Nos points de rupture
21 novembre 2016
C'est l'effet conjoint d'un doux message amical, lequel me fait remarquer que pas à pas je m'approche de mes aspirations, et du Affichez vos souvenirs de FB lequel m'a rappelé aujourd'hui d'heureux moments à Livre Sterling, et d'autres où j'étais triste en 2013 mais compréhensive quant au grand Belge qui m'avait apporté un si violent chagrin, ce que je ne saurais plus être depuis son message insupportable du 8 janvier 2015 et ma naïveté incurable qui me l'avait fait prendre à la mention de son arrivée pour un mot de condoléances, qui m'a fait songer à nos points de rupture.
Ces moments dans une existence qui font que l'on n'est plus tout à fait les mêmes après. Même si certains fondamentaux ne varient pas (l'amour des livres, dans mon cas, le bonheur de la nage tant que ça m'est possible ...).
J'ai désormais assez d'historique pour pouvoir établir un bilan.
J'ai changé après :
- 22 novembre 1963
- un jour de juillet 1982
globalement l'ensemble du séjour d'une douzaine de jours que j'effectuai à Oxford cette année-là
- janvier 1983
- un jour de juin 1986
- un jour de novembre 1986 (1ère arrivée à Ouagadougou)
- 15 octobre 1987
- novembre 1989, à la fois la chute du mur de Berlin et le voyage en Californie
- 13 avril 1990
- un jour de l'automne 1991
- 27 juin 1995
- un jour du printemps 1998 (premier concert comme choriste à Prague)
- septembre 1998 et les concerts au Stade de France
- 19 février 1999
- 11 septembre 2001
- 7 novembre 2003
- 15 août 2004 lorsque constatant son état alarmant je fais hospitaliser mon père et que j'entends le médecin qui doit négocier pour qu'une place lui soit faite
- 7 janvier 2005 et 12 juin 2005
- juillet 2005 et l'expérience de l'Hôtel des Blogueurs
- les coups durs successifs de l'automne 2005 et l'apogée de la violence émotionnelle le 17 février 2006
- 24 septembre 2007 et 28 août 2008
- un jour du printemps 2009 que je ne sais plus dater (et où je suis confrontée pour la première fois au déni ailleurs que dans la vie professionnelle où je l'avais toujours pris pour des bouffées de mauvaise foi)
- 20 janvier 2009 mais hélas pas pour l'investiture de Barack Obama
- 2 octobre 2011 (le déclic vers le triathlon)
- 7 et 8 janvier 2015
- 13 novembre 2015
- 3 juin 2016
- peut-être le 9 novembre 2016 mais ça n'est pas encore certain
J'ai vécu bien d'autres choses et formidables et terribles, bien d'autres choses qui ont comptés, des moments intenses, des rencontres, mais elles ne m'ont pas modifiée. Là ce sont les points de rupture, ceux qui font qu'en relisant par exemple ce qu'on avait écrit la veille, on a l'impression qu'on n'était pas la même personne à l'avoir écrit. On avait subi un déplacement, une transformation.
Il y a parmi elles davantage d'événements qui bouleversent par le bonheur qu'ils auront apporté que je ne l'aurais cru. Dans la vieille Europe de la fin du XXème siècle et du début du XXIème nous sommes encore, par rapport au reste du monde, des privilégiés dont les moments clefs d'une vie ne sont pas que des calamités.
Il y a des moments très forts qui ne sont pas éléments de changement, mais plutôt une consécration de ce vers quoi l'on tendait. Ils ont l'intensité d'un but atteint ou d'un échec confirmé, parfois la violence d'un chagrin, mais sans bouleverser la logique des choses et notre perception du monde. Ils ne figurent pas dans ma liste. Exemple typique : l'obtention du baccalauréat, du permis de conduire, certains nouveaux emplois, la première publication en papier.
Si je devais me montrer plus sélective je ne retiendrais que les dates en gras. Trois d'entre elles correspondent à des attentats ou leur lendemain, dont deux ont eu des conséquences directes sur le cours de ma vie même si j'ai eu la chance de n'être pas immédiatement concernée. J'espère n'en pas trop ajouter de cet ordre dans les années à venir.