Adorable Ken
Faussement OKLM

Ç'aurait pu être un beau dimanche

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Ç'aurait pu être un beau dimanche, quoiqu'un peu solitaire. Matinée de travail idéale, des clients bons lecteurs pour la plupart, du conseil, ce que j'aime du métier, un temps merveilleux que je décide de mettre à profit pour un vrai circuit vélo et pas simplement rentrer. 

Le stage du week-end dernier m'a prouvé que 50 km n'étaient pas un problème, contrairement à ce que je croyais. Rouler seule me permet de ne pas me sentir pour l'équipe un boulet, le seul tracas est que c'est plus risqué. 
Je retrouve avec plaisir mon Val d'Oise natal, j'en suis la première surprise. Je ne peux résister à quelques passages en forêt mais mon vélo n'ayant pas des pneus de VTT, je dois me contenter de pratiquer le walk and bike. Un chemin de crête est particulièrement plaisant vers les hauteurs de Bouffémont. 

La tristesse me tombe dessus en rentrant. Je la mets sur le compte de la fatigue, de l'absence de celui qui aurait pu être là, des chagrins anciens, des amis que je ne vois plus depuis cette forme d'exil qu'est la grande couronne aux yeux des parisiens qui considèrent que l'on est partis loin, du temps qui manque pour écrire (1). Puis l'homme rentre à son tour et j'ai le temps de me dire que Chic alors il a quitté tôt la pétanque pour une fois, mais il a le souffle court, il dit La maison de retraite m'a appelé.

Les détails de la suite sont privés.

Toujours est-il que : 

Départ en catastrophe à peine plus tard. 

Décès de son père, lequel avait perdu la santé il y avait 22 ans et depuis vivotait, semblait-il pour l'éternité. Il n'avait plus de mémoire immédiate, détruite de façon que l'on savait irréversible. Du coup il donnait une impression d'éternité, le temps glissait sur lui. 

C'est très étrange la mort de quelqu'un qui était déjà mort à lui-même depuis longtemps. Le chagrin se place à un endroit inédit. Une part du deuil a déjà eue lieu ainsi que des choses à faire, par exemple le déménagement d'un lieu d'habitation en l'absence de l'habitant. Pas ou si peu d'effets personnels.

Le choc n'en est pas moins rude, une dégradation était en cours depuis plusieurs mois mais ne semblait pas appeler d'issue fatale avant longtemps.

Nous voilà repartis pour un tour de sidération, de au jour le jour, sans trop savoir comment chaque chose va évoluer, ce que nos tâches seront. Il y aura beaucoup à faire côté administratif. Ce monde moderne et marchand transforme la mort en une vaste corvée de paperasses.

En partant le week-end passé au triathlon j'ai eu la conscience forte de prendre une bolée de bon temps et de libération de toute tension, que c'était nécessaire et urgent. Je m'attendais en fait à des vacheries de la vie mais d'un tout autre côté (2). Ça attaque toujours pas où on s'y attendait le moins.

La tristesse affective que j'éprouve est pour l'homme de la maison, c'est un coup dur pour lui qui s'était, c'est tout à son honneur, de maintenir autant que possible un vestige de lien. Le deuil de son père je l'ai fait pour ma part au moment de sa maladie, lorsque nous avons su qu'il ne redeviendrait plus jamais lui. Lorsque nous tenions avec lui des conversations sans passé. Je sens que je vais beaucoup penser à Emmanuel Venet dans les jours et les heures à venir.

Ç'aurait pu être un bon dimanche, mais il restera dans nos esprit comme celui de la fin d'une fin entamée de longue date. Quelque chose d'inclassable mais non moins (à peine moins) douloureux.

Décidément, 2016.

 

(1) Cela dit fussé-je rentrée directement après le boulot que j'aurais dormi et pas été assez en forme pour écrire.
(2) Ou alors elles auront lieu mais simplement ne sont pas encore tombées.

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