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Un jour de plus mais un jour vers quoi ?

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L'une est rentré d'Angleterre juste à temps pour ses traitements, l'autre a vu augmenter ses émoluments (1). 
Quant à moi pour la première fois j'ai établi une facture pour un travail fourni. 

L'autre membre de la famille déménageait un ex-collègue. Je l'ai senti heureux de se rendre utile. 

Pas d'hôpital, manque de capacités bilocatives. Il n'est pas évident lorsque l'on travaille d'effectuer des visites quotidiennes jusqu'à un hôpital qui n'est pas si près. C'est un lieu qui m'est difficile pour une raison qui peut sembler étrange : moi qui tends à dormir dès que c'est possible, voir tant de lits me donnent encore plus envie de piquer un roupillon. Je passe mes visites rendues à lutter contre le sommeil (avec plus ou moins de succès).

Je réponds à des messages de sympathie, tente de n'oublier personne. En ces moments difficiles, j'apprécie.

Tente aussi d'organiser un semblant d'agenda, consciente qu'un bref coup de fil peut venir tout chambouler.

J'espérais un brin de soirée personnel, aller écouter des lectures amies, mais j'ai quitté trop tard, la période pré-fêtes est favorable à une épidémie de clients indécis de dernières minutes.

Je lis.

Je n'ai pas si froid (merci Philippe (2)). 

Je lave en machine le linge sale de la famille, (ascendante incluse).

L'histoire de la partition de la Symphonie n°2 de Malher me plaît beaucoup, le prix atteint, hypra-spéculatif, moins. 

Une journée de plus est franchie.
Mais les incertitudes sont telles, sur les plans privés comme généraux, que je me demande bien fort une journée vers quoi ?

 

(1) Il existerait donc en 2016 en France encore au moins une entreprise qui choisit de mieux payer un salarié parce qu'elle est satisfaite de son travail (et sans qu'il n'ait à réclamer). 
(2) Je me plais à imaginer qu'il s'agit d'un cadeau que l'ami m'avait fait en partant. Objectivement je suis consciente que cet état de non-frilosité n'a peut-être qu'en partie été induit par le choc traumatique du 7 janvier. Que ça aura surtout été le premier moment possible pour le constater mais qu'il pré-existait.  


Les chaussons

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Tu as généralement au moins deux paires de chaussons ou leur équivalent : l'une d'elle ouverte, qui s'enfile et s'enlève vite fait, réservée aux moments où l'on sait qu'il ne faudra pas traîner, ou au soir lorsque sont achevées l'essentiel des activités et qu'on n'aura plus qu'à aller du bureau-cuisine à la salle de bain et au lit ; l'autre, fermée, généralement d'anciennes ou de trop neuves chaussures de sport et qui permet d'aller et venir dans l'appartement, vaquer à différentes tâches, rapidement et d'un pied léger. Tu les mets lorsque tu sais que tu vas passer un moment à la maison avec une part inévitable de tâches ménagères, de rangements.

Ce matin en posant tes chaussons après le petit-déjeuner qui succédait à l'entraînement [de natation] et avant de filer à la BNF pour tenter de sauver quelques heures de travail personnel (1), tu t'es rendue compte que depuis ton retour de vacances, les onze jours du festival de cinéma d'Arras, tu n'avais jamais enfilé tes chaussons fermés, mais uniquement ceux du "Je ne fais que passer" ou "Je vais bientôt me coucher". Il y a des périodes dans la vie, où l'on n'habite plus vraiment chez soi.

 

(1) Et plutôt même, étant donné la compression de l'emploi du temps de ces dernières semaines, tenter de faire le point, savoir où j'en étais. Établir une liste des retards, en fait.


Last day off before christmas rush (or worse)


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Côté hôpital, les nouvelles relativement rassurantes de la veille et la disponibilité relative de l'homme permettaient une pause, en mode Maintenant ou jamais.

La suite est incertaine.

Côté librairie, le lundi est mon dimanche. 

Ce week-end en sera un mais je l'avais demandé pour des raisons précises : il est complet. Et pour des activités que je tiens à accomplir, fors urgence fuligineuse.

Ensuite, ça sera le rush de Noël avec du travail renforcé, suivi de quelques jours à temps plein. Il faudra assurer.

Il faudra caser des visites à l'hôpital au milieu de l'emploi (du temps) (déjà si chargé). Et une organisation de la suite si jamais l'état de santé de la patiente venait à s'arranger.

Alors ce lundi était le dernier jour dédié à mes activités personnelles et un brin de repos.

J'ai revu avec bonheur une amie, même si les nouvelles que nous avions à échanger n'étaient guère réjouissantes dans l'ensemble. J'ai revu avec amusement une plus ancienne amie, et un personnage qui m'a rappelé ma fille adolescente, ce qui était prévisible. J'ai suivi un cours de danse, heureuse d'en être encore capable même si je n'étais pas au meilleur de ma forme. J'ai profité de Paris à l'occasion des trajets. Je suis extrêmement consciente de la beauté de mes environnements, qu'il s'agisse de Paris même, ma proche banlieue d'habitation, ma légèrement lointaine banlieue de travail. Je suis extrêmement consciente qu'il s'agit d'un grand privilège que je dois en partie à mes parents qui avaient, jeunes, fait l'effort d'émigrer pour l'une de sa province pour l'autre de l'Italie.

Ensuite, il fallait s'occuper des choses un peu sérieuses et de quelques corvées.

Ensuite, c'est à présent. La récré est finie.

Quoiqu'il advienne et même si bien des choses prévues - puissent-elles avoir lieu - sont intéressantes ou jolies, ça sera ensuite un plongeon et tenter de surnager jusqu'au 1er janvier, jour férié pour souffler.

Il faudra s'occuper d'une personne malade, des conséquences du décès d'une autre, des travaux demandés (1) dans la salle de bain, des affaires domestiques courantes et du travail rendu très intense.

Puissions-nous être épargnés par d'éventuelles nouvelles difficultés, qu'elles soient personnelles ou générales.

À vos marques,

Prêts,

Go ! 

 

(1) Comme suite à l'affaire de la fuite d'eau invisible


Entrevoir une possibilité de retour à la vie (presque) normale

    PB270084La semaine a été trop intense, sur trop de fronts simultanés. Il faut tenir le coup et ça se passe plutôt bien au travail le matin. 

Au moment de partir, une femme entre malgré que tu lui indiques que tout est fermé - sauf la porte que tu t'apprêtais à franchir, restait une commande particulière à envoyer, l'ordi n'était plus allumé que pour la messagerie -, en plus elle est confuse dans sa demande et tu n'es plus capable, l'esprit déjà tourné vers l'hôpital de faire plus que constater que vous n'avez pas l'ouvrage qu'elle semblait demander. Elle finit, semble-t-il par comprendre, peu aimable - ces gens qui estiment qu'ils ont tous les droits, surtout quand l'heure est nettement passée et qu'on a décroché -.

Brunch rapide mais bon.
Je m'endors à l'hôpital, presqu'à peine arrivée, du moins je crois puisqu'il fut une heure plus tard bien plus vite qu'une heure plus tard. Sans doute bien entraîné par les fréquentes journées de fréquentation de son père qui vécut en maison de retraite pendant de longues années, l'homme de la maison est très fort en soins aux personnes âgées.

Ma mère redevient elle-même c'est-à-dire compliquée à côtoyer. Nous ne parvenons pas à cerner si son quasi-refus alimentaire vient de difficultés physiques (qui feraient que ça ne passe plus) ou d'une grande lassitude. Elle refuse qu'on l'aide (se redresser, boire un peu). Mon père il y a douze ans, comme patient était beaucoup mieux. Au moins elle semble avoir retrouvé une part d'énergie puisque protester lui est redevenu possible.
Sa voisine s'appelle Paulette.
L'homme en entrant dit Bonjour Paulette, comme s'il la connaissait de longue date, comme si venir à l'hôpital est déjà inscrit en tant qu'habitude dans nos vies.

J'insiste pour prendre le temps de voir une infirmière, quelqu'un, pour tenter d'en savoir plus. Moyennant une attente rallongée de son exaspération, je parviens à mes fins.
Nous obtenons ainsi quelques informations. La jeune femme est compétente, lui parler est constructif, éclairant et même si rien de très déterminant ne nous est dit, nous repartons le cœur moins lourd.

Nous repartons avec les coordonnées du médecin qui suit le cas de l'ascendante. Nous vérifions qu'ils ont bien les nôtres. Le dossier sur lequel elle complète la liste de nos téléphones est bien annoté.

Depuis le début de ce nouvel épisode de tentatives d'approche que la mort effectue, nous n'avons rencontré que des soignants attentifs, intelligents, compétents. Souvent débordés mais faisant face. Les dysfonctionnements ne viennent pas d'eux. Ils semblent simplement n'être pas assez nombreux.

Nous informons notre fille (qui d'Angleterre appelle), et ma sœur, par SMS.

Il faut ensuite passer à la maison de l'hospitalisée. Des affaires à prendre qu'il faudra lui apporter. Une voisine à avertir dont nous n'avons pas les coordonnées. Une machine à laver dans laquelle le linge était resté (je l'ignorais, l'homme croyait que c'était l'eau qui ne s'était pas évacuée). Le bazar, les draps froissés, les mouchoirs ensanglantés, traces de la situation d'urgence qui fut celle de la semaine passée. J'en profite pour prendre le linge sale, ranger ce qui peut l'être, chercher les éléments de garde-robe que la malade a réclamé. Je vide quelques cadavres. De bouteilles.  

Nous débattons d'énervement au sujet d'une motte de beurre dont le sort (poubelle ou cuisson) aura catalysé nos épuisements. Plus tard j'interrogerai les copains qui en feront quelque chose de drôle et je leur en sais gré : 

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Nous recevons un appel téléphonique dans la maison que nous tentions de remettre en propreté. Je ne trouve pas un vêtement demandé. Ça me peine plus qu'il ne le faudrait : j'eusse aimé faire ce micro-plaisir à l'alitée. Qu'elle retrouve le sweat-shirt qui lui tenait chaud.

On dirait que la maison était fort bien tenue jusqu'à un récent laisser-aller durant lequel n'auront plus été fréquentés qu'un fauteuil du salon, la cuisine et dans la chambre, le lit. J'ai une sensation de type Alice [au pays des merveilles] tant le pavillon me paraît petit. Je me souviens fort bien du sentiment de grand espace éprouvé à cinq et six ans lors du passage de l'appartement exigu à cette petite maison. 

Nous comprenons, à l'état des aliments dans le réfrigérateur, ce qui a pu endormir notre méfiance : certains restes dataient en fait probablement depuis longtemps. Et lors des dernières visites la vision de morceaux entamés - donc en fait elle mangerait - a endormi nos doutes. J'imagine que cette duperie était involontaire. Il n'en demeure pas moins que laisser des restes pour faire présupposer à qui les voit que la part manquante l'est depuis peu, fût-elle volontaire, ferait une stratégie imparable.

Un nouvel SMS arrive. C'est un remerciement pour la veille. Au matin il y en a eu d'autres. C'est curieux, j'avais l'impression d'être malaisée, une part de mon cerveau en subroutine "tracas hospitaliers". Ou alors c'est que les gens sachant nos difficultés du moment s'efforcent d'être gentils.

Là-haut sur la colline beaucoup le sont. 

Au matin juste avant le travail un homme qui près du distributeur attend que j'aie fini car je m'en étais écarté, petit retrait achevé, afin de chercher dans mon sac mes clefs. Il croyait que je cherchais sans doute ma carte de retrait. C'est typique des gens du petit pays de Jean-Jacques Rousseau.

Je me demandais si je devais ou non voter au second tour des primaires de la droite afin de tenter de contribuer à éviter le plus réactionnaire des deux candidats restants. L'existence arbitre pour moi : partie à l'heure où les bureaux de vote ouvraient, je suis rentrée à celle de leur fermeture. 

En soirée je parviens toutefois à sauver une brindille de temps personnel. Auparavant, je m'attaque aux lessives, l'homme au dîner. Le fiston prend des nouvelles, retourne à ses occupations, et moi aux miennes au lit. 

Tu parviens même à récupérer une pensée pour l'ancienne amie que tu reverras sans doute demain (comme cela semble certes important mais désormais pas tant), et une autre amie dont le changement d'éditeur dont tu n'avais pas été avertie cache peut-être d'autres choses bien moins simples.

Pour un peu on entreverrait la possibilité d'un retour à la vie normale. 

[mais tu le sais bien : rien n'est moins certain]

 


samedi 26 novembre 2016


    Comme souvent de l'élément le plus marquant de la journée je n'ai aucune photo : j'étais en plein dans l'action puisque j'effectuais la modération et donc voilà. 

Les personnes présentes semblaient satisfaites, pas mal de lecteurs avaient lus certains des livres et il y eu, de leur part, de belles questions.

Je me souviendrai surtout du retour en taxi, du petit dîner, du Chinotto retrouvé, de cette histoire marrante :

soit deux écrivains qui se lancent dans un ouvrage à quatre mains pour croquer à l'ironie les mœurs universitaires de leur temps. Eux-mêmes participant non loin de Paris, du biotope saisi situent par précaution leur action dans une fac de taille moyenne du sud de la France où ils ne connaissent strictement personne. Trente ou quarante ans plus tard une jeune femme, elle aussi habitant l'Île de France entreprend une thèse dont le sujet est le travail de l'un des deux écrivains. La vie fait que la thèse est repoussée d'une ou deux années, tandis que le directeur de thèse obtient un poste ... dans cette université du sud. Ou, quelques temps plus tard, ce qui fait maintenant, la thèse sera soutenue.
Imaginer la tête de quelque doyen qui aura eu la curiosité de lire parmi les titres cités celui-là en particulier et se creusera les méninges pour savoir qui de ses anciens collègues était le doyen à la sexualité abusive et conquérante (entre autre), alors que sa fac n'avait été choisie que parce que précisément aucun recoupement n'était possible, me fait rire. 

Je me souviendrai que c'était le jour de la mort de Fidel Castro ce qui, même si ce type était un dictateur et un assassin des plus habiles (1), n'est pas rien. L'histoire de la Granma et de la Sierra Madre, quand même c'était beau.
Ça s'est gâté après.

Je me souviendrai d'une citation de Stevenson qui disait quelque chose comme Les enfants de parents très amoureux sont des orphelins. (rien à voir avec Fidel C., du moins a priori)

Je me souviendrai que l'homme avait dit que ma mère avait enfin (re)mangé. Ouf. Et que l'une de ses amies était venue à l'hôpital ... pour tout critiquer. Je commençais pour ma part à trouver le temps long sans explications d'aucun médecin.

Je me souviendrai qu'il y avait un recount des élections USAméricaines du moins dans certains états tels que le Wisconsin. C'est le fiston qui m'en avait parlé.
Notre fille était à Londres pour quelques jours, profitant de pouvoir s'y rendre avec facilité avant que le brexit n'entre en vigueur.

Je me souviendrai que j'était très consciente d'avoir un peu tout mis sous le boisseau le temps de préparer mon intervention et que ça risquait fort de me sauter au nez à présent qu'il n'y avait plus cet élan pour me protéger de la violence de la mort qui rôdait et des temps alarmants.

 

 

 

 

 

(1) Personne ne peut l'accuser de la mort du Che. Et pourtant ...


L'états des urgences

 

    À l'heure où tant de politiciens promettent de diminuer les dépenses publiques alors que c'est de davantage de solidarité et de soins que nous aurions (tous) besoin, et que ce qui n'est pas du domaine marchand ne peut être rentable que difficilement, l'état des urgences hospitalières semble assez inquiétant. 

Nous hésitons tous à nous y rendre, dans certains cas c'est incontournable, sans parler des conséquences de certains dysfonctionnements qui nous renvoient vers elles (1). 

Lundi se fut notre tour, ma mère était en danger, non vital immédiat (elle respirait sans problèmes) mais au bord de la perte de conscience par état général de grand affaiblissement. Elle était accompagnée, ce qui a beaucoup aidé. Il n'empêche que l'attente a duré de 14h30 à 20h30. Aucun reproche à faire au personnel, ceux que nous avons vu et aussi le lendemain se démenaient, prenaient un peu de temps pour nous informer. Mais un manque de lits disponibles et d'intervenants flagrant. 

Nous avions déjà entendu récits semblables, habitons l'Île de France où la population est si concentrée que la demande en lits nécessaires ne pourra sans doute jamais être satisfaite quand bien même la météo économique serait à la prospérité. 

Seulement ce soir, je lis cet article relatant la mésaventure d'une dame du même âge, lâchée en pleine nuit par un hôpital en Bretagne après qu'elle allait mieux, alors je songe que c'est peut-être proportionnellement la même pénurie sur l'ensemble du territoire du pays (puisque l'on fonctionne encore un peu en pays).

Et je me souviens qu'à son retour vers 23h lundi, l'homme de la maison qui s'était révélé un accompagnant exemplaire, avait indiqué avoir raccompagné une mère et son petit enfant libérés par les médecins sans savoir comment rentrer.

Tout le monde n'a pas les moyens de s'offrir un taxi (ou un VTC).

Y aurait-il bientôt quelque politicien crédible qui nous remette l'humain au cœur de l'organisation générale, avant les finances et l'économie ?

 

(1) Typiquement en janvier dernier, un remède prescrit après consultation chez mon médecin traitant s'était révélé inefficace, le problème n'était pas grave mais gênant (je n'aurais pu aller travailler), il me fallait une autre ordonnance, je retourne le voir, mais les rendez-vous étaient complet, et à l'accueil de son cabinet on m'a renvoyé vers les urgences de l'hôpital voisin. Les urgences étaient priées de pallier le manque de médecins disponibles en ville [j'ai déniché, merci l'internet, un cabinet collectif avec prises de rendez-vous via leur site, et grâce à leur efficacité suis parvenue à éviter d'encombrer]


Petite collection de micro-dysfonctionnements

    Cette semaine est pour moi de course contre la montre permanente et il faudra tenir le rythme jusqu'au dimanche soir, pas le choix. Il y avait déjà un emploi du temps chargé et des visites à l'hôpital sont venues le compresser, jointes à l'énergie que l'inquiétude engloutit. Il s'agit de grand âge, c'est tout sauf une surprise, mais voilà c'est maintenant. 

De ce fait je me demande si la petite collection de micro-dysfonctionnements observés (et subis) ces jours-ci sont une agrégation de période "tout tombe mal" ou une simple attention renforcée de ma part, alors qu'à l'ordinaire je ne m'en préoccupe guère.

Ce qui m'aurait soucié est quand même l'arrêt soudain des trains mercredi peu avant 14h gare Satin Lazare. Tout semblait bloqué fors certaines grandes lignes. J'ai cru à un ennui général d'alimentation ou à une alerte liée à des risques d'attentats. Grâce à quelques internautes j'ai su plus tard qu'il s'agissait d'une grève immédiate après l'agression d'un conducteur. Le tissus de transports en commun est suffisamment serré pour permettre sur certaines destination des solutions alternatives, il n'empêche qu'en ce qui me concerne, ça avait compliqué une journée qui déjà l'était.

En revanche aurai-je prêté attention plus qu'à l'instant où ils survenaient, aux autres dysfonctionnements, de la jeune femme du vestiaire à la Grande Bibli qui s'apprête à me rendre le manteau d'un autre, puis peine à retrouver le bon lorsque je lui signale l'erreur (1), à la fausse blonde qui à l'entrée du même lieu le lendemain, filtrait la file d'attente en donnant la priorité à la file non prioritaire (2), en passant par celui qui au départ du train à Satin Lazare met à sonner, semble OK pour que l'on puisse entrer (un homme arrivait en même temps que moi) au premier wagon et nous ferme la porte au nez, au sens littéral. Ce qui aurait pu avoir des conséquences fâcheuses si un jeune homme à l'intérieur ne s'était pas joint à nos efforts pour nous dégager (côté quai). Pourquoi ne nous a-t-il pas fait signe Trop tard, non, si tel était le cas ? ; en passant aussi par d'autres bricoles insignifiantes - des SMS qui se perdent dans les limbes, par exemple -, si ce n'était par phénomène d'accumulation.

Une pensée enfantine pourrait me laisser croire que c'est une façon qu'a la vie de me dire, ne te hâte donc pas tant, c'est inutile. Ce n'est en rien toi qui choisis le tempo. D'autant que la mort à l'approche est l'un des paramètres et qu'il est, a toujours été, souverain.

Mais je crois que c'est la situation qui me contraignant à ré-endosser le vêtement de la parisienne pressée-stressée que je fus quand j'étais employée à l'"Usine" et mes enfants petits, me rend à nouveau sensible aux foirages chronophages du quotidien.

 

 

(1) Curieux la réaction de certaines personnes dans certaines fonctions [elles ne sont peut-être pas ainsi dans leur vie réelle] de douter du client ou de l'usager lorsqu'on leur signale une méprise indubitable (dans l'exemple : je SAIS mieux qu'elle quel est mon manteau) 

(2) Une seule de ses collègues a semblé tiquer, qu'elle a renvoyé dans ses buts, des personnes qui attendaient comme moi commençaient à protester, j'étais trop pressée pour m'en mêler. Mais c'était bizarre. À quoi sert d'instaurer une file avec priorité si c'est pour la faire attendre davantage que la file neutre ?


"L'alternative est cruciale pour la démocratie"

    Je me permets de partager le texte d'une chronique de ce jeudi matin (France Culture), si précise et lucide sur ce qui se joue en ce moment. 

Un grand merci à Jacques Munier

 

"Dans la page Débats de La Croix, Olivier Christin rappelle qu’en France, « la République s’est construite en partie comme une réponse aux défis populistes » : du boulangisme, « à la crise autour du canal de Panama, pendant laquelle l’antiparlementarisme s’est nourri de la dénonciation de la corruption des responsables politiques », en passant par les antidreyfusards, les ligues antisémites ou la tentative de coup d’État avortée de Paul Déroulède. Dans cette « histoire chaotique », la République n’apparaît pas comme « une réalité figée, elle n’est pas, comme l’affirme Jaurès, une doctrine mais une méthode pour surmonter ces crises d’une manière pacifique » et constructive. « Comment est-on sorti de la crise boulangiste ? Par l’avènement de la liberté de la presse, de la liberté syndicale » et des partis politiques modernes. Aujourd’hui, observe l’historien, « nous assistons à une remise en question de la décision majoritaire qui ignore des minorités réduites au silence (les femmes, les immigrés, les jeunes…) et produit une distorsion entre le peuple et ses représentants ». Une conception renouvelée de la république « doit répondre à ces demandes de reconnaissance, parallèlement à son attention à la redistribution des richesses par l’impôt et la couverture sociale ».

Dans Les Echos, Frédéric Cherbonnier estime que c’est la crise des subprimes qui a enfanté Trump. « Washington s’est trompé en choisissant d’aider les actionnaires des banques. Il aurait mieux valu soutenir les propriétaires de logements en allégeant leur dette. » Les pages idées&débats du quotidien économique ont recruté un chroniqueur de poids dans la personne de Manuel Valls, qui plaide « pour une mondialisation au service des peuples ». La promesse de plus de prospérité, plus d’emplois, n’ayant pas été tenue pour les classes moyennes et populaires « l’Europe, doit agir pour enrayer les distorsions de concurrence ». Même « si l’on doit pour cela taxer les produits importés de pays qui ne voudront pas mettre en œuvre l’accord de Paris » Suivez mon regard… « Notre identité, ajoute le Premier ministre, c’est aussi le choix d’un certain niveau de protection sociale. » Dans le cadre du grand marché intérieur européen, « il faut établir un socle commun de droits sociaux. L’initiative de la Commission Juncker visant à définir un tel socle doit être soutenue, mais il faut y mettre de la substance : salaire minimum européen, réglementation du travail détaché… » Et « si tous les Etats membres n’y sont pas prêts, allons-y avec ceux qui le sont ! »

L’Obs a ouvert lui aussi ses pages Débats à la question du populisme, avec les contributions de trois intellectuels américains, dont l’écrivain John Irving. Lequel ne décolère pas contre les voix qui ont manqué à Hillary Clinton : « Pour beaucoup, il fallait choisir entre un marginal narcissique et vulgaire et une représentante de l’élite peu loquace et portée sur le secret. Comme l’écrit Marc Aurèle, « les fils jumeaux du destin les ont liés l’un à l’autre ». Et l’écrivain de se poser « des questions sur tous ces manifestants qui descendent dans la rue ces jours-ci pour protester contre la victoire de Trump. Combien d’entre eux n’ont pas voté pour Hillary ? »

L’historien Ian Buruma, qui cumule les motifs de discrédit aux yeux des populistes, étant d’origine européenne et professeur de « démocratie, droits de l’homme et journalisme » au Bard College de New York, estime que « tout mouvement qui prétend représenter « le peuple » est antidémocratique. Car « le peuple » n’existe pas. Une société se compose d’individus différents et de diverses classes sociales, dont les intérêts entrent parfois en contradiction. La raison d’être des institutions démocratiques est de résoudre ces conflits par des compromis pacifiques. » À la question de Marie Lemonnier sur les répliques prévisibles du séisme Trump chez nous, Ian Buruma répond que « les électeurs tentés par le FN se sentiront certainement encouragés par cette victoire, qui a fait la joie de Marine Le Pen ». Très consciente de l’histoire sombre du populisme de droite en Europe, « elle a poussé son père vers la sortie ». Avec la campagne ouvertement raciste du candidat républicain, « la droite européenne peut se sentir débarrassée de sa culpabilité historique. Et son populisme, paraître moins entaché par le passé nazi ou Vichy ».

Pour Wendy Brown, politologue de Berkeley qui s’emploie à réfléchir au pouvoir moderne en s’appuyant sur les travaux de Marx et de Foucault, la « rationalité du néolibéralisme » réduit la société tout entière et la démocratie elle-même « à un marché, détruisant les valeurs fondamentales : la liberté, l’égalité ou encore la fraternité », qu’elle appelle aussi « l’inclusion politique ». Tous concurrents, avec des gagnants et des perdants, « nous ne sommes que des fragments de capital, un démos désintégré », la proie idéale des démagogues."

 


Un petit bonheur, au vol

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C'est peu dire que mes journées sur la période constituent en elles-mêmes un entraînement de triathlon. Mais ça n'empêche pas (ou plutôt : pas complètement) d'être attentive au reste du monde lors des [moments de] transition. 

C'est ainsi qu'à Châtelet, j'ai entendu au passage un musicien chanteur qui méritait toute notre attention largement autant que des colis suspects.

Hélas je n'avais pas, vraiment pas, le temps de m'attarder. 
Heureusement il avait la bonne idée d'afficher en gros caractères son compte FB, alors voilà, dès en rentrant j'ai retrouvé sa trace et son youtube . Chic alors des moments d'écoute intéressants en perspective.


Vies parallèles et simultanées (désir de)

 

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Cette semaine il me faudrait pas moins de cinq vies simultanées.

  • L'une pour veiller sur ma mère qui s'approche de la fin de sa vie - peut-être que l'hôpital, s'ils trouvent quelque chose de précis lui offrira un sursis, mais le fait est - ;

  • La deuxième pour accomplir comme il se doit mon travail à la librairie ;
  • La troisième en bordure de celui-ci afin de préparer comme je le souhaite la rencontre de samedi avec Claude Pujade-Renaud ;
  • La quatrième pour poursuivre mes entraînements, hélas bien réduits par la saison et les derniers développements ;
  • La cinquième pour poursuivre mon travail et mes activités personnelles, par exemple en assistant à la BNF à un colloque intéressant et bien sûr en écrivant.

Le dernier temps personnel aura été lundi soir, alors que j'attendais des nouvelles de l'hospitalisée, trop soucieuse pour travailler, passé à regarder d'un œil des documentaires sur une chaîne youtube, passablement en monoforme mais pas si mal filmés du moins pour l'un d'eux, me changeant les idées avec des morceaux de vie pour partie simulés. Le prochain avec un peu de chance sera dimanche soir, après un temps à l'hôpital et la demi-journée de travail. 

La suite n'est qu'un vaste point d'interrogation, fors pour le boulot salarié qu'il faudra coûte que coûte assurer. Indépendamment de la marche enrayée du monde, nous voilà repartis dans du "au jour le jour", suspendus une fois de plus à l'évolution d'une situation et contraints à assurer sur les autres fronts ; les chagrins premiers objets de cette compression, ce qui est sans doute le seul avantage de ce type de périodes : il faut faire face. L'action requise et les déplacements laissent peu de place aux états d'âme. 

Mode all-day-life warrior on.

PS : Et dans les moment où tu sens tes forces fléchir, la seule pensée de Patrick Pelloux sa force le 16 janvier 2015 combien malgré ce qu'il venait d'encaisser il avait su parler de ses amis assassinés redonne un courage pour persévérer. Et le beau livre de Catherine Meurisse. Et le Camille mon envolée de Sophie Daull. Pour leur faire honneur il devient hors de question de se laisser abattre avec nos propres chagrins.