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Un cynisme glaçant (mais au moins pas de réelle folie)

Tirée du sommeil ce matin par le radio-réveil sur la matinale de France-Culture, j'ai entendu avant les paroles apaisantes d'Ariane Mnouchkine, des infos concernant Trump qui annulait les expulsions de diplomates russes décidées par Obama et sans doute d'autres choses le concernant. 

Ce qui aura donné ce dernier rêve avant le réveil.

Journaliste ou consultante (?) je faisais partie d'une petite équipe "embedded" pour un temps limité (ouf) auprès de Donald Trump.  Nous constations qu'il menait le pays comme une entreprise avec un dynamisme fou - sans tenir compte de l'inertie d'immense cargo que peut avoir un pays d'où une tendance à tout enfoncer sur son passage et un risque d'échouage inouï - et zéro notion des relations historiques ni de la géopolitique préalable. Il n'était pas fou du tout, les trucs délirants qu'il disait c'était pour se faire élire puis aduler par les cons. Il faisait preuve d'un pragmatisme absolu comme s'il incarnait l'esprit même du capitalisme qui trouve à générer du profit (2) sur tout ce que produisent les mouvements mêmes de qui s'oppose à lui. J'étais rassurée - ça n'était pas un vrai cinglé, juste un cynique parfait exploitant le fait que le monde l'était, il risquait moins de faire pèter la planète que je ne l'aurais cru -, j'avais même un doute que tiens peut-être ça n'amènera pas que des horreurs : certains ennemis surpris et charmés de n'être plus considérés comme tels se montraient prêts à ne plus l'être. Mais on allait droit vers la fin des classes moyennes. Et pas parce qu'elles auraient eu accès au niveau supérieur.

(1) aux infos, pas Mnouchkine
(2) et donc se renforcer, accroître son emprise

Je préférais nettement quand je rêvais de Barack Obama.


Ce monde-là

    C'est dommage que la période soit si chahutée d'un point de vue familial entre une mère au bout du rouleau et un homme rendu fou chagriné par la conclusion de l'affaire de la fuite d'eau invisible (c'est ainsi : quand tu n'as pas une belle installation par manque d'argent et qu'un ennui survient parce que c'était vieux, tu dois payer pour retaper les belles installations des autres et mettre en conformité la tienne à tes frais), car les journée de boulot sont intenses et gratifiantes, d'autant plus que cette semaine je tiens seule la boutique ce qui dans un espace réduit est plus facile en fait (1). 

J'en repars fatiguée mais le plus souvent le cœur léger, avec le sentiment d'avoir été utile, je lis dans les transports et rêve encore un peu en marchant jusqu'à la maison.

J'étais au sein d'une de ses songeries déambulatoires, un rêve très tonique dans lequel à Uccle je retrouvais un bonheur possible, lorsque j'ai vu que les mendiants des feux rouges au bas du périph, ceux qui viennent là depuis des mois avec des pancartes "Famille Syrie", alors que la température extérieure voisinait le zéro n'étaient plus quelques-unes mais une petite foule d'hommes de femmes en noir et de petits enfants. Qu'ils soient vraiment Syriens où prétendant l'être ils ne méritaient pas d'être dehors à attendre par ce froid. Leur surnombre ôtait toute chance d'efficacité puisque par définition même un automobiliste compatissant et fortuné (2) n'aurait pu offrir assez. Et je suppose que nombre d'entre eux risquaient même en étant de bonne composition de se sentir agressés, par simple effet d'infériorité numérique. Il n'y avait rien que je pusse donner, la seule chose que j'avais d'abondance était des livres et encore à lire "pour le travail". Une fois de plus j'ai eu honte de mon impuissance. Je me dis que notre société a vraiment quelque chose qui ne va pas.

Plus tôt, attente du bus. Ils sont rares en cette période, et nous sommes plusieurs. Il y a une jeune femme bien en chair qui attend également un peu à l'écart. Un type avec un SUV de crâneur s'est arrêté, j'ai pensé à un parent venu la chercher, ou tout du moins quelqu'un qu'elle connaissait. Elle s'est approchée, ils ont échangé quelques mots, elle s'est reculée il est reparti sans s'arrêter auprès des autres personnes dont je faisais partie - et de toutes façons s'il s'agissait de demander son chemin il avait le genre d'engin qui sait tout ça tout seul -. Elle a finalement pris le bus avec le petit groupe que nous formions. Mais je me suis posée la question d'un trafic éventuel, de propositions crapuleuses, voire de prostitution. Le lieu semblait mal choisi. Mais ce que m'a appris la vie c'est qu'aucun lieu n'est plus totalement incongru. Un doute subsistera.

Nous vivons dans ce monde-là.

[mais c'est aussi un monde où la plupart des personnes croisées dans ces mêmes transports, bus de banlieue puis RER C, bouquinent, passent des coups de fils parfaitement anodins, traitent leurs enfants avec soin, saluent le chauffeur du bus et le remercient à l'arrivée ; il faudra se le rappeler lorsque tout va basculer]

 

(1) Question d'expérience, de n'avoir pas à faire gaffe à ce que fait l'autre en même temps, et aussi de ce léger handicap que je traîne depuis janvier 2015 et qui fait que je ne perçois plus les présences à l'arrière (ou latérales si en retrait). Alors je dois faire preuve pour compenser d'une vigilance accrue (ou sinon j'écrase des pieds, je bouscule) qui me fatigue davantage.  
(2) Auquel cas que ferait-il porte de Clichy en soirée ?

PS : Si je devais faire un sondage "sortie de caisse" en libraire je dirais que Macron et Mélenchon sont pour le printemps les grands favoris. Effet de microcosme ou bien tendance de fond ?


Une tape sur l'épaule

    C'est un des RER C du matin. Étrange période entre les fêtes où nous sommes quand même un bon petit nombre à nous en aller bosser (1). Pour le deuxième matin un train court est annoncé qui s'avère long en fait. 

Ce qui permet aux voyageurs d'être répartis, tranquilles et naturellement, un par lot de quatre sièges, dans cette sorte de bienséance qui veut que l'on évite de s'entasser s'il n'y a pas nécessité.

L'homme qui est assis aux quatre sièges juste devant le groupe que j'occupe, dort. Il a la tête appuyée sur la vitre. On pourrait imaginer l'entendre ronfler.

Arrivés aux Grésillons ou bien à Gennevilliers, un autre homme assis davantage vers l'avant, se lève plus tôt que nécessaire. Au lieu de se diriger vers la porte la plus proche il marche vers l'arrière. Alors qu'il parvient presque à ma hauteur il tape doucement sur l'épaule du dormeur. Un geste amical et chaleureux parfait qui m'émeut.

Le dormeur a une fraction de seconde un bref air éberlué, mais aussitôt se lève et lui emboîte le pas. 

Sans un mot.

J'ai d'abord pensé à deux collègues qui bossaient sur le même chantier (2). Ça m'a bien plu l'idée.

Seulement la façon dont celui qui dormait s'est trouvé immédiatement opérationnel, et leur silence bien rodé peut laisser place à bien des romans. Des soldats (sans uniforme) ? Des hommes effectuant une filature et s'apprêtant à utiliser la circulation à plusieurs issues des RER à étages pour plus de discrétion ? 

En terme de scénarisation de la vie quotidienne, ce geste et l'enchaînement de leurs mouvements était vraiment parfait. Je leur suis reconnaissante de m'avoir offert matière à romancer.

 

(1) Sinon quel intérêt de prendre un RER vers 8h ? Et qui s'éloigne de Paris et donc des gares importantes, des trains pour aller loin.

(2) Pourquoi un chantier ? Peut-être à cause du nombre de grues sur zone. Ou que j'aime à imaginer le travail qui s'y fait. Et qu'il se prête à de la camaderie.


"À quel âge sommes-nous nous-mêmes ?"

12717866_10207358391931088_7563836720802295213_nJe lis ceci sur le blog de Carl Vanwelde qui d'habitude m'est d'un grand réconfort, moins sur le billet  que je cite et dont la citation initiale me donne, pour des raisons affectives encore mal cicatrisées, la nausée. Mais il faut savoir faire la part des choses et la suite est fort intéressante : 
 
"Ils sont un vieux couple maintenant. Elle a perdu les jambes, il a perdu la tête. Il lui trouve une ressemblance avec sa femme, qu'il aimait tant. Elle lui dit qu'elle est sa femme, qu'il arrête donc de dire des bêtises. Elle en est triste, il en est contrarié. Il lui rétorque que sa femme était blonde, mince, avait la peau lisse et une voix douce, elle travaillait à l'Inno, il s'en souvient comme si c'était hier. Elle arrête de le convaincre, le laissant à ses fantômes. A quel âge sommes-nous nous-mêmes, avant de n'être plus qu'une image souvenir? En combien de personnes successives s'égrène notre existence, et où s'envolent celles que nous fûmes aux divers âges de la vie, dans quel ciel, dans quel récit, dans la mémoire de quel être cher? Y retrouvent-elles qui une fonction prestigieuse, qui un amour d'enfance, qui un enfant parti trop jeune? [...] Tout est vrai successivement. [...]"

Il se trouve que c'est une question que je me pose ces temps derniers bien souvent.

D'abord pour ma mère, dont le cerveau semble fonctionner encore parfaitement, du moins en ce sens qu'elle est égale à elle-même. Mais son enveloppe corporelle n'est plus qu'un squelette avec de la peau sur les os et un ventre gonflé pour lequel elle refuse le traitement pourtant logique qui la soulagerait. 
Je me dis que ce qui reste d'elle n'est pas la vraie elle-même. Cette femme sportive et dynamique qu'elle aura été durant l'essentiel de sa vie. Je pense d'ailleurs qu'elle n'est plus elle-même depuis certains propos xénophobes et racistes tenus ces dernières années. La vraie elle-même ne pouvait s'abaisser à de telles pensées.
 
Ensuite, pour moi aussi. J'ai traversé des années difficiles, en 2005/2006 puis 2013 j'ai eu le sentiment d'être expulsée de ma propre vie. Ça allait mieux depuis que j'avais retrouvé un emploi stable dans une librairie humaine avec des clients pour la plupart chaleureux et d'âme élégants. Le cumul de malheurs et tracas depuis l'été est sans doute en train de remettre cette relative accalmie en cause.
C'est un peu différent des périodes de malheurs précédentes : je ne suis pas exclue de ma vie, celle-ci suit son cours, en revanche la part personnelle en est réduite à presque rien. Mon temps est englouti et j'ai beau aimer mon métier et me sentir heureuse lorsque je travaille, entre hôpital, suites calamiteuses de l'affaire de la fuite d'eau invisible et horaires de travail complets, je me sens étouffer. Est-ce vraiment moi cette personne qui fait ce qu'elle a à faire mais sans moments apaisés, sans personne pour vraiment se soucier, sans temps pour écrire (à part, en désespoir de cause, ici) ? Je ne me retrouve qu'aux heures d'entraînements. Car cette décision de me mettre au triathlon c'est moi, vraiment. Seulement, entre Noël et jour de l'An, il n'y en a guère. 
 
À quel âge sommes-nous nous-mêmes ?

Je crois que je l'ai été en 2012, j'avais 49 ans, un boulot que j'aimais pour quelqu'un qui en valait la peine, je me croyais aimée, dans chaque interstice j'écrivais, et d'ailleurs un petit quelque chose avait été publié.
Cette photo (merci Douja) d'un soir d'octobre, alors que nous recevions Joël Dicker avant que sa "Vérité sur l'affaire Harry Québert" n'atteigne des sommets de succès, avant son premier prix remporté, marque un instant de ma vie où j'étais moi plus que jamais. Bonne Mascotte et heureuse de l'être. Et même mon grand ami, mon presque frère, était présent. 
 
Depuis mi 2013, ça n'est plus tout à fait ça. Je lutte sans arrêt pour limiter les dégâts. Plus encore que la fin de cette belle librairie cette année-là, et la rupture subie si violemment au même moment, même s'il y avait 320 km d'écart il y avait concordance des temps, ce sont les journées des 7, 8 et 9 janvier 2015 qui m'ont éloignée de moi-même. Mon visage, d'un seul coup, s'est affaissé. Je n'étais plus la même, plus tout à fait.

J'ai peur que 2017 apporte de si grands tourments collectifs que nous tomberons tous dans la simple survie. Que vais-je encore me faire arracher ? Et par qui ?
Peut-être que je [me] suis pour de bon perdue. Peut-être que le sport et le travail me permettront d'amortir la dégringolade [même] dans un monde en conflit. 

Est-il possible d'être soi-même lorsque tout se délite ?

 


Triste lundi


    La journée de librairie aura été toute douce : seules deux personnes pour des échanges de cadeaux (1) et sinon quelques clients paisibles et une jeune australienne. Les trajets se sont effectués sans tracas particuliers. 

Au retour j'avais décidé de me la jouer premier bus premier train. Ce qui m'a fait repasser par Paris.

Gare du Nord, les portiques avant l'accès aux Thalys sont plombants. Je me souviens d'avoir tant de fois accompagné les uns ou les autres jusqu'à leur train. Ça ne serait plus possible et ça me rend très triste.

Une amie semblait chez elle mais je n'ai pas osé la déranger. Salut, je bossais aujourd'hui, et là je rentre chez moi, ça me ferait plaisir qu'on se voie, on prend un café ? : Pas osé.
La raison voudrait que je lui envoie un mot pour lui proposer une revoyure un autre jour. Le hic c'est qu'en ce moment je ne peux rien prévoir. C'est effarant comme l'hospitalisation sans guérison possible d'un proche nous enserre, comme cela nous confisque le temps. 

Et puis il y a le travail avec des week-ends travaillés. En temps normal ça ne me pèse pas, le tout est de s'organiser. En ce moment, c'est compliqué.

C'est bizarre de ressentir comme si triste une journée qui s'est bien passée.

Mais elle est plombée par les conséquences de ce qui se trame ou s'est tramé.

L'affaire de la fuite d'eau invisible nous coûtera 6200 € (avant travaux). Il faut payer avant la fin de la semaine. Nous n'avons pas contesté en temps voulu une expertise écrite à charge et nous voilà considérés comme fautifs. Ni effectués assez vite des travaux de (re)mise aux normes.

Un blog que je lis d'habitude pour me remonter le moral citait une des œuvres de l'ex-bien-aimé et de sa dulcinée. Ça brûle encore. J'ai la sensation d'une spoliation. Que c'est avec moi qu'il aurait dû écrire. Je me dis que l'auteur du blog n'a sans doute pas la moindre idée de la façon dont son ami est capable de traiter une femme dès lors qu'il a trouvé mieux, ou du moins plus conforme aux désitérata masculins (2). J'ai eu cette pensée pour le moins curieuse que c'est probablement par lui que j'apprendrai sa mort. À tout le moins, c'est présomptueux. 

Pour autant ce blog reste intéressant, il ne faut pas tout mélanger. Et d'ailleurs les blogs que j'ai pu (re)lire aujourd'hui auront été réconfortants. Les réseaux sociaux ont presque tout phagocytés mais ceux qui perdurent sont de qualité.

Je me dis, comme Anne, que l'année 2016 aura été très très peu voyageuse : nouveau travail oblige, manque de congés et manque d'argent. Je ne pense pas que j'en aurais vraiment jamais, mon métier de libraire est un genre de sacerdoce qui maintient fauché-e. Mais si je parvenais à écrire et publier quelque chose peut-être serais-je ici ou là invitée (on peut toujours rêver).

Je me laisse parfois aller à imaginer ma vie si elle n'avait pas à deux reprises violemment été déviée. Il y a le parc (un parc) en commun. Les livres. Mais à part ça ?
Suis-je vraiment où je suis ? Est-ce que je n'ai pas une existence principale en train de se dérouler ailleurs, dans les progrès d'écriture, en bonne compagnie ? Comment peut-on être à ce point un pion entre les mains d'autrui ? Je te veux près de moi / Je ne te veux pas / Je suis si heureux que tu sois venue / J'ai rencontré quelqu'un / Tu n'encombres jamais / Ça serait mieux qu'on ne se voie plus

Les écrivains, sans doute plus que d'autres, une fois dans la vraie vie écrivent n'importe quoi.

Il y aura eu le réconfort en mettant à profit un moment calme de tomber sur un album illustré pour enfants écrit par un ami. Mais la tristesse associée de ne même plus se rappeler de la dernière fois que nous avons passé un peu de temps ensemble, tellement les mois ont défilé sans les moindres retrouvailles. Partant de là je me suis souvenue de tou-te-s les ami-e-s disparu-e-s. Des personnes qui ont cessé de donner de leurs nouvelles et d'en prendre. Des blogueurs, entre autre, qui ont cessé de bloguer, et dans le même mouvement, toutes relations avec leurs anciennes connaissances. J'aurais passé une partie non négligeable de mon temps à attendre en vain le retour de quelques-un(e)s. Leur volatilisation avait si peu de sens. Comment peut-on du jour au lendemain mettre quelqu'un à la poubelle, sans signe avant-coureur, sans conflit, sans rien ? Ils ou elles allaient revenir, forcément, dès qu'ils retrouveraient un moment. 

Écrire me manque, je ne le fais plus qu'ici depuis la mort de mon beau-père et la sur-occupation induite alors que je tentais péniblement de retrouver un rythme après l'été de permanence puis la rentrée (scolaire et littéraire) et quelques rencontres avec certain-e-s de mes auteur-e-s préféré-e-s. Il y aura eu le festival de cinéma d'Arras (et de l'écriture sur les films, jusqu'au jour de l'annonce de Trump élu, comme ça m'a coupé les pattes, ça), puis la dégradation de la santé de ma mère et depuis les circuits hosto-boulot et l'épuisement induit. D'autant qu'en décembre en librairie c'est du 7/7 ou quasi.
Reste qu'au moins je n'ai rien à me reprocher : il n'y a pas d'interstices dans lesquels je pourrais glisser cette part de mon travail. Tout est trop instable, trop perturbé. 

J'apprends par François Bon que la librairie Corti va fermer. Même si elle a des successeurs, ça ne sera plus pareil.

George Michael est mort. Je sais pertinemment que le sort (?) se contrefout du calendrier. Il n'en demeure pas moins que cette année 2016 aura été celle d'une hécatombe de personnes qui furent très créatives et reconnues dans leurs métiers. On pourrait presque croire qu'il y a quelque chose de l'ordre du : Vu ce qui se profile, on préfère partir avant.

Par dessus tout il y a cette question de l'hospitalisation à domicile de ma mère qui me tracasse. C'est elle qui le souhaite. Et l'hôpital qui veut libérer des lits : on ne peut pas leur en vouloir de ne pas vouloir garder une patiente en fin de vie qui refuse les soins. Mais l'idée de quelqu'un laissé seul qui ne peut quitter son lit me gêne. Tous sont à me dire que je m'en fais pour rien, que des passages sont prévus, et des systèmes d'appels (3). Mais ça me tracasse : être seul-e, étouffer, ne pouvoir appeler.

J'ai été malade hier soir, une sorte d'intoxication alimentaire, c'est seulement au cours de la journée que j'ai cessé d'avoir le corps douloureux. Il me semble que la fatigue des jours derniers et ces inquiétudes lancinantes, n'y étaient pas pour rien.
Il fera froid, les jours prochains.

 

(1) quel contraste avec le XVIème arrondissement et ses refourgueurs de cadeaux achetés sur amazon ou à la Fnac (étiquettes incluses)
(2) Merci à Anne Savelli pour ce lien édifiant.
(3) À une paire de jours de son retour, rien n'est installé, cependant.


Bordeaux is so trendy

    Le rush de fin d'année, lorsque l'ambiance est bonne et les clients de qualité, peut être l'occasion de franches rigolades et d'un lot conséquent de perplexités.

Il se confirme qu'en matière de paquets cadeaux les avis sur ce qui se fait ou non peuvent être diamétralement opposés, de ceux qui préfèrent que l'on laisse le plastique s'il y en avait un et tant pis si du coup le prix est visible et ceux qui répètent quatre fois Vous avez bien enlevé le prix ? [un exemple parmi plein], de ceux qui se scandalisent de l'utilisation de papier et bolduc à ceux qui réclament un paquet par objet même pour les mêmes personnes. Le plus drôle étant que chacun est persuadé de faire selon le bon usage.

Il y aura eu le mystère du cadeau oublié. En face de la caisse, là où un rebord permet de caler son sac, mais que côté tenancière on ne voit pas, quelqu'un avait oublié un petit sac contenant macarons et pâtes de fruits. Une jeune femme venait de partir et nous étions en train d'achever les paquets cadeaux pour un monsieur du genre hyper sérieux, pas rieur pour un sous. Nous avons cru que le sac était à la jeune femme, tenté en vain de la rattraper, le monsieur nous a entendu, a payé, pris ses cadeaux, est parti ... puis revenu alors que nous nous demandions que faire. Très pince sans rire, il a dit : - J'ai retrouvé la dame ! 
Et devant nos airs un peu surpris a déclaré très pince-sans-rire : C'était moi, puis saisi le paquet, dit Joyeuses fêtes et a filé.
J'ai trouvé la scène extraordinairement drôle jusqu'au moment où ma patronne a émis un doute solide quant à la légitimité de cette (ré?)appropriation.

Il y aura eu le coup d'humour burlesque du client triste. Buster Keaton réincarné. J'ai beaucoup ri.

L'habitué ami, que nous avons pour partie oublié de faire payer. Mais qui est revenu, réclamer de tout régler.
Toutes sortes de gags de personnes tentant de faire un cadeau discret pour quelqu'un mais qui revenait avant qu'il ne soit emballé. Ou l'inverse (des emballages bouclés trop vite pour quelqu'un qui voulait montrer à quelqu'un d'autre). 
Ceux qui, totalement oublieux du jour particulier téléphonaient pour des commandes scolaires, dont une pour un établissement (hier, certes, mais cependant). Ceux qui venus pour un seul ouvrage, sans doute séduits par l'ambiance, ou alléchés par la perspective de pouvoir déléguer tous leurs paquets, repartaient avec des présents pour une famille au complet.

Celui qui l'air de rien devait être une star locale : passé en trois fois, il retrouva une vieille connaissance à chaque fois. 

Et puis enfin, il y eu ce mystère de la mode : 

Un homme passé la veille avait acheté un roman courant puis demandé si nous n'avions pas un livre qui aurait été en lien avec la ville de Bordeaux. Je crois qu'il avait expliqué qu'il devait passer Noël par là-bas dans sa belle-famille, ce qui lui donnait pour (l'un d'entre) eux cette idée-là.
Une dame était alors entrée pour chercher un livre qu'elle avait commandé. 
- Votre nom ?
- Bordeaux
-  ... ?
- Oui, Bordeaux, madame Bordeaux. Comme la ville.

Après, nous avions dû expliquer à la dame, heureusement de bonne composition, d'où provenait notre hilarité.

Aujourd'hui un homme, plus jeune, entre et tout de go après nous avoir saluées nous demande : 
- Vous n'auriez pas un livre en rapport avec la ville de Bordeaux ?

Renseignement pris il n'avait, semblait-il aucun lien ni avec la dame ni avec notre Bordeaux buyer de la veille. 
And Bordeaux, suddenly became so trendy.

En quittant le travail, j'ai retrouvé mes tracas, les malheurs familiaux. Bosser avec intensité les avait remarquablement tenus à distance. J'ai failli tenter de marcher jusqu'à l'hôpital où survit ma mère. L'homme de la maison qui l'avait vue dans la journée m'en a par SMS dissuadée. Nous irons tous. Ensemble. Demain.

Dîner complet, mais sans excès. Cadeaux utiles. Je pense à ceux dont l'absence pèse. Je pense à celui qui partageait des photos de Noël si réjouies, il y a quelques années, qu'elles donnaient envie [de le rejoindre et sa famille aussi] et qui désormais a comme on dit "refait sa vie", et combien c'est bizarre vu de loin, ce bonheur si éclatant fané pour un autre.
Je pense que j'aurais infiniment aimé passer Noël à Turin, avec ma famille d'Italie. Mais il est impossible d'organiser un déplacement à la saison lorsqu'on travaille en librairie. Et l'état de santé de ma vieille mère empêche tout réel déplacement. 
C'est donc le boulot qui porte le bonheur. Du moins pour l'instant.
 

PS : Un grand merci à Julie dont ce post sur FB est d'un infini réconfort en plus qu'on est heureux / heureuses pour elle et pour ses fils. 


Heavy friday

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Il était prévu que ça soit l'une des journées de librairie les plus chargées de l'année. Ça l'a été. Mais les clients là-haut sont presque tous de grande qualité, jusqu'à proposer les uns aux autres à passer avant, alors la foule de veille de Noël n'est pas facteur de stress. C'est même assez stimulant.

Il était prévu que quelqu'un passe voir ma mère à l'hôpital puis me chercher au travail (1) sur sa proposition - je n'aurais pas pensé à le demander, la seule chose que j'avais demandé c'était s'il était possible que l'on passe chercher pour moi mes nouvelles lentilles de contact chez l'opticien car mes horaires jusqu'au 31 rendront cette démarche pour moi impossible -. Ça n'a pas eu lieu. L'affaire de la fuite d'eau invisible avait rebondi, je n'ai que vu la trace d'un mail que sur le téléphone je ne pouvais lire (l'important dans la pièce jointe) et je l'avais fait suivre quand ç'avait été possible. Nous avions aussi eu un passage d'huissier pour une notification d'ordonnance de référé (2), mais je l'ignorais. Ça aura suffi à tout désorganiser tandis que je bossais, relativement heureuse, car concentrée sur ce que je faisais et qui était assez utile aux autres. En effet aider les gens à préparer pour une fête quelques présents assez intelligents est plutôt gratifiant.

Je me suis mangé l'ensemble dans la gueule un joli lot complet au moment de clore la journée, en ne voyant personne venir et en tentant par SMS de me renseigner, craignant soudain que la malade n'ait sa santé un cran plus dégradée et que la visite ne se soit prolongée. Il n'en était rien. C'était simplement sous l'effet du stress une bouffée d'incapacité de celui qui aurait dû venir, sans qu'il n'ait su prévenir que qu'il ne pouvait plus assurer.

Alors j'ai dû me débrouiller pour rentrer sachant qu'en plus c'était un bout de soirée gâchée qui m'attendrait puisque le malheureux allait ressasser.

C'est là qu'on mesure les limites du militantisme écolo-responsable qui pousse à utiliser avant tout les transports en commun.

La journée devait avoir été trop riante jusque là : ça s'est encore gâté. Un bus était bien là et vite - tant mieux en prévision d'un retour en voiture je n'étais pas couverte comme quelqu'un qui doit attendre jusqu'à 20 minutes dehors -, seulement il m'a menée vers une gare où les trains étaient supprimés (3) du moins ceux qui allaient vers Ermont Eaubonne où j'espérais récupérer un RER C.

Finalement j'ai pu arriver gare du Nord et de là, bon an mal an, jusqu'à Satin Lazare. Compte tenu du changement, j'envisageai la ligne 13, mais un message "perturbations / colis suspect" était au même instant diffusé la concernant, alors je suis remontée vers les trains, mais la voie sur le premier prévu tardait à être affichée, la fin d'un message diffusé m'a fait comprendre qu'il était plus sage de tenter de prendre directement le suivant. 
Ceci me rappelle certains billets chez Alice

J'avais mis plus de deux heures pour rentrer. Contre environ trois quart d'heures espérés alors que je croyais encore un homme à peu près fiable, du moins dans ce genre de cas. Et que surtout il aurait prévenu s'il était arrivé quoi que ce soit. Ce qui n'avait pas été le cas.

Restait à me laver, dîner, écrire quelque mail concernant l'affaire - sachant que je n'aurai comme week-end que dimanche et qu'il faudrait aller à l'hôpital -, sortir la lessive, vider les poubelles, espérer que le fiston, parti se murger fêter le début de brèves vacances avec des amis ne rentre ni trop tard ni trop détruit. La journée s'achevait comme elle avait commencé, dans un brouillard épais. Mais pas tout à fait le même. 

Comme Samantdi en ce moment, je suis fort triste. Mais contrairement à elle, j'ai peur qu'à force ça ne se voie.

Heureusement restaient quelques bons moments de librairie, un petit salut sur l'une de mes photos, un bon repas le midi, la lecture de "Vie de ma voisine" (5) qui fait beaucoup de bien. Celle des blogs subsistants aussi. La livraison parfaitement ponctuelle de mon masque anti-pollution pour le vélo les jours de pics. La part, certes restreinte, que je maîtrise de ma propre vie, ce qui dépend essentiellement de moi, va, elle, plutôt bien. En attendant les grands malheurs et les grands tourments (3), c'est déjà ça. 

 

(1)  Compte tenu de la proximité relative de l'hôpital avec mon lieu de travail, c'était une démarche logique.
(2) Ce qui quoi qu'on puisse penser du reste est très étrange c'est qu'il y a eu plusieurs délibérations, quelque chose en septembre, une "ordonnance de référé" semble-t-il le 7 novembre, des trucs officiels qui nous concernaient, auxquels il eût sans doute fallu que nous fussions présents et que nous n'en ayons rien su. Ni courrier de papier, ni mails, ni trace du moindre appel. Juste un message vers mi-décembre de l'avocat de notre compagnie d'assurance qui nous présente la (lourde) facture. Y aurait-il eu un recommandé via la poste qui comme l'an passé [celui qui avait mis quinze jours avant de nous être présenté] se serait perdu ?
(2) gare du Nord, colis suspect ai-je cru comprendre à l'arrivée.
(3) Je songe à ce(ux) que voit venir Alice dans ce billet-là. Et partage ce qu'elle nomme si justement "notre impuissance et notre appréhension". 
(4) de Geneviève Brisac


C'est deux jours avant le soir de Noël

    Cette période est si étrange. Le travail me fait du bien mais arrivée au soir je tombe de fatigue. Presque tout ce que j'avais prévu de faire dans la maison m'est impossible, je n'ai plus la force. La chose positive (merci les années d'expériences, merci le début d'entraînement de triathlon) c'est que mon corps, contrairement à l'époque VIIIème ou XVIème (arrondissements), s'il est fatigué de retour chez moi n'est pas douloureux, tout va très bien, c'est merveilleux. 

Je pourrais même sans problème effectuer les trajets en vélo. J'ai d'ailleurs cru que ça serait possible (si le temps restait clément) dès la semaine prochaine (1). Seulement ma mère va devoir rester à l'hôpital encore quelques temps : tout n'est pas si bien organisé qu'on a voulu nous le faire croire (2) et l'association qui avait un partenariat prioritaire avec l'hôpital pour un retour en hospitalisation à domicile ... ne couvre pas la commune où ma mère habitait habite. 

Ça me rappelle les histoires d'assurances santé qui ne couvrent qu'une région dont il est question dans "Est-ce qu'on pourrait parler d'autre chose" de Roz Chast. Je suis éperdument reconnaissante envers Milky qui me l'a conseillé.  C'est d'un immense réconfort, on se sent moins seules dans le marigot des fins de vie parentales non préparées. On se sent moins seules de n'être ni dans une configuration de type chagrin insoutenable de perdre des parents qui nous ont tant soutenus et aimés, ni dans une configuration de haine, juste un accablement, beaucoup de compassion et la sensation persistante d'une erreur originelle de casting, mais qu'on se doit d'assumer.
Après, ce livre parle du merveilleux cas de figure dans lequel l'argent y est. Ce n'est pas le nôtre, dans lequel l'argent n'y est pas non plus totalement pas. Juste ce "pas assez" qui empêche à la fois des aides suffisantes et des possibilités d'accès. 
Nous allons néanmoins essayer. En ce qui me concerne ça tient du respect de ce qui ressemble déjà à des dernières volontés.

Mais j'ignore comment nous allons y arriver.

Au milieu de la dureté et de la peine il y a des petits îlots de bons moments. 

La beauté des lieux. Habiter Paris ou certains points de l'Île de France, y travailler, c'est côtoyer quoi qu'on en dise pas mal de beauté.
Le métier de libraire. Quand les clients sont des gens décents, voire dans pas mal de cas formidables et que les finances vont à peu près bien, c'est un travail qui apporte de belles satisfactions. La matinée de ce jeudi aura été magique. Avec de bien belles conversations (tout en paquetcadeautant). 
Un bon repas. Ça n'était pas plus prévu que ça, mais pour l'un entre deux démarches à l'hôpital, pour l'autre à sa pause déjeuner, voilà. L'Italien du haut de la colline s'appelle Sempre al Viccolo et l'on s'y régale pour un prix raisonnable. J'ai eu de l'énergie tout au long de l'après-midi d'avoir si bien mangé.
Un SP attendu, qu'on m'a envoyé par gentillesse - ça n'était pas le circuit officiel mais quelqu'un avec lequel on travaillait dans les librairies précédentes -, et à peine ouvert, j'avais les larmes aux yeux. J'en parlerai sans doute bientôt Côté papier. Bonheur corollaire : Antoine Volodine parmi les personnes remerciées. Je ne sais pas pourquoi mais ça me fait toujours chaud au cœur, et même au sens littéral, une réelle sensation de chaleur, lorsque deux personnes que je connais (qu'il s'agisse d'amis ou de personnes que j'ai croisées dans le milieu professionnel) et dont j'admire le travail et que j'apprécie se révèlent être de grand-e-s ami-e-s. 
La lecture dans les transports. Combien il est satisfaisant d'à la fois effectuer un déplacement, prendre plaisir à une activité que l'on fait en même temps (lire), et ne pas contribuer à alourdir (trop) la pollution.
Les racontes du fiston au sujet de son boulot. Il raconte en rendant drôle. Il apprécie ce qu'il fait. 
Le bonheur de ma fille rentrant ravie de son premier opéra (en tant que spectatrice).
Quelques souvenirs heureux ressurgis grâce au "ce jour-là" sur FB.
Quelques messages d'ami-e-s, aussi. Et comme ça aide dans des périodes compliquées comme celle-ci.

Encore deux jours de boulot très intenses puis je pourrai souffler une journée - qui risque d'être rude, mais peut-être que changer de fatigue est une façon comme une autre de récupérer -. 

 

 

(1) Tant que ma mère est à l'hôpital qui est à 6 ou 7 km de mon travail, je fais (en voiture) des trajets triangulaires domicile - hôpital - travail. Dès lors que ma mère sera chez elle - plus loin -, aller la voir ne sera possible qu'en cas d'urgence ou les jours non travaillés ou travaillés à temps très partiel. Je pourrai donc récupérer ma possibilité des trajets simples domicile - travail en vélo.

(2) Je ne suis pas surprise le moins du monde. Ni non plus par les frais qui ont déjà commencé à fleurir sur le terreau du "pris en charge" qu'on nous avait présenté. Je ne demande pas à ce que tout le soit, mais j'aimerai que les frais ne dépassent pas la pension de ma mère. Ce qui est pour moi particulièrement flippant c'est que mon salaire horaire est inférieur à celui d'un-e auxiliaire de vie. Alors j'ai cette sensation de l'endettement qui se profile - même si en pratique je ne suis pas censée prendre en charge tout ça avec mon salaire - 


Lundi soir (moi aussi)

Le café serré de Thomas Gunzig 211216 (pas trouvé la version "Embed")

À part que je n'étais pas nue, et que je ne rêve pas de belles filles dans un jacuzzi (1), que je n'étais pas tout à fait à deux doigts du bonheur (cf. (3) et (4) et l'absence de (1)) et que je n'ai pas consulté les infos une fois au lit avant de m'endormir [pas folle la guêpe, disait-on dans le temps], mais bêtement en allumant l'ordi histoire de me détendre en rentrant du boulot de l'hosto (3). Voilà ça m'a fait pareil que lui. Et dans le même ordre. Et au bout du compte avec la même envie. De repli. Comme un réflexe de survie. 

Le boulot, intense ces jours-ci, et de ceux où l'on est requis - pas moyen de s'isoler perdu dans ses pensées -, fait office de bouclier. Et les spaghetti, c'est moi qui ce soir les ai mangés. Mais voilà, on en est là.

PS : Au passage, j'ai apprécié sur la page concernée, section "détails", l'humour du résumé

Capture d’écran 2016-12-21 à 21.27.31L'humour, ce qui nous reste encore parfois, quand tout est désespéré.

 

 

(1) Mais d'un beau garçon dans la piscine de mes rêves (2) à Bruxelles, pourquoi pas ?
(2) Sauf que j'apprends en cherchant une image qu'elle est devenue un peu moins de mes rêves depuis trois ans, ils ont profité que je ne venais plus ;-) pour lui ôter son élégant plafond et refaire les cabines (leur côté "à l'ancienne" participait de son charme fou). J'apprends au passage que ledit plafond avait tendance à tomber ; peut-être que je risquais ma vie lorsque j'y allais. On est peu de chose. 
(3) Pas pour moi, visite. Mais c'est sans espoir sur l'issue.
(4) L'affaire de la fuite d'eau invisible qui en raison d'une fixation obsessionnelle infantile de l'homme de la maison et d'un manque de transmission d'informations à notre égard, n'en finit plus et risque de nous coûter un fric fou qu'on n'a pas.

 


Monday evening

 

Capture d’écran 2016-12-20 à 00.26.00

J'avais à peine écrit un billet ce matin que j'ai dû filer, et environ une heure après j'apprenais par un SMS que finalement je n'aurais pas à aller travailler et puis la journée a semblé se détricoter, c'était très étrange, tout ce qui était cohérent et logique s'effilochait sans que j'y sois pour rien et puis finalement je suis quand même parvenue à me faire accompagner à l'hôpital où survit ma mère ces temps-ci et je me suis à nouveau fait accuser de tout et n'importe quoi (1). 
Un entretien avec le médecin, une jeune femme, active et compétente, comme sa collègue du service précédent, a permis de stabiliser quelque chose. Je persiste à penser que le choix pour la suite est une erreur, mais c'est celui de la patiente. On peut supposer que sa mise en œuvre effective marquera le début de la fin.

C'est donc très triste que je suis retournée chez moi, mais en ayant au moins vu la vieille dame reprendre courage à l'idée que ce qu'elle souhaitait se fasse. 

Pressée par l'homme de la maison, j'avais quitté celle-ci sans mon téléphone. J'avais passé presque l'entière journée loin de l'ordi. 

En le rallumant, j'ai été cueillie par cette stupéfiante photo qui circulait en toute liberté (2) :

Le début de la finque j'aurais cru tirée d'un film si le touiteron qui la relayait n'avait pas en deux mots expliqué de quoi il s'agissait. Le reste de la soirée, n'aura été qu'une succession d'annonces d'horreurs (Zurich, Berlin) et pour clore en beauté la confirmation de Trump par les Grands Électeurs. Tout venait merveilleusement en place pour une 3ème guerre mondiale (une première guerre nucléaire ?). "Plus rien ne ressemble à rien" avait dit la malade plus tôt dans la soirée, faisant preuve d'une sorte d'hyper lucidité prémonitoire. D'ailleurs il avait été jugé plus tôt dans la journée qu'on pouvait contribuer au détournement par un tiers de 400 millions d'euros de fonds publics et s'en tirer par une petite remontrance.

Alors j'ai tenté de remettre en état l'imprimante, sans doute la seule (toute petite) chose qui n'allait pas sur laquelle je pouvais encore espérer avoir de l'emprise. Et puis j'ai préparé ma journée du lendemain, dans l'hypothèse assez présomptueuse qu'elle ait lieu comme prévu, et regardé avec la complicité d'@athanorster, un dernier pétard avant la fin du monde.

Que faire d'autre quand tout se délite à ce point-là ?

  Capture d’écran 2016-12-20 à 02.03.03

 

 

(1) Je ne sais pas ce qui fait de moi un si bon bouc émissaire. Est-ce parce que je suis trop gentille et que les gens ainsi espèrent pouvoir abuser sans représailles ?
(2) J'ignore du coup qui créditer. Le photographe Burhan Ozbilic, présent au moment des faits a gardé un sang-froid remarquable et pris des photos jusqu'au bout mais il semble au vu de leur angle qu'il était de l'autre côté.