Petits éclats de vie moderne
29 avril 2016
Une amie qui a un travail inimaginable à l'époque où je devais, lycéenne, songer à un métier, me signale ce RT dont je suis paraît-il censée me glorifier :
En fait leur bot a repéré que je mentionnais l'émission.
Ça m'a rappelé le jour où festivalière heureuse à Arras, j'avais mentionné sur FB que j'étais au bord d'aller voir un film, c'était un statut en attendant (dans la petite file d'attente avant la séance ou à la maison avant de partir et en attendant l'homme qui achevait de se préparer), un geste machinal, la vague idée de pouvoir ainsi plus facilement reconstituer ma liste des films vus (1) et où j'avais eu la surprise d'un commentaire joyeux de l'un des acteurs.
Il est en effet à présent entendu que les réseaux sociaux nous bercent de l'illusion d'une proximité quotidienne avec des personnes que nous admirons ou dont nous admirons le travail. Le tendre "Janine" d'Olivier Hodasava rappelle fort combien jadis nous pouvions être pétris de passion pour un groupe (par exemple) et si peu savoir de leur vie qu'il fallait plusieurs mois, s'ils n'étaient pas d'une notoriété de JT, avant de savoir que l'un de ses membres était mort. De nos jours nous savons même ce qui arrive à leurs fans (2).
En revanche il est moins évident d'intégrer le fait que ceux que nous apprécions se trouvent en retour parfaitement à même, pour peu qu'ils s'en donnent le temps ou qu'un-e chargé-e de com. fasse bien son boulot, de repérer notre admiration ; ou, moins réjouissant, ce que nous exprimons de notre déception d'une nouvelle œuvre, voire parfois de notre désaffection.
Ce qui fait que même en n'étant personne on doit, si l'on n'envisage pas de peiner ou de se lancer dans d'épiques polémiques, prendre garde à nos énoncés.
J'avoue n'avoir pas encore intégré ce fait, pas tout à fait. J'en suis encore à l'étape de m'en amuser ; à preuve ce billet.
(et je ne parle même pas du versant moche de ce phénomène qui fait que de nos jours tout employé d'entreprises "managées" est tenu de ne rien exprimer concernant son travail fors de la réclame douce et des enthousiasmes "fraîcheur de vie") (je trouve naturelle une certaine décence et tient la retenue pour un évident respect, mais les échos de certaines réactions, des ennuis rencontrés par certains, et ce que je ressentais durant mes années d'"Usine", ont tout à voir avec la vie dans un régime dictatorial, sans parler que bien des salariés n'ont pas même le droit de faire de l'humour sur certaines absurdités rencontrées)
((et j'arrête là ce billet avant de tomber dans le sujet brûlant des lanceurs d'alertes))
(1) Ce petit plaisir qu'on prend le temps de s'accorder (ou non) en fin de festival, à tête reposée.
(2) Je me souviens d'avoir appris le sens du mot Directionner via un touite parvenu je ne sais comment jusqu'à ma TL et qui manifestait de l'empathie pour la mort accidentelle de l'une d'elles.