute très triste que je ne maîtrise pas, mais c'est la première fois qu'on me le proposait afin que je puisse lire plus confortablement. Le gars avait été attentif à ça.

En ces temps électoraux les plus déprimants effarants que j'aie jamais connus - et ça commence à faire -, son attitude, cette attention m'ont redonné un petit brin d'espoir, allez allez, tout n'est pas perdu.

Et je me suis promis, pas sûre d'y arriver, de tenter à mon tour d'être attentive aux autres lorsque je circule et moins perdue dans mes lectures ou mes petites pensées. 

(après coup je me suis demandée s'il ne m'avait pas prise pour quelqu'un d'autre, quelqu'un d'un peu connu (sauf que je ne vois pas qui))

(après coup aussi je me rends compte que depuis trois à quatre mois ça fait un joli petit paquet de fois que dans ma banlieue nord des personnes de là, toutes jeunes, hommes ou femmes se montrent spontanément particulièrement gentils avec moi, y aurait-il un mouvement souterrain concerté de civisme ? par exemple des jeunes qui auraient décidé délibérément de faire mentir les racistes, les cons, les méprisants ? sont-ils des anges de Wim ? ou simplement des gens un peu idéalistes, un peu rêveurs comme moi qui en ont assez du monde trop concurrentiel trop coupant et qui ont décidé d'agir là où ils le peuvent ?)

 

(1) Vous savez quand on ne peut faire une certaine démarche tant qu'on n'a pas un certain papier pour l'obtention duquel il faut faire la démarche qu'on ne peut pas faire tant qu'on ne l'a pas.
(2) 2017 démarre rude.
(3) Je m'apprête à remettre en état un VTT solide mais un tantinet en pièces détachées qu'un ami client m'a offert. Et je compte m'en servir pour aller bosser, le vélo de course étant pour les routes très fréquentées aux tessons de bouteille et autres déchets coupants nombreux assez peu adapté.

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