Saturation
23 janvier 2017
C'est sans doute bizarrement lié à l'investiture de Trump et à l'horizon perturbé que sa présidence promet à l'Europe et au monde entier, mais ce week-end nous avons un peu tous fait une sorte de saturation de l'accompagnement. Trop de désespérances annulent le désespoir. Un plafond se crée.
Le délégué familial ( ;-) :-( ) est allé voir la malade - vendredi il y avait passé l'entière journée -, mais samedi sans s'attarder. Pour ma part j'étais occupée et j'avais trop besoin d'avancer, pour une fois qu'un samedi était non-travaillé (en décembre c'était le rush, ils l'ont tous sauf un été), dans mes propres activités (domestiques ou sportives).
Il n'y est pas retourné dimanche et sans voiture c'est vraiment long (il faut compter 1h30 de trajet, RER ou train puis à pied, ce qui aurait fait 3h en tout). Il ne fait pas un temps à tenter le vélo (sinon je l'aurais fait). Alors j'en ai profité pour enfin me consacrer à notre logis qui en avait un besoin urgent. Je ne me suis pas reposée mais au moins j'ai la satisfaction d'avoir accompli quelque chose qui dépendait vraiment de moi, était pour nous, quelque chose qui a échappé au faisceau des contraintes, ou plutôt qui en était une mais à notre main (ce qui change beaucoup). Et très vite en m'activant, j'ai oublié la situation, comme si j'avais atteint dans toutes sortes de deuils (passés, récents, en cours ou prévus) une telle saturation qu'une sorte de porte coupe-feu mentale s'était rabattue.
Ce n'est que tard, très tard, déjà dans la nuit, lorsque j'avais fini l'important rangement entrepris que j'ai repris connaissance de la fin de vie en cours. Et j'étais trop épuisée pour en être totalement affectée.
C'est vraiment très différent d'aller voir quelqu'un de gravement malade à l'hôpital ou chez lui. Dans le premier cas on peut se consacrer au dialogue s'il est encore possible, à communiquer en tout cas. Dans le second on doit faire toutes sortes de choses, on est moins disponibles et la mort en approche prend ses aises : notre présence alors ne l'éloigne pas d'un pas.