L'hospitalisation à domicile (suite)
BDJ (probably) - For the first time in months (or years ?)

En marge (notes)

Capture d’écran 2017-01-15 à 23.17.00

En marge d'un dimanche sportif, puis éprouvant, quelques notes.

Pour la première fois, je crois, avoir avant d'aller courir vérifié l'état de l'air sur Airparif

L'enjeu n'était pas d'aller courir ou pas puisque c'était le seul moment possible avant le dimanche suivant, mais de mettre ou non le masque protecteur. Je me suis en effet équipée lors des derniers pics de pollution aux particules fines. Même s'il est prévu pour le vélo, traverser la porte de Clichy était bien moins pénible avec, y compris à pied.

 

Puisque la malade somnolait et après avoir effectué la part d'intendance qui m'incombait, j'ai profité d'être sur place afin de commencer quelques tris de papiers. Il se trouve qu'un nombre important de mes documents personnels se trouvent dans cette maison : un jour ma mère a eu besoin d'utiliser ma chambre d'enfant pour en faire la sienne. Elle (ou ils ? Mon père l'avait peut-être aidée) a donc déménagé toutes mes affaires et entassés les cartons au sous-sol. Parfois au fil des ans, et avant que son racisme (peut-être à but de m'éloigner et de m'empêcher de l'empêcher de boire, je ne saurais jamais) ne m'éloigne d'elle, en cherchant pour elle quelque chose, je retombais sur mes notes, certains cahiers, mes livres. Comme je manquais de place chez moi, je n'ai pas forcément récupéré les différents objets.

Il est désormais temps de trier.

Dans la cave à vin qui fut celle de mon père puis celle où mon mari entreposait quelques grands crus qu'il souhaitait faire vieillir, et qui désormais ne contient plus une seule bouteille, j'ai aujourd'hui retrouvé de mes dossiers de jeunesse. Des cours de spé et d'école d'ingénieur. Quelques vieux numéros du magazine "Onze" auquel ado passionnée de foot je fus abonnée, des papiers parmi lesquels j'ai à nouveau en vain espéré retrouver mes premiers bulletins de paie.
J'ai donc découvert qu'en Maths spé j'avais été bonne en physique à un point que j'ignorais. Mes devoirs à domiciles étaient excellents. Ceux sur tables, moins (j'étais trop lente pour faire un carton). Or durant le premier trimestre au moins je travaillais souvent seule, internet n'existait pas et je ne disposais pas d'archives d'aîné. Donc c'est que j'avais vraiment très fortement bossé. Un chagrin était venu casser tout ça et les notes sombrent à partir d'avril. 
Je me souvenais fort bien du brouillard dans lequel le chagrin m'avait plongée. Pas qu'il avait eu un si radical effet.
Trois fois dans ma vie ce sera reproduit un semblable schéma, une rupture subie et surprenante qui vient me planter en plein envol. À part d'être trop sensible et trop confiante en ceux que j'aime, que puis-je me reprocher ?
En attendant j'étais impressionnée de voir ce niveau que j'avais.

J'ai retrouvé quelques numéros de 1987 du magazine des ingénieurs TP. Les questions qu'alors on se posait m'ont fait rire 

20170115_203555

Moins le fait qu'ingénieur Travaux Publics à l'époque dans l'une des plus grandes entreprises du secteur signifiait être un mâle blanc sans autre alternative 

20170115_205856Ce monde a beau être en phase régressive on a quand même depuis fait quelques progrès de diversité.
Je suis certaine de n'avoir pas pris conscience à l'époque de la discrimination de cette publicité. On devait se dire que l'affichage d'hommes en exclusivité n'était pas forcément corrélée à leur politique d'embauche (je suppose).
Le ministère des finances était encore en chantier et l'on nous proposait de le visiter. 

20170115_205943

 

Par ailleurs j'ai retrouvé un de mes cahiers d'histoire de 5ème (année 1975-1976), peut-être miraculeusement épargné d'avoir été jeté, il a 41 ans l'objet. Ce qui m'a stupéfiée. 

M'a stupéfiée plus encore le niveau de ce qu'il contenait.

20170115_223750

Et encore je mets un exemple parmi d'autres. La guerre des Roses dans les pièces de Shakespeare, collège publique de banlieue entre classes moyennes et ouvrières. Tranquillou. Je ne fais pas partie des personnes qui crient à la baisse de niveau, je crois que les nouvelles générations ont des compétences que nous ne possédions pas - les outils sur lesquelles elles sont utiles restaient encore à inventer - et qu'il est assez légitime que certaines autres se perdent : je fais partie de la dernière génération qui a su (jadis) manier une règle à calcul ou des tables cartonnées de trigonométrie. C'est tellement plus simple et plus rapide avec une calculette ou un ordi.

Il n'empêche que nos professeurs avaient pour eux-mêmes et pour nous une certaine belle idée de ce qu'on n'était pas moins capables que d'autres d'atteindre et que les états ne mettent plus en proportion les mêmes moyens pour une éducation générale de grande qualité. On a bel et bien abandonné le public, fors certains établissements d'excellence mais au recrutement tout aussi élitiste que des collèges et lycées coûteux et privés.

Je crains fort qu'une vie comme la mienne, ne serait plus possible de nos jours, avec l'excellence scolaire comme seul viatique.

Ce qui était curieux aussi sur ce cahier était l'absence de dates. Le professeur devait souhaiter qu'il soit comme un livre, un ouvrage de référence. 

Ce qui était remarquable c'était à quel point il était peu franco-centré. Ce cahier concerne avant tout le Moyen-Âge et toute l'Europe est étudiée, jamais seulement la France. Un chapitre complet est consacré à la péninsule ibérique et aux états italiens à la fin du Moyen-Âge et comment la Renaissance pointait un peu son nez. Un autre chapitre traite de l'Orient à la fin du Moyen-Âge. 

Ce qui ne m'a pas étonnée c'est la présence de vignettes découpées et collées pour illustrer. Et combien je me souvenais avec précision de ces cahiers à vignettes qu'on achetait en librairie à cet effet. 
Ce dont je me souvenais moins c'était des illustrations et des articles glanés dans les magazines et collés ou scotchés en face du chapitre concerné. Et que déjà équipée de tout le mauvais esprit qu'il fallait je m'étais arrangée pour ne pas coller le verso de l'un deux, mais qu'on puisse le soulever ... et y parcourir un alors récent épisode des Frustrés de Claire Brétecher et qui m'a refait marrer plus de quarante ans après (n'avait pas pris une ride, en fait).

C'était une façon un peu douce de terminer une difficile journée pour partie passée au chevet de ma mère.

 

PS : Je ne voudrais pas oublier l'effet si doux fait par un SMS qu'une grande amie m'a envoyé. Lorsqu'on est soi-même englouti-e par les contraintes que nous envoie la vie, au point de délaisser ceux qu'on aime, ça fait un bien fou qu'eux nous tendent la main et n'oublient pas ce lien qu'on a. Même si pour l'instant on peine à répondre à quoi que ce soit. 

Commentaires