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Adorable Ken


    Sortis émus, j'allais écrire comme il se doit, du nouveau film de Ken Loach, I Daniel Blake pour lequel il a eu la Palme d'Or au plus récent festival de Cannes 

 

Chez lui, toujours cette qualité, quel que soit le sujet, rien à redire, les acteurs sont excellents, la narration suit son cours sans être ni plate ni ardue (1).

Un brave homme est poussé à bout par la mécanique administrative déshumanisée à l'œuvre ici au Royaume Unis, mais qui a fréquenté un tantinet Pôle Emploi en France sait combien on n'en est pas si éloignés. Nous avons nous aussi nos démarches faisables uniquement sur internet, nos attentes facturables (2), des cas où nous tombons dans un interstice administratif dont il devient quasiment impossible de se sortir (3). Ça ne l'empêche pas d'aider son prochain. 

La seule chose que l'on peut regretter c'est que ceux qui ont entre les mains une once de pouvoir qui permettrait de changer ce genre de choses n'iront pas voir ce film, gavés d'avance. 
Ceux qui sont loin de ces questions-là penseront Ils exagère, ce vieux gauchistes.
Ceux qui sont dans la mouise ou l'ont frôlée ou fréquentent des amis qui y sont, se rendront bien compte que ce film est un peu la version conte de fées de l'affaire. 
Hé oui, il est trop optimiste. 

Il décrit en effet un monde où les gens y compris le petit voyou d'à côté sont des gens bien, avec beaucoup d'intelligence et d'adaptabilité. En réalité, le peuple du moins dans la vieille Europe a bien marché dans la combine de se laisser faire croire que l'ennemi était non pas ceux qui avaient des pouvoirs décisionnaires ou financiers, mais bien le pauvre d'à côté, le plus ou moins foncé de peau, le plus ou moins à peine débarqué d'autres misères plus grandes encore. Un monde où tout ces rejetés semblent athées, pas encombrés pour deux sous de la moindre parcelle de fanatisme ou religiosité qui viendrait mettre du bordel là où dans le film il y a de splendides solidarités. OK le sujet est l'inhumanité administrative, et l'humiliation systématique des personnes en précarité - tous considérer comme tricheurs d'emblée et devant donc prouver qu'ils ne trichent pas, alors que le système lui-même les y pousse tout droit -. Il décrit un monde de gens de bonnes volontés. C'est adorable, très réconfortant, ça les sauve un temps. Il n'empêche que dans la vraie vie, c'est pas tout à fait comme ça mais pire.
Les jeunes voisins terroriseraient le vieux avec les armes qu'ils trafiqueraient, au lieu des pompes de sport, il serait devenu raciste, à l'agence pour l'emploi il n'y aurait pas la femme, qui au mépris des engueulades de sa hiérarchie essaie d'aider les pauvres diables que l'internet effraie, personne ne se lèverait pour défendre la personne mal traitée par les instances administratives, les vigiles ne feraient pas de quartier, au boulot perdu pour raison de santé, un vieil employé serait en un mois oublié. Et bien sûr les drogues et l'alcoolisme feraient des ravages.

Je suppose que ces embellissements sont destinés à rendre le film centré sur ce qu'il souhaite dénoncer, les voies sans issues administratives et les méandres inhumains auxquels on soumet ceux qui demandent assistance. Destiné aussi à ce que le film soit plausible pour ceux qui ont eu le privilège de n'être et n'avoir jamais été concernés par ces genres de situation. 

Il n'en demeure pas moins qu'un lot impressionnant de parties des dialogues sont de la pure vraie vie (4). Et que ce qui est très réaliste est que l'entraide fonctionne (encore) (pour l'instant). Et que dans les pires moments on peut être aidé par ceux que l'on avait aidé dans leurs pires moments.

Bref, encore un très bon film de Ken Loach mais qui même récompensé comme il l'a été ne sera sans doute pas vu par ceux et celles qui éventuellement pourraient changer à la situation quelque chose. Et cette phrase terrible qu'a une jeune femme pour demander à celui qui lui voulait du bien de cesser, Ne me donne plus de signes d'affection sinon je ne vais plus y arriver. 

Sa vie est trop dure pour qu'elle puisse s'autoriser d'être proche de quelqu'un. 
Merci monsieur Ken.

 

 

 

 

(1) ce que j'apprécie aussi, mais en l'occurrence il s'agit de films qui ne souhaitent pas que le public soit largué.
(2) Sans doute pas chez Pôle Emploi mais d'autres services fonctionnent sur ce principe.

(3) C'est le malade grave et qui vivait seul et pour lequel l'administration réclame certains papiers qu'il n'est plus capable de fournir - ni d'indiquer aux autres où chercher -, s'il est sans connaissance ou sans plus de cerveau, c'est l'étranger qui a besoin de papiers pour avoir un travail et d'un travail pour espérer obtenir des papiers, c'est la personne qui gagne un gramme trop d'argent pour avoir droit à des aides mais vraiment pas assez pour s'acheter de quoi manger ...
(4) La phrase sur les CV remis de la main à la main qui ne "comptaient" pas, on me l'a presque dite. Celle sur les jeunes qui ne sont pas fiables ou peu travailleur, je l'ai entendue. 

addenda du 03/11/2016 : Compte tenu de ce qui survint le lendemain, on peut considérer que d'une certaine façon, obligeant, Ken Loach nous avait averti de ce qui surviendrait.


Quand le sens de l'orientation se heurte à celui de la propriété

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Un ami du quartier m'avait suggéré un joli début de parcours, la montée des cent marches (1), j'avais sur la carte repéré une suite avec une jolie boucle en coupant par la forêt selon une petite route ou un grand chemin l'idée étant que ça fasse environ 7 km pour pouvoir compte tenu des dénivelées permettre un retour à temps pour déjeuner et reprendre ensuite le travail.

Sauf que ça m'a fait presque comme le coup de Clamart l'an passé, un joli chemin à travers bois mais au bout un long mur qui sur la carte ne se voyait pas.

En plus gratiné.

Il y a eu d'abord que la petite route était une voie privée, dûment grillagée. 

Puis que : alors que je décidais de passer par un morceau de forêt qui après les limites de cette propriété semblait libre, et que je traversais une zone assez solidement escarpée, l'arrivée vers l'arrière d'une maison, et se dire que sans doute simplement ils avaient omis de délimité leur zone de bois, estimant sans doute que personne ne serait assez fou pour grimper par là (ben si, moi). Repartir vers le bois, remonter vers où j'espérais rejoindre de l'autre côté une rue et tomber sur, à nouveau une route intérieur à une propriété plus vaste et fermée par une grille puis grillagée tout du long là où j'aurais dû accéder à la rue visée. Du coup devoir redescendre jusqu'à quasiment le premier accès, un peu perplexe quant aux subtilités cadastrales locales, confrontée que j'avais été à un terrain enclos sur trois côtés. Ma version personnelle du roman de Marlen Haushofer "Le mur invisible", à la grande différence que le mien de mur n'était pas invisible du tout. Mais la situation présentait des similitudes.

Je crois que quelque chose en moi parvient fort mal à concevoir qu'une forêt puisse être un domaine privé. 

Cette micro-mésaventure aura en tout cas fait que j'aurais peu couru. Bien crapahuté mais peu pratiqué la course à pied.

Le téléphone portable est pour ce genre de situation une belle invention, même si je m'en suis sortie sans. Je savais qu'en cas de problème appeler restait possible, j'avais vérifié que j'avais du réseau, le risque pris était mesuré. 

Quant à la montre de sport elle m'indique que j'ai parcouru 147 m en dénivelée positive, ça m'a paru rude, et soudain tu songes à l'échelle de difficulté comparée avec le Tor des Géants et tu mesures l'exploit de ceux qui le font. 

(1) que j'ai été incapable d'effectuer en courant.


Le funny de la vie

 

    Ainsi donc tu avais reçu une invitation de libraire que tu hésitais à honorer : #lancienneamie avait travaillé au scénario d'un film d'après un de ses livres, que tu vends fort bien, et tu te trouvais conviée à une avant-première en sa présence. 

La vie a décidé de te faire cette blague qu'en fait vous vous reverrez probablement avant puisqu'elle est conviée au festival de cinéma qui fait tes vacances, souvent même tes seules vacances, depuis un paquet d'années.

Tant de temps a passé et deux ou trois nouveaux durs chagrins dont deux liés aux attentats de 2015, que tu as rejoint une zone de calme la concernant ; après tout son rôle dans ta vie aura été de te balancer sur un sentier escarpé où la seule issue sans mourir de faim était de devenir libraire et franchement, c'est une solution de survie qui est d'un luxe et d'un bonheur inouï. Du coup et malgré il y a dix ans une redoutable mise en danger, tu lui en sais gré. Sans elle, tu serais probablement en train de végéter à l'"Usine" ou de pointer à Pôle Emploi après t'en être fait licencier. Tu aurais fini par endosser en permanence la blouse grise mentale que tu revêtais en t'y rendant chaque jour travaillé, histoire d'avoir l'air à peu près conforme à ce que l'employeur de toi attendait. Tu serais à l'heure qu'il est complètement émoussée. Tu compterais les jours les mois les années jusqu'à la retraite. 

Au lieu de ça, tu as vécu une belle histoire entre deux pays - qui s'est pour toi très très mal finie, mais qui a agrandi ton existence tant qu'elle a duré et même un peu après, et au fond peut-être l'as-tu surtout échappée belle -, écrit, traversé pas mal de trucs un peu fous dans l'ensemble, fait de belles rencontres, eu une vie vivante, rude, assez risquée (l'air de rien) mais dont tu ne regrettes rien, non rien de rien.

Te voilà même pourvue de projets dont celui en début de mise en œuvre de virer triathlète, et tu y crois et en l'absence de moins en moins certaine de catastrophes extérieures diverses tu as bien de quoi occuper sans mollir tes cinquante suivantes années.

Bref, malgré le côté périlleux chronique de tes fins de mois, malgré ton comptant de malheurs (qui n'en a pas ?), c'est un peu parfois toi qui y es dans le Bagad de Lann-Bihoué

  

et sans elle tu n'y étais pas destinée.

En chemin tu as rencontré des amis formidables. Il y a même parfois une trace audible

Alors au fond, c'est sans doute très bien de croiser à nouveau celle qui te permit de faire exploser le carcan dans lequel tes origines sociales et ton côté "programmée pour bien faire" t'avaient coincée. Et ce n'est pas toi qui l'auras cherché puisqu'aller là-bas depuis que tu fréquentes le festival en novembre et le chouette salon du livre du 1er mai est un peu chez toi.


Les petites fourberies de la vie

20161026_195119Tu rentrais après une belle journée de travail, heureuse de tes débuts aux entraînements de triathlon, heureuse dans ta vie de libraire, satisfaite d'avoir couru le midi ou de prévoir de le faire, enchantée par certains de ceux que tu fréquentes dans ta vie, soulagée par une nouvelle encourageante concernant la bien-aimée de ton grand ami, réjouie à la perspective de tes vacances prochaines, bref, solidement dans le présent et un peu dans des perspectives intéressantes de ta vie, quand soudain tu t'es mise malgré toi à suivre une conversation que tenaient dans le RER un jeune homme et une jeune femme puis comprendre pourquoi. Ils parlaient flamand.

Et soudain tu retournais là-bas, tes premières amours ou d'autres, une existence entrevue dont la porte par deux fois t'avait claqué sur les doigts.

Tu as bien tentée de te consoler en constatant que depuis tout ce temps tu pigeais toujours, en songeant aux films de Félix van Groeningen, le mal était fait, les chagrins à nouveau clignotaient, le passé recommençait son travail de sape.

En même temps tu aimes toujours ce pays où tu te sens si facilement (trop ?) chez toi. Tu ne peux pas regretter ça.

Tu te demandes jusqu'à quand tu resteras sensible à cette catégorie précise de petites fourberies de la vie ou si un jour enfin la douleur même en cas de rappel en mode Madeleine de Proust ne se ravivera pas.  

 

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Joyeux-bizarre mardi

 

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Il y aura eu une sieste-lecture interrompue par un jeune homme arme au poing au pied du banc où je me tenais, guettant heureusement dans une autre direction, quand même une seconde de me dire 

Tiens, on dirait que je risque d'être en retard ou pire pour aller travailler, avec cette sorte de calme étrange qui jusqu'ici m'a habitée lorsque je me retrouve face à ce qui peut ressembler à un grand danger.

Des policiers (municipaux ou nationaux, je ne saurais dire) sont arrivés en courant et l'ont interpelé, il y a eu cet instant d'extrême tension avant qu'ils ne voient que l'individu était tout jeunot - grand pour son âge, d'où que ça pouvait prêter à confusion -, plutôt confus, surpris et son arme factice.

J'ai ensuite eu tout loisir d'entendre leur conversation et de voir le jeune homme passer d'une panique totale à l'instant où il a compris que ben oui on était en période d'état d'urgence et se balader avec une imitation réaliste d'arme dégainée dans un jardin public pouvait lui attirer des ennuis, au soulagement enfantin lorsqu'après avoir demandé conseil à leur base et pris l'identité du môme et différentes infos le concernant. Il était né le 28 février 2002, un Millénial ai-je pensé.
L'arrivée des potes appelés en renfort pour confirmer qu'ils jouaient bien fut un grand moment de cinéma de la vie. L'un d'eux a assuré pour trois, français soutenu, extrême courtoisie, déjà adulte si ce n'était dans le choix de ses jeux, expliquant qu'à l'ordinaire ils jouaient dans la propriété de ses parents, à Groslay, et n'avaient pas mesuré qu'effectivement ici ils pouvaient effrayer des passants. Ils s'en sont tirés par un avertissement et une mise en garde de bon sens sur les risques d'un pistolet à billet et les risques aussi de croiser de vrais types avec de vrais armes qui risquaient d'en faire usage au vu de la fausse qui ressemblait à une vraie.

Il y aura eu devant la librairie des amis cet homme qui garait une voiture, puis en reprenait une autre, et plus loin la regarait avec grande habileté, et notre rire quand nous avons compris qu'il s'agissait d'un voiturier. La question demeura alors qu'il s'était évaporé, tous véhicules placés, Mais voiturier d'où ça ? Aucun restaurant de la rue ne donnait l'impression d'avoir un standing ad-hoc. L'homme était rapide et silencieux, indifférent au fait qu'on s'appuie sur l'une ou l'autre voiture un peu. On aurait pu croire à une scène issue d'un film burlesque.

Il y aura eu cette conversation émouvante au cours de laquelle j'ai compris que j'avais été à Bercy en 1986 pour écouter Higelin en même temps qu'un gars que j'admire et à l'Essec en 1983 en même temps qu'un autre alors qu'il y avait Lavilliers. J'avais donc probablement croisé alors dans les trente ans plus tôt deux des personnes en compagnie desquelles j'étais, fréquemment pour l'une régulièrement pour l'autre, désormais. Eux trouvaient ça marrant, moi j'ai trouvé ça beau.

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Intégration (dimanche)

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Ça reprenait par la natation, ce qui me mettait à l'aise, je serai la plus lente mais pas la plus fatiguée, capable de tout faire sauf peut-être plus de 25 m pap. 

L'inconvénient était le petit déjeuner pris avant, je savais qu'il fallait donc que je mange léger, et que je ne force pas trop en fréquence - je ne l'ai fait que pour un 50 m brasse en relais -. 

Banane de secours pour après.

Commentaires des habituées de la piscine, côté dames des dames, du genre habituées d'un cours d'aquagym, surprises de n'être pas les premières, comme tous les dimanche (avant la messe ?). C'était drôle. 

Penser à ne pas faire un shampoing, risque de devoir sortir cheveux trempés sans s'être séchées et je traînais encore des séquelles respiratoires du rhume du début du mois.

Trajets en voiture, j'y apprends que les voitures modernes peuvent avoir des sièges avant massants et compensateurs de virages (c'est Éric qui expérimentait). 

Je prends une photo qui allait constituer un plagiat par anticipation d'un touite mardi de restot, lequel représentait une toile de Rothko. 

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 Le temps de poser les affaires et se mettre en tenue de vélo et c'est un petit contre la montre en binôme, je déçois mon parrain je préfère y arriver lentement plutôt que d'être poussée. De la même façon la veille au soir les hommes jeunes souhaitaient me porter. Ils sont mignons les hommes, mais croyant bien faire, et quoiqu'adorables, diablement agaçants. Let me try, I ain't no princess.

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On avait prévu les pompes de courses au pied du grand escalier de notre bâtiment - le campus, oh là là, ce campus, j'aurais dû me douter que le triathlon était un truc de baroudeurs - 

PA230030et c'est après un bref échauffement et dûment vêtu des cuissards de vélo, ce qui me laisse la sensation de courir avec des couches, un 1 km chrono.

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Je suis la très très très plus lente mais boucle mes quatre tours, avec haie d'honneur rigolarde à la fin. Je n'aurais pas cru être capable de courir après les efforts du vélo, mais j'y suis parvenue. 

Ensuite c'est la photo de groupe, qui doit être sur Whatsapp (je télécharge l'appli mais il est un peu tard pour être connectée), et le repas,   PA230033

 

La partie de cantine qui nous est dévolue est le seul endroit pas tout à fait glamour de l'ensemble, le seul endroit normal. J'intercale une micro chasse photo avant la sieste de 30 minutes qui précède le run and bike, dernier épisode de nos aventures de ce rite de passage. PA230031

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Arrive alors le run and bike, donc, et c'est le moment que choisit la pluie pour s'inviter, jusqu'alors le temps avait été frais - cette impression qu'Honoré était à mes côtés en permanence, bienveillant, à mesurer sourire en coin, les bienfaits de ce cadeau de la fin de la frilosité qu'en partant j'ai l'illusion qu'il m'a fait - mais de toute beauté. L'épreuve est la plus éprouvante, je n'ai guère l'opportunité de prendre de photos seulement celle-ci 20161023_144136
alors que nous nous dirigeons vers le point de départ. Quatre à cinq kilomètres en allant le plus vite possible l'un pédalant, l'autre cavalant, chacun son tour. Je mets la gomme en vélo sur la fin, et arrive en même temps que mon coureur de parrain qui s'est donné à fond. Repars en vélo pour finir avec d'autres alors qu'une place en voiture m'était proposée. La pluie battante sur un retour ne me dérange pas. Je sais qu'une douche chaude pourra être prise et des vêtements secs enfilés. 

Bagages, douches et débriefing, dans la bonne humeur, les winners sont contents de winner, tous heureux d'avoir tout fait (seuls quelques désistements ont eu lieu pour la piscine).

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L'esprit de compétition reste pour moi toujours aussi mystérieux, chacun étant seul à avoir un lot donné de capacités, comment comparer. Le plus fort et rapide d'entre nous est un grand gars de 25 ans dont je pourrais être la mère, il est absolument illusoire et vain de rivaliser. Mais je sais qu'on doit probablement à ceux et celles qui en étaient pourvus la survie de l'humanité, même si aussi des morts dus aux conflits guerriers. 

Avant de descendre, j'ai pris note des références de la literie, c'est la (bonne) surprise du week-end, en collectivité un couchage parfait.PA230037 

 

20161023_170809Ensuite c'est le retour, un peu silencieux (nous sommes tous trois fatigués) sous une pluie battante, heureux d'être dans un véhicule motorisé et clos 20161023_173235
Nous traversons une campagne riante et après un lot classique d'embouteillages, qui me permettra de constater que non, tous les hommes ne deviennent pas débiles et coléreux lorsque ça bouchonne - à force de supporter en tels cas des explosions de colère j'en étais venue à penser que c'était lié à la testostérone, un machin fatal et inévitable -, nous débouchons vers Paris. 20161023_184333
Nous découvrons au passage une route insoupçonnable qui servira probablement de raccourcis lors de mes retours familiaux de Normandie. 
Notre entraîneur et pour l'occasion conducteur poussera la classe jusqu'à déposer mon parrain et moi à nos domiciles respectifs alors même qu'il est attendu.

Ce club a une impressionnante qualité d'accueil. 

Et je serai donc rentrée de ce week-end avec la conviction que mon rêve sportif un peu fou ne l'est pas tant et pourrait être, à condition de bien bosser, tout à fait à ma portée. Il y a aussi que moi qui ne connais pas l'ivresse et dont le meilleur moyen de décompression (lire) est devenu une activité professionnelle, je n'avais pas déconnecté aussi efficacement depuis bien longtemps. Déposer les armes pour en saisir d'autres est une excellente technique de décompression. 

De tout le week-end je n'ai su qu'une nouvelle extérieure, qui concernait hélas une amie et que sachant imminente je suivais (autant que possible), pour le reste plus rien ni dans la sphère personnelle ni générale et décrocher ainsi aura également contribué à me faire un bien fou. 
Quant aux chagrins, ils ont été totalement vidés de leur substance, c'est un effet très efficace du sport lorsqu'on en apprécie la pratique, reste à voir s'ils vont où non par la suite rappliquer ou s'ils se le tiendront enfin pour dit. Il ont en tout cas encaissé une formidable mise à distance.

La stupéfaction fut de constater qu'alors que je me serais crue incapable de faire tout ce qui était au programme, non seulement j'ai pu suivre (certes lentement) mais j'ai fini le week-end dans un état de fatigue peu supérieur à celui qui est au naturel le mien. 

Voilà, une nouvelle phase de ma vie débute, puisse-t-elle me mener un morceau de chemin. Je me réjouis d'en découdre.


Intégration (vendredi et samedi)

 

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Je savais que le triathlon était un sport d'exigence et j'avais compris dès l'an passé de n'avoir pas pu m'inscrire pour n'avoir pas compris qu'il fallait se manifester clairement avant le jour des premières présentations que ce club c'était du sérieux. Mais qu'il donnait sa chance à chacun. 

Je savais que ce week-end d'intégration serait pour moi l'occasion d'enfin savoir si malgré la thalassémie et mon âge avancé, malgré ma lenteur assumée (j'aime faire les choses calmement, et les pratiques longues qui aboutissent à force d'acharnement), je pourrais éventuellement devenir capable d'enchaîner les trois disciplines.

Je me doutais qu'il y aurait des petits jeux d'accueil, c'est comme ça que de nos jours on fait. Je me doutais que ça tiendrait bien un peu d'une forme d'entraînement commando, mais sans armes ni ennemis.

Alors bien sûr j'ai été la lanterne rouge sur presque toutes les épreuves, mais au vu de la composition du groupe, étant la seule femme débutante post-ménopause, c'était ultra-prévisible. J'avais un parrain formidable, patient et pédagogue, on s'est bien marrés malgré mes handicaps. Il m'a vite appris l'essentiel du "métier", en particulier ce que je n'avais jamais su me formuler si clairement mais déjà pratiquais : si tu as un doute sur ta tenue, pour la course à pied enlève une épaisseur, pour le vélo rajoute-s-en une.

Mais la bonne, la formidable surprise c'est que mon corps a parfaitement supporté l'enchaînement des activités, que je ne suis pas tombée (ni de vélo, ni dans les pommes, ni de sommeil), que je n'ai plus aucun doute sauf blessures ou accident de la vie, sur le fait d'être capable d'enchaîner un M, les dimensions olympiques. À condition bien sûr de bosser dur. Mais la carcasse n'a rien contre et visiblement il n'est pas déjà trop tard.

Je m'attendais à un effet de groupe entraînant, c'est mieux encore que je ne l'aurais cru. Il y avait une réelle attention aux nouveaux, une patience. Des plaisanteries affectueuses et vivifiantes. Une façon de mettre en confiance. C'était même parfois touchant, puisque les plus jeunes ont tendance à croire qu'aller lentement est signe d'être en difficultés et qu'ils m'encourageaient à ces moments là comme pour quelqu'un qui souffre, alors qu'à aucun moment je n'ai senti une rupture possible, un épuisement, sauf si bien sûr j'accélérais. J'ai forcé pour le relais en piscine, sachant que la séance touchait à sa fin et que je pouvais me lâcher (pas de danger de blessure) et sur la fin du run and bike afin d'honorer mon parrain et sachant que ça serait la toute dernière épreuve. 

Mon vélo fait rire, mais sa beauté émeut.

Je tiens beaucoup à faire mes premières armes avec lui et à ne changer que lorsque non seulement j'en aurais les moyens financiers mais aussi un niveau qui nécessite un matériel plus affiné.

Enfin, les lieux étaient un peu du genre magiques,  20161022_082004

, un internat privé international avec des installations de grande qualité (1).

Il y eut l'arrivée dans la nuit après un début de soirée en belle compagnie humaine et animale (un chat et un grand chien m'ont adoptée, depuis Nelson et Nina ça ne m'était pas tant arrivé, puis Yéti bien sûr, comme ils me manquent), quelques bières (2)

la recherche dans la brume au lendemain matin, du lieux de petit déjeuner, le départ vers le gymnase pour une session de mécanique et une initiation au secourisme, et ça m'a formidablement plu car depuis plusieurs années j'aimerais apprendre (3).

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Il y avait ce campus, oh là là, ce campus !

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Il y eut une sortie vélo de 45 km environ avec des exercices de rythmes, j'ai suivi en restant à mon max mais en dessous du rouge, l'entraîneur s'organisant parfaitement pour que je ne sois pas trop un boulet et j'aurais pu continuer, je pense que j'ai une capacité de 60 sans problème à condition de respecter mon rythme. Bon à savoir. 

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Il y eut le campus, oh là là ce campus 

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Il y eut un peu de PPG et j'ai pu tout faire sauf le grimper de corde

20161022_174634(j'aurais sans doute su si la corde était descendue jusqu'en bas, mais là l'effort à fournit pour mettre les pieds était trop exigeant)

 

 

Il y eut ce petit parcours de course avec questions culturelles, en binôme avec parrain et qu'on s'est bien marrés, y compris avec une dame de la localité,  20161022_190451

(la selfie faisait partie de l'exercice demandé, mais la dame n'était pas obligée, seulement très obligeante)

Il y avait une librairie que je n'ai pas pu m'empêcher de rester prendre en photo

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Le village était beau, mais le soir y tombait. 

Nous sommes quand même rentrés à peine après le début du dîner et mon parrain a eu l'élégance de ne pas me faire sentir qu'il avait les crocs et que je nous avais passablement retardés. Cela dit, nous avions recherché les réponses au questionnaire en chemin ce qui nous permis de répondre sans tarder - manquait seulement la question de calcul et une histoire de dents de pignons et de requins blancs -.

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La soirée fut chantée et dansée, soudain je retrouvais quelques domaines de compétences assurées, et le plaisir de faire la clown.  20161022_223955

 

 

 

 

 

 

 

 

... et la fournisseuse de Bizarre  20161022_231908

 

Ensuite il y a le moment où l'expérience et la sagesse, malgré de se sentir en pleine forme et d'en être la première surprise, appellent à aller se coucher : la différence avec l'âge est très nettement dans les capacités de récupération. 

Ça faisait bien longtemps que je ne m'étais pas autant amusée, jusqu'à l'oubli du monde, toutes préoccupations anesthésiées. Le passé n'avait de rôle que de conduire à cet instant, l'avenir au delà du week-end était un concept abstrait, pourvu que la guerre, les grands tourments et la fin du monde attendent au moins lundi.

 

(1) J'ai même noté les références du matelas pour lorsque nous changerons le nôtre. Étonnant, non ? pour un hébergement de type "collectivité".
(2) Ce moment où tu te dis Si c'est ça le triathlon, je devrais y arriver ;-) 
(3) Je vais d'ailleurs essayer de m'inscrire à la vraie formation.

 


Aggravation d'une triste situation

 

    Pendant quelques temps j'ai pu me complaire dans cette illusion : des mesures d'éloignements ou qui sait d'hébergements, avaient dû être prises pendant l'Euro de football afin de fournir abri à ceux qui n'en avaient plus, du coup la mendicité d'interpellation du passant avait diminuée et si j'ai l'impression que depuis septembre elle prend des proportions jamais encore croisées c'est par effet de contraste. 

Mais au retour d'une soirée durant laquelle j'ai effectué par les transports en commun un trajet grande banlieue - Paris, puis un autre Paris - petite couronne et bu un verre en terrasse de café avec quatre ou cinq ami-e-s, j'ai compté : nous avons été sollicités huit fois. Trois des sollicitations étaient assez agressives, soit verbalement au premier degré, soit par la situation présentée - une famille avec deux enfants en bas âge semblait réellement errer, un mauvais guitariste nous a assommé de ses sons en ce plaçant presque avec nous à table, la femme qui se place en plein milieu de la transition 14 vers trains à Satin Lazare nous insulte si on ne lui répond pas -. 

Ce qui est devenu rare en Île de France c'est d'effectuer un trajet sans être au moins une fois sollicités. Et pas seulement via les transports en commun : en tant qu'automobilistes on se fait arrêter aux feux rouges. 

Il est devenu impossible même à quelqu'un de bonne volonté, même à quelqu'un qui tient à faire semblant de croire aux évidentes fictions que récitent certains (1), même à quelqu'un qui a du budget, de répondre à toutes ces sollicitations. 

Pas une journée sans que je me demande Que faire ? La situation a empiré ces derniers mois de façon spectaculaire et l'on voit de plus en plus d'enfants. 

 

(1) Pas tous, il me semble que certaines détresses exprimées, certains "bout du rouleau" sont réels.


Beau, il est beau, il est beau mon Navigo

 

    Je reçois, un peu surprise, par la poste en simple courrier un nouveau pass navigo annuel. Il était un peu temps, je l'avoue : équipée dès les premiers temps de leur existence, quand ça représentait une réelle économie (1) je circulais avec une antiquité au plastique un peu cassé et devenu translucide au lieu de transparent, bref, un changement même inattendu est plutôt le bienvenu.

Seulement pour concevoir le nouveau, ils ont repris ma photo d'origine (2). C'est choupinet, j'y ai la bouille d'une tout juste trentenaire, la tignasse noire et un presque sourire (3). Si je ne m'abuse, cette photo qui devait dater de l'année d'avant l'année de l'établissement du premier document doit avoir vingt-trois ans. 

Je sens que je n'en ai pas fini d'argumenter avec des contrôleurs pointilleux pour devoir prouver que je suis bien la fille de la carte, à laquelle désormais ma propre fille ressemble plus que moi.

Ce détail mis à part, il est vrai que le nouveau passe est beau. Circuler dans un des trains Bombardier muni de ce titre de transport me fera une impression de l'an 2000 tel qu'on l'imaginait en 1972. Ça, l'internet, les téléphones personnels, les ordis ... ne manqueront bientôt plus que les voitures volantes à la panoplie.

 

(1) Si je me souviens bien un pass navigo annuel payé par mensualités équivalait sur l'ensemble d'une année à 10,5 mois de carte orange mensuelle à zonage égal.

(2) C'est à se demander s'il n'y aurait pas un message que j'aurais manqué et qui peut-être demandait une version actualisée. Pas exclu.  

(3) En ce temps-là on n'était pas obligés de faire la gueule sur les documents officiels.