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Marilyn lisait


    C'est curieux, alors que je ne peux m'empêcher de me sentir "dans l'autre camp" face aux femmes trophées, non pas tant de n'en avoir rien du physique à la base - de nos jours tout peut être recréé -, mais de n'en avoir rien à carrer de correspondre à ce qui fait rêver les hommes. Il doit quand même bien en exister d'intelligents qui font passer les affinités avant les apparences, je refuse encore de croire que pour tous les hommes (hétérosexuels) les femmes ne sont qu'une sorte de gibier qui saurait parler, alors que je me sens par certains côtés proche de Simone Signoret, que j'ai toujours été en colère de la façon dont Rita Hayworth avait été traitée, j'ai toujours éprouvé pour Marilyn une forme d'empathie, de regret, de respect. Il y avait quelqu'un sous le grimage qui lui avait ouvert la voie du grand succès, mais aussi l'emprisonnait. 

Je savais depuis longtemps qu'elle était lectrice. Je ne sais plus comment, si ça tombe c'était dans une interview d'Arthur Miller sur laquelle j'étais tombée en cherchant quelque chose au sujet d'Henry, mon voisin des temps anciens. Et puis il y avait eu un bel ouvrage édité par Bernard Comment et qui parlait fort bien d'elle

Bref, Marilyn qui lit, je savais. 

Pour autant les photos que partagent Anne Savelli pour l'un de ses travaux en cours m'espantent, me stupéfient. Tant et tant et tant d'images dans lesquelles Marilyn lit. Et certaines si belles, presque naturelles, sans trop de fards, ni trop posées - ou alors c'est du très grand art en mode faire semblant d'un instantané sur le vif -. Je me régale de ces partages en attendant avec une légère impatience qui grandit, l'heure de découvrir le travail issu de cette documentation.

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La fin d'une certaine correction


    Bel article transmis par Anne que je remercie sur les difficultés de la profession de correcteurs, en voie de disparition (je le savais, et le constate chaque jour dans mes lectures de libraires) même chez les plus réputées des maisons d'éditions (je l'ignorais, croyant encore qu'elles tenaient à maintenir leur qualité). 

Je suis la première à avoir une orthographe parfois incertaine surtout par ici où le manque de temps me fait le plus souvent jeter des billets sans aucune relecture : il y a un RER à attraper, un bus à ne pas râter, un départ à ne pas différer sous peine d'arriver en retard au travail, ou c'est la fin de ma pause déjeuner et je dois vite reprendre le collier. Je suis également favorable à l'évolution du langage. Une langue figée meurt peu après. Mais je sais que c'est important dans les écrits officiels, qu'ils maintiennent au moins un niveau de référence. 

Édouard Launet conduit le raisonnement jusqu'au bout : "La suppression progressive de la correction et de la préparation de copie dans le monde numérique comme sur le papier, c’est une accumulation de petites violences faites aux lecteurs, de microbarbaries en apparence anodines mais qui, en se multipliant, font du langage un véhicule plus incertain, charriant des idées imprécises. Et à terme une démocratie approximative?" et je crains fort qu'il n'ait pas tort.


Une journée si normale (ça surprend)


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Ç'aura donc été une journée normale, une journée parfaitement normale, si parfaitement normale que c'en était troublant. Presque un peu perturbant. 

Le fait est qu'après tant d'années de difficultés diverses et variées, de chagrins enchaînés, et d'une vie sociale très active (heureusement), sur fond d'air du temps guerrier et violent, qu'il n'y ait rien de spécial, que les choses suivent leur cours, qu'on puisse faire paisiblement ce que l'on a à faire, qu'on puisse même en fin de journée s'accorder du bon temps, un repas dans une bonne crêperie, un bon film au cinéma Paradiso de là-haut (1), qu'on n'ait plus (du moins pour quelques temps, après ça risque de repartir de plus belle mais en pire) à craindre un appel de la banque, ni le coût de travaux nécessaires, qu'il n'y ait pas eu (que je sache) dans le pays ou ses voisins de nouvel attentat, ça laisse presque désemparé, habitués que l'on est à lutter. 

C'est au point que je me demande si une mauvaise nouvelle n'aurait pas tout simplement oublié de me parvenir.

Par là-dessus il y a même eu un moment de grâce à la librairie, lorsque ce sont succédés malgré l'étiage, quatre bons lecteurs, tous repartis avec des ouvrages que j'étais fière et heureuse de pouvoir leur fournir.

Et le fiston a procédé au remplacement que la Machin-Box fournie par notre opérateur qui souhaitait qu'on en change pour je ne sais quelle raison. Non seulement il n'y a pas eu plein de réglages à faire (ou alors c'est qu'il les a tous faits), mais la connexion est en forme olympique, ce qui tombe à point nommé.

Et last but not least, la pluie qui est tombée en tout début de matinée s'est interrompue exactement à l'heure à laquelle je devais partir travailler (en vélo). Et j'étais en forme, pas en pleine forme, c'est un état que je connais peu mais sans somnolence ni coup de fatigue, ni besoin de faire la sieste.

Je m'aperçois que je suis tellement accoutumée aux journées à l'arrache, même si à présent côté boulot ça va, que je suis désemparée lorsque tout est fluide et calme, lorsque tout va. Lorsque quelqu'un est disponible et là et qui me veut du bien. Lorsqu'il n'y a aucune échéance urgente à tenir, ne serait-ce qu'un courrier administratif. 

Et puis il se confirme que j'éprouve un réel plaisir à servir de courroie de transmission pour les livres de Florence Aubenas, se dire It was worth it, ainsi qu'à ceux de #lancienneamie dont je me sens complètement guérie. Après tout je suis devenue libraire, comme elle l'avait prédit. Et je peux à nouveau croire que ce n'est qu'un début. Keep calm and work hard.

Vais-je m'accoutumer à la normalité ou y aura-t-il à nouveau des turbulences, des fracas, qui réenclencheront le mode combattante du quotidien ? Je reste troublée par cette sensation que j'éprouve de bleu du ciel après les pires orages et d'horizon dégagé alors qu'il ne l'avait jamais, au fond, été.

 

(1) Un des premiers Xavier Dolan qu'enfin je découvrais. Impressionnée. Maestria. En plus que cette histoire ["Les amours imaginaires"] d'un enjôleur de première qui semblait aimer mais en fait pas, m'a rappelé bien des choses. Je suis restée très jeune jusqu'à vraiment très tard.


Et si on s'accordait une once de fierté ?

En rentrant du boulot, en cherchant tout autre chose, je tombe sur le témoignage "du gars en vélo", un de ceux qui a tenté à Nice d'arrêter le camion qui fonçait sur la foule :

Puis j'ai lu un article qui mentionnait l'homme en scooter et un autre qui n'a pas pu rejoindre le camion mais a aussi essayé (et a sauvé des tirs un passant).

Je sais que je ne sais pas comment en cas d'urgence je réagirai. On ne peut pas savoir, à moins de faire ou d'avoir fait parti d'un groupe particulier, entraîné, comment notre corps va réagir. Une des réactions possible est la sidération, la transmission qui du cerveau aux muscles ne s'effectue plus. Ce n'est même pas une question d'avoir peur ou pas. Ça se situe au delà.

Alors ceux qui plutôt que de penser à se mettre à l'abri parviennent à avoir des réactions de préservation d'autrui, au risque de leur propre vie, chapeau bas. 

En écoutant cet homme qui explique simplement ce qu'il a vu, compris et tenté de faire, comme s'il était lui-même surpris, m'est revenu qu'à Saint Étienne du Rouvray c'est une religieuse, qui est parvenue à s'enfuit et a donné l'alarme - le bilan aurait pu être pire sans l'intervention rapide de la BRI -, que dans le Thalys l'an passé, des passagers ont réagi suffisamment nombreux pour avoir raison du type qui voulait tuer, qu'au Bataclan il y a eu plusieurs témoignages parlant de ceux qui ont aidée les autres à s'enfuir, ou à rester calmes - je revois cette image d'une silhouette secourant une femme suspendue à une fenêtre -, d'autres récits tant aux terrasses des cafés en novembre 2015, qu'à Nice de personnes ayant le réflexe de protéger les autres, de s'interposer - quitte à en mourir -. Et les imprimeurs qui ont survécu à la présence des frères assassins - celui qui a protégé son employé, celui qui a su rester silencieux et parfaitement lucide -, et le gars qui à l'hyper casher était parvenu à faire sortir des gens. Il y a une jeune femme aussi, Aurélie Châtelain, morte assassinée alors qu'elle tentait de résister à un homme dit "radicalisé" et qui l'a probablement empêché de s'en prendre à d'autres.

Je n'ai pas suivi tout, simplement lu des articles, je me dis que si je cherchais je trouverais encore plus d'exemples.

Et si ces fous furieux au lieu de nous diviser nous faisait prendre conscience d'à quel point nous sommes parvenus collectivement à un niveau de courage et d'intelligence qui fait qu'à chaque fois il y a parmi nous plusieurs personnes capables plutôt que de l'écraser, de tenter de leur mettre au moins des bâtons dans les roues ?

Ce qui est plus particulièrement frappant dans le cas de Nice, c'est que les trois qui ont tenté t'intervenir n'étaient pas ou plus menacés, ils ont vraiment tenté le tout pour le tout pour les autres.

C'est ça que les terroristes tentent de détruire, le niveau de civilisation et d'altruisme que nous avons atteint, si imparfait que soit notre système de société. Puisque chaque homme ou femme mal dans sa peau et apte à la violence peut déclarer qu'il fait allégeance à l'EI et commettre n'importe quel crime, il y aura inévitablement d'autres attentats (1). Seulement si à chaque fois on parvient, certains d'entre nous parviennent, à faire bloc, à tenter de faire front, au bout du compte on l'emportera.

Et en attendant je crois que l'on pourrait peut-être, collectivement, s'accorder une once de fierté, que ça ne serait pas si déplacé.

 

(1) Au risque que comme vendredi passé à Münich un type qui se prenait pour un nouveau Breivik soit confondu un temps avec un djihadiste, alors qu'il agissait plutôt par racisme d'extrême droite. 

 


Il y a quand même une force en nous (citoyens de la vieille Europe ?)

 

    Quelque chose me saute aux yeux alors que de retour d'une solide journée de boulot après une nuit trop courte (travail domestique administratif), je lis atterrée, les traces de notre monde violent et désemparé. 

À chacun des massacres, des attentats, des tentatives (comme sur le Thalys l'an passé), des personnes ont des réactions surprenantes. Confrontées au pire, elles ont fait front, au lieu de se planquer - ce que personnellement je ne suis pas même certaine d'avoir le réflexe de faire, je n'exclus pas de rester sidérée à me dire que peut-être je fais un cauchemar mais que je suis dans mon lit en fait -, elles ont tenté de contre attaquer ou au moins de sauver d'autres personnes. 

Je suis trop fatiguée pour retrouver les liens mais une soignante niçoise signalait des personnes souvent des jeunes qui ont aidée d'autres personnes paniqués ou choquées - je me souviens de la mention d'une adolescente qui a aidé un enfant, perdant de vue ceux qui étaient avec elle -, un article au sujet de la tuerie de Münich mentionnait un frère qui s'est interposé pour sauver sa sœur, et ce soir il y a cette pétition pour demander que soient mis à l'honneur trois des personnes qui ont eu cette force d'essayer de faire quelque chose tout en étant probablement conscients qu'ils risquaient d'y passer.

Tant qu'on est une civilisation, si imparfaite soit-elle, qui permette que parmi une foule quelconque il existe quelques exemplaires capables d'un courage altruiste, quand bien même improductif, nous n'avons pas tout perdu.

Dans un ordre d'idée secondaire, admiration pour la ou les personnes en charge de la communication de la police de Münich qui hier soir sur twitter on été impressionnantes d'efficacité, de décence, d'intelligence et de précision. Là on se dit que les moyens modernes de communication peuvent être utiles, vraiment.

Bref, parfois on espère encore de façon fragile et ténue, parvenir à se sortir de la catastrophe à venir par l'intelligence collective. #parfois 

(mais on pressent que ça ne sera qu'une illusion transitoire #probablement ; les bruits de bottes sont trop véhéments et on sent une envie d'en découdre venue du fond des temps)


Recherche de contrat en alternance

Le fiston a donc en juin réussi son DUT de réseaux et télécommunications.

Il a été pris à une formation d’ingénieur en Informatique et Réseau (Sup Galilée en Île de France, liée à CFA Sup 2000 ) en alternance mais il lui faut trouver une entreprise pour celle-ci. Il cherche donc un contrat de trois ans avec un rythme d'un mois en entreprise un mois en cours. Ce qu'il préfère pour l'instant c'est le travail dans le réseau (i.e. : administrateur réseau // sécurité réseau). Mais tout autre métier de l’informatique convient.

Toute piste est la bienvenue. 

PS : profil LinkedIn


La belle jeunesse

Il est doux d'être réveillé en plein été par des émissions qui durant l'année n'aurait pas leur place dans le tourbillon de l'actualité. Depuis quelques jours nous profitons de celle-ci, peu après 7h : 

Jeunesse 2016

et c'est vraiment intéressant dans la diversité de notre pays qu'elle permet de constater.

J'avoue ne pas bien piger les motivations de certain-e-s tant nos valeurs diffèrent, mais normalement ça n'empêche pas de bien vivre ensemble. Quoi que d'aucuns tentent de nous faire oublier. 

Trop occupée de mois en mois à m'en sortir (tout juste presque tout le temps) et m'occuper des miens - ses vies de femmes mères de jeunes enfants et qui travaillent sans pour autant pouvoir déléguer le travail de la maison ne sont pas de tous repos -, je n'ai pas pu faire grand chose pour tenter de changer quoi que ce soit de la marche du monde, même si j'ai eu deux épisodes militants. À présent j'ai atteint l'âge où si l'on n'a pas obtenu en chemin de poste à responsabilités et pouvoir, on ne peut que songer à passer la main. Même en n'ayant rien à me reprocher je me sens coupable de laisser aux suivants une planète dans l'état ou elle est, et des guerres toujours plus présentes, des conflits armés, une barbarie qui se porte comme un charme, un naufrage de la générosité. L'humanisme ne va plus de soi.

Alors écouter ceux et celles qui représentent des cas individuels de relève est plutôt réconfortant. 

Et très instructif.

PS : Il y a aussi sur youtube des enregistrements 

Pierre , Souheila , Zahra ...   


Le rire de résistance comme ils disent au Rond-Point

C'est absurde, c'est loufoque, c'est bien interprété, c'est absolument incompréhensible pour les extrémistes de toutes extrémités et d'une façon générale à toute personne dépourvue de second degré. C'est mon deuxième éclat de rire depuis plusieurs jours (1) bouffés par la peine pour ceux qui à Nice se sont fait tuer. Merci à Matoo de l'avoir partagé. Nous ne serons pas l'éléphant que la mouche titille afin qu'il fracasse tout. (1) ce qui pour moi est aussi peu que si j'étais concernée aussi à titre personnel. En temps normal je fais partie de ceux qui se marrent facilement et aiment faire rire

Une fausse invitation (par exemple de malencontreuse sortie de sidération)


    Pendant que le monde sombre de jour en jour davantage dans ce qui ressemble à une sorte de kamoulox dangereux généralisé, effet renforcé par le fait d'être tombée via un touite sur une video de mouvement de foule à Central Park lié au Pokémon Go et qui ressemblait à une autre video du soir de Nice mais comme à l'envers - une foule courant fuyant, une foule courant pour se précipiter vers - dans des environnements similaires de nuit d'été arborée, la vie, pour qui a la chance de n'être pas directement concerné, continue avec son lot de tracasseries (ridicules) et de déceptions.

C'est une leçon que m'ont salement donnés les événements du 13 novembre 2015 : quand on est dans des situations précaires de travail ou financièrement délicates, le simple fait d'avoir pendant quelques jours son attention détournée par des problèmes graves généraux permet aux petites emmerdes de prendre des proportions magistrales. Et personne n'aura la moindre indulgence, pas même des instances qui elles-mêmes avaient une part de responsabilité (1).

Alors cette fois-ci je tente de ne pas me laisser embarquer. Je vais donc devoir prendre en charge l'affaire de la fuite d'eau invisible après que l'homme de la maison aura fait semblant de s'en occuper, mais insuffisamment puisque me voilà destinataire à titre personnel d'un courrier d'assurance.

Je tente aussi de renouer avec une part de vie sociale longtemps mise entre parenthèse, comme c'est souvent le cas dans les périodes difficiles, où maintenir le travail et la santé et un minimum vital d'intendance remplissent tout, ne laissant plus que de très brefs loisirs. Alors il m'a semblé bon de répondre à cette invitation de l'association des anciens élèves de l'école que j'avais suivie et qui nous convie à venir fêter le 8 octobre les trente ans de la promotion (2). Pauvre naïve, bécassine béatitude, le lien contenu dans le courrier papier (!!) pointait en fait ... vers une billetterie. Quarante euros par personne et nous sommes deux. Il est probable que la plupart de nos camarades de promo sont à des postes où ce genre de frais leur est remboursé. Seulement comme je suis libraire et non coiffeuse de président, 80 € représentent huit heures de travail et en ce moment j'ai besoin de chaque euro que je gagne pour payer l'indispensable et rembourser ce que je dois de la période de chômage.
C'est très très très secondaire, mais si typique d'une impossibilité de se raccrocher au flux normal des choses. Je suppose que nous sommes loin d'être les seuls dans ce cas. Il n'y a plus vraiment de retour à l'activité normale possible, car le quotidien des choses pour tant d'entre nous ne l'est plus. 

C'était ma rubrique : pendant les (grandes) catastrophes (collectives) les (petits) ennuis (personnels) continuent. Ça serait une erreur de croire qu'au sortir de l'état de sidération général, on va retrouver le paysage de proximité lavé et net comme après l'orage.  Il est en fait plus jonché de débris qu'il ne l'était.

Retournons écoper, et tenter de nettoyer.
Je suis heureuse d'avoir à travailler demain et qu'il s'agisse d'un boulot concret et de service.

 

PS : Ce qui ne m'empêche pas de penser à l'ami que je crains pour un de ses proches concerné.

 

(1) Par exemple la poste qui avait mis quinze jours à présenter un recommandé, ce qui avait rendu dépassé un délai qu'il contenait. Et comme nous étions dans l'ignorance du problème évoqué, c'était trop tard pour le réagir, le mal était fait.

(2) Ce moment où tu prends conscience que même sans famine ou guerre mondiale ou apocalypse d'ici là, la mort t'a déjà préparé une place dans son camp d'accueil, et qu'il faut se dégrouiller de faire ce qu'on a le sentiment d'être censée faire encore ici bas. C'est quelque chose que je n'ai jamais perdu de vue, y compris enfant, mais à présent ce qui surprend c'est la conscience du "même dans le cas d'une longue vie", la fin est plus proche que l'époque de la jeunesse. Tu sens que tu vas passer direct du syndrome de George Bailey à celui du Désert des Tartares.


"Nice : rituel attentat" - billet d'Affordance.info et quelques mots perso.


    Je venais de terminer une solide session de tâches ménagères quand avant de l'éteindre j'ai consulté mon ordi. Je crois qu'il était 22h53, mais peut-être en fait plus tôt car c'est un touite d' @Hipparkhos qui a attiré mon attention, il y était question de la Promenade des Anglais évacuée par la police lourdement armée et de mouvement(s) de foule. Très vite j'ai vu des images sur Periscope, où j'ai vu des images de personnes qui fuyaient en courant pour certaines avec des poucettes, prises par des personnes à des fenêtres ou des balcons et qui criaient Qu'est-ce qui se passe ? aux personnes paniquées (ou relativement calmes mais très pressées). Puis je suis arrivée sur le Periscope de Guillaume LP (@Lopic) et j'ai compris qu'il s'agissait d'un nouvel épisode d'attentat, à peu près au même moment où les médias officiels commençaient à réagir. J'ai apprécié l'effort fait par cet homme sans doute jeune (à la voix, ce qui peut être trompeur), peut-être de l'âge de mon fils, et qui tentait de témoigner calmement, de ce qu'il voyait de là où il était. Il faisait un travail remarquable pour être précis, dénombrant les victimes visibles sans faire d'hypothèses farfelues, semblait répondre en direct à des commentaires dont certains stupides, sans chercher à se mettre en avant, il précisait bien qu'il n'avait rien vu qu'il regardait la télé quand quelque chose est arrivé et qu'il avait pris les premiers bruits violents pour des reliquats du feu d'artifice (quelque chose comme ça, je dis de mémoire, et pour le coup suis peut-être moins précise qu'il ne le fut). J'aimerais le remercier car il m'a laissé penser que si nous parvenions à un tel niveau collectif, tout n'était pas perdu.
Il y a eu très vite des touites d'appels au calme, une image du camion, des excuses de B3info qui au tout début avait diffusé des images où l'on voyait (mais d'assez loin) des personnes au sol.

Quand le désormais habituel (!) safety check de FB m'a annoncé :

Capture d’écran 2016-07-15 à 00.41.48j'ai pris conscience que nous étions désormais entré dans une zone de tragique routine. On sait que d'autres attentats surviendront. On était presque agréablement surpris qu'aucun ne fût survenu pendant l'Euro de football (1).

Sur Affordance.info un article aujourd'hui dit tout ceci mieux que je ne l'aurais fait.

Nice : rituel attentat

Je mettrais seulement une réserve sur le "Savoir qu'on cliquera quand même" car je sais ne pas le faire - la video sur Periscope que j'ai regardée c'était avant de savoir qu'il s'agissait d'un attentat, au moment où l'on se dit "Que se passe-t-il là-bas ?".

Ce qui reste surprenant c'est notre degré de proximité avec tout ce qui peut survenir en Europe ainsi que dans quelques pays plus lointains qui nous sont liés. À nouveau et quoi qu'en pense Facebook, je connais des personnes par leurs proches concernées ou qui attendent encore des nouvelles et j'avais donc deux amis (qui ne se connaissent pas, je ne crois pas) qui étaient non loin de là, auraient très bien pu faire partie de ceux qui avaient décidé d'aller voir le feu d'artifice là et à ce moment là.

C'est ce qui rend ce terrorisme particulièrement efficace. On finit tous par être blessés non seulement collectivement mais à titre personnel.

Vivre avec la perspective d'attentats, dès lors qu'on a quelques années on sait faire, on a connu ça (Italie années 70, Paris 1986, Paris 1995 etc.). La différence se fait sur le modus operandi et que désormais les criminels ne craignent pas de mourir, ils recherchent même le sacrifice, que des prêcheurs sont parvenus à leur faire assimiler à un suprême accomplissement. 
Souhaitons-nous bonne chance et de parvenir à rester calmes et tolérants. 

 

(1) Peut-être certains ont-ils été déjoués. Le saura-t-on jamais ?