Pour Marion Bartoli
10 juillet 2016
Le tennis n'est plus pour moi qu'un lointain souvenir - j'ai arrêté il y a vingt-sept ans pour cause de bébé en route puis de baby-sitting et de location de cours trop chers et ensuite la vie a été trop remplie - et de fait je ne suis même plus de matchs retransmis. Il n'en demeure pas moins que je suis encore apte à reconnaître des exploits et à en être admirative.
Ce fut le cas il y a trois ans de cela, alors que Marion Bartoli remportait Wimbledon, et qu'en plus elle était moquée tout simplement d'être une femme normale, avec ses rondeurs naturelles. Ces jours-ci on parle à nouveau d'elle, sa taille mannequin que certains ont admirés, n'était que le signe d'un problème de santé (1). Pour avoir souffert d'une mononucléose dans ma prime jeunesse, je peux croire à la possibilité d'un virus ravageur. Et une fois de plus j'admire son cran face à l'adversité.
Nous ne vivons pas ou plus dans le même monde - comment pourrait-elle imaginer des fins de mois où l'on s'efforce de moins respirer de peur d'être facturés -, vingt ans d'âge nous séparent, et pourtant je ressens quelque chose de l'ordre de la compassion et de la solidarité. Peut-être aussi parce qu'un tel état me rappelle les deuils les plus graves ou les chagrins d'amour quand celui-là fut grand (2). J'ai des souvenirs de devoir fractionner mes repas, de fièvres nocturnes, de claquer des temps y compris par beau temps, d'avoir probablement une allure de camée en manque - alors que c'était quelqu'un qui manquait -.
Les sportifs de haut niveau font violence à leur corps, on leur impose plus ou moins pas mal de choses dangereuses aux effets long terme méconnus. Le tennis y ajoute des déplacements incessants, je ne crois pas qu'encaisser des décalages horaires à longueurs d'années soit bon pour la santé, même si la carcasse peut faire semblant de s'habituer.
Puissent des médecins trouver l'origine de son mal. Puisse-t-il être curable. Puisse-t-elle retrouver la santé.
(Et j'en veux encore plus aux imbéciles qui la moquaient).
(1) L'interview entière est là.
(2) Ça rappelle aussi les conséquences d'une irradiation.