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"On a commencé à comprendre que le monde allait basculer" (François Bon)

Ça faisait donc vingt ans aujourd'hui.

Voire un peu plus pour une amie !

 

Capture d’écran 2016-08-24 à 00.30.31

Alors pour moi c'est plus compliqué. De part mon boulot à l'"Usine" j'étais connectée depuis 1986 mais il s'agissait de réseaux internes, par exemple j'avais été la cheville ouvrière de l'équipement du service recrutement en réseau local sur des ordi Goupil G5. C'était une innovation de fous pour ce temps là.

On utilisait des modems, les sons de la video de François me sont familier. J'avais enfin eu un ordi à la maison - privé et équipé de logiciels à mes frais - entre 1988 et 1990. Aucune connexion, c'était comme une sorte de machine à écrire électronique hyper-perfectionnée.

Au boulot une grosse partie du taf se faisait par connexions sur gros systèmes, les ordinateurs n'étaient pour certains d'entre eux que des terminaux, pas de mémoire locale, des sortes de gros minitels si l'on veut simplifier.

Vers 1993 ou 1994 on passe aux OI (Ordinateurs Individuels) et il y a une messagerie mais elle est à l'intérieur du progiciel qui nous sert à programmer. Autant dire qu'à part un Bon anniversaire ! ou une invitation à un pot (en ce temps-là le boulot c'est aussi de la vraie convivialité sans autres objectifs sauf pour les rusés, que se détendre après avoir trimé), rien n'y est trop personnel

En 1997, l'entreprise c'était enfin mise à la messagerie interne, une vraie, dédiée. C'est sous MXMS et miraculeusement la trace d'un tout premier message d'essai, le 12 septembre 1997 à 15h50 est restée dans mes archives (1), le texte étant aussi peu compromettant et confidentiel qu'un "Bonsoir ! C'était juste pour essayer notre nouvelle messagerie", je le partage ici.

Mais ce n'est toujours pas le vrai internet.

Je suis au courant : un jour au Palais de la Découverte [(souvenir d'y être seule un jour de semaine sans enfants, peut-être au temps où nous avions les "horaires variables" et pouvions récupérer en temps libre une partie de nos heures sup). Avant 1996 donc. Ma mémoire semble se rappeler de mai 1994. Mais rien d'autre n'y est rattaché. Ai-je conservé quelque part une trace ?] il y a une animation "internet", venez vous connecter, essayez. Et comme j'ai l'habitude des ordinateurs je m'avance et fais un peu office de cobaye avec l'aide de quelqu'un de la maison à côté d'autres qui s'y essayent et devant quelques personnes intriguées mais qui n'osaient pas.

Je suis un peu déçue : c'est peu ou prou la presque même chose que nos connexions internes dans l'entreprise. Mais j'entrevois qu'on peut aller visiter des sites du bout du monde, que des gens par exemple publient des photos. Je pense je vais peut-être grâce à ça, quand je l'aurais chez moi retrouver Lucia (2). Le temps est limité, il faut laisser d'autres personnes essayer. Je me promets de m'équiper dès que ça sera possible.

Je ne me souviens plus de quand ça le fut : l'argent s'est toujours fait rare, nous avions deux bons salaires mais aussi deux enfants et de lourds frais de garde car nos horaires étaient étendus, et un appartement à rembourser et même à une époque une maison de retraite à payer. Et donc pour mon équipement personnel : beaucoup plus tard que je ne l'aurais voulu. 

Mes premiers amis de l'internet remontant à début 2003 je dirais, 2002 peut-être pour mon premier ordi à la maison connecté. Et c'était chez France Télécom, vite rebaptisé Wanadoo, et le premier abonnement n'était que pour 10 heures par mois qui très très vite ne suffirent pas. Ça faisait bien quatre à cinq ans que je rongeais mon frein (3).

Un facteur déterminant fut la publication de certains des livres de Martin Winckler par épisodes ("Plumes d'Ange" typiquement) via P.O.L. Tant que je n'étais pas équipée chez moi, j'en étais réduite à donner mon adresse professionnelle. J'arrivais plus tôt pour imprimer la ou les pages du jour, et les lire ensuite généralement à la pause déjeuner. Or ce que je voulais, que j'estimais n'être pas trop demander, c'était de pouvoir les recevoir et les lire chez moi, en paix, sans que personne ne puisse éventuellement me le reprocher. Il me restera des souvenirs d'arriver tôt dans le bureau, celui qui avait à La Défense une vue imprenable sur Paris, la lumière douce du matin, et la petite joie en constatant que le message était bien là. Ça donnait du courage pour tenir la journée.

Le souvenir reste vif du bonheur infini de comprendre immédiatement la portée révolutionnaire du truc, le fait de pouvoir instantanément se connecter avec le reste de la planète, n'importe qui pouvait proposer du contenu que pourrait lire ou voir ou écouter n'importe qui d'autre à l'autre bout du monde. Personne (alors) pour dire, Non, pas toi, personne à convaincre, pas de barrage dès lors qu'on disposait de l'équipement et de la connexion.

En revanche je n'imaginais pas à quel point formidable ça aller changer ma vie (je veux dire : la mienne en particulier) et l'élargir, me donner ma chance. Je n'imaginais pas la qualité des rencontres que j'y ferais. Ni la profusion de bonnes et belles lectures qu'il y aurait. 

Malgré les difficultés, levées dès qu'on sort du conventionnel où la société veut nous cantonner, je ne regrette rien. Je suis très reconnaissante envers les pionniers qui m'ont accompagnée sur ce chemin, qu'ils avaient déjà défriché. 

 

addenda du 25/08/16 00:03 : 

La petite révolution technologique de Christine Simon 

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(1) De ce qu'il y avait avant il ne me reste rien ou uniquement ce qui pouvait se trouver chez moi par inadvertance : tout a brûlé en mai 1996

(2) Ce qui advint grâce à Facebook en 2012 je crois. 

(3) Une constante dans une vie de peu de moyens : chaque fois que je souhaite entreprendre quelque chose qui nécessite un peu de financement et de temps à rendre disponible, c'est le délai qu'il me faut avant de pouvoir tenter ma chance concrètement. J'ai intérêt à vivre centenaire. Force est de constater que je finis toujours par réaliser une mise en œuvre (laquelle n'est pas nécessairement couronnée de succès, sans doute car elle arrive (trop) tard et que toute mon énergie a déjà été dépensée pour arriver jusqu'à la possibilité, mais n'empêche, je parviens jusqu'à l'essai et suis rarement déçue). J'ai presque toujours à vaincre des réticences familiales. 


Encore une idée (vouée sans doute à la jachère)

 

    Je me suis réveillée avec une nouvelle idée de roman, un truc simple, un peu grave un peu marrant et qui à mesure que j'y réfléchis me semble cohérent, tenir la route. Pas de la haute littérature - en serais-je capable même si je pouvais disposer de ma vie ? - mais quelque chose que des personnes comme j'étais avant de tomber dedans pourraient lire avec intérêt, plaisir ou amusement. Et, si je réussis mon travail, après y repenser et glaner quelques pistes de réflexions, de voir certaines choses différemment, se poser quelques petites questions.

Comme dab j'ai vite posé les jalons. Je sais que mon temps d'écriture est limité, la première étape consiste donc à ramasser le matériau et les points de repère pour ne surtout pas oublier le gisement entrevu.

Seulement voilà : c'est la rentrée. 

Même si je travaille à temps partiel, compte tenu des trajets et de la période spécifique, active et chargée, ça suffira à me garnir l'emploi du temps et employer l'énergie.

Il y a pas mal de choses à faire d'un point de vue vie quotidienne. Traditionnellement période d'inscriptions, de démarches, d'aller chez le coiffeur, de faire les révisions médicales d'usage, de quelques achats d'équipements.

Il y a à l'appartement des urgences de travaux, de rangements.

Plus que jamais cette année : reprendre les entraînements.

Il s'agit d'une fiction. J'en avais déjà une sur le feu. Ça demande non seulement du temps mais une forme de disponibilité d'esprit que je ne parviens jamais à maintenir sur la durée : il n'y a pas de période assez calme, il se passe toujours des tas de trucs - quelqu'un malade, des catastrophes collectives, des fuites d'argent ou d'eau, des tâches pour lesquelles on se retrouve requises sans l'avoir cherché -, et je ne sais toujours pas comment cloisonner, le fait est que je suis sévèrement atteinte par le syndrome de George Bailey. 

Comment font les autres ?

Mes prochaines vacances seront actives : c'est le festival de cinéma d'Arras, emploi du temps garni.

J'ai réussi à réduire mon temps de sommeil mais il reste assez grand. Et je sais qu'en la matière forcer ne sert à rien car on peut se retrouver debout mais inefficace et totalement embrumée.

Bref, encore une idée qui risque de se lyophiliser alors qu'il y avait matière à faire.

Je ne suis pas jeune, et le temps file.

Mes deux atouts sont l'oloé parfait (1) et le fait que celui-ci des chantiers ne nécessite pas de documentation fors quelques coups d'œil dans mes archives personnelles. Mais une fois la période de sa fermeture annuelle franchie je ne pourrai m'y rendre que deux ou trois demi-journées par semaine. Combien de temps me faudra-t-il pour dans ces conditions aller au bout d'un simple premier jet ? Pourrais-je le faire sans perdre l'élan ? Avant le printemps qui s'annonce pour le pays si désespérant (2) ?

Une fois de plus je me demande par quel sentier parvenir à destination, permettre à ce projet de se concrétiser, lui réserver des heures fructueuses, sans pour autant laisser le reste aller à vau-l'eau. Il faudrait sans doute que je prenne exemple sur mon amie Samantdi qui parvient à faire place à son Américain, tout en menant et gagnant sa vie.

 

 

(1) que constitue la BNF
(2) Je sais d'ores et déjà que j'aurais un grand coup de découragement après les élections dont le résultat telles qu'elles s'annoncent ne pourra à mes yeux être qu'un cauchemar ou un écœurement. Si seulement pouvait surgir une sorte de Barack Obama homme ou femme avec un programme respectueux de l'environnement et des gens et qui serait crédible dans une tentative de mise en œuvre éventuelle.

 


Les J.O. sont finis, tentons d'éviter le blues de Rio

 

    Ça faisait bien longtemps, même si en 2012 j'avais regardé quelques belles épreuves, déjà en streaming sans commentaires, ce plaisir raffiné, que je n'avais pas suivi des J.O. d'aussi près. Je crois que le fait que ça se combine avec une période RER boulot dodo, ou vélo boulot dodo, dont ça permettait de contrebalancer la sensation de non-respiration, ainsi qu'à une année sans congés d'été, y aura été des plus favorables.

Il y a aussi que personne de la famille ou des proches n'était à l'hôpital (1), que je n'étais pas prisonnière d'un bureau (2), que les horaires, paradoxalement (3), avec de belles soirées et la récap sur France 3 chaque matin, permettaient de suivre pas à pas.

Il y avait aussi que la plupart de mes amis était loin de Paris, la vie sociale réduite, la vie sportive (pas d'entraînements collectifs) aussi, aucun voyage ni déplacement, ça permettait de s'évader par images interposées. J'ai ainsi découvert que l'hiver à Rio il pleuvait autant qu'en France aux zones côtières, que le vent pouvait y être violent, si loin d'une image de carte postale que l'on tient des médias classiques, des amis touristes (qui y vont l'hiver d'ici et donc l'été), des clips de tubes de l'été ou des publicités. À regarder les courses en extérieur, j'ai découvert un peu de la ville et de ses environs, sachant que je n'irai sans doute jamais (4). 

Grâce à France TV sport et ses directs au choix, le son des lieux mêmes, zéro réclame, zéro blabla, j'ai pu me régaler des sports que le reste du temps on voit peu ou pas. Je retiendrai surtout les épreuves de plongeon. Nous avions fini par être capables d'évaluer un saut, d'estimer des notes assez justement. Et mon admirations pour les concurrents n'a fait que grandir à mesure des jours : pour avoir essayé, il y a quelques années, ne serait-ce que de sauter, je sais combien le moins réussi de leur saut est en soi un exploit.

Comme il y avait le travail, beaucoup des tournois me sont restés étrangers, je n'en ai vu que quelques vignettes lors des résumés.

On a d'ailleurs pu constater combien ceux-ci filtrent à travers certains prismes d'efficacité d'audience : en France strictement orientés, athlètes français concernés, puis sports à succès, et équipes fameuses, enfin images marquantes. Certains exploits seront donc passés totalement inaperçu de l'amateur de sport qui aura suivi par eux. Exemple caractéristique : le plongeon parfait, une unanimité de 10, la note maximale pour l'un des Chinois en finale masculine de Haut Vol. L'homme n'a pas gagné, on ne l'a pas vu dans les images de types, on garde un seul extrait pour évoquer une médaille, il a raté un peu certain de ses autres sauts, dans un concours où tous étaient excellents, mais voilà il a réussi ce saut de rêve et que personne, sauf qui suivait l'ensemble du concours, n'a vu. 

Le peu de retransmissions télévisuelles que j'ai suivies furent celles d'athlétisme : j'aimais écouter Stéphane Diagana, toujours mesuré, calme et précis. Déterminé aussi quand il convenait de remettre certaines choses au point. Et pas chauvin, capable aussi de ne pas se féliciter d'une décision injuste quand bien même elle favorisait un-e Français-e. Laure Manaudou était aussi agréable à entendre, mais je préférais le bruit de la nage et l'ambiance générale plutôt que les commentaires, même bons. Sans parler de cette manière des journalistes sportifs qui est celle qu'on attend d'eux, mais qui moi me fatigue, de s'exciter à la fin. À part une bouffée de joie à la vue d'un beau but, que je suis la première à émettre lorsque je regarde, j'aime autant qu'on puisse admirer sans crier. Et puis du moins sur les chaînes principales, il reste quand même un vieux fond de petit machisme, ne serait-ce que dans l'inévitable expression qu'une athlète on la dit d'abord belle, on remarque de méritoires efforts mais c'est plus fort qu'eux il faut que ça s'échappe, de même que des réflexions pataudes sur l'intégration ("Ils n'ont pas à s'intégrer, Laurent, ils sont français", d'Arnaud Romera ça faisait du bien à entendre, mais ça aurait été encore mieux qu'il n'ait pas eu lieu d'être), sachant que c'est déjà le résultat d'un effort par rapport à des sommets de beaufitude durant bien des années qui précédaient. Il m'a semblé, lors des résumés, que davantage de femmes commentaient. Bref, en progrès, mais peuvent mieux faire (et ça ne serait pas si compliqué).

Un cas particulier me restera en mémoire car au lieu d'être anecdotique il me semble marquer le début d'un changement générationnel. C'est ce joueur de tennis qui tout occupé à une très médiatique lovestory aura semble-t-il fait preuve d'un certain dilettantisme qui l'a fait virer par sa fédération. Ce qui est intéressant c'est qu'il est resté droit sur sa position qui lui semblait légitime : pour lui les jeux c'est peu d'argent et aucun point à glaner au classement ATP. Comme si l'on demandait à un professionnel de venir rejouer un peu chez les amateurs. Et l'on assiste à la friction de deux conceptions du monde, celle du libéralisme actuel et qui se joue des frontières si ce n'est pour dénicher de meilleurs paradis fiscaux, et une autre avec un sens du geste "gratuit" pour un ensemble de valeurs, une idée de collectif et de nation. Je ne suis pas certaine d'apprécier le patriotisme, je me méfie, et je crois que je peux comprendre que par exemple quelqu'un pour exceller dans un sport où l'on est seul sur le terrain même, ait besoin de s'isoler plutôt que d'être avec les autres regroupés, et puis peut-être qu'il est réellement amoureux, qui sait ? (et je n'ai pas oublié les débuts de l'amour lorsqu'on a soif l'un de l'autre sans en être rassasiés),  et je comprends l'envie de se ménager pour mettre sa propre saison à venir en priorité, seulement en première réaction je ferais plutôt partie de ceux que l'attitude du jeune homme a déçus, d'autant que le séjour des athlètes dépend du contribuable, même si par ricochets, ce qui fait que j'ai un peu l'impression qu'il se paie avec notre argent les vacances qu'on ne s'offre pas. Il n'empêche qu'au delà d'une réaction immédiate que l'on peut avoir, ce sont vraiment deux conceptions antagonistes qui s'affrontent. Ce que l'un estime bien - être efficace et rien qu'efficace, ce que ce monde "moderne" exige - l'autre le juge mauvais - mettre aussi d'autres choses moins rémunératrices en avant, et se penser au service d'un pays, d'un collectif - et vice-versa - il semble que le joueur se soit dit, Mais on m'en demande beaucoup, en échange de quoi ? -. On va peut-être vers une époque où ils seront de plus en plus nombreux comme les Golfeurs absents sous de fallacieux prétextes, ou lui qui a fait un petit tour comme en vacances, et où le côté, collectif, beauté du geste, pays d'appartenance, semblera vieilles coutumes d'un autre âge. Pour l'instant, il fait encore l'unanimité contre lui. Reconnaissons-lui le mérite de la franchise. 
Il me semble que de plus en plus fréquemment et dans différents domaines on assiste non plus à des débats ou des conflits sur nos accords ou désaccords vis-à-vis d'une norme, mais à des remises en cause du fait même que certaines choses en soient. Par exemple pour ce cas il ne cherche pas même à s'opposer au fait qu'avoir l'honneur de représenter son pays dans une discipline aux J.O. exige des sacrifices sur le plan personnel, il ne voit pas pourquoi ça serait un honneur et au nom de quoi on lui demanderait de mettre sa vie personnelle et ses perspectives de progressions professionnelles ultérieures entre parenthèses. Le fait que ça concerne du sport et que ça soit sans conséquences environnementales ou politiques ou guerrières immédiate permet d'y réfléchir en paix. Mais d'autres domaines, hélas, sont touchés. Ce n'est plus une norme qui reconnue comme telle est combattue mais des façons totalement différentes de concevoir le monde qui sont en présence.

Quoi qu'il en soit :

La petite part d'évasion du quotidien que les jeux fournissaient est achevée. Je n'avais pas lâché le collier, bossant même plutôt plus que jamais, mais il faut désormais le reprendre sans faiblir. Les mois à venir sont intéressants mais chargés et pas gagnés. Pour la plupart d'entre nous la vie quotidienne en soi est une forme d'exploit. Et le contexte général n'est pas parti pour aider. 

Gardons précieusement en tête les images de beauté, de travail qui porte ses fruits, de puiser dans les énergies, ça pourrait secourir. 

D'apprendre à relativiser aussi ("C'est pas la fin du monde, ça reste de la piscine." a dit un des nageurs, pas si mal classé mais pas victorieux).

Je voudrais enfin redire combien les boxeurs, dans leur ensemble, victorieux ou non, m'ont fait un bien fou (je ne dois pas être la seule) : un sens du collectif, de leur responsabilité de citoyens, du bonheur de l'entraide, si seulement le reste du monde pouvait être un peu plus à leur image, tout serait plus facile et tellement moins violent. Ils redonnaient foi en un avenir possible. On retient les médailles mais ils étaient tous bons.
(et je me rends bien compte de tout le boulot aussi bien côté clubs, bénévoles, fédération, que pour chaque athlète la rudesse des entraînements et l'extrême persévérance, ça représente)

 

(1) De 2004 en Grèce, je n'ai aucun souvenirs, vide, blanc, rien. C'était l'été où mon père était malade et en fin de vie. 

(2) Seuls souvenirs d'une relative compatibilité emploi - suivre les sports, 2002, coupe du monde de foot, quelques chefs passionnés et d'autres qui sentaient la bonne façon de ne pas démotiver les troupes et donc un système de paris à la bonne franquette et une salle de réunion à disposition pour les matchs de la France et les matchs importants. Sinon j'ai toujours été dans des postes sans internet (aux temps d'avant) ou avec un internet très surveillé et de toutes façons pas le temps de se laisser aller à des coups d'œil pour voir où ça en est.

(3) On aurait pu les croire défavorables avec tant d'épreuves tombant pour la France en pleine nuit. 

(4) Sans doute la plus grosse différence entre regarder de telles retransmissions alors que l'on est encore jeunes et les regarder quand un grand bout de notre vie et nos chances d'améliorer nos conditions financières se sont éc(r)oulées : quelle que soit l'envie qu'on en ait, on ne peut plus se dire, un jour, j'irai.


À notre insu fuyant l'annonce

 

    Il y a donc eu hier un attentat de plus en Turquie, avec un cran supplémentaire dans l'horreur, c'est une noce qui était visée et il semble que le tueur soit un tout jeune, qui se serait fait sauter au milieu des convives. Qu'ajouter de plus directement à ce sujet sinon l'expression de la compassion pour les personnes concernées et pour ce jeune lui même à qui on avait bien enlevé toute capacité de réfléchir. S'il n'avait pas croisé ceux qui l'ont conditionné, s'il n'avait pas été ou ses proches dans une situation de difficultés telles que leurs propos s'en sont trouvés attirants, nimbés d'une vérité, il en serait encore à affronter les difficultés de l'adolescence et les mariés à débuter leur union ?

En revanche je peux peut-être témoigner de la sorte de terrifiante distance qu'on finit par établir, à notre insu, lorsque le monde part en pire, tant que l'on n'est pas ou ponctuellement plus directement concernés. 

Ce n'est absolument pas délibéré mais il y a une part de fatigue. Depuis la tuerie de Nice, plus encore par les déclarations affligeantes de certains politiques qui ont suivie que par l'horreur initiale, que j'avais suivie en direct via les réseaux car j'étais devant mon ordinateur lorsque les premiers touites de personnes sises à proximités des lieux et témoins du mouvement de panique consécutif sont apparus dans ma TL, suivi par une video intelligente sur Periscope d'un gars qui entrevoyait une part de la scène de son balcon et s'efforçait d'en rendre compte avec calme, je me concentrais sur mon travail et l'énergie nécessaire pour tenir. Il y avait les infos du radio-réveil au matin et des moments de parcourir les infos sur les réseaux, par exemple en attendant les bus qui m'y emmenaient, ou m'en ramenaient. Quelques newsletters. Je tiens beaucoup à mon nouveau travail et j'ai bien compris après les ennuis (bancaires) absurdes que j'ai eus en novembre que lorsqu'on n'est pas dans une vie aisée, la plus légitime des périodes d'inattention - comme celle induite par une catastrophe ou un drame collectif qui nous marque, qui nous fait nous sentir concernés -, peut être source d'ennuis certes secondaires en regard de la gravité des événements mais qui compliquent une vie peut-être pas si simple.

C'est peut-être dans un réflexe de tenir bon que je me suis jetée dans le plaisir de suivre les J.O. et cette actualité particulière qu'est le sport de haut niveau. Finalement une manière comme une autre de voir (enfin) des gens exulter et d'autres malheureux mais pour une raison qui ne les mettra pas en danger, ou qui plus tard les verra consolés car ils ont quand même réussi de grandes choses et l'âge venant en deviendront conscients. 

Aujourd'hui je me suis consacrée à ma propre petite pratique sportive, sans au réveil écouter d'infos, puis à suivre la dernière journée de cette session olympique de Rio - le marathon m'intéressait -. C'est par le biais du geste de revendication de l'un des athlètes et par les explications transmises par une amie - via Twitter, là aussi -, que je suis revenue vers le courant de la marche du monde. Et par une réflexion de l'homme qui venait d'écouter, en préparant le dîner, des infos à la radio que j'ai appris l'attentat de Gaziantep. En remontant ma TL, je me suis aperçue que les premières personnes que je connaissais à en parler l'avaient fait treize heures plus tôt. Il était 21h en France quand j'ai effectué cette recherche, ça remontait donc au tout début de la matinée. 

Je crois que c'est la première fois depuis l'avènement des réseaux sociaux et leur côté Infos en temps réel du monde entier que quelque chose de cet ordre survient que j'apprends par ailleurs avec plus de 24 heures de décalage. C'est peut-être présomptueux mais il me semble que je peux faire partie de la moyenne des internautes occidentaux, quelqu'un qui pratique au quotidien mais qui a une vie prenante, et n'est donc pas dans l'addiction. Ce délai a donc peut-être un sens au delà de mon cas particulier - pour lequel peu importe mais c'est celui que j'ai à ma disposition -. 

Ne serions-nous pas en train de nous acclimater au pire, à l'inhumain, et de le tenir à distance relative, afin de ne plus se laisser (trop) dévier de nos vies, tant que c'est encore possible et avant un chaos réellement généralisé ? 

  


Le coureur prophétique

 

    Nous sommes restés un instant à regarder les joueurs de basket. Sur ce spot près du fleuve, fort intelligemment aménagé - les types du genre capo-mafia parfois dans leur mégalomanie ont de bonnes idées, pour de mauvaises raisons mais bonnes, il faut l'avouer -, souvent jouent d'excellents joueurs, je soupçonne même certains d'être d'anciens pros venant pour le plaisir. Un homme lui aussi grand, un peu rasta (une coiffure compliquée sur cheveux gris ce qui me plait, marre de la dictature de la fausseté, de la teinture), est à regarder qui repart en même temps que nous. Les meilleurs n'y sont pas et je viens de comprendre pourquoi, des pompiers arrivent avec un véhicule léger de secours aux blessés et se tiennent auprès d'un homme assis autour duquel certains des bons joueurs faisaient cercle. Il a dû avoir un malaise ou faire une mauvaise chute et les grands ont abandonné leur part de terrain à d'autres qui jouent comme on jouerait. 

Nous nous retrouvons à attendre le vert piéton du feu proche au même moment à l'instant précis où l'homme de la maison me dit, On repart en courant ? Je réponds quelque chose comme C'est comme tu veux, je me sens fatiguée, je dois avouer, et alors l'homme émet une parole d'encouragement, du style Il faut y aller pour profiter du bon, on ne sais jamais de quoi l'avenir sera fait. 

Je ne sais pas comment ils ont fait mais en trois échanges sur un mode amical et plaisant et grave en même temps les deux hommes en étaient à évoquer la fin du monde, ce sur quoi le coureur a conclu : 

Comme on dit chez moi, le malheur ne prévient pas, profitons-en maintenant, et le feu étant vert pour nous trois sur un salut il s'est élancé dans sa direction et nous dans la nôtre.

Une pluie s'annonçait (1), alors que mon partenaire constatait Il n'a pas tort (ou : C'est assez vrai) je songeais aux fois où j'avais été terrassée par un coup dur inattendu, souvent à des moments où l'on avait besoin de soutien, et à d'autres où comme ces nuages annoncent la pluie, au fond, on sait à quoi s'attendre.

Pour l'état de la planète qui héberge l'humanité, on ne pourra pas dire que l'on ne savait pas.

En attendant j'aimerais bien qu'on le recroise une autre fois, ce coureur avait l'air sympa (2).

 

(1) qui a eu l'extrême courtoisie d'attendre que nous fusions rentrés. Schadenfreude de la voir tomber alors que je suis dans ma cuisine et que j'écris. 

(2) C'est souvent qu'on se retrouve lors de nos entraînements de coureurs du dimanche que je sois seule ou que nous soyons deux, à échanger quelques mots avec des personnes croisées. Est-ce que le fait que nous soyons vêtus comme des coureurs peu fortunés inspire confiance ? Est-ce parce que nous courons le dimanche, jour qui reste quand même plus détendu ? Est-ce parce que l'effort relativement lent (enfin surtout moi) nous rend détendus, souriants, et que cette tranquillité est communicative ?


Tellement c'est mieux sang, j'y pensais même plus


    C'est une nageuse chinoise, Fu Yuanhui, qui en expliquant simplement qu'elle n'était pas au mieux de sa forme lors des finales parce qu'elle avait ses règles, a porté la question sur la place publique, et je pense que c'est franchement bien. Rien qu'en étant une sportive amateure ou plus simplement en menant une vie quotidienne classique on peut s'en trouver gênées, y compris pour qui n'a pas de syndromes menstruels compliqués, il est bon qu'enfin on puisse avouer que certains jours malgré nous ça n'est pas tout à fait ça.

Après, il paraît que ça peut être un atout dans certains sports, ce que j'ai du mal à croire, n'ayant pour ma part pas connu l'aspect "sautes d'humeur", ou uniquement la part, déprime de fatigue (et vraiment dans ce sens : le fait d'être encore plus fatiguée qu'à l'ordinaire et donc peu capable de faire ce qui était devant être fait induisant un découragement, un sentiment d'injustice aussi). Et puis, dans les jours suivants on peut bénéficier d'un regain d'énergie, comme toute personne qui sort d'avoir été moins bien (ça le fait aussi après un rhume, ou n'importe quelle bricole de santé qui met patraque mais pas totalement hors jeu). 

Il n'empêche qu'aux jours mêmes ou aux 24 heures avant, il y a ce "moins bien", un manque d'allant certain. Et je crois bien que c'est général, que peu de femmes y échappent.

À titre personnel je suis reconnaissante envers cette jeune femme de m'avoir fait prendre consciente d'à quel point c'est un soulagement quand vient la fin de ces temps rythmés plus ou moins irrégulièrement par des tracas de saignements. J'en suis sortie depuis deux ans et c'est devenu si agréable si vite (malgré une sorte de rechute après le 7 janvier 2015, le corps lui-même était déboussolé) de n'avoir plus à se préoccuper de ça du tout et d'être soi-même au fil du temps sans oscillations périodiques, que j'avais complètement oublié tout ça, le côté matériel (devoir se pourvoir en protections (1)), les moments de déceptions - on aimerait tellement pouvoir être au mieux de sa forme, au moment de tels examens, telles compétitions, telles retrouvailles et vlan ça tombe à ces jours précis -, ceux d'inquiétudes quand du retard imprévu survient (2). Et que le mieux ressenti, malgré pas mal de fatigues dues à un job trop exigeant pour moi physiquement, était tel que de nouvelles ambitions sportives m'avaient saisies et très sérieusement, que je compte pouvoir concrétiser prochainement. Que le temps (tic-tac), lui aussi, paraît plus grand, qui n'est plus morcelés en jours avec et jours sans, chaque période d'insouciance et de ventre sans douleur n'étant plus le répit avant un nouveau lot de cinq jours d'amoindrissement. Le "en forme" est devenu l'état permanent, sauf problème (autres et inattendus). Le "pas en forme" ayant disparu des prévisions, des obligations de se préparer mentalement à devoir accomplir telle ou telle chose malgré la gêne. Et je parle en temps que privilégiée qui déjà n'avait pas trop à se plaindre de conséquences réellement invalidantes. Je ne peux qu'imaginer l'ampleur du soulagement pour mes consœurs qui souffrent ou ont souffert chaque mois pendant toute la durée de leur fertilité.

Grand merci donc à Fu Yuanhui et pour les femmes encore jeunes qui grâce à sa déclaration se sentent moins seules à se être régulièrement amoindries et pour celles de mon âge ou plus grand qui grâce à elle prennent conscience d'à quel point, c'est vrai, on se sent mieux ... sans ce sang.

 

 

(1) Il paraît que les coupelles sont une bonne solution, c'était déjà un peu tard pour moi pour m'y mettre alors que je trouvais déjà les progrès effectués depuis mon adolescence en solutions jetables déjà remarquables. Du coup jusqu'au bout j'aurais connu la corvée de devoir faire au bon moment les courses qu'il fallait.
(2) Pour ma part j'ai peu connu, je suis de la génération qui est devenue femme alors que la contraception était légale et répandue et que même dans un milieu non favorisé à demi immigré on pouvait sans problème demander à aller voir un médecin qui pouvait conseiller. C'était avant le Sida, le préservatif ne faisait plus guère partie de la panoplie. Et le fait que l'avortement soit légal et possible offrait soudain à toutes un filet de sécurité. Des cousines et des sœurs aînées étaient là pour nous confier et nous faire prendre conscience d'à quel point c'était une chance et une sécurité. Pour la plupart d'entre nous, il était peu possible de savoir si nous étions des enfants subis ou souhaités, ce confort rassurant qu'ont pu connaître les générations d'après, même si c'est semble-t-il redevenu compliqué.


L'Instant de Poésie du Samedi - IPSA 1


    Comme ça m'énerve ces rêves qui s'évanouissent peu après le réveil alors qu'on croyait s'en souvenir et qu'on le souhaitait (certains de mes rêves me font bien marrer, d'autres m'apprennent des choses que je n'avais pas comprises ...), je tente de prendre des notes. Depuis que j'ai un chouette téléfonino, je tente de les prendre avec, ça horodate et c'est parfois surprenant - au matin on croit avoir dormi d'un bloc on s'aperçoit qu'à 2h38 notre cerveau s'amusait à nous faire vivre la vie sexuelle dont la journée nous laisse privé-e-s, ou à inventer de nouveaux modes de transports qui rangent la transplanation d'Harry Potter au rang de vieux procédés - et puis avec l'autocorrect et ses suggestions que l'on est trop endormis pour re-corriger, ça donne au réveil des rigolades de poésie involontaire réussie.

Ainsi donc cette nuit :

Chez le vice-consul qui jouait divinement du violon, ma cousine Claire, mon cousin Vincent et leurs enfants autres qu'en vrai et tous minots dont un petit tout vif argent un peu le genre de Noé (1).
Nous repartons mardi il faut qu'on se voie avant.

Je pense qu'en retravaillant un brin, ça ferait un poème. Ce que les notes ne disent pas mais dont je me souviens grâce à elles c'est que le début était une mise en images, comme une adaptation du début du Ravissement [de Lol V. Stein]. Si je rêve des films que je ferais de tous les livres que je lis, je n'ai pas fini. Pas étonnant que je dorme tant.

Autre bouffée de poésie, cette fois-ci scientifique, grâce @Kozlika et @Nasiviru qui ont relancé le lien jusqu'à moi, ce montage formidable de Josh Worth qui permet de prendre conscience de certaines choses :

If the moon were only one pixel

Prenez le temps de scrowler si vous le pouvez. It's worth it

 

(1) Il ne s'agit pas de l'ami Noé C. mais d'un jeune Noé à présent perdu de vu par ricochets et que j'ai connu encore gamin. Il est adulte à présent. Probablement étudiant.


Un été olympique (suite)

 

    Je continue de suivre les J.O. en m'efforçant de ne pas trop prendre de nostalgie de 2012 au passage, lorsque je les suivais avec de nombreux échanges, dans la perspective aussi d'une magnifique rentrée (à la librairie de beaux livres prévus (1) et bien des dédicaces dont une qui me tenait particulièrement à cœur. Personne n'était malade, personne n'était au chômage, on pouvait même avoir l'illusion que le nouveau gouvernement serait respectueux des petites gens et vu de maintenant ça ressemble à une période de prospérité "d'avant-guerre" (2). 

De ce temps m'est revenu, le plaisir des diffusions sans commentaires - sauf pour l'athlétisme où je mets parfois les chaînes générales parce que j'apprécie beaucoup les explications calmes et intelligentes de Stéphane Diagana -, le bonheur d'un travail que j'aime (3) ce qui permet lors des moments de respiration (comme regarder une retransmission) de n'être pas parasitée par des tourments, d'observer en y pensant vraiment.

Souvent je ne regarde pas seule et c'est encore mieux. Souvent après la journée de travail je m'endors tout en admirant.

Et puis au matin, le résumé de France 3, dont je trouve le ton agaçant et trop axé sur les seuls exploits français - mais ça doit être mon côté vieille école, j'en suis consciente -, et regrette l'horaire (7 à 8 serait mieux pour ceux qui vont au boulot, plutôt que 8 à 9 ; seulement j'imagine qu'il faut du temps pour le préparer) mais apprécie les sélections.

Celui de ce matin présentant plus d'une occasion de se réjouir, de vraies "jambes interminables" (celles-ci légitimes ;-) ) vers 20'33", une belle entraide juste après, quelques formidables déclaration de boxeurs et boxeuses (4), plus loin un plongeon parfait.

C'est aussi l'occasion de rire, même si c'est moyennement charitable pour les protagonistes, comme cette barre du saut en hauteur qui pour Grabarz tombe à retardement - on croirait un gag de film, sur le résumé c'est à 12'40" -, ou un touite qui m'a fait rire, Capture d’écran 2016-08-17 à 12.07.34 même si j'en ai honte 

et que c'est pour tout un lot de mauvaises raisons (le côté l'hôpital qui se moque non seulement de la charité mais de lui-même, par exemple).

Après comme dans toutes activités humaines, il y a des magouilles, des mochetés, des injustices et des déceptions. Mais la teneur en beautés, en moments de grâce et en stupéfactions reste exceptionnelle.

Encore quelques jours de rêves et il faudra reprendre le collier. L'année 2016/2017 s'annonce musclée.

 

(1) Cette année aussi je ne veux pas dire, mais cette année-là avait été un grand cru, et les amis présents.
(2) Mais je n'ai pas perdu la mémoire, ça n'était ni calme ni prospère, c'était simplement pas encore bien pire.

(3) Quand tu penses qu'il t'aura fallu une olympiade à un an près pour sortir de l'ornière, non sans soutiens, et non sans prendre des risques. Merci encore aux amis.  

(4) S'ils savaient comme dans le contexte actuelle leur solidarité, leur sens du collectif, leurs propos de fraternité font du bien. Et une bonne combativité dont ils font preuve. Toute violence canalisée par le sport, ils font rêver d'un monde de respect. J'espère qu'il n'y aura pas de déception(s).


Plus tard nous nous demanderons

 

    Plus tard nous nous demanderons comment nous avons pu ainsi nous laisser voler d'une part devenue si importante de notre vie privée, comment nous n'avions pas vu ce hold-up généralisé.

Quelques éléments de réponses sont donnés ici : 

Internet, applis mobiles : Tenons-nous encore à nos données ?

Et grand merci à Adrienne Charmet Alix qui explique les choses avec tant de clarté (et de détermination)


Impressions olympiques


     Capture d’écran 2016-08-09 à 01.12.34Depuis que j'ai retrouvé comme en 2012 un canal pour voir des retransmissions à la carte et sans commentaires ni réclames, je me régale de J.O. 

Ça tombe bien, le travail à temps plein, finalement assez intense car il y a des clients au lieu de l'étiage qu'on me prévoyait, et pas mal de boulot déjà sur les commandes scolaires même si je n'interviens qu'en complément, suffit à pomper toute l'énergie que j'ai. Ce qui fait qu'en rentrant ou comme ce week-end je ne pourrais pas ou peu écrire. 

Par ailleurs je sors de la lecture d'un roman très prenant, qui m'a touchée (1) et je peine à enchaîner sur autre chose qui forcément me semblerait décevant.

Alors je regarde le sport, me réjouis de voir de si beaux gestes, des instants de grâce (ah les Chinois et Chinoises en plongeon synchronisé), leur exultation pour ceux qui l'emportent. Ça fait du bien d'oublier un moment la pente fatale qui semble entraîner le monde, les violences et les horreurs. 

J'avoue que je ne savoure pas sans arrière-pensées, les menaces sont pesantes et je suis assez âgée pour conserver des souvenirs d'enfance de 1972, alors étant donné le contexte actuel je me dis qu'il faut profiter de chaque jour passé sans drame ni tourment.

Ces retransmissions en sons réels permettent de jouer à rêver d'être sur place, dans le public mais bien placé ; de voir aux temps d'interstice des détails techniques ou touchants (oh le geste de la gymnaste chinoise qui a délicatement remis en place la queue de cheval de sa coéquipière que la médaille coinçait), de mieux comprendre (par soi-même) que lorsqu'on nous assène des explications.

Le public c'est le seul regret : il semble composé uniquement de supporters de l'un ou l'autre athlète ou équipe qui ont fait le déplacement. Les places ont dû être vendues à des prix prohibitifs. Le peuple n'y est pas. Ou alors un peu, à la marge, par exemple sur le bord des routes du cyclisme sur routes, quoi qu'assez clairsemé. 

La peine de ceux qui perdent ne me laisse pas indifférente, je crois savoir ce que c'est que de se donner du mal pendant des années pour quelque chose ou quelqu'un et que soudain tout se résume à plus rien. Reste le parcours et d'avoir quand même atteint le niveau qui permettait de prétendre à ce qu'on croyait possible.

Et puis j'apprécie tout mieux que je ne l'aurais fait plus jeune et je sais bien pourquoi : au fil de la vie, j'ai à peu près tout essayé des sports qui me rendaient curieuse - bon allez, pas le saut à la perche, et des sports de combats seulement le karaté -. Mais j'ai pratiqué un peu d'équitation, j'ai aussi sauté (plongé, même pas, trop difficile pour moi de si haut) d'un tremplin élevé (2), essayé tous les sports de balles ou ballons. Bref, je regarde désormais comme quelqu'un qui sait quels miracles se cachent derrière l'apparence de facilité de ces athlètes de haut niveaux. Et puis ceux qui concourent ont désormais l'âge de mes enfants. Peut-être que ça rend à mes yeux leurs exploits encore plus émouvants que lorsqu'ils auraient pu être mes cousines ou mes frères aînés, puis mes copains de classe, plus tard d'éventuels frères ou sœurs plus jeunes et à un moment donné d'éventuels amis ou petits-cousins plus jeunes. 

J'espère que des olympiades existeront encore dans un monde pas trop cassé lorsque les concourants seront en âge d'être mes petits-enfants et que je serai encore là pour admirer et pleurer de beauté devant certains gestes parfaits.

 

(1) "Vie prolongée d'Arthur Rimbaud" par Thierry Beinstingel
(2) du temps où la piscine municipale possédait une fosse et des plongeoirs