"Ils tricotent leur démocratie à ciel ouvert"
20 avril 2016
Très belle chronique de Jacques Munier ce matin au sujet de #NuitDebout :
Le journal des idées 20/04/2016
(avec quelqu'un que j'aime citée dedans)
Très belle chronique de Jacques Munier ce matin au sujet de #NuitDebout :
Le journal des idées 20/04/2016
(avec quelqu'un que j'aime citée dedans)
Typique des méthodes actuelles : le monde appartient aux bandits.
L'ultra-capitalisme n'est rien d'autre qu'un comportement mafieux légalisé.
Bon courage à cet homme qui semble intègre.
Et à chacun-e des salarié-e-s qui sont en train de perdre leur boulot.
Je me demande comment les types qui agissent ainsi font pour dormir la nuit. Les vrais mafiosi souvent sont embarqués dès l'enfance dans une spirale de violence dont ils ne peuvent plus sortir ensuite qu'en l'accroissant. Mais eux ? Rien ne les oblige à devenir des hommes d'affaires sans foi ni loi - ou une vision biaisée de celles-ci, les contourner à tout prix -.
Je ne vois plus pour les gens restant et au bord de perdre leur boulot, que la méthode Klur.
J'ai commencé dès 5 ans en ratant tout de mai 68 pour cause de déménagement (et d'âge inférieur de dix ans à ce qu'il aurait fallu). J'ai continué en ayant 17 ans 1/2 en mai 81. Voilà que la #NuitDebout ça se passe sans moi : je débute un nouveau boulot, j'ai pas mal de tracas matériels assez peu contournables et pas un gramme de temps libre, au mieux ai-je pu passer prendre la température, pas même assez pour me faire une opinion personnelle sur l'ampleur du mouvement et son potentiel.
Il n'empêche que j'essaie un peu de suivre ce qui s'y passe. Et même si certains éléments semblent peu sympathiques, que c'est brouillon et fourre-tout, qu'il y a un effet d'aubaine qu'exploitent certaines tendances douteuses (certains échos de certaines prises de paroles m'ont laissée mal à l'aise, mais comment savoir si elles étaient significatives ou marginales, appréciées ou huées, quand ce qu'on a vu se limite à quelques fragments décontextualisés ?), et sans doute voué à une fin sans lendemain quand ce gouvernement de droite en aura assez, ou que le terrorisme passera à un nouvel épisode qui servira de levier répressif, je me sens globalement reconnaissante à ceux qui tentent quelque chose malgré tout. Il ne s'agit pas même d'être d'accord ou pas mais au moins de constater que le goût du collectif au service d'idées majoritairement généreuses n'a pas été totalement éradiqué.
C'est déjà ça.
Troublant de retrouver cette photo de jeunesse parmi les clichés ressurgis. J'en sais la provenance : lors des rangements qu'à la faveur de ma période de chômage j'ai entrepris, j'ai croisé mon premier passeport. J'avais fourni à l'époque ma seule photo "officielle" [faite chez un photographe, précisément pour ces usages] et qui datait, je crois de 1978 (ou 1979), alors que j'étais en 3ème ou en seconde, coiffure fait-maison par souci d'économie, par ma maman (1).
Du coup j'ai repris en photo la photo, pressentant sans doute que la lecture du nouveau roman d'Annie Ernaux ("Mémoire de fille") me ferait beaucoup réfléchir sur la relation que l'on a avec nos "moi" d'avant ; qui suis-je par rapport à cette jeune fille d'un autre milieu social et d'un autre temps ?, cette gamine qui se pensait vouée à la recherche en physique nucléaire et quantique et comptait s'y dévouer corps et âme, persuadée que c'était là son rôle et se demandant comment faire pour aller jusqu'à lui. Je croyais devoir être chercheuse je suis devenue ingénieure, je pensais devoir me résoudre à être écrivaine, je suis devenue libraire, au fond, il y a une logique dans la démarche, y compris aussi dans ma vie affective où amoureuse je deviens l'amie. On ne pourra pas me reprocher de ne pas systématiquement tenter ma chance et retomber sur mes pieds (quoiqu'un tantinet à côté).
Je n'en reviens en tout cas toujours pas, si longtemps après et avec la santé fragile qui était la mienne, d'être encore là et plutôt plus en forme, plus solide, résistante et dynamique qu'autrefois. Puisse ce privilège m'être accordé encore quelques années. Je n'en ai pas fini avec ce qui me semble devant être fait.
PS : C'était quand même mieux lorsqu'on pouvait avoir sur son passeport des vraies photos de soi et non des images bizarres, sans notre allure habituelle, strictement (stristement ?) dictées par la loi, les cheveux qui ne dépassent pas.
(1) Ce qui explique que désormais, j'attende d'avoir quelque argent pour aller voir ma coiffeuse, une excellente professionnelle et que je préfère laisser pousser la tignasse lorsque les finances sont faibles.
Je poursuis sans relâche mes tris sauvegardes élimination du disque dur de l'ordi (pour conservation sur disque dur externe) des photos récupérées en masse très involontairement.
Certaines me réjouissent, telles celle-ci prise le 12 décembre 2015 à la librairie Charybde. Philippe Annocque y était libraire d'un soir.
J'en avais perdu le souvenir.
Non pas tant le souvenir, une fois la photo retrouvée, je me suis souvenue du bon moment que ça avait été, et même de certains des livres qu'il avait si bien présenté qu'on avait envie de relire ceux-là même qu'on connaissait (1), mais le chemin vers ma propre mémoire d'une période que les événements extérieurs avaient secouée.
Ce n'est pas la première fois que je remarque qu'un état de choc émotionnel me rend amnésique pour partie des semaines, voire du mois qui suit. Mais les fois précédentes, fors le 9/11 qui comme beaucoup d'entre nous m'avait laissée sidérée, j'étais personnellement concernée : une rupture subie (dont se foutait et c'est heureux, le reste du monde entier), un deuil, l'assassinat d'un ami (certes parmi d'autres, mais il y avait quelque chose d'intime dans cette violence subie), la fin brutale d'un job, l'annonce pour un-e très proche d'une grave maladie ...
C'est donc l'une des première fois où un événement collectif me touche au point de me faire ce même effet d'un état qui me place "à côté" de ma vie au point d'oublier ce que j'ai pu y faire d'heureux malgré tout. Quelque chose du même ordre que ce que décrit Olivier (Hodasava) page 78 de "Janine" :
"Il n'y a plus ni pleurs ni cris, rien qu'un long silence embrumé que le seul fait d'être ensemble rend à peu près supportable. Ils finissent par parler. Ils finissent même par rire. Mais toujours, très vite, survient ce moment où ils se regardent vivre tout en se disant que rien n'est décidément plus comme avant."
Peut-être que le 13 novembre 2015, même si nos amis et connaissances personnels en ont réchappés, nous [nous qui ? les habitants d'Île de France ? quelque chose de plus large comme pour le 22 mars 2016 à Bruxelles qui nous concerne aussi ? nous qui aurions tout à fait pu nous trouver au mauvais endroit au mauvais moment ?] avons tous été intiment bouleversés. Au point d'en perdre la trace directe, re-pêchable seulement par le biais de traces concrètes, images, sons, mots écrits, ou souvenirs croisés avec autrui.
Je m'aperçois que les photos me sont devenues vitales, tout autant que les mots, l'écriture, pour [tenter de] résister. Au sens au moins de "tenir le choc", au sens premier.
(et merci encore, Philippe, et les camarades de Charybde, pour cette excellente soirée, qui contribuait, au fond, elle aussi à ne pas se laisser défaire, à lutter)
(1) Et soudain je m'aperçois que le fait que "Le parfum du jour est fraise" me soit récemment revenu aussitôt en mémoire en lisant un article du Canard Enchaîné, est probablement dû pour partie à l'un des livres (celui de Pascale Petit) dont il avait parlé ce soir-là, même si bien sûr j'avais ma référence personnelle directe par la série
Toujours occupée par les sauvegardes et ménages de photos récupérées en surabondance. 12000 images pour juillet 2015, 6000 pour août, dont la moitié voire les deux tiers sont des variantes techniques générées par les logiciels lors de simples manipulations d'étiquetages et de regroupements, seulement tout a été restauré en bloc.
L'effet fuite impressionnante du temps est largement compensée par les retrouvailles avec les souvenirs de bons moments que sans avoir nécessairement oubliés je n'avais plus à l'esprit. Il est intéressant de constater combien l'année 2015 dont je conserve un souvenir de violences et de chagrins et de difficultés financières et professionnelles, bref, une année dure, comporte un nombre conséquent de temps formidables, de rencontres, d'émotions, de lectures, de bonheurs. L'ultraviolence générale et le poids des éléments pénibles les ont mazoutés. Les photos me les restituent.
Parfois, je me surprends à espérer que pour le reste comme c'est en train professionnellement de se réaliser, tout n'est pour moi pas terminé.
(mais, quand bien même une chance se présenterait, suis-je encore capable d'accorder ma confiance après tout ce que j'ai traversé ?)
[vendredi 18 septembre 2015, fin de journée]
C'est en voulant partager cette photo ce midi sur les réseaux et noter simplement le nom de la ville où je travaille désormais, que j'ai découvert que mon téléphone avait bien retenu que je ne détestais pas l'humour potache et de logique absurde des Monty Python.
Je me demande au bout de combien de temps il aura intégré que je travaille à Montmorency et non à Monty Python.
Même si l'idée est séduisante.
Me voilà donc repartie dans un immense ménage photographique, un tantinet grumbl après les gars qui m'en ont récupéré infiniment trop, alors que je n'en demandais pas tant.
Mais bon, c'est l'occasion de retrouver des pépites, dont celle-ci d'un lever de soleil hivernal vu de la cuisine et qui ne sera plus jamais ainsi puisque désormais quoiqu'encore en chantier La Tour se dresse, tout ciel coupé.
[mercredi 25 novembre 2009 07:56 kitchen view]
Les enfants ne sont pas garantis.
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Les survivants se rassemblent et ceux qui ont survécu à ceux qui n'ont pas survécu.
Nous avions tant d'estime et d'affection pour notre ami commun.
Beaucoup ont réagi par le travail.
Il a fallu, je crois, prendre ses distances.
Il y a : ceux qui dorment trop, ceux qui ne dorment plus.
Le corps physique a ses limites.
Les esprits, c'est fort, ne sont pas défaits.
Tu comprends que la jeunesse actuelle n'a rien d'un passé militant (conversation).
Les forces de l'ordre, certains, ne se cache même plus pour jouer les casseurs puis mettre un brassard. Ce qui permet de dire, il y avait des casseurs et nous avons chargé. Nous les avons dispersés (conversation)
Tu entrevoies un ami qui envisage le football. Les Émirats Arabes Unis ont disqualifié le Qatar par mercenaires interposés. Mais les supporters font semblant de croire qu'il s'agit encore d'une équipe de leur ville avec des joueurs qui n'iraient pas ailleurs pour davantage d'argent. Ils font aussi semblant de croire que l'issue de leurs paris compte moins que le sport, le score, l'honneur.
De nos jours un supporter, ça fait beaucoup semblant.
Un grand rugissement. Ils ont marqué, avance un ami, tout en démontant la tente. Pas certaine qu'il ne s'agissait pas de déception, dis-tu.
Il ne fait pas froid.
Tu ne peux pas dire : je ne souffre plus du froid depuis que votre père est mort. C'est pourtant la stricte, surprenante et dérangeante vérité.
Tu voudrais offrir son livre à ton grand vieil ami, ton presque frère. Mais tu n'as pas d'argent et l'ami pour te voir n'a plus du tout de temps. (double un peu triste constatation)
Nous avons les mêmes valeurs, presque les mêmes opinions mais nos sensibilités diffèrent sur Eddy Bellegueule et Merci Patron ! (conversation)
La police fait des rondes, tant et si bien que tu finis par te dire qu'effectivement il pourrait y avoir un danger. Mais ça t'es égal. Ils méritent qu'on le coure.
Tu as honte de te remettre lentement quand les vrais concernés font face vaillamment. Pleurer d'avoir en sus reperdu un amour perdu te semble d'une faiblesse ridicule. Notamment face aux filles sans [plus de] pères, qui sont là et sourient. Faire face à l'adversité.
Tu sais le score du foot dès la fin du foot, tu sais qu'il vaut mieux éviter de rentrer en vélib, pas de place près de chez toi où les raccrocher, les stations sont saturées (vie moderne).
Nous démontons la tente, sous la direction de M., notre grand spécialiste.
Ta grande amie est venue qui pour sa dédicace ne donne que son prénom. Je ne commets pas l'erreur d'expliquer à la jeune femme qui elle est. Mais, allez, avoue, ça t'a effleurée.
Tu remercies une femme remarquable pour son travail fait à la librairie où tu as appris le métier. C'était il y a quatre ou cinq ans. Elle réfléchit, puis se souvient. Avec un sourire triste. C'était ça ma vie d'avant. Les libraires, les réfugiés.
Elle raconte un cadavre de vélo à cause d'un chauffard colérique. (conversation)
Tu noies tes chagrins, celui du deuil en particulier, dans les verres de gingembre.
Un camarade âgé veut tout bouger. Et à plusieurs reprises. D'où lui vient cette bouffée d'énergie ?
Quelqu'un avait écrit dans la première version de transcription d'une interview que la femme qui le racontait avait eu pendant dix ans une relation avec un homme marié. Non seulement c'était faux mais elle se demande encore ce qu'elle a bien pu dire qui fut noté ainsi. Elle a pu [faire] corriger, du coup c'est resté drôle.
Tu rentres à pied munie d'un (petit) cadeau (alimentaire).
Je prends des billets de train pour le 1er mai.
Paradoxe de la belle soirée dont on aurait aimé qu'elle n'eût jamais lieu.
[À présent] Il faut dormir. Demain, mon ordi sera réparé.
Que deviennent les humains ?