Les soins du Paradis
Toute crue

Quand ça veut pas ça veut pas (mais quand faut y aller faut y aller quand même)


P6020007Les petites galères du quotidien démarrent souvent d'un rien.

Par exemple : tu vas à l'entraînement de piscine tôt le matin, tu te fais drincher léger, tu changes de pantalon histoire d'être bien au sec pour la journée de boulot et la soirée prévue. Mais le pass navigo, coquin, se blottit dans la poche du premier et te laisse partir démunie.

Par exemple : tu n'avais pas eu de vélo depuis si longtemps que tu ignorais les deux normes désormais en vigueur pour les valves de pneus d'où que tu n'as pas la bonne pompe pour regonfler les roues de ton vieux biclou rénové bien-aimé.

Par exemple et de toutes façons il fait trop mauvais pour vraiment circuler à vélo. 

Par exemple comme vous étiez deux pour fermer la librairie la veille, tu n'as pas effectué ta routine habituelle de fermer presque le temps d'aller aux toilettes et revenir pour remettre les clefs des annexes et fermer complètement avant de filer. Ce qui fait que tu as gardé celles-ci. Alors tu souhaites arriver dès l'ouverture de l'après-midi pour qu'elles soient disponibles. 

Par exemple, à cause de la grève ou de dysfonctionnements autres et indépendants, les portillons d'accès porte de Clichy sont débloqués pour laisser passer sans valider.

Alors tu arrives pour prendre le RER d'avant celui qui en théorie t'accorde déjà une marge. Alors que tu es sur le quai, l'annonce est faite d'un retard dû à des problèmes de signalisation en gare de Saint Michel en raison de la montée des eaux. 
De tout à fait raisonnable, le retard annoncé passe peu à peu à nettement plus gênant. Mais tu n'es finalement qu'en train de prendre sur la marge large que tu avais prévue.

Et puis il arrive.

Mais le bus que tu espérais prendre à Ermont, celui d'avant celui d'habituellement, est déjà parti lorsque le train retardé y parvient.

L'écart avec le suivant te permet tout juste de résoudre le problème du Navigo manquant, billet à l'avance pour le soir, où tu seras pressée car tu as rendez-vous à Levallois avec un groupe d'amis, tickets pour le bus, après avoir été mal renseignée par une employée au guichet, sans doute surmenée par les demandes pour cause de grève dont elle était submergée, problème de n'avoir pas de liquide sur soi, même en période de crue, un comble, de devoir trouver un distributeur (ça y est, je sais désormais où ils se trouvent dans les environs immédiats) et toute cette cavalcade alors que je suis chargée d'un paquet à transmettre lors de la soirée.

Miracle : le bus est presque à l'horaire prévu et je parviens à le prendre.

[temps de travail, sans poisse particulière, c'est déjà ça, je parviens même à faire découvrir Jón Kalman Stefánsson à une dame venue pour des polars islandais, je n'ai pas perdu ma journée]

Au retour, surprise, une jolie petite feuille fixée à l'arrêt de bus, qui nous averti qu'à partir de 17h en raison d'un critérium cycliste dans la plaine, le trajet des véhicules sera dévié et le sens de circulation des arrêts inversé. Heureusement ils ne sont distants que d'une trentaine de mètres, le premier qui passe est dans le sens qui normalement serait le bon mais le chauffeur confirme d'un ton rogue à la poignée de voyageurs que nous sommes qu'il va vers l'autre terminus effectivement, ça n'a pas l'air de l'enchanter, mais nous n'y sommes pour rien, hé man. Passe plus tard celui dans l'autre sens qui lui va dans le bon et la conductrice s'enquiert pour chacun de nous de notre destination, indique à chacun l'arrêt modifié le plus proche de son but, parfois des personnes font leur job avec classe et intelligence.

Comme c'est joli sur la colline, malgré l'abondance de murs, la déviation n'est pas désagréable. C'est juste que vers la gare ferroviaire finale, la course cycliste a provoqué un embouteillage - à moins que ça ne soit toujours l'absence d'essence, depuis la montée des eaux l'étiage des cuves est passé au second plan ou a été résorbé -, et le bus tarde à l'atteindre. 

Nous sommes trois ou quatre à filer immédiatement vers les quais du RER C. Il est écrit sur les écrans, que le trafic est totalement interrompu dans Paris intra-muros, et de prêter attentions aux annonces par haut-parleurs. Un train pour Paris-Nord s'en va, je me dis que j'aurais peut-être dû le prendre. Je regarde s'il y en a un pour Satin Lazare. Oui. Mais comme c'est la grève, attente 40 minutes. 

 Un RER arrive qu'on annonce terminus alors qu'il devait aller à Pontoise, un beau Bombardier attend tout exprès sur un autre quai afin d'être complété par les voyageurs déroutés et il y a une petite foule de personnes en gilets rouge présentes pour aider les voyageurs, sur ce point, belle organisation de gestion de crise.

On nous distribue des horaires indicatifs pour le lendemain, mais sur les autres lignes [que le RER C].


Je prends (nous prenons, d'autres personnes attendent) l'espoir que le RER après un moment reparte dans l'autre sens, mais non. On nous annonce que le trafic est interrompu totalement et qu'il convient de prendre les correspondances.

Le premier train à aller vers Paris se dirige gare du nord, je suis soulagée qu'il existe. J'ai simplement perdu une quarantaine de minutes, comme sans doute d'autres personnes, à attendre vainement.

Les métros feront leur boulot, pas de colis suspect, d'accident ou de malaise voyageur, ni problème de signalisation, un vrai miracle, et je parviendrai à destination avec "seulement" une heure trente de retard, contre 35 à 40 minutes que mon horaire de travail laissait à prévoir si tout s'était déroulé normalement. Heureusement les téléphones portables permettent d'avertir des tracas intempestifs et les amis, sympas, m'avaient laissé de quoi déguster pour me consoler. 

De la soirée, je suis rentrée paisiblement, à pied. Mes jambes n'ont ni protestée ni dysfonctionné, c'est vraiment formidable un corps en bonne santé.

Je vous laisse, je dois aller bosser. Douze kilomètres, après tout, avec des bonnes chaussures, ça fait une randonnée, à condition qu'il ne drache pas trop. 

Une pensée pour les parents de jeunes enfants qui en plus des difficultés de transports ont des horaires précis de retrouvailles à respecter, rentrer retardés n'est pas trop grave quand on n'a personne qui risque de se sentir abandonné, dans le cas contraire c'est rude et bien plus compliqué.

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