Et si on s'accordait une once de fierté ?
La fin d'une certaine correction

Une journée si normale (ça surprend)


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Ç'aura donc été une journée normale, une journée parfaitement normale, si parfaitement normale que c'en était troublant. Presque un peu perturbant. 

Le fait est qu'après tant d'années de difficultés diverses et variées, de chagrins enchaînés, et d'une vie sociale très active (heureusement), sur fond d'air du temps guerrier et violent, qu'il n'y ait rien de spécial, que les choses suivent leur cours, qu'on puisse faire paisiblement ce que l'on a à faire, qu'on puisse même en fin de journée s'accorder du bon temps, un repas dans une bonne crêperie, un bon film au cinéma Paradiso de là-haut (1), qu'on n'ait plus (du moins pour quelques temps, après ça risque de repartir de plus belle mais en pire) à craindre un appel de la banque, ni le coût de travaux nécessaires, qu'il n'y ait pas eu (que je sache) dans le pays ou ses voisins de nouvel attentat, ça laisse presque désemparé, habitués que l'on est à lutter. 

C'est au point que je me demande si une mauvaise nouvelle n'aurait pas tout simplement oublié de me parvenir.

Par là-dessus il y a même eu un moment de grâce à la librairie, lorsque ce sont succédés malgré l'étiage, quatre bons lecteurs, tous repartis avec des ouvrages que j'étais fière et heureuse de pouvoir leur fournir.

Et le fiston a procédé au remplacement que la Machin-Box fournie par notre opérateur qui souhaitait qu'on en change pour je ne sais quelle raison. Non seulement il n'y a pas eu plein de réglages à faire (ou alors c'est qu'il les a tous faits), mais la connexion est en forme olympique, ce qui tombe à point nommé.

Et last but not least, la pluie qui est tombée en tout début de matinée s'est interrompue exactement à l'heure à laquelle je devais partir travailler (en vélo). Et j'étais en forme, pas en pleine forme, c'est un état que je connais peu mais sans somnolence ni coup de fatigue, ni besoin de faire la sieste.

Je m'aperçois que je suis tellement accoutumée aux journées à l'arrache, même si à présent côté boulot ça va, que je suis désemparée lorsque tout est fluide et calme, lorsque tout va. Lorsque quelqu'un est disponible et là et qui me veut du bien. Lorsqu'il n'y a aucune échéance urgente à tenir, ne serait-ce qu'un courrier administratif. 

Et puis il se confirme que j'éprouve un réel plaisir à servir de courroie de transmission pour les livres de Florence Aubenas, se dire It was worth it, ainsi qu'à ceux de #lancienneamie dont je me sens complètement guérie. Après tout je suis devenue libraire, comme elle l'avait prédit. Et je peux à nouveau croire que ce n'est qu'un début. Keep calm and work hard.

Vais-je m'accoutumer à la normalité ou y aura-t-il à nouveau des turbulences, des fracas, qui réenclencheront le mode combattante du quotidien ? Je reste troublée par cette sensation que j'éprouve de bleu du ciel après les pires orages et d'horizon dégagé alors qu'il ne l'avait jamais, au fond, été.

 

(1) Un des premiers Xavier Dolan qu'enfin je découvrais. Impressionnée. Maestria. En plus que cette histoire ["Les amours imaginaires"] d'un enjôleur de première qui semblait aimer mais en fait pas, m'a rappelé bien des choses. Je suis restée très jeune jusqu'à vraiment très tard.

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