Prolétaire un jour, prolétaire ...
19 octobre 2016
Quand même cette curieuse constatation alors que j'aborde une nouvelle activité importante, nouvelle étape de ma vie, et pour la première fois (1) avec le sentiment qu'elle est choisie, qu'il y a eu de ma part une mise en œuvre presque méthodique afin d'y parvenir, parvenir au bord de tenter ma chance. Entre la prise de conscience que c'était là une voie à explorer pour moi et cette étape décisive (le plus dur reste à faire), compte tenu du contexte, il m'aura fallu cinq ans.
Peut-être qu'ensuite les forces me manqueront. Mais je tiens à essayer, faire de mon mieux, quitte à subir un échec plutôt que de rester dans de vagues rêves que l'âge ou la maladie éteindront, ou des regrets diffus. Mon point d'honneur est de faire de mon mieux.
Et donc quand même cette curieuse constatation, de ressentir une fois de plus que je suis la prolétaire d'un groupe qui m'accueille, celle confrontée à des tracas de coûts et de disponibilité horaire et calendaire, plutôt que d'organisation personnelle et de volonté. Je m'aperçois que j'ai eu le même tour pour tout ce que j'ai entrepris comme activités personnelles dans ma vie, exceptée peut-être l'inscription au cours de danse où j'ai pu observer au fil des ans que je n'étais pas la seule qui peinais à payer l'abonnement - tout en m'étonnant d'être une des seules à n'avoir pas réellement le choix des horaires de cours : c'est quand je ne travaille pas -.
À croire que pour mes origines, dont je ne me dépare pas, j'ai de furieux goûts bourgeois.
La part positive de cet ensemble est de pouvoir se dire qu'en cette vieille Europe en cette période là (fin XXème début XXIème) une femme quelconque, une citoyenne, pouvait avoir accès à ce qui lui convenait, même s'il s'agissait d'un accès strapontin. Aucune de mes aïeules n'aura eu de tels privilèges, ou la mémoire s'en est perdue. Mon appétit vient de leurs rêves, mes forces de leurs dévouements inouïs à leurs nombreux enfants.
(1) Je ne sais comment compter ma vie de choriste tant ça me semblait une sorte d'injonction absolue lorsque j'ai croisé sur le pare-brise d'une voiture, le petit feuillet d'appel à voix de ma première chorale.