Heavy friday
24 décembre 2016
Il était prévu que ça soit l'une des journées de librairie les plus chargées de l'année. Ça l'a été. Mais les clients là-haut sont presque tous de grande qualité, jusqu'à proposer les uns aux autres à passer avant, alors la foule de veille de Noël n'est pas facteur de stress. C'est même assez stimulant.
Il était prévu que quelqu'un passe voir ma mère à l'hôpital puis me chercher au travail (1) sur sa proposition - je n'aurais pas pensé à le demander, la seule chose que j'avais demandé c'était s'il était possible que l'on passe chercher pour moi mes nouvelles lentilles de contact chez l'opticien car mes horaires jusqu'au 31 rendront cette démarche pour moi impossible -. Ça n'a pas eu lieu. L'affaire de la fuite d'eau invisible avait rebondi, je n'ai que vu la trace d'un mail que sur le téléphone je ne pouvais lire (l'important dans la pièce jointe) et je l'avais fait suivre quand ç'avait été possible. Nous avions aussi eu un passage d'huissier pour une notification d'ordonnance de référé (2), mais je l'ignorais. Ça aura suffi à tout désorganiser tandis que je bossais, relativement heureuse, car concentrée sur ce que je faisais et qui était assez utile aux autres. En effet aider les gens à préparer pour une fête quelques présents assez intelligents est plutôt gratifiant.
Je me suis mangé l'ensemble dans la gueule un joli lot complet au moment de clore la journée, en ne voyant personne venir et en tentant par SMS de me renseigner, craignant soudain que la malade n'ait sa santé un cran plus dégradée et que la visite ne se soit prolongée. Il n'en était rien. C'était simplement sous l'effet du stress une bouffée d'incapacité de celui qui aurait dû venir, sans qu'il n'ait su prévenir que qu'il ne pouvait plus assurer.
Alors j'ai dû me débrouiller pour rentrer sachant qu'en plus c'était un bout de soirée gâchée qui m'attendrait puisque le malheureux allait ressasser.
C'est là qu'on mesure les limites du militantisme écolo-responsable qui pousse à utiliser avant tout les transports en commun.
La journée devait avoir été trop riante jusque là : ça s'est encore gâté. Un bus était bien là et vite - tant mieux en prévision d'un retour en voiture je n'étais pas couverte comme quelqu'un qui doit attendre jusqu'à 20 minutes dehors -, seulement il m'a menée vers une gare où les trains étaient supprimés (3) du moins ceux qui allaient vers Ermont Eaubonne où j'espérais récupérer un RER C.
Finalement j'ai pu arriver gare du Nord et de là, bon an mal an, jusqu'à Satin Lazare. Compte tenu du changement, j'envisageai la ligne 13, mais un message "perturbations / colis suspect" était au même instant diffusé la concernant, alors je suis remontée vers les trains, mais la voie sur le premier prévu tardait à être affichée, la fin d'un message diffusé m'a fait comprendre qu'il était plus sage de tenter de prendre directement le suivant.
Ceci me rappelle certains billets chez Alice.
J'avais mis plus de deux heures pour rentrer. Contre environ trois quart d'heures espérés alors que je croyais encore un homme à peu près fiable, du moins dans ce genre de cas. Et que surtout il aurait prévenu s'il était arrivé quoi que ce soit. Ce qui n'avait pas été le cas.
Restait à me laver, dîner, écrire quelque mail concernant l'affaire - sachant que je n'aurai comme week-end que dimanche et qu'il faudrait aller à l'hôpital -, sortir la lessive, vider les poubelles, espérer que le fiston, parti se murger fêter le début de brèves vacances avec des amis ne rentre ni trop tard ni trop détruit. La journée s'achevait comme elle avait commencé, dans un brouillard épais. Mais pas tout à fait le même.
Comme Samantdi en ce moment, je suis fort triste. Mais contrairement à elle, j'ai peur qu'à force ça ne se voie.
Heureusement restaient quelques bons moments de librairie, un petit salut sur l'une de mes photos, un bon repas le midi, la lecture de "Vie de ma voisine" (5) qui fait beaucoup de bien. Celle des blogs subsistants aussi. La livraison parfaitement ponctuelle de mon masque anti-pollution pour le vélo les jours de pics. La part, certes restreinte, que je maîtrise de ma propre vie, ce qui dépend essentiellement de moi, va, elle, plutôt bien. En attendant les grands malheurs et les grands tourments (3), c'est déjà ça.
(1) Compte tenu de la proximité relative de l'hôpital avec mon lieu de travail, c'était une démarche logique.
(2) Ce qui quoi qu'on puisse penser du reste est très étrange c'est qu'il y a eu plusieurs délibérations, quelque chose en septembre, une "ordonnance de référé" semble-t-il le 7 novembre, des trucs officiels qui nous concernaient, auxquels il eût sans doute fallu que nous fussions présents et que nous n'en ayons rien su. Ni courrier de papier, ni mails, ni trace du moindre appel. Juste un message vers mi-décembre de l'avocat de notre compagnie d'assurance qui nous présente la (lourde) facture. Y aurait-il eu un recommandé via la poste qui comme l'an passé [celui qui avait mis quinze jours avant de nous être présenté] se serait perdu ?
(2) gare du Nord, colis suspect ai-je cru comprendre à l'arrivée.
(3) Je songe à ce(ux) que voit venir Alice dans ce billet-là. Et partage ce qu'elle nomme si justement "notre impuissance et notre appréhension".
(4) de Geneviève Brisac