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Au mois de mai prochain (François Morel)

 

    Et voilà, François (Morel) m'a encore fait pleurer. Il évoque la beauté des images que partage Thomas Pesquet, et en creux la situation au ras du sol. 

Thomas Pesquet, en mai ne redescendez pas trop vite

 

Pour qui n'a pas encore eu le loisir de les admirer, voici le compte Twitter de l'astronaute, son blog (à vous dégouter de tenir un journal de bord lorsque vous êtes sur terre avec vos petits tracas de fins de mois), son compte flickr et son instagram. On se rappellera qu'avant sa destruction la planète fut ainsi. 

François, Thomas, comment vous remercier pour ce que vous nous accordez ?


Quand bien même (Le chant du canari)

"Je vous le dis, comme nous avons déjà essayé de vous le chanter sous tous les tons: Ils viendront pour vous. Ils vont commencer par nous, les minorités, vous allez mettre du temps à réagir, il y aura des morts. Et ils se tourneront vers vous, rognant vos droits pour aller encore plus loin dans ce qu’ils portent par essence, le fascisme."

Je ne sais pas bien écrire sur les choses politiques, il me manque des certitudes, des solutions à proposer. Ça n'empêche pas que je sois lucide sur ce qui nous pend au nez. 

Certains de mes amis, eux, savent argumenter, trouver les mots précis et juste. Qu'ils existent est pour moi un secours, une force, un soulagement. Parmi eux Le Roncier .                                                                    

Voici ce qu'il écrit aujourd'hui sur la situation actuelle. Mis à part que je ne saurais dire "je" pour une minorité puisque j'ai eu cette chance à la loterie des naissances de tirer un ticket "mainstream", je ne saurais rien enlever ni ajouter. Parce que je sais parfaitement que tout populisme d'extrême droite conduit tôt ou tard à la répression et à la misère du tout venant des gens. Puis à une guerre, généralement.

Le chant du canari

 

"Quand bien même Le Pen perdrait, je ne vois pas comment on pourrait se réjouir. Je refuse par avance votre invitation à la grande célébration républicaine qui suivrait une victoire d’un autre candidat de droite. Ne comptez pas sur moi pour me réjouir d’avoir évité la sortie de route, alors que celle-ci nous mène au ravin."

 

PS pédagogique : La culture minière qui était fort répandue encore parmi les classes moyennes lorsque j'étais enfant n'est peut-être plus aussi répandue, dans le doute et au moins pour mes enfants s'ils viennent à lire par ici, voici l'explication du titre : dans les mines de charbons la présence de canaris au fond permettait d'avertir les mineurs d'un coup de grisou 


BDJ - Les dossards et une place offerte

(J'ai dû interrompre les Bonheurs du jour l'an passé indépendamment de ma volonté, je persiste à en rédiger encore, quand ça peut)

   

    Le deuil est encore là, je me sens encore engluée dans les démarches - consciente qu'il s'agit pour partie d'un problème personnel avec ce type d'activités, car pour l'instant tout se passe plutôt pas si mal, j'ai des personnes compétentes au téléphone, de visu ou en ligne, et je ne suis pas encore tombée sur un blocage en mode cercle vicieux (1) - et il se trouve très malheureusement que les heures de travail vont sans doute augmenter sur la période qui vient, temps bousculés en sombre et désolant relais pour la personne pour laquelle je travaille (2). Tout se passe comme s'il n'y avait décidément plus moyen de prévoir, de s'organiser.

Je tente de maintenir les inscriptions sportives, les entraînements lorsque je ne tousse pas (trop), les participations.

Alors aujourd'hui c'était le moment d'aller chercher les dossards pour les 10 km. Une petite boutique d'équipement de marathon à Ermont, servait de relais. Nous y sommes allés à deux afin qu'en cas d'attente je puisse filer au travail sans tarder. Il y avait quelques personnes, pas trop, juste ce qu'il fallait et une ambiance joyeuse, tout le monde semblait content d'être là, futurs participants comme organisateurs. L'homme s'est même enfin laissé convaincre de s'acheter des collants de course histoire d'avoir une tenue alternative l'hiver à ses vieux survêtements. C'est dire si l'ambiance était à une légère euphorie.

Je pense que demain on rigolera moins, nous n'avons pas pu nous entraîner autant que nous l'aurions souhaité et 10 km avec pas mal de dénivelées, on sera contents d'arriver. Quant à ceux qui prenaient leurs dossards pour des 24 ou 42 bornes, même si le parcours est magnifique, ils ne vont pas plaisanter. 

Seulement voilà, le temps d'être dans la petite boutique lors d'un moment de grand soleil, heureux à l'idée de bientôt en découdre, tous les chagrins, toutes les tristesses et même Lord Dampnut étaient restés dehors, c'était redevenu un moment joyeux d'une période normale de pendant la paix.

 

L'autre BDJ fut joli, surprenant aussi.

Je rentrais via un RER C à Ermont Eaubonne. J'étais vêtue en mode sport, jean noir vieux blouson de cuir qui a fait dix vies, j'avais mon sac à dos en guise de sac à main, un bouquin à ma main gauche et une roue de VTT à droite (3). Je ne pense donc pas que je faisais "vieille dame" à laquelle l'ancienne éducation préconise que des égards sont dus. Il semblait y avoir (eu) un incident : foule assez dense sur le quai. Train annoncé douze minutes après. J'ai calé la roue en bordure d'une série de sièges tous occupés, et je m'apprêtais à ouvrir mon livre lorsqu'un homme jeune m'a proposé son siège, "pour lire ça sera plus facile" a-t-il argumenté. J'étais sidérée. Finalement une autre place s'est libérée qui a mis fin à notre conversation (je disais que ça n'était pas la peine, il insistait avec gentillesse). Il est assez fréquent qu'on me propose une place, sans doute mes cheveux que je laisse grisonnants, ou mon teint particulièrement pâle, ma fatigue qui se voit - alors que j'ai parfaitement l'habitude de fonctionner comme ça -, ou dernièrement mon air sans doute très triste que je ne maîtrise pas, mais c'est la première fois qu'on me le proposait afin que je puisse lire plus confortablement. Le gars avait été attentif à ça.

En ces temps électoraux les plus déprimants effarants que j'aie jamais connus - et ça commence à faire -, son attitude, cette attention m'ont redonné un petit brin d'espoir, allez allez, tout n'est pas perdu.

Et je me suis promis, pas sûre d'y arriver, de tenter à mon tour d'être attentive aux autres lorsque je circule et moins perdue dans mes lectures ou mes petites pensées. 

(après coup je me suis demandée s'il ne m'avait pas prise pour quelqu'un d'autre, quelqu'un d'un peu connu (sauf que je ne vois pas qui))

(après coup aussi je me rends compte que depuis trois à quatre mois ça fait un joli petit paquet de fois que dans ma banlieue nord des personnes de là, toutes jeunes, hommes ou femmes se montrent spontanément particulièrement gentils avec moi, y aurait-il un mouvement souterrain concerté de civisme ? par exemple des jeunes qui auraient décidé délibérément de faire mentir les racistes, les cons, les méprisants ? sont-ils des anges de Wim ? ou simplement des gens un peu idéalistes, un peu rêveurs comme moi qui en ont assez du monde trop concurrentiel trop coupant et qui ont décidé d'agir là où ils le peuvent ?)

 

(1) Vous savez quand on ne peut faire une certaine démarche tant qu'on n'a pas un certain papier pour l'obtention duquel il faut faire la démarche qu'on ne peut pas faire tant qu'on ne l'a pas.
(2) 2017 démarre rude.
(3) Je m'apprête à remettre en état un VTT solide mais un tantinet en pièces détachées qu'un ami client m'a offert. Et je compte m'en servir pour aller bosser, le vélo de course étant pour les routes très fréquentées aux tessons de bouteille et autres déchets coupants nombreux assez peu adapté.


1972

20 ans Anne - 1972

Les deuils peuvent être l'occasion de revisiter les vieux albums photos (du moins lorsqu'on est assez vieux pour que des photos de papier soient conservées en cette forme). Une de mes cousines m'a fait parvenir celle-ci. 

Comme l'image a quarante-cinq ans d'âge je pense qu'à condition de n'y mettre aucun noms je peux la publier, et que son flou "vintage" préserve de toutes façons un certain anonymat.

Il s'agissait d'un anniversaire, c'était en Bretagne et un exploit de tous nous rassembler - conjonction de vacances scolaires communes (1), jours de congés pour ceux qui travaillaient -.

Cette image est typique des temps, coiffures, attitudes et vêtements. Pile typiques de la classe moyenne d'en France d'en ce temps.

La hiérarchie de nos tailles d'adultes ne sera pas celle de nos tailles d'enfants, d'adolescents. C'est amusant. Les aînés ont l'air plus âgés que des personnes de maintenant pourvues du même âge à présent. C'est assez frappant. Sans doute parce que l'on entre désormais plus tard dans la vie active, si l'on parvient à y entrer, que l'on reste plus tard aussi chez papa-maman. Pour des raisons de localisation, la plupart de mes cousins et cousines sont en pension dans la grande ville de leur respectif département. Il me semble que par la suite il y a eu davantage d'établissements dans des villes de taille moyenne, ou de ramassages scolaires organisés qui permettent aux collégiens, aux lycéens de rentrer chez eux après chaque journée.

À l'époque les familles équipées de plusieurs voitures sont rares. Généralement il y en a une, utilisée prioritairement par le père, lequel possède le travail qui fait bouillir la marmite. Si la femme travaille c'est presque toujours pour un salaire d'appoint, en complément.

Il y a une seule télé par foyer, le plus souvent en noir et blanc. 1972 c'est l'année où une troisième chaîne en France est lancée. On trouvait déjà que deux c'était pas mal. À l'époque du coup tout le monde regarde à peu près les mêmes trucs (ou s'en abstient), mais ça crée des références communes, un fond commun ("Je n'aime pas Guy Lux, je préfère Les dossiers de l'écran", "Léon Zitrone à l'enterrement de [célébrité ou tête couronnée] était vraiment très bien"). De nos jours il y a un grand éclatement, ce qui fait que chacun peut vivre à l'intérieur d'un même pays dans différentes sortes de petits mondes séparés. Je ne dis pas que c'était mieux ou moins bien, je constate simplement que c'est une des différences les plus flagrantes : qui passait devant un kiosque à journaux savait qui les gros titres concernaient ; de nos jours je pense qu'au quidam moyen d'âge moyen, la moitié des titres échappe complètement, d'autant plus que la presse "people", alors assez limitée, a fleuri entre temps. Dans les bureaux, les cours de récré, on parlait d'émissions qui la veille avaient été vues ou non mais en un choix déterminé, par tout le monde. Les retransmissions sportives étaient en nombre limité mais accessibles par tous. 

Le seul "appareil" que nous portons sur nous est une montre, éventuellement. La plupart des familles disposent du téléphone et les communications ne passent plus par des opératrices. Mais les communications coûtent cher, on ne s'appelle pas pour papoter, si l'on veut se confier, on s'écrit des cartes ou des lettres de papier. Les enfants doivent demander la permission pour appeler un ami, par exemple s'il l'on a été malade et qu'il y a des devoirs d'école à rattraper. Les parents veillent à ce que la conversation ne soit pas indûment par des bavardages prolongée.

La maladie est toujours un sale coup, mais pas un tracas financier du moins pour les salariés, il y a la sécurité sociale. Les médicaments, les soins, les examens (beaucoup plus rares, seulement pour les choses sérieuses), sont remboursés.

Nos habits n'ont pas de marques particulières, ni nos souliers. Et s'il en existe, par exemple pour les lunettes - j'imagine qu'il y avait des fabriques différentes -, le sigle est discret.

1972 est l'année de l'insouciance, la dernière : en septembre 1973 il y aura le quasi assassinat du président Allende et qui marquera la fin d'un espoir possible, quoi qu'il advienne d'un peu social et pour le peuple, dans le monde occidental les USA mettront d'une façon ou d'une autre le hola. La guerre froide Est/Ouest semble un truc intangible, de toute éternité, rassurant à sa manière. Qu'on soit d'accord avec eux ou non et fors quelques dictateurs ponctuels et lointains, les dirigeants du monde d'alors sont des êtres responsables, ils vont éviter de faire tuer d'un seul coup le monde entier. Le premier choc pétrolier n'a pas encore eu lieu. La guerre la plus récente est loin (dans le temps) les guerres en cours loin (géographiquement). En Italie ça commence à barder, mais c'est encore diffus. Les années de plomb prendront corps pour moi avec les attentats de Bologna et l'enlèvement d'Aldo Moro (2). Enfant, j'ai l'impression que la guerre c'est en Israël-Palestine et au Vietnam, et que quand celles-ci seront finies ça en sera fini de la guerre partout. C'est tellement bête, la guerre. Il y a des famines aussi, confusément je crois qu'elles sont dues à des conditions climatiques, des sécheresses. J'ignore totalement qu'il y a des pays du monde où les femmes sont comme en prison, tenues à l'écart, sommées de s'habiller de telle ou telle façon, réduites à une forme d'esclavage domestique. Pour moi il est clair et très évident qu'une fille "vaut" autant qu'un garçon, voire plutôt mieux vu qu'ils perdent plein de temps à faire la bagarre, mon dieu qu'ils sont bêtes. Si autour de moi les femmes sont plutôt cantonnées aux travaux de la famille et de la maison c'est parce qu'avant l'invention des médicaments beaucoup de bébé mouraient alors il fallait en faire naître le plus qu'on pouvait pour qu'un nombre raisonnable survive. C'était une répartition des tâches concertée pour la survie d'une famille et de l'espèce. À présent pas de problème alors les femmes peuvent travailler à l'extérieur, ce qui est quand même beaucoup plus intéressant que faire toujours le même ménage et les mêmes repas à la maison, et même une enfant sans arrêt malade comme je l'étais peut survivre et aller à l'école (3). 

Il y a du travail pour tous ceux qui le souhaitent, pas toujours facile, pas forcément bien payé, suffisamment pour en vivre à condition de "faire attention". 

Le chômage, quand il survient, est indemnisé sans limite de durée, puisque forcément à un moment, à moins d'être un glandeur on finit par trouver. 

Il y a un début d'illusion d'avoir le choix de ses avenirs. Qu'est-ce que tu aimerais faire plus tard ?

Dix ans plus tard, c'était rapé (à moins d'avoir les moyens de financer des études incertaines, ou s'installer dans un métier en indépendant, ou enchaîner des stages gratuits avant d'obtenir un contrat).

Le travail que quatorze ans plus tard j'exercerai n'existe pas encore tout à fait. Celui que ma mère effectuait avant ma naissance est sur le point de disparaître (4). Pour autant sur le moment on a l'illusion d'une certaine immuabilité.

Ça commence à s'assombrir dans les mines, les grandes industries. Mais lorsque l'on n'est pas d'une région concernée on peut encore se permettre de l'ignorer. 

Il y a des soucis de pollution mais pour des choses de taille, l'énergie nucléaire qu'on installe sans savoir comment traiter les déchets, des usines chimiques dangereuses, des risques accidentels. Les poubelles ne sont un souci pour personne, ni circuler en voiture - l'avion est réservé à une élite de fric ou à ceux qui ont des déplacements professionnels ou liés à une activité (sportive par exemple) -. On sait que fumer n'est pas très bon pour la santé, d'ailleurs ça fait tousser. Mais si c'était si mauvais, ça se saurait.

On croit vraiment au progrès, tout avance si vite, et le confort accessible de plus en plus à tous. Des solutions à tout seront bientôt trouvées. On a de l'an 2000 des images de science fiction.

En attendant pour la vaisselle, quand on a comme ça des repas de famille, on s'y met tous, les jeunes, à un moment donné, y a qui lave, qui rince et qui essuie. Je suis fière d'être assez grande pour participer à l'essuyage (mais pas les verres, pas les verres en cristal, c'est trop fragile).

Voilà, 1972 c'est une année où du moins en France, dans une région pas trop reculée, on peut croire en un avenir meilleur, joyeux et partagé, où quand on s'y met tous, sont rigolotes même les corvées.

 

(1) à la mémoire en ce temps là c'était beaucoup moins zoné, ce qui permettait de se retrouver entre cousins de régions différentes.

(2) qui me marquera car je percevrais (sans trop savoir l'analyser, du haut de mes 15 ans) qu'il aura été tué pas tant par la bande de pauvres embrigadés bien embêtés d'avoir à le faire (sans doute en quelque sorte les équivalents de certains des djihadistes de maintenant : idéalistes, n'ayant pas leur place dans la société, facilement embarquables dans des structures qui les adoubent en apprentis héros après injection d'une idéologie de type tout-en-un, ensuite il est trop tard pour dire que ça va trop loin, que le monde meilleur pour lequel on voulait s'enrôler est en fait bien pire, et de loin) que par ceux de son propre camp qui l'auront lâché, trop contents de se saisir de la place vacante. J'avais l'impression, vraie ou fausse, que cet homme n'était pas le pire de ceux qui détenaient du pouvoir. Bref : double mauvais casting, cinq plus un morts, au moins.

(3) À l'époque je raisonnais ainsi, j'avais neuf ans.

(4) perfo vérif 

PS : Et déjà je n'aime pas être sur la photo mais préfère tenir l'appareil, si l'on consent à me le confier. 


Les journées filent

 

    Les journées filent. À toute allure. 

Depuis le dépôt de plainte pour le cambriolage normand, et les derniers choix funéraires, rien de réellement pénible pris séparément - et d'ailleurs il ne faut pas se plaindre, même ces devoirs se sont accompli dans les meilleures conditions -. Mais l'énergie semble s'être évaporée, passée dans un siphon. 

Je m'efforce de faire l'essentiel. Y parviens à peu près. Restent toujours des monceaux de choses à faire. 

Chaque mauvaise nouvelle pèse de tout son poids. C'est une autre mère malade, que je ne connais pas, mais je sens qui je connais soucieuse, ce sont des démarches qui n'aboutissent qu'au prix d'une dépense d'énergie excessive, c'est un entraîneur que j'aime bien et qui se retrouve à l'hôpital et a frôlé un grand danger, un livre publié d'un ancien bien-aimé avec sa dulcinée qui me peine, oui, même après plusieurs années (toujours cette sensation d'avoir été spoliée, dépouillée, bien plus que par le cambriolage en Normandie de nos pauvres effets et denrées), mais on ne peut reprocher aux amis communs qui n'ont rien à reprocher à leur pote et trouvent probablement eux aussi la dame fort attirante, de relayer l'info - peut-être qu'au fond tous les hommes en bonne santé ont des agissements de cet ordre à se reprocher, laisser brutalement tomber une qui les a aidés pour une autre porteuse de meilleures perspectives -. Personne n'y est pour rien si croiser ce genre de nouvelles, réjouissante pour le reste du monde, blessante seulement pour moi, tombe au pire moment personnel, au second pire moment (le pire du pire c'était le 8 janvier 2015 avec la petite promo y afférent), j'attends par ailleurs un document qui tarde, ça devient inquiétant, la rupture dont j'ai appris la survenance récemment me peine infiniment, pour les deux principaux protagonistes - comment un long bonheur, du moins ce qui semblait tel, peut-il être brisé si brutalement - et derrière à nouveau pour l'entourage de second cercle, dont je suis, la perte d'une personne qu'on aimait bien, qui comptait, parce qu'elle disparaît de fait. Si je parviens contre vents et marées à mener l'écriture à bien j'écrirai un jour un ouvrage fait des portraits de mes chers "disparus par ricochets" : ceux qui ont changé de vie, de métier, de pays, et happés par leur nouvelle vie n'ont plus donné de nouvelles, les conjoints des cousins et amis, les enfants grands des bien-aimés, des grands amis, qui nous quittent et que du coup on ne voit plus non plus. Une amie proche d'une grande amie qui nous écarte de sa vie et qui plus tard meurt sans qu'on ne l'est jamais revue, ceux qui nous effacent parce que l'on est ami-e avec quelqu'un qu'ils ont salement quitté (nous sommes sans doute témoins désormais indésirables de leur moment de mocheté). Bref, toutes ses frontières affectives que l'on ne distingue pas lorsque tout va bien et qui se révèlent quand s'achève la paix.
Il y aura aussi deux chiens, même si j'ai des nouvelles et vois souvent de belles photos de l'un : je partageais avec lui trois jours par semaines de mon quotidien et sa présence expressive me manque encore aujourd'hui. Quant à l'autre, il est peu probable que je le revoie jamais. Il était si affectueux avec moi, m'avais adoptée. 
Pour faire bonne mesure, je raconterai aussi quelques retrouvailles formidables de personnes qu'ainsi indirectement j'avais cru perdues à tout jamais.

J'ai un immense besoin de quelques jours de vacances. Un long week-end s'approche, celui des 4, 5 et 6 mars, il faudra que ça me suffise à me remettre sur pied. 
C'est qu'il me restait encore un brin d'avenir lorsque tout s'est (re)mis à vriller. Parce que vous voyez, je commence à en avoir plus qu'assez du syndrome de George Bailey.

 

PS : Au passage tombée sur cette video rieuse, sur les internets tout existe, décidément (mais pourquoi diable les Irlandais ?). Celle-ci, fort instructive, n'est pas mal non plus.

PS' : Rien à voir avec rien mais depuis hier je descends sans problème à vitesse normale les escaliers. On dirait qu'un sort qui m'était jeté a été levé c'est très étrange comme sensation de n'avoir plus aucune difficulté à exécuter des mouvements qui jusqu'alors tout aussi mystérieusement coinçaient. Puisse cette nouvelle capacité; comme la résistance au froid, me durer. 


Démarches après décès (au passage merci aux service EDF, bien organisés)

(billet pas très poétique, mode Si ça peut servir à d'autres on)

 

    Un décès de parent lorsqu'il n'y a pas de conjoint survivant, c'est aussi toutes sortes de démarches triviales à accomplir.

Alors voilà, ma mère n'avait pas souhaité nous donner procurations, refusait l'usage de tout ordinateur ou internet - ça n'est pas faute d'avoir tenté de l'équiper / lui expliquer - et même le téléphone portable. Elle n'a jamais utilisé de carte bancaire. Elle payait ses factures par TIP (ou par chèque) et recevait des relevés de comptes par courrier.

Je préviens peu à peu les différents organismes de son décès. 

Mon métier (tenir une boutique, seule le plus souvent ; il y a des clients, je peux éventuellement recevoir un appel bref, difficilement dire aux clients Euh attendez, j'appelle) et le fait que je passe l'essentiel de mon temps personnel travaillé en bibliothèque font que passer des appels téléphoniques aux heures ouvrées ne m'est pas toujours aisé.

La banque postale surprend un peu : nous venons là où elle avait son compte déposer l'acte de décès et seule une jeune femme semble connaître la marche à suivre. Elle prend le document et nous dit que c'est bon. Nous n'avons aucun récépissé. Et sur le moment, trop KO par tout ce qu'il y avait à faire (en plus que je ne devais pas traîner, il fallait que j'aille bosser) pour demander. Pas de nouvelles depuis.

Les notaires semblent débordés : on nous envoie une liste de pièces à rassembler. J'eusse aimé un premier rendez-vous pour justement établir précisément ce qu'il convenait de faire, apprendre au concret comment se présentait la succession. Mais tout se passe comme s'il fallait d'abord savoir. Bien sûr on peut glaner tout ce qu'on veut comme infos à droite et à gauche mais ça prend du temps et rien n'est tout à fait pareil vraiment et les lois et les droits bougent un peu, les planchers, les plafonds, certains délais. Du coup, pilotage sans visibilité en attendant qu'on nous dise qu'on n'a sans doute pas fait tout ce qu'il fallait. 

Les pompes funèbres pour l'organisation ont été très bien, nous sommes tombés sur un professionnel efficace, que du bien à en dire. Reste un reliquat à payer au delà du forfait prélevable sur la succession. Bizarrement, je ne parviens plus à le joindre. 

Nous passons à la maison de ma mère prendre le courrier. Les premières factures arrivent.  

Je pense arrêter le téléphone, et en attendant que la succession soit débouclée payer le gaz et l'électricité. 

Pour ce qui me concerne et ma petite famille, c'est simple tout est depuis longtemps réglé par l'internet et les "espaces clients" des sites y afférents. 

Le hic c'est que du fait de contrôles de sécurité il est en pratique impossible de créer l'espace client d'un autre compte (même avec une adresse mail différente), il faut d'abord passer par le téléphone et un-e opérateur/-trice qui accorde d'ajouter un nouvel accès.

Pour EDF le numéro qui figurait sur la plus récente facture papier ( 09 69 36 66 66 ) s'est révélé efficace. Passé les # et les touches étoiles et le numéro de client à saisir, et une ou deux questions de localisations, il a été possible et assez rapide de tomber sur un être humain qui semblait parfaitement qualifiée était très agréablement compréhensible, peut-être même située en France et permettait d'effectuer l'ensemble des actions : déclarer le décès, mettre en place un nouveau canal de paiement, conseiller (en l'occurrence : nous ignorons si la dernière facture fut ou non honorée).

Pour le gaz (Engie désormais), c'est plus compliqué. Pas possible de passer par le site on dirait qu'un barrage est fait dès lors qu'on a déjà un contrat et un "espace client". Le téléphone indiqué sur la facture (0969324324) ne donne accès qu'à des robots (ou alors à un être humain après une cascade dont je n'ai su trouver la porte d'entrée) pour des questions bien bornées (payer, consulter etc.). À l'heure qu'il est je tente ma chance via twitter. À suivre, donc.

Ce qui est curieux c'est que dans tous les cas, je dois me démener alors qu'il s'agit simplement de souhaiter payer.

Prochaine tâche : m'attaquer à la résiliation du téléphone fixe. 

 

addenda du 23/02/17 10h56 : De nos jours il faut donc passer par l'internet et tout finit par s'arranger. 

J'ai donc reçu après appel à l'aide sur twitter un coup de fil fort efficace et courtois d'Engie, des nouvelles de l'entreprise de Pompes Funèbres.

Reste à revoir avec la Banque Postale dont le silence m'étonne (pas même un document pour confirmer la bascule du compte en "succession", les différents organismes de retraites et réversion, la sécurité sociale, les impôts et avancer dans les démarches auprès du notaire.

En fait, lorsqu'il s'agit des ascendants directs et qu'il n'y a pas de conjoint survivant, il faudrait avoir un congé de décès d'une huitaine de jours afin de tout boucler (un peu comme les récents congés de paternité) tout en commençant à se remettre. 


Ce pays-ci

 

    (pas le temps d'un billet réfléchi bien écrit)

Une sorte d'accident industriel de la démocratie (1), a conduit les États-Unis à se doter d'un président qui n'a pas les compétences (ni les capacités ?) requises pour la tenue du poste. La France s'apprête à ne pas faire mieux.

Là bas un certain nombre de freins institutionnels a déjà commencé à faire son effet, via des juges courageux par exemple (2). Peut-être même qu'à un moment donné le trublion va se lasser. Après tout son prédécesseur a été empêché de mener à bien différentes réformes socialement intéressantes, précisément du fait de toutes sortes de blocages et pouvoirs croisés ; ces mêmes mécanismes peuvent également agir dans la préservation d'une part de bon sens, d'une certaine liberté.
Il n'est donc pas exclu que l'on échappe au pire, in fine.

En revanche par ici, m'inquiète fort la faiblesse du contrôle démocratique des instruments de pouvoir et de nos dirigeants. 

En ce moment même pour prendre un instantané nous avons : 

- des policiers convaincus d'actes de torture et de barbarie à l'encontre d'un citoyen qui n'avait pas à subir ça quoi qu'il ait fait (en plus qu'il ne s'agissait à la base que d'un contrôle d'identité) ; 
- un candidat à la présidentielle qui a abusé des deniers publics à hauteur du million d'euros, fait également dans le trafic d'influences, et qui  se maintient dans la course au poste (en plus qu'il basait et base encore son argumentaire sur le respect de la loi, la lutte contre la corruption etc.)

Il se trouve que dans le premier cas un film montre les exactions et le rapport médical ainsi que les soins qui ont dû être prodigués ne laissent aucun doute quant à la réalité de l'agression policière.

Il se trouve que dans le second cas, toutes les infos y sont ainsi que des interviews des époques concernées qui contredisent toute version des faits fournie à présent par le politicien et ses communicants.

Pourtant :
- d'aucuns défendent encore pour la police une thèse de l'accident (?!?!!!!)
- le politicien qui dès la première affaire le concernant (emploi fictif de sa femme comme attachée parlementaire) aurait dû se retirer de la campagne, c'était déjà bien suffisant, poursuit sa campagne et se maintient mordicus dans une ligne répressive et ultra-vertueuse

Il est normal et rassurant que la justice pour faire œuvre ait besoin de temps. Il n'en demeure pas moins que lorsque les accusations sont si graves et si bien étayées, il serait saint dans un premier temps que des positions claires et nettes soient en nos noms engagées. Non aux brutalités policières, non aux abus d'argent public.

Au lieu de ça, on en est encore pour certains à pinailler, presque à défendre, que les agents ne l'ont pas fait exprès (!!!), et pour l'autre à glapir aux attaques injustes et au complot contre lui - personne ne l'obligeait d'user et d'abuser ainsi qu'il l'a fait -. Des émeutes éclatent en banlieues, les manifestations sont gangrenées par des casseurs d'extrême droite, qui ont intérêt à ce que les électeurs aient peur et fassent un vote de repli sur soi (3). 

Il me semble qu'on peut se faire du souci, un gros méchant souci, pour l'état de notre démocratie.

Pendant ce temps, ne l'oublions pas, il y a ici et là des gens qui préparent un attentat, chacun dans son petit coin, mais téléguidés par les mêmes extrémismes, persuadés d'agir pour le bien d'un dieu qu'on leur a maquillé et de se bichonner un bonheur individuel éternel.

Nos avenirs possibles ne donnent ces temps derniers pas une folle envie de rigoler.

 

 

(1) + des tripatouillages informatiques russes + l'aveuglement de certains qui détestaient son adversaire finale + le fait qu'elle soit une femme + probablement l'argent

(2) J'imagine les pressions et les menaces auxquels ils et elles sont soumis-e-s 

(3) Ils n'ont pas encore pigé que les pauvres gens seraient les premières victimes d'un tel régime y compris s'ils sont blancs de complexion.


Le jour où j'avais failli avoir un bouquet


6a00d8345227dd69e201b8d0d6db70970c-450wi[TEXTE ÉCRIT IL Y A DEUX OU TROIS ANS, selon la contrainte "passé du futur" ; cette année les fleurs sont pour les enterrements ]

C'était il y a plusieurs année. Celui d'ici et moi allions au théâtre un dimanche en matinée.

François Morel.  

Si l'actualité n'avait pas été si sombre (c'était l'année où dessinateurs, journalistes, policiers, vigiles et passants du mauvais moment en France et au Dannemark se faisaient dessouder), ç'aurait été une après-midi d'allégresse, de tendresse, de beauté. 

Pour aller au métro nous passions devant un marchand de fleurs. La Saint Valentin avait la veille eu lieu. L'étalage était rempli de magnifiques bouquets qui n'avaient pas trouvé preneurs, allaient sans doute être jetés, pouvaient peut-être se trouver achetés à moindre prix - c'est triste à dire mais lorsque les fins de mois sont tendues, le romantisme doit passer sous les fourches caudines d'un pragmatisme obligé de confiner parfois à la radinerie -. Habituée à ne jamais recevoir de cadeaux de la part de celui qui m'accompagnait et ayant compris grâce à un éditeur et écrivain bruxellois qu'il ne faut pas écouter les hommes quand ils disent Je ne peux pas car lorsqu'ils désirent une femme comme par magie leurs empêchements s'en vont, et parfois même leurs convictions (1), j'avais émis avec franchise qu'un tel bouquet, pour une fois, me plairait. Nous étions alors convenus qu'on verrait si au retour il en restait. D'autant plus que oui, en fin de journée du dimanche de bouquets préparés pour la veille, sans doute que ça serait une folie raisonnable.

Le théâtre avait été formidable. On en revenait le moral regonflé. 

Il m'imposa quelques bifurcations, une question de place de parking, des fruits et légumes à acheter pour lesquels il était vrai que le matin même, le temps avait manqué. Mais malgré ces manœuvres dilatoires, le magasin de fleurs était toujours ouvert. 

Nous y étions donc allés, ce n'était pas même un détour. Le cœur un peu réchauffé j'avais attendu devant avec le sac de courses. La jeune femme qui tenait la boutique était en train de ranger. J'avais eu l'outrecuidance de songer que c'était le moment optimal pour satisfaire et la radinerie de Celui d'ici, et nos tracas budgétaires et mon besoin de réconfort, d'être pour une fois un peu prise en considération au lieu d'être l'éternelle variable d'ajustage. Celle qu'on néglige vers laquelle on revient en l'absence de l'adulée.

Je n'aime pas particulièrement les fleurs coupées mais j'imaginais le vase, le geste pour les répartir, la bonne odeur dans la cuisine. Bécassine béate.

Il était ressorti avec trois roses enfouies dans de la mousse, un cœur découpé, une fausse perle, une décoration avec des tiges censées faire un cœur. Et des mots violents face à mon dépit (2). Assorti de l'aveu qu'il trouvait ce massacre - une rose est belle avec sa tige et si possible son parfum - mignon (3).

L'argument suprême fut qu'ainsi engoncées, les fleurs allaient durer (4).

 

(1) La démonstration par A + B que l'édition numérique représentait le mal absolu, et que j'étais naïve et sans doute un peu bête de penser le contraire et voilà qu'avec la nouvelle femme les œuvres co-produites étaient numériques avec parfois une version papier, dès la première deux mois à peine après cette discussion acharnée. 
La leçon avait été dangereuse et douloureuse à encaisser mais ensuite c'était bon, j'avais enfin pigé.

(2) Un de mes défauts, et que je sais irréductible étant d'être incapable de feindre. Au mieux je sais me taire. Ça fait aussi de moi une amie sincère sur laquelle on peut compter. Et une relectrice de confiance au risque de fâcher.

(3) Il y a quelque chose à écrire sur les qualifications esthétiques par ceux qui prétendent nous aimer ou l'avoir fait : s'ils nous avaient dit ou écrit de belles choses quant à la façon dont il nous voyaient, et qu'on avait eu la faiblesse de les croire et s'en sentir valorisées, le fait qu'ils trouvent une chose hideuse de toute beauté, nous renvoie qu'en fait on est sans doute bien placées dans l'échelle de la mocheté. 

(4) Il y a quelque chose à écrire sur les arguments à portée inversée : le truc étant foiré ce que tu dis pour tenter de rattraper le coup enfonce le clou.

150215 1828


Rions un peu (avant la guerre)

    J'avais lu il y a quelques jours cet article qui expliquait que Pete Souza le formidable photographe (entre autre) des deux mandatures de Barack Obama insta trollait Trump. 

À chaque splendide foirage de Trump il publie une photo de Barack Obama qui dans la même situation assurait avec classe. C'est si éclatant, l'écart entre celui qui assure et celui qui fait n'importe quoi que même un pro-Trump par racisme doit finir par avoir un doute quant à son choix électoral. 

Aujourd'hui Pete Souza a posté ceci , et en fait il s'était passé cela et aussi ça, résumé

Je crois que j'ai trouvé un nouveau jeu sur la période : en rentrant du boulot, je regarde l'instagram de Pete Souza et j'essaie à partir de ses photos de deviner quelles conneries Trump aura faites. 

Quand viendra le tour de la France, qui est parti pour en faire (presque) autant, je ne crois pas qu'on sera en état de continuer à se marrer. Les idées sont pourries pareil mais ça n'est pas le même genre de folie (voire : pas de folie du tout et un d'autant plus inquiétant "leadership"). 

Et puis de toutes façons tout aura peut-être sauté d'ici là. J'étais persuadée que Trump était capable de déclencher une troisième guerre mondiale, je le suis à présent qu'il pourrait le faire par inadvertance, négligence absolue, désinvolture, bref, sans même le faire exprès.

Dieux que ces temps sont effrayants.