La canicule fait-elle pleurer (ou bien est-ce la rentrée) ?
La crise du logement

La vie dans la ville, à présent repeuplée

 

20160830_095726

L'inquiétude pour la personne la plus proche de quelqu'un que j'aime beaucoup et le fait qu'il n'y ait rien que je puisse faire, car ils ne sont pas à Paris, saisis par le sort pendant leurs vacances, m'empêche d'écrire dans ma tête en marchant. Ce qui fait qu'à nouveau je regarde et surtout écoute le monde - en temps normal je regarde, mais avec un œil à photos, c'est différent -.

Alors je remarque les gens qui pleurent (1), et d'autres choses aussi. 

Cet homme qui jouait de l'oud sur la ligne 9 et qui a commencé à discuter avec un autre plus âgé qui lui avait fait signe, lequel a emprunté l'instrument pour jouer comme un Django Reinhardt dont la guitare eût été celle-ci.

Cette petite fille si vive et à l'aise dans le métro, que l'adulte qui l'accompagnait (sa tante ?) tentait de satisfaire (répondre à ses questions, ses sollicitations) tout en la canalisant. 

Cette bande de jeunes des bizuths d'une classe prépa HX4 chantaient-ils sur tout les tons en gare Satin Lazare, jolies calottes (quel lycée ?), tee-shirts ou blouses crayonnées, et cet entrain factice, le même que les enterrements de vie de jeune fille ou de garçon. En fait ces moments où ceux qui sont privilégiés d'une façon ou d'une autre s'efforcent de retrouver une solidarité qu'on voudrait joyeuse en singeant le bonheur ou l'épreuve traversée qui resserre les liens. Mais jamais ça ne le fera comme qui accomplit des choses difficiles et y survit par l'entraide. 
L'autre chose marquante était la parfaite indifférence des passants, foule rentrée de congés, déjà prise par le rythme infernal du labeur et des transitions domicile - lieu de travail par des transports en commun redevenus pleins. Savaient-ils de quoi il s'agissait ?

Des vélos, toujours plus nombreux - heureuse de voir que ce mode de transport gagne du terrain -, toujours plus allégés (pour les récents modèles) (cf. photo).

Une jeune femme en chaussures compensées assez hautes, qui court, tombe sur les quelques marches finales d'un escalier qui dans cette même gare mène au dehors, émet juste un son (Ouch) douleur et surprise mêlée et se relève presque en rebondissant telle une Simone Biles du quotidien. Elle s'éloigne en courant comme si rien ne s'était produit, alors que simple spectatrice de sa chute, brutale,  dos sur la tranche d'une marche, j'ai eu mal pour elle. 

20160830_093152

Le touriste étranger (il en reste), qui s'apprêtait sur le long escalier roulant Bibliothèque François Mitterrand, entrée-sortie de la ligne 14, à passer à côté de sa compagne dûment arrêtée, surpris par une personne qui filait à gauche comme à Paris on fait lorsqu'on n'est ni handicapé ni chargé et qu'on n'a pas l'intention de passer quinze minutes par jour sur les escaliers. Il s'excuse, et se décale, mais alors que la personne est déjà éloignée, je vois son geste, sa mimique d'incompréhension dépréciative à l'attention de celle qui l'accompagne, tel Obélix disant "Ils sont fous ces Romains".

L'inquiétude ne se laisse pas distraire pour autant, qui hier au soir m'a fait manquer ma station, ce qui ne m'était pas arrivé (2) pour autre chose que des lectures, depuis bien avant la fin du siècle dernier. 

Que peut-on faire pour aider lorsqu'on ne peut pas aider ?

De toute son énergie retrouvée, stimulante, repeuplée, la ville incite à vivre, à ne pas renoncer.

 

(1) Depuis hier je pose à mes interlocuteurs la question : vous croisez souvent dans Paris des adultes en larmes ? (hors attentats). Car je me demande si c'est moi qui d'ordinaire ne les remarque pas ou si j'ai effectivement croisés bizarrement dans les mêmes 24h plusieurs cas (rares).

(2) Et n'était pas grave : 1/ Je rentrais et n'avais aucun horaire précis à respecter
2/ Le réseau des transports dans Paris est suffisamment dense pour offrir des solutions de rattrapage à une correspondance manquée.

Commentaires