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Sept jours de vacance (au singulier)

 

        À la même heure, la semaine passée, je me couchais plutôt en forme. J'avais bizarrement éternué pendant le sauna que j'aime prendre quand je le peux après le cours de danse. Je me souvenais d'avoir pensé Comme c'est étrange d'éternuer dans un sauna.
Ah et puis la gorge me piquait un peu. Je devais me l'éclaircir pour parler. Sur le moment je n'y ai pas prêté attention. En y repensant, je crois que j'avais mal. Mais à quel moment la douleur était-elle apparue ?

Au réveil du mardi, je tenais un rhume carabiné qui semblait déjà à son apogée. 

J'ai fait ma journée comme je le pouvais. Ce n'est pas un rhume qui va m'arrêter, non mais !

Le mercredi matin j'ai compris à la fièvre que je tenais et à la tête qui me tournait dès que je marchais, que ça n'allait pas être possible de m'éloigner du lit. J'ai mis mon état sur le compte d'un cumul rhume + épuisement dû à deux mois sans trêve entre le travail (que j'aime) et l'état de santé de ma mère. Supposé qu'une journée à dormir me tirerait de là. 
La suite n'a été qu'une descente vers plus (+) de fièvre, plus (= 0) de voix, moins de souffle.
Malgré les médicaments, je n'ai refait surface que samedi soir et si j'ai pu travailler dimanche et aujourd'hui timidement tenter une activité habituelle, je me sens seulement à peu près opérationnelle à présent. Ce qui ne signifie pas guérie.

Je pense que l'état de l'air n'est pas pour rien dans la tournure respiration difficile qu'a prise mon affaire.

C'est très étrange, j'ai passé ainsi une semaine en marge de mon existence - ça m'était arrivé en 2014 à même date, avec une fièvre encore plus forte -. S'il n'y avait eu l'internet et les infos (hélas pour une seule drôle, beaucoup d'effarement et d'inquiétude sur l'avenir proche), que j'ai entre deux sommes quand même davantage suivies que lors d'une semaine active de ma vie, d'autant plus qu'à certains moments j'ai dû restée scotchée, stupéfaite et le nez coulant devant l'écran tellement ce qui survenait semblait sorti de la fièvre même, s'il n'y avait eu ce lien avec l'extérieur, j'aurais l'impression que ces journées n'ont pas du tout eu lieu.

J'ai hâte de reprendre demain le cours normal de mes jours : le sport, le travail, l'amitié. Si tant est qu'un cours normal en existe. Il y a également mon devoir de présence auprès de la malade que j'ai pendant toutes ces journées entièrement délégué - j'en étais incapable et je risquais de partager mes virulentes bactéries -, mis à part les lessives. Mais je me sens assez mal d'avoir dû m'absenter.
Donc voilà, pour tout, même le rude, j'ai envie de redémarrer. 

Peut-être parce que j'ai quand même un doute, aussi : tous ces soubresauts politiques ont-ils bien eu lieu ? Et si tout reprenait à mardi matin dernier ? Que ce réveil enrhumé sans signes avant-coureurs n'était qu'un mauvais rêve et tout le reste des sortes de fiévreuses fantaisies ?


Their little China girls


Capture d’écran 2017-01-30 à 19.39.24Ce n'est pas parce que des fous sont au pouvoir (enfin surtout un) et que la mort rôde un peu trop près ces derniers mois, qu'il faut oublier de se cultiver. 

Voici donc un bel article d'Atlas Obscura (1) sur les China Girls des débuts de bobine au cinéma. 

C'est beaucoup plus qu'anecdotique. Et très porteur d'histoires et marqueurs d'époque. 

J'ignorais, je crois, leur existence, il me semble que c'est la première fois que j'en entends parler, je croyais qu'il y avait des mires avec toutes les couleurs ou toutes les nuances de gris comme celles de la télé de quand j'étais petite. J'ignorais (ou j'avais totalement oublié) qu'il y eût des visages humains. Pourtant je connaissais l'histoire des Shirley cards en photographie (et l'absence de calibrage sur des peaux autres que blanches, pendant fort longtemps). Leur nom viendrait de mannequins de porcelaine utilisés dans les tout premiers temps (ou d'un maquillage destiné à faire que les modèles y ressemblaient).

Et accessoirement, un an après la mort de l'artiste et trente-quatre ans après le succès de cette chanson, je viens seulement de piger le sens complet des paroles du China girl de David Bowie.

It was about time.
(Rigole, va)

 

[copie d'écran issue de l'article]

(1) 'The Forgotten "China Girls" Hidden at the Beginning of Old Films' by Sarah Laskow

PS : Et au passage la découverte du blog passionnant pour les cinéphiles, de la Chicago Film Society

 


Petit rituel du matin (un tantinet fracassé)

 

    Depuis longtemps je me lève de bonne heure, à moins de jour délibérément consacré à reprendre des forces. 

Alors il y a les matins d'entraînements, ou il y a quelques années ceux de file d'attente d'opéra, et là c'est simple, le radio réveil ou le réveil du téléphone ou le réveil tout court se déclenchent et il faut s'extirper du sommeil et du lit et vite filer. Punto basta.

Il y a aussi, il y a eu, il y aura encore, les matins d'aftermath : un proche est gravement malade ou accidenté ou il y a eu des attentats, ou quelque chose de grave s'est produit la veille, ou est encore en cours, quelque chose dont on attend la suite, ou pour la suite duquel on attend des nouvelles, et la première pensée après un sommeil nappé d'inquiétude est Y a-t-il eu du nouveau pendant la nuit ?
Habituellement c'est très ponctuel. Le matin du 8 janvier 2015 ou du 14 novembre de la même année. Ou après une opération chirurgicale d'un proche. Ou le lendemain matin de l'annonce d'une disparition [qui concerne quelqu'un que je connais]. C'est le matin du lendemain matin. Éventuellement le surlendemain. Pas plus loin.

Il y a hélas les jours de maladie et de différentes souffrances physiques ou le réveil sonne l'instant des retrouvailles avec la douleur.

Sinon, la plupart des jours, les jours normaux, les autres jours, j'aime commencer la journée par un instant de lecture. Rarement le roman du moment, faut-il qu'il m'ait happée, et que le sommeil m'a surprise alors que je croyais qu'encore je lisais. Plus généralement de la poésie ou un grand classique, quelque chose qui permet d'entamer la journée sur des pensées calmes et larges. Que l'urgence concrète du quotidien attente que le corps et l'esprit soient d'attaque pour s'imposer. Qu'il soit possible d'entrer dans la journée par un sursis de rêverie, ou une bouffée de réflexion. Si possible de beauté. Quelques secondes d'harmonie.

Et puis il y a ce type. Un fou furieux élu cet automne à la tête d'un gros puissant pays lointain. Qui y a le pouvoir depuis un peu plus d'une semaine. Je ne suis pas censée être directement concernée. Pas tant qu'aucune nouvelle guerre ne soit déclarée.
Et pourtant.
Depuis qu'il est là, mon rituel du matin s'est trouvé fracassé. Je commence par regarder les fils d'infos sur mon téléphone, ou écouter le flash d'info à la radio (alors que normalement le premier se déroule sans que j'y prête réelle attention). La première pensée ce sont des variantes autour du thème Quelle(s) catastrophe(s) va-t-il [encore] avoir déclenchées ? Et ça n'est pas qu'un lendemain de quelque chose. C'est tous les matins. Une part animale de mon cerveau ressent un danger (1). Je m'informe pour [tenter de] l'apaiser.
Seulement ensuite, je peux un peu lire. Sur le temps restant. 

J'ignore si l'accoutumance venant (on s'habitue à tout ce qui ne nous tue pas), je vais retrouver ma routine. Ou si une catastrophe effectivement surviendra qui me replacera dans le cas "matins d'aftermath" et me délivrera par le pire de la peur de la survenue. Ou si quelque chose fera que cet incompétent dangereux sera destitué. Peumeuch au point où l'on en est qu'il soit remplacé par quelqu'un à l'idéologie à mes yeux aussi pourrie, tant qu'il s'agit de quelqu'un pourvu d'un minimum de sens des responsabilités, de cohérence et de sang-froid. 

Ça ne va pas être possible de tenir longtemps comme ça.

 

(1) Pas besoin de psychanalyse, je sais d'où elle vient, c'est la trouille de mon père grandissant durant les années trente en Italie sous Mussolini. Les adultes sont fous, de peur ou fous tout court. Il n'y a plus rien à quoi se fier. Et tout, autour, devient danger.
(J'ai, face à l'actuelle situation, l'impuissance d'un enfant)


Bref résumé d'une semaine où j'ai eu la fièvre mais où c'est le monde qui a bien déliré

    Mardi matin je me suis réveillée très soudainement enrhumée, un gros gros rhume passé d'entrée à l'état de fortement déclaré, avec de la fièvre. Tenace. 
Et même si ce dimanche soir ça va bien mieux, j'ai même pu travailler ce matin, je ne suis pas encore entièrement remise, j'ai l'impression que l'enchaînement des événements tient des somnolences fantaisistes confuses que l'on fait (que j'ai fait aussi) sous l'emprise de la maladie. 

Une crise de malaria du monde
(quelque chose comme ça)

Pour s'en souvenir plus tard :


- Le mercredi dans le Canard Enchaîné un article dévoilait les emplois fictifs de Pénélope Fillon, leurs modes de rémunération et les importants montants en jeux. Le politicien comme pour se défendre - ou parce qu'il savait que la suite viendrait le mercredi d'après - a lui même avoué qu'il avait rémunéré ses deux fils en tant qu'avocats ... à un moment où ils n'étaient au mieux qu'étudiants. Médiapart a alors dévoilé son dossier sur l'emploi de fonds sénatoriaux de façons un tantinet cavalière par l'UMP d'alors et ensuite Fillon n'a fait que s'enfoncer et se reprendre en boomerang toutes les déclarations qu'il avait eues sur l'assistanat, les abus d'argent public, le nécessaire assainissement de la vie politique. Pour couronner le tout sa femme s'était appliquée à plusieurs reprise devant différents médias à expliquer combien son rôle était de rester dans l'ombre, prendre soin de sa famille et de la maison, surtout ne pas se mêler des affaires de son mari. 
Au dimanche soir, l'homme persistait - manie française, les politiciens compromis n'ont pas même la décence de s'effacer d'eux-mêmes -, meeting avec déclaration d'amour à madame, Les gens sont si méchants. Mais quelque chose me dit que cette défense ne pourra pas tenir longtemps. Ou alors c'est que quelque chose dans ce pays est encore plus pourri qu'au royaume du Danemark.


- Durant toute sa première semaine en tant que POTUS45, Trump, avait pris plein de décrets pour déglinguer toutes sortes de trucs, ce qui était assez prévisible quoique pas à un tel rythme, et au 7ème jour après son investiture à 16h42 de son bureau, il a pris un "executive order" pour interdire l'entrée aux États-Unis aux réfugiés et ressortissants venant de sept pays (Iran, Irak, Libye, Somalie, Soudan, Syrie et Yemen), plus quelques autres choses. Décret à effet immédiat. D'où un bazar monstre étant donné que des ressortissants de ces pays mais néanmoins résidents permanents aux USA avec les bons visas, la carte verte, leur maison, leur chien, leur voiture et leur boulot étaient pour certains en train de rentrer chez eux après un déplacement ou un séjour à l'étranger et soudain ils se retrouvaient dans les aéroports, bloqués voire détenus. 
Bien sûr, des associations, des avocats, des gouverneur-e-s ont contre-attaqué, il y a eu des manifestations spontanées dans les aéroports, certaines personnes ont pu passer. Mais à ce soir (dimanche) la situation pour pas mal de personnes, dont certaines ramenées à leur point de départ par les compagnies aériennes, reste chaotique. Et la suite incertaine.


- Les finales de l'Open d'Australie Nadal / Federer chez les garçons et Williams / Williams chez les filles semblaient re-surgies du tennis d'il y a quinze ans. Is there any wayback machine somewhere on ?


- Au deuxième tour des primaires du PS, Manuel Valls s'est pris une tôle de première, au point que même s'il y a ici ou là quelques irrégularités il sera inutile de les contester. Benoît Hamon a maintenu le cap à gauche, conscient qu'il y avait un vide énorme et qu'il avait une carte à jouer en restant sur un programme qui était proche de celui que le PS au gouvernement avait amplement trahi.

- Et pour finir en beauté, le Pape François, qui ne tenait pas à être en reste dans une activité si chargée, s'est mis à officiellement accepter quelques vérités scientifiques fondamentales, mais avec lesquelles le catholicisme grinçait [on me dit que cette déclaration date un peu, mais je l'ai découverte pile à ce moment-là]

Capture d’écran 2017-01-29 à 22.09.33(et arrivée à ce point de la semaine, j'ai été prise d'une crise de fou-rire (certes assez nerveux) à en pleurer (et me remettre à tousser))

 

J'essaie ce soir d'en rire, mais il est clair plus encore qu'auparavant que le nouveau régime des États-Unis tend à être totalitaire tant il est typiques de ceux-là de chercher à manipuler la réalité et le temps (1). 

Merci plus particulièrement à Meta Tshiteya et Kozlika qui m'on fournit un nombre importants d'articles, lesquels souvent répondaient à des questions que je me posais. 

Finalement, la seule chose qui aura suivi, quoique discrètement, son cours aura été que l'équipe de France de Handball a emporté ce dimanche la finale du championnat du monde face à la Norvège 33 à 26. C'est peut-être le signe que cette crise de palu du monde va un peu se calmer, un premier élément de retour à une relative normalité.

 

(1) Par exemple mettre en accusation des personnes pour quelques choses dont elles ne pouvaient qu'ignorer le côté délictuel au moment où elles le faisaient (sachant qu'en plus il s'agissait d'actions courantes que tout citoyen de tout pays peut tôt ou tard souhaiter accomplir). Exemple précis détaillé dans ce touite de Natasha Bertrand

Capture d’écran 2017-01-29 à 22.15.05

PS : J'oubliais, comble du kamoulox généralisé, dimanche 22 j'avais eu un instant de faiblesse pour un homme qui se congelait doucement à la sortie du bureau de vote (on était en plein pendant ces jours où la température se maintenait en dessous de 0°c), et qui demandait si l'on acceptait de répondre à quelques questions. Supputant qu'il lui fallait un échantillon de x personnes avant de pouvoir retourner au chaud, sa mission accomplie, j'ai accepté de répondre. Je suis tombée ce soir sur le résultat, très condensé, mais pas plus déformé que ça ma foi. Et en prime j'ai une photo de moi en incubation alors totalement ignorante d'une crève hivernale redoutable sur le point d'éclore. La prochaine fois que ma tête ressemble à ça et ma couleur de peau possède cette pâleur, penser à faire provision de mouchoirs en papier et prendre rendez-vous chez le médecin.


La réalité pliée


    J'aimerais que l'un-e de mes ami-e-s qui savent bien écrire les choses avec une part politique se soit saisi avant moi du sujet. C'est quelque chose que je ne sais sous quel angle aborder. 

Et de toutes façons comme me le faisait remarquer une amie sur Twitter, Trop tard il a le pouvoir. 

Mais je crois que j'aime bien piger les mécanismes de pensée, je dois y trouver un élément rassurant. Un peu comme dans les Agatha Christie : il y a plein de crimes de partout mais toujours un mobile compréhensible (même si peu excusable). Elle ne présente pas des gens qui tuent pour le plaisir de le faire. Alors voilà, ma part d'enfance me pousse invariablement à tenter de trouver une explication rationnelle. 

Et là, j'ai bien l'impression que ce Nouveau Néron qu'est le Potus45 tant qu'il n'aura pas fait sauter la planète par guerre ou par destruction de l'environnement, ne cessera de me poser ce genre de questions. Mais comment est-il possible que ..?

En l'occurrence sur ce désormais fameux executive order on refugees and immigrants

OK le type a les idées qu'il a et, selon cette logique politique désespérante qui fait que tout politicien qui a des idées humanistes de générosité et de partage et d'entraide et de peuple instruit une fois élu se les garde pour lui (1) alors que ceux qui ont des idées de repli sur soi, rejets de l'autre, de toujours plus aux plus riches et de Il nous faudrait une bonne guerre à peine au pouvoir, ils foncent, il a foncé. Donc au bout du 7ème jour après son investiture, au lieu de prendre un sain(t) repos, vlan il décrète de plus belle (2). Il estime donc qu'il faut interdire aux ressortissants de tels ou tels pays d'entrer désormais sur le sol des États-Unis. OK, admettons. Admettons même que par exemple il se soit trouvé que les ressortissants de ces pays aient effectivement fait beaucoup de terrorisme aux États-Unis dans les années qui précédaient,  Capture d’écran 2017-01-29 à 20.30.49

comment ça c'est pas le cas ?

et qu'on soit de son parti politique et qu'on se dise, oui c'est bien, quelle bonne idée, comme ça on sera protégés (3). 

Admettons.

On a donc un gars et tout son staff exécutif, qui prennent une décision à effet immédiat, sans penser le moins du monde à ceux qui sont au même moment dans les avions, avec tous leurs visas, leurs cartes vertes, leur chez-eux aux USA, ceux qui rentraient tranquilles pépouzes d'un moment en famille, ou d'un voyage d'affaires et pour qui soudain, ben non, ça peut pas, t'es pas né dans le bon pays, rentre chez toi.
- Mais justement je rentrais chez moi, là ...
- Hé bien hop c'est plus chez toi.

C'est quand même étrange une telle absence d'un minimum de sens de la mise en place concrète de ce qu'ils ont décidés. 

Puis je me suis souvenue que ce type est milliardaire, c'est sans doute ce qui lui a permis d'être élu, et qu'il doit être tellement habitué à ce que toutes sortes de personnes se plient à ses moindres désirs, soit grassement rétribués soit craignant son pouvoir - car l'argent en donne tant -, qu'il n'est plus capable d'envisager le concret des choses, ni que certaines contraintes existent et ne sont pas flexibles et sont hors d'atteinte du bon vouloir de qui que ce soit. Un avion qui décolle à une certaine heure et vole à une certaine vitesse sur un certain parcours, ne peut pas arriver avant ni après une certaine heure. Et on ne peut faire de personnes qui voyageaient à bord en toute légalité au départ des illégaux à l'arrivée parce qu'on a décrété tout soudain que leur visa n'était plus adapté.

Certains cadres dirigeants du temps de l'"Usine" avaient de tels comportements. Habitués à l'obéissance servile de la plupart des gens, ils ne concevaient pas qu'on leur oppose la moindre contingence, feignant de croire qu'il s'agissait d'humaine mauvaise volonté. 
J'ai des souvenirs des temps anciens de l'informatiques lorsque certains programmes conséquents n'étaient supportables par les machines de l'époque qu'en tournant la nuit alors que les traitements en ligne diurnes n'avaient pas cours, et précisément pour éviter que ceux-ci qui étaient en lien direct et immédiat avec les opérations des clients, ne tombent, bloqués, de certains hauts hiérarchiques qui après avoir demandé la modification de tel ou tel paramètre exigeaient qu'on relançât immédiatement la nouvelle version sans attendre la nuit. On avait beau expliquer que non seulement le traitement ne passerait pas, trop lourd, qu'il allait surcharger la machine au point d'être rejeté, non sans avoir fait planter tous les traitements en cours de tous les utilisateurs y compris ceux face aux clients, qu'il n'y avait que la nuit en heure creuse de des programmes de l'ampleur de celui requis pouvaient tourner, que les résultats seraient disponibles première heure du lendemain, beaucoup d'entre eux ne voulaient rien entendre. 
- Lancez, on verra bien.
- C'est tout vu ça va planter. Il nous faudrait sinon des machines plus puissantes. 

Ils avaient trop l'habitudes d'une réalité pliée, celle de leur volonté imposée aux autres sans soucis des conséquences. Les ambitieux subalternes temporaires se contentaient d'obéir, de sembler surpris du dysfonctionnement, qu'ils n'avaient de cesse que d'imputer à autre chose qu'à sa cause réelle, entre-temps la nuit venait, le programme pouvait passer au moment qui convenait et ils se présentaient au matin comme les sauveurs d'une situation compromise. 

J'imagine que quelque chose de cet ordre c'est joué là. Personne n'a osé dire suffisamment fort que ça allait coincer pour des gens en cours de route, qu'il n'était pas décent de faire ça [déjà que], sans donner de date de mise en place dans un futur au moins assez éloigné pour ne concerner aucun avion déjà décollé. Et ça serait déjà bien le bazar si la mesure intervenait à partir de lundi ou du 1er février, mais pas tout de suite, pas juste là, maintenant, je signe et le temps que j'aille ensuite pisser on commence à bloquer les gens.

Personne dans son entourage n'aura osé s'opposer à la réalité pliée de l'apprenti dictateur. 
Ça promet.
Ou alors c'est délibéré de leur part (- mais, et les gens en cours de route ? - don't care, on les arrête à l'arrivée, tant pis pour eux).
Et alors ça promet pire.

La démocratie Américaine, par le résultat de ces plus récentes et peut-être dernières élections présidentielles, s'est offert un crash-test grandeur nature, sans prototype à sacrifier sans trop devoir s'en inquiéter. It's for real. Puissent les différents acteurs de la mécanique politique et les citoyens responsables et intelligents (4) parvenir à éviter le pire. 

 

 

(1) J'ai connu une exception : les tout débuts de Mitterrand en 1981. Mais ça n'a vraiment pas duré longtemps. Il en reste ici ou là 39h/semaine, un peu de congés payés en plus, le prix unique du livre (ce qui me permets à moi et à d'autre d'avoir encore du travail dans des conditions humaines) et ... la fête de la musique.

(2) Déjà que de toute la semaine il n'avait pas chômé. On en viendrait presque à regretter qu'il ne soit pas un peu fainéant.
(3) Je rigole, en fait, je n'arrive déjà pas à comprendre ça, mais disons que je parviens à concevoir que des personnes à la fois peureuse et munies d'un complexe de supériorité et paniquées par la recrudescence des attentats dans les pays occidentaux depuis le 7 janvier 2015,  tiennent des raisonnements de ce type. 
(4) Au passage, les jeunes chefs d'entreprises fleurissantes qui sortent de leur réserve pour dire Halte là, vous allez nous empêcher de travailler si vous continuez, sont peut-être les meilleurs remparts. C'est bien s'ils tiennent bon. 


"Tant c'était le tourbillon furieux"

 

    Voilà, une fois de plus je suis au grand malheur d'avoir eu raison, j'ai crié d'effroi en novembre en apprenant que Trump était élu comme président des États-Unis, autour de moi on me disait plutôt keep cool c'est une vieille démocratie, il y a des bornes et des garde-fous, et je me souvenais que ce type avait déclarer n'avoir aucun problème pour faire usage de la force nucléaire s'il l'estimait utile, et j'avais lu et vu des trucs flippants durant son ascension, this guy's kind of a new Nerone. 

Sa première semaine de règne aura coïncidé pour moi avec un rhume aggravée et une fièvre presque permanente avec de solides difficultés à respirer, j'ai vu passer des premières mesures (1) en me disant, Tu as la fièvre, ne regarde pas les fils d'infos, retourne dormir, tu fais des cauchemars.

Puis la fièvre est tombée et c'était le jour dédié à la mémoire des victimes de l'Holocauste et un décret est tombé à effet immédiat dont le texte stipulait qu'était "interdite l'entrée aux États-Unis aux citoyens irakiens, iraniens, libyens, somaliens, soudanais, syriens ou yéménites, même en possession d'un visa ou d'une carte verte, ainsi qu'aux réfugiés syriens.

Là aussi je me suis dit Ce n'est pas possible j'ai dû mal comprendre. Il doit bien y avoir des accords du Congrès à négocier auparavant ? Il n'y a pas de situation soudaine qui appellerait une telle urgence. Ou alors j'ai loupé un événement grave.
Je n'avais hélas rien manqué et apparemment même si la légalité du décret est plus qu'incertaine, il n'en demeure pas moins qu'il provoque déjà bien des dégâts.

Qu'il mène une politique que nous sommes nombreux à trouver effarante n'est pas une surprise - au temps pour ceux qui avaient une théorie de type Il dit des âneries pour que les abrutis votent pour lui, mais ensuite il s'arrangera pour faire business first et donc il ne devrait pas trop déconner -, mais qu'il applique les pires mesures à toute allure sans se préoccuper un seul instant de ce que ça peut en pratique déclencher - dont une grosse dégringolade économique et donc inévitablement une grande guerre dans l'habituelle fuite en avant -, on n'y pensait peut-être pas tant.

Le samedi aura donc passé à voir dès qu'on allumait un ordi ou consultait son téléphone des successions d'appels à l'aide pour des personnes prises au piège, dont des résidents permanents aux USA et qui étaient en train de rentrer chez eux et se trouvaient refoulés ou détenus dans les aéroports.

Un bon résumé dans cet article de Caroline Russell pour le Figaro :
Réfugiés et immigrés : casse-tête mondial après le décret d'interdiction américain

C'est l'amie Otir qui aura fait la plus efficace et de fait effrayante synthèse de ce que nous sommes un certain nombre à ressentir ces deux derniers jours, dans ce formidable billet, "Jour honteux", qu'on aurait tant préféré n'avoir jamais à admirer (et qu'elle n'ait jamais à l'écrire).

"J'ai eu énormément de mal à écrire le moindre billet cette première semaine du nouveau régime à Washington tant c'était le tourbillon furieux, et je ne savais vraiment pas où donner de la tête, ma tête déjà fragilisée par l'hiver et des soucis si égoïstes mais réels, et celui, essentiel, de préserver mes forces mentales pour pouvoir faire partie de cette résistance et non pas être un poids mort de plus."

Et une autre amie, Dom Moreau Sainlez qui a exprimé très exactement l'état dans lequel je me trouvais aussi. 

     Capture d’écran 2017-01-28 à 23.51.54

L'effarement fut cet après-midi si fort devant le flux de cas concrets relayés par les réseaux sociaux que j'en ai oublié ma mère et son état désespéré (2). 

Je sais qu'une part de cette sidération vient du fait que jusqu'à présent s'il y a des catastrophes, naturelles ou dues à la violence humaine, on pouvait imputer le fracas et la stupeur à leur part imprévisible et incontrôlable : la planète nous la détruisons mais ne la commandons pas, et les attentats par exemple sont commis, on peut le concevoir ainsi, par des gens rendus fous de par leurs conditions de vie ou des représailles qu'ils jugeaient primordiales, instrumentalisés par d'autres. Là nous assistons à une prise de décision délibérément catastrophique et comme pour voir (s'amuser à voir ?) jusqu'à quel point de désastre ça ira.
Le seul homme politique que j'ai déjà vu se comporter selon un semblable mécanisme, c'était Jacques Chirac en avril 1997 avec la dissolution de l'Assemblée Nationale. C'était gentillet, il ne mettait personne en danger, seulement son propre pouvoir, et c'était même in fine une jolie occasion pour la démocratie de montrer qu'elle fonctionnait.
Seulement dans le cas d'aujourd'hui ce sont des existences, pour certaines mises en danger immédiat par la décision d'interdiction d'entrer, des situations inextricables, un cadeau immense à ISIS (sa propagande s'est régalée), des ripostes qui ne sauraient tarder, et un mépris pharaonique pour les conséquences possibles d'une décision sur la vie d'autrui. 

Le péril par dessus le péril, c'est que les extrêmes droites européennes n'attendent que d'obtenir le pouvoir ou une de ses parcelles pour en faire autant. 

Comme l'écrivait Otir tout à l'heure :

"Peu importe nos différences, peu importe nos approches différentes, il ne s'agit plus de dogme, il ne s'agit plus de courant d'idées, mais d'actions concrètes de réparation du monde qui croule sous l'effet de la rouille mentale, celle que déposent des "puissants" narcissiques qui projettent la peur au lieu de la lumière."

et je vais tâcher de suivre son conseil, Prenez des forces et donnez-en 
(même si pour l'instant, empêtrée dans un passage personnel difficile, manquant de temps et de moyens, je ne vois pas comment)

 

(1) via plusieurs ami-e-s on FB :  

  • On January 19th, 2017, DT said that he would cut funding for the National Endowment for the Arts.
  • * On January 19th, 2017, DT said that he would cut funding for the DOJ’s Violence Against Women programs
  • * On January 19th, 2017, DT said that he would cut funding for the National Endowment for the Humanities.
  • * On January 19th, 2017, DT said that he would cut funding for the Corporation for Public Broadcasting.
  • * On January 19th, 2017, DT said that he would cut funding for the Minority Business Development Agency.
  • * On January 19th, 2017, DT said that he would cut funding for the Economic Development Administration.
  • * On January 19th, 2017, DT said that he would cut funding for the International Trade Administration.
  • * On January 19th, 2017, DT said that he would cut funding for the Manufacturing Extension Partnership.
  • * On January 19th, 2017, DT said that he would cut funding for the Office of Community Oriented Policing Services.
  • * On January 19th, 2017, DT said that he would cut funding for the Legal Services Corporation.
  • * On January 19th, 2017, DT said that he would cut funding for the Civil Rights Division of the DOJ.
  • * On January 19th, 2017, DT said that he would cut funding for the Environmental and Natural Resources Division of the DOJ.
  • * On January 19th, 2017, DT said that he would cut funding for the Overseas Private Investment Corporation.
  • * On January 19th, 2017, DT said that he would cut funding for the UN Intergovernmental Panel on Climate Change.
  • * On January 19th, 2017, DT said that he would cut funding for the Office of Electricity Deliverability and Energy Reliability.
  • * On January 19th, 2017, DT said that he would cut funding for the Office of Energy Efficiency and Renewable Energy.
  • * On January 19th, 2017, DT said that he would cut funding for the Office of Fossil Energy.
  • * On January 20th, 2017, DT ordered all regulatory powers of all federal agencies frozen.
  • * On January 20th, 2017, DT ordered the National Parks Service to stop using social media after RTing factual, side by side photos of the crowds for the 2009 and 2017 inaugurations.
  • * On January 20th, 2017, roughly 230 protestors were arrested in DC and face unprecedented felony riot charges. Among them were legal observers, journalists, and medics.
  • * On January 20th, 2017, a member of the International Workers of the World was shot in the stomach at an anti-fascist protest in Seattle. He remains in critical condition.
  • * On January 21st, 2017, DT brought a group of 40 cheerleaders to a meeting with the CIA to cheer for him during a speech that consisted almost entirely of framing himself as the victim of dishonest press.
  • * On January 21st, 2017, White House Press Secretary Sean Spicer held a press conference largely to attack the press for accurately reporting the size of attendance at the inaugural festivities, saying that the inauguration had the largest audience of any in history, “period.”
  • * On January 22nd, 2017, White House advisor Kellyann Conway defended Spicer’s lies as “alternative facts” on national television news.
  • * On January 22nd, 2017, DT appeared to blow a kiss to director James Comey during a meeting with the FBI, and then opened his arms in a gesture of strange, paternal affection, before hugging him with a pat on the back.
  • * On January 23rd, 2017, DT reinstated the global gag order, which defunds international organizations that even mention abortion as a medical option.
  • * On January 23rd, 2017, Spicer said that the US will not tolerate China’s expansion onto islands in the South China Sea, essentially threatening war with China.
  • * On January 23rd, 2017, DT repeated the lie that 3-5 million people voted “illegally” thus costing him the popular vote.
  • * On January 23rd, 2017, it was announced that the man who shot the anti-fascist protester in Seattle was released without charges, despite turning himself in.
  • * On January 24th, 2017, Spicer reiterated the lie that 3-5 million people voted “illegally” thus costing DT the popular vote.
  • * On January 24th, 2017, DT tweeted a picture from his personal Twitter account of a photo he says depicts the crowd at his inauguration and will hang in the White House press room. The photo is curiously dated January 21st, 2017, the day AFTER the inauguration and the day of the Women’s March, the largest inauguration related protest in history.
  • * On January 24th, 2017, the EPA was ordered to stop communicating with the public through social media or the press and to freeze all grants and contracts.
  • * On January 24th, 2017, the USDA was ordered to stop communicating with the public through social media or the press and to stop publishing any papers or research. All communication with the press would also have to be authorized and vetted by the White House.
  • * On January 24th, 2017, HR7, a bill that would prohibit federal funding not only to abortion service providers, but to any insurance coverage, including Medicaid, that provides abortion coverage, went to the floor of the House for a vote.
  • * On January 24th, 2017, Director of the Department of Health and Human Service nominee Tom Price characterized federal guidelines on transgender equality as “absurd.”
  • * On January 24th, 2017, DT ordered the resumption of construction on the Dakota Access Pipeline, while the North Dakota state congress considers a bill that would legalize hitting and killing protestors with cars if they are on roadways.
  • * On January 24th, 2017, it was discovered that police officers had used confiscated cell phones to search the emails and messages of the 230 demonstrators now facing felony riot charges for protesting on January 20th, including lawyers and journalists whose email accounts contain privileged information of clients and sources.
  • * And January 25th, 2017, the wall and a Muslim ban. This is what a dictatorship looks like, and we're only on day 6. If you want to share, please copy and paste. It will reach more people.

 

(2) Comme je suis malade et possiblement contagieuse surtout compte tenu de l'affaiblissement de son organisme, je ne l'ai pas vue cette semaine. Mais là, cette préoccupation pourtant majeure, s'est trouvée expédiée à un autre étage, ce n'est que dans la soirée que la situation et l'urgence d'une lessive à faire pour elle m'est revenue.


Cough syrup dreams


    J'ignore exactement quelles substances contient le sirop contre la toux que le médecin m'a prescrit, mais il semble efficace, elle a cessé de m'arracher le haut des poumons / le fond de la gorge à chaque quinte pour devenir un gros machin profond qu'on peut interpréter comme un En voie de guérison. Il n'est pas sans effets secondaires.

D'abord c'est pour moi un redoutable somnifère. Mon corps croit en effet depuis notre plus tendre enfance que truc qu'on absorbe par en haut sorti d'une boîte venue d'une pharmacie = produit pour dormir. J'ai eu le plus grand mal à lui expliquer que le Guronsan, non. Mais je crois que c'est la seule exception qu'il a intégrée avec la vitamine C à laquelle il consent un effet de bienveillante neutralité. 
Donc depuis jeudi je fais des nuit de dix et onze heures, me réveille le temps d'un brin de toilette, d'une esquisse de repas, d'observer sur les fils d'infos le monde se gorafiser (1) à très grande vitesse, et me recoucher avant le début de la prochaine guerre mondiale (2). J'ai hâte de reprendre le travail (3), outre que je ne suis capable de rien d'utile, c'est un mode de vie passablement anxiogène.

Ensuite il doit y avoir un pouillème de quelque chose qui fait voir la vie en rose (4), à moins que ça ne soit la vision de Ballet Schools videos en chaîne avec leur cinquième de désossés (5), mais je fais des rêves extatiques. Ça fait trois fois déjà que Barack Obama, avec le secours de l'armée où tous ne sont pas givrés, revient en super héros sauver les États-Unis et by the way, le monde entier. 

Et puis ce matin j'ai eu la surprise de rêver ma mère avec un nouvel élan de santé, elle était chez elle, s'était relevée (6), du coup on s'empressait de réaménager sa maison pour une vie valide retrouvée. Dans le jardin passaient deux ados qu'un de mes amis libraire avait invitées, et elles venaient nous prêter main forte ainsi que des touristes anglaises dont l'une était une auteur fameuse mais qui profitait de voyager incognito alors je faisais comme si de rien n'était. À nous tous on remettait la maison en ordre normal de marche et ma mère nous préparait du thé. 
(Elle n'était plus antisémite ni raciste comme elle l'a prétendu toutes ces dernières années).

Peu après j'étais dans Paris vers la rue Béranger et j'allais au théâtre voir un monologue dit par une actrice que j'admire et écrit par l'ancienne amie (7), puis en sortant j'allais au ciné voir un film d'un réalisateur qui m'émeut (il me semble que c'était Wim Wenders). En sortant et en attendant au passage piéton qui permet de traverser vers la rue Béranger (sans doute que nous allions vers le siège historique de Libé, retrouver Florence Aubenas), je me retrouve sans l'avoir vue avant auprès de l'ancienne amie, qui avait mis le même temps que la durée du film, à quitter le théâtre et parler avec ceux qui y travaillaient et elle me parlait soudain comme si nous ne nous étions jamais perdues. J'embrayais avec facilité, supputant que les explications viendraient plus tard, si tant est qu'un jour elles venaient, et sur le principe de Voyons ou ça va nous mener, je n'ai rien à perdre d'essayer (mais restons sur nos gardes cette fois). De toutes façons j'étais trop heureuse à l'idée de revoir Florence. Il y avait un beau soleil d'après averse, il ne faisait pas froid. C'était le printemps, sans doute.

Peut-être que ces rêves sont là pour me permettre de sortir de l'épisode malade, peut-être aussi pour indiquer alors qu'intellectuellement tout annonce que the dark times are coming and will last rather long - will we even survive ? -, il faut garder espoir en leur fin possible. Peut-être qu'il s'agit simplement d'un excipient du sirop contre la toux qui libère mon côté Bécassine Béate, qui au fond ne me quitte pas, même si ma lucidité froide le fait fréquemment taire. Désespérer ne sert à rien. 

 

(1) Je pense que l'expression n'est pas de moi, j'ai dû la lire quelque part au passage, mais comme je dormais à moitié je ne sais plus bien la sourcer
(2) J'ai l'air de rigoler mais avec un fou au pouvoir aux USA je suis moins rassurée que durant bien des crises pointues de pendant la guerre froide
(3) Demain pour trois heures, ça devrait être jouable, si tout va bien
(4) N'y voir aucune allusion politique mais plutôt une référence en chanson
(5) J'ignore pour quelle raison - j'aime la danse, mais pas classique, j'y trouve les corps surtout les corps de femmes trop artificiellement contraints, le système archi-hiérarchisé flippant, et la répartition des rôles prodigieusement agaçante -, mais je leur trouve un effet apaisant. Sans doute le côté impérissable et international, malgré les soubresauts du monde. Et que ça bosse dur, et c'est réconfortant de se dire ça : rien ne résiste au travail, du moins tant qu'on a un certain nombre de capacités fournies au départ.
(6) de la semaine, je ne l'ai vue, mais les nouvelles prises indiquent l'inverse
(7) C'est réellement arrivé il y a quelques années.


Knocked Out Friday

 

    C'est toujours bizarre ce moment des maladies pas graves mais qui te mettent bien KO quelques jours, le temps que le corps mène son combat, où l'on sent que ça va mieux sans que ça soit encore ça. Alors tu crois que tu vas pouvoir quitter le lit pour faire ci ou ça, et finalement à part te laver et manger au moins un vrai repas, tu ne fais rien de plus. C'est un peu comme une naufragée qui serait parvenue à nager jusqu'à une côté où elle se serait échouée : OK le péril est écarté mais il ne reste aucune force. Et toute tentative de passer déjà à autre chose : quelle est cette côte ? Comment m'abriter ? Que boire ? Que manger ? est prématurée.

*            *            *

EXPLOIT DU JOUR 

J'ai lancé une lessive après avoir plié le linge de la précédente. 

*            *            *

Sinon, pour le reste, tout le reste à par dormir, tu n'auras été qu'un être incapable de réelle attention. Collectant vaguement les réactions d'internautes qui te faisaient rire au sujet des affaires Fillon, la palme récapitulative allant à David Meulemans

Assez amusée (je pourrais être atterrée, mais comme je suis triste en ce moment j'ai choisi d'en rire) qu'un touite pondu sous fièvre en rigolant

Capture d’écran 2017-01-28 à 01.12.44ait tapé en plein dans le mille.

Tu as tenté d'éviter de suivre la rapidité avec laquelle le président 45 prend les pires mesures de son programme, éviter de RT, ne pas lui prêter d'attention, mais c'est impossible. Tu regrettes l'absence (depuis treize ans déjà) de mon père, tu aurais pu lui demander s'il se souvenait si les débuts de Mussolini ça lui avait fait ça, ou si ses aînés lui en avaient parlé.

C'est quand même curieux : ceux qui sont élus sur des programmes respectueux des gens et qui vont vers davantage de droits pour le peuple et de redistribution des richesses, soit font le contraire de ce qu'ils ont annoncé, soit mettent un temps fou et ça créé des espaces d'expression pour les pires opposants ; tandis que ceux qui se font élire sur des idées liberticides, racistes et réductrices des doits civiques sont hyper efficaces d'entrée de jeu.

Tu as tenté de regarder des videos de Royal Ballet School. Tu aimes la danse, mais tu ne saurais dire pourquoi de tels documentaires (présents en nombre sur youtube) sont pour toi une sorte de truc apaisant. Sans doute parce qu'ils autorisent le rêve flottant et font tous l'apologie de longues heures de travail - alors tu trouves que c'est encourageant -. Le côté répétitif convient à la fièvre.

Youtube t'as permis de retrouver sans l'avoir cherchée une image de liesse dans laquelle tu figures. Tu t'es empressée d'en garder trace, il faut se rappeler très fort qu'un jour tu fus au sommet du bonheur - même s'il s'agissait d'un bonheur issu de la cessation d'un malheur -. Il avait une pureté de diamant rien ne venait l'entacher et vous aviez passé la journée à vous prendre les uns et les autres dans les bras, c'était une jubilation, un soulagement sans borne. Sans doute quelque chose comme : pour un joueur de foot marquer un but décisif en finale de coupe du monde. D'ailleurs j'ai un peu un geste comme ça. 

Capture d’écran 2017-01-27 à 21.28.35

Du coup tu en as ensuite cherché d'autres exprès, et la moisson n'aurait peut-être pas été si maigre mais tu as dû abandonner pour cause d'incapacité d'attention. 

Tu as tenté de lire, mais tu t'es rendormie.

C'est une expérience étrange de découvrir des images de soi d'il y a longtemps (douze ans). La vie n'aura pas fait que des cadeaux durant ces douze années-là, et tu te dis que de t'en être sortie c'était pas mal un exploit. Tu n'aimes pas trop ce qui soudain te pousse à faire ça : l'impression que le monde va droit dans le mur et qu'une mort massive et brutale peut vous concerner tous, alors qu'il faut laisser des petits cailloux pour les Enig Marcheur qui viendront par la suite. Il a existé des belles choses entre humains, des moments d'entraide comme ça. Et quand on avait gain de cause (d'accord, c'était rare), d'allégresse et de joie. 

 

Capture d’écran 2017-01-27 à 21.47.31

 

 


Un exemple parmi d'autres pour illustrer les mécanismes du capitalisme (toujours) victorieux

 

    Il ne peut que l'emporter car il est fondé sur les mauvais côtés de la nature humaine, se fout pas mal de toute morale, ce qui compte c'est de l'emporter, de posséder (whatever : pouvoir, argent ...), d'être le plus fort par tous les moyens.

Moyennant quoi, une de ses forces et pas des moindres, c'est de récupérer à son profit le fruit des mouvements contestataires. 

Typiquement : l'évolution du rock. 

Les plus grands groupes sont devenus des pompes à fric et solide contributeur d'un fonctionnement de société qu'au départ ils contestaient [sans être nécessairement révolutionnaires, notez, mais ils étaient considérés comme de la mauvaise graine, des bad boys avant de virer aux boys bands]

Comme tout peut se vendre, peu importe la motivation des achats, y compris en geste de résistance, l'argent rentre.

Beau petit exemple ces jours-ci : 

Le newspeak de l'équipe de Trump, et son fameux alternative facts a donc engendré aux USA un bon des ventes du livre 1984 de George Orwell

C'est dommage qu'ils aient attendu après pour le lire, mais c'est mieux que rien.

Seulement si l'on creuse un peu, on s'aperçoit que le grand gagnant immédiat c'est Truczone, qui est quand même un fleuron de ce système économique du profit avant tout. Quoiqu'on fasse il s'en repaît.

It's just seem clueless.

 

 


Dix livres

C'est une chaîne sur FB à laquelle m'ont demandé de participer Julie Lemainque - Boittiaux et Anne Guillemard

Règle du jeu : faites la liste de 10 livres qui vous ont marqués d'une façon ou d'une autre. Ne prenez pas plus de quelques minutes pour le faire, ne réfléchissez pas trop - ce ne doit pas forcément être des "bons livres" ou des grandes œuvres, juste des livres qui vous ont touchés.

Taguez ensuite 10 amis en m'incluant de façon à ce que je puisse voir votre liste... SUR VOTRE MUR merci. 

Je vais profiter qu'un rhume féroce m'a tirée du sommeil en m'empêchant de respirer, pour tenter de répondre. Sachant que je ne suis pas au meilleur de ma forme. Du tout.

Ceux qui me viennent ce soir sont  :

Attention : ceux qui m'ont marquée ne sont pas nécessairement ceux que je préfère, certains en font partie aussi, d'autres non. Au moins la moitié sont des lectures d'enfance et de jeunesse, ils me feraient sans doute moins d'effet si je les relisais à présent (encore que), mais ils ont joué un rôle fondateur, de même qu'une lecture plutôt précoce des Agatha Christie pourtant alors plutôt traduits cosi cosi.

- People who knock on the door de Patricia Highsmith
- Les souvenirs d'enfance (trois tomes) de Marcel Pagnol
- Tous les livres traduits en français de Jón Kalman Stefánsson
- Lettres à un jeune poète de Rainer Maria Rilke
- Orlando de Virginia Woolf (histoire d'en choisir un, sinon : tout)
- Les trois médecins de Martin Winckler (ou Plumes d'Ange, j'hésite)  
- Le monde de Joseph de Marie Desplechin (ou Dragons mais Le monde de Joseph est plus abouti)
- Les Misérables de Victor Hugo
- L'enfant, le Bachelier et l'Insurgé de Jules Vallès
- La théorie de la relativité restreinte et générale d'Albert Einstein et Mileva Maric, vivre avec Albert Einstein de Radmila Milentijevic (mais sans doute dans une autre version que celle de 2013)
- Les Thibault de Roger Martin du Gard
- Les carnets de notes (tous les tomes) de Pierre Bergounioux

(bonus track : Les deux Pukhtu de DOA, Purge de Sofi Oksanen, et Shibumi de Trevanian, parce qu'ils m'ont marquée dans un sens qu'il y a un avant et un après leur lecture)

J'ai dépassé dix mais réduire serait une injustice.

Si j'étais en forme au lieu de malade, j'établirai aussi une liste de dix titres pour la poésie et une autre liste pour les essais et documents.