Intégration (dimanche)
25 octobre 2016
Ça reprenait par la natation, ce qui me mettait à l'aise, je serai la plus lente mais pas la plus fatiguée, capable de tout faire sauf peut-être plus de 25 m pap.
L'inconvénient était le petit déjeuner pris avant, je savais qu'il fallait donc que je mange léger, et que je ne force pas trop en fréquence - je ne l'ai fait que pour un 50 m brasse en relais -.
Banane de secours pour après.
Commentaires des habituées de la piscine, côté dames des dames, du genre habituées d'un cours d'aquagym, surprises de n'être pas les premières, comme tous les dimanche (avant la messe ?). C'était drôle.
Penser à ne pas faire un shampoing, risque de devoir sortir cheveux trempés sans s'être séchées et je traînais encore des séquelles respiratoires du rhume du début du mois.
Trajets en voiture, j'y apprends que les voitures modernes peuvent avoir des sièges avant massants et compensateurs de virages (c'est Éric qui expérimentait).
Je prends une photo qui allait constituer un plagiat par anticipation d'un touite mardi de restot, lequel représentait une toile de Rothko.
Le temps de poser les affaires et se mettre en tenue de vélo et c'est un petit contre la montre en binôme, je déçois mon parrain je préfère y arriver lentement plutôt que d'être poussée. De la même façon la veille au soir les hommes jeunes souhaitaient me porter. Ils sont mignons les hommes, mais croyant bien faire, et quoiqu'adorables, diablement agaçants. Let me try, I ain't no princess.
On avait prévu les pompes de courses au pied du grand escalier de notre bâtiment - le campus, oh là là, ce campus, j'aurais dû me douter que le triathlon était un truc de baroudeurs -
et c'est après un bref échauffement et dûment vêtu des cuissards de vélo, ce qui me laisse la sensation de courir avec des couches, un 1 km chrono.
Je suis la très très très plus lente mais boucle mes quatre tours, avec haie d'honneur rigolarde à la fin. Je n'aurais pas cru être capable de courir après les efforts du vélo, mais j'y suis parvenue.
Ensuite c'est la photo de groupe, qui doit être sur Whatsapp (je télécharge l'appli mais il est un peu tard pour être connectée), et le repas,
La partie de cantine qui nous est dévolue est le seul endroit pas tout à fait glamour de l'ensemble, le seul endroit normal. J'intercale une micro chasse photo avant la sieste de 30 minutes qui précède le run and bike, dernier épisode de nos aventures de ce rite de passage.
Arrive alors le run and bike, donc, et c'est le moment que choisit la pluie pour s'inviter, jusqu'alors le temps avait été frais - cette impression qu'Honoré était à mes côtés en permanence, bienveillant, à mesurer sourire en coin, les bienfaits de ce cadeau de la fin de la frilosité qu'en partant j'ai l'illusion qu'il m'a fait - mais de toute beauté. L'épreuve est la plus éprouvante, je n'ai guère l'opportunité de prendre de photos seulement celle-ci
alors que nous nous dirigeons vers le point de départ. Quatre à cinq kilomètres en allant le plus vite possible l'un pédalant, l'autre cavalant, chacun son tour. Je mets la gomme en vélo sur la fin, et arrive en même temps que mon coureur de parrain qui s'est donné à fond. Repars en vélo pour finir avec d'autres alors qu'une place en voiture m'était proposée. La pluie battante sur un retour ne me dérange pas. Je sais qu'une douche chaude pourra être prise et des vêtements secs enfilés.
Bagages, douches et débriefing, dans la bonne humeur, les winners sont contents de winner, tous heureux d'avoir tout fait (seuls quelques désistements ont eu lieu pour la piscine).
L'esprit de compétition reste pour moi toujours aussi mystérieux, chacun étant seul à avoir un lot donné de capacités, comment comparer. Le plus fort et rapide d'entre nous est un grand gars de 25 ans dont je pourrais être la mère, il est absolument illusoire et vain de rivaliser. Mais je sais qu'on doit probablement à ceux et celles qui en étaient pourvus la survie de l'humanité, même si aussi des morts dus aux conflits guerriers.
Avant de descendre, j'ai pris note des références de la literie, c'est la (bonne) surprise du week-end, en collectivité un couchage parfait.
Ensuite c'est le retour, un peu silencieux (nous sommes tous trois fatigués) sous une pluie battante, heureux d'être dans un véhicule motorisé et clos
Nous traversons une campagne riante et après un lot classique d'embouteillages, qui me permettra de constater que non, tous les hommes ne deviennent pas débiles et coléreux lorsque ça bouchonne - à force de supporter en tels cas des explosions de colère j'en étais venue à penser que c'était lié à la testostérone, un machin fatal et inévitable -, nous débouchons vers Paris.
Nous découvrons au passage une route insoupçonnable qui servira probablement de raccourcis lors de mes retours familiaux de Normandie.
Notre entraîneur et pour l'occasion conducteur poussera la classe jusqu'à déposer mon parrain et moi à nos domiciles respectifs alors même qu'il est attendu.
Ce club a une impressionnante qualité d'accueil.
Et je serai donc rentrée de ce week-end avec la conviction que mon rêve sportif un peu fou ne l'est pas tant et pourrait être, à condition de bien bosser, tout à fait à ma portée. Il y a aussi que moi qui ne connais pas l'ivresse et dont le meilleur moyen de décompression (lire) est devenu une activité professionnelle, je n'avais pas déconnecté aussi efficacement depuis bien longtemps. Déposer les armes pour en saisir d'autres est une excellente technique de décompression.
De tout le week-end je n'ai su qu'une nouvelle extérieure, qui concernait hélas une amie et que sachant imminente je suivais (autant que possible), pour le reste plus rien ni dans la sphère personnelle ni générale et décrocher ainsi aura également contribué à me faire un bien fou.
Quant aux chagrins, ils ont été totalement vidés de leur substance, c'est un effet très efficace du sport lorsqu'on en apprécie la pratique, reste à voir s'ils vont où non par la suite rappliquer ou s'ils se le tiendront enfin pour dit. Il ont en tout cas encaissé une formidable mise à distance.
La stupéfaction fut de constater qu'alors que je me serais crue incapable de faire tout ce qui était au programme, non seulement j'ai pu suivre (certes lentement) mais j'ai fini le week-end dans un état de fatigue peu supérieur à celui qui est au naturel le mien.
Voilà, une nouvelle phase de ma vie débute, puisse-t-elle me mener un morceau de chemin. Je me réjouis d'en découdre.