Heavy friday
Triste lundi

Bordeaux is so trendy

    Le rush de fin d'année, lorsque l'ambiance est bonne et les clients de qualité, peut être l'occasion de franches rigolades et d'un lot conséquent de perplexités.

Il se confirme qu'en matière de paquets cadeaux les avis sur ce qui se fait ou non peuvent être diamétralement opposés, de ceux qui préfèrent que l'on laisse le plastique s'il y en avait un et tant pis si du coup le prix est visible et ceux qui répètent quatre fois Vous avez bien enlevé le prix ? [un exemple parmi plein], de ceux qui se scandalisent de l'utilisation de papier et bolduc à ceux qui réclament un paquet par objet même pour les mêmes personnes. Le plus drôle étant que chacun est persuadé de faire selon le bon usage.

Il y aura eu le mystère du cadeau oublié. En face de la caisse, là où un rebord permet de caler son sac, mais que côté tenancière on ne voit pas, quelqu'un avait oublié un petit sac contenant macarons et pâtes de fruits. Une jeune femme venait de partir et nous étions en train d'achever les paquets cadeaux pour un monsieur du genre hyper sérieux, pas rieur pour un sous. Nous avons cru que le sac était à la jeune femme, tenté en vain de la rattraper, le monsieur nous a entendu, a payé, pris ses cadeaux, est parti ... puis revenu alors que nous nous demandions que faire. Très pince sans rire, il a dit : - J'ai retrouvé la dame ! 
Et devant nos airs un peu surpris a déclaré très pince-sans-rire : C'était moi, puis saisi le paquet, dit Joyeuses fêtes et a filé.
J'ai trouvé la scène extraordinairement drôle jusqu'au moment où ma patronne a émis un doute solide quant à la légitimité de cette (ré?)appropriation.

Il y aura eu le coup d'humour burlesque du client triste. Buster Keaton réincarné. J'ai beaucoup ri.

L'habitué ami, que nous avons pour partie oublié de faire payer. Mais qui est revenu, réclamer de tout régler.
Toutes sortes de gags de personnes tentant de faire un cadeau discret pour quelqu'un mais qui revenait avant qu'il ne soit emballé. Ou l'inverse (des emballages bouclés trop vite pour quelqu'un qui voulait montrer à quelqu'un d'autre). 
Ceux qui, totalement oublieux du jour particulier téléphonaient pour des commandes scolaires, dont une pour un établissement (hier, certes, mais cependant). Ceux qui venus pour un seul ouvrage, sans doute séduits par l'ambiance, ou alléchés par la perspective de pouvoir déléguer tous leurs paquets, repartaient avec des présents pour une famille au complet.

Celui qui l'air de rien devait être une star locale : passé en trois fois, il retrouva une vieille connaissance à chaque fois. 

Et puis enfin, il y eu ce mystère de la mode : 

Un homme passé la veille avait acheté un roman courant puis demandé si nous n'avions pas un livre qui aurait été en lien avec la ville de Bordeaux. Je crois qu'il avait expliqué qu'il devait passer Noël par là-bas dans sa belle-famille, ce qui lui donnait pour (l'un d'entre) eux cette idée-là.
Une dame était alors entrée pour chercher un livre qu'elle avait commandé. 
- Votre nom ?
- Bordeaux
-  ... ?
- Oui, Bordeaux, madame Bordeaux. Comme la ville.

Après, nous avions dû expliquer à la dame, heureusement de bonne composition, d'où provenait notre hilarité.

Aujourd'hui un homme, plus jeune, entre et tout de go après nous avoir saluées nous demande : 
- Vous n'auriez pas un livre en rapport avec la ville de Bordeaux ?

Renseignement pris il n'avait, semblait-il aucun lien ni avec la dame ni avec notre Bordeaux buyer de la veille. 
And Bordeaux, suddenly became so trendy.

En quittant le travail, j'ai retrouvé mes tracas, les malheurs familiaux. Bosser avec intensité les avait remarquablement tenus à distance. J'ai failli tenter de marcher jusqu'à l'hôpital où survit ma mère. L'homme de la maison qui l'avait vue dans la journée m'en a par SMS dissuadée. Nous irons tous. Ensemble. Demain.

Dîner complet, mais sans excès. Cadeaux utiles. Je pense à ceux dont l'absence pèse. Je pense à celui qui partageait des photos de Noël si réjouies, il y a quelques années, qu'elles donnaient envie [de le rejoindre et sa famille aussi] et qui désormais a comme on dit "refait sa vie", et combien c'est bizarre vu de loin, ce bonheur si éclatant fané pour un autre.
Je pense que j'aurais infiniment aimé passer Noël à Turin, avec ma famille d'Italie. Mais il est impossible d'organiser un déplacement à la saison lorsqu'on travaille en librairie. Et l'état de santé de ma vieille mère empêche tout réel déplacement. 
C'est donc le boulot qui porte le bonheur. Du moins pour l'instant.
 

PS : Un grand merci à Julie dont ce post sur FB est d'un infini réconfort en plus qu'on est heureux / heureuses pour elle et pour ses fils. 

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