BDJ - 160218 - Une promenade près des galeries
Jours de salon

Salon 2016 toutes premières impressions


    Cette année le salon, même si je suis déçue de n'avoir pas trouvé à m'y employer - j'avoue que l'idée m'étant venue d'une proposition finalement avortée, je m'y suis prise trop tard -, s'annonce pour moi assez détendu : entre deux emplois, n'ayant rien à vendre, ni rien à acheter, simplement le plaisir de retrouvailles et du repérage de nouveaux ouvrages qui pourra servir par la suite mais que j'aurais de toutes façons effectué pour mon plaisir personnel. 

C'était déjà le cas, cette détente, pour la soirée inaugurale à laquelle je n'ai finalement qu'au dernier moment prévu d'aller (grand merci à mon transmetteur d'invitation).

Sans doute pour cette excellente raison j'ai pu retrouver quelques bribes du côté "à la bonne franquette" et retrouvailles entre bons potes qui ne se voient pas si souvent que j'appréciais autrefois.

Comme toujours ce ne sont pas ceux qu'on s'attendait à voir que l'on croise (à quelques exceptions près) et ce ne sont pas ceux qu'on suppose sur-occupés qui le sont forcément. 

Ce qui m'a valu une belle et longue conversation avec un de ces éditeurs encore passionnés par leur métier - même si de nos jours il leur faut sans arrêt garder les yeux rivés sur les compteurs des ventes -. Et deux autres, qui sont quasiment des amies - du moins tant que je n'ai pas tenté de leur refourguer le moindre manuscrit ;-) -. 

Il n'y a plus à manger, mais encore un peu à boire. En rentrant chez moi j'ai dîné. Peut-être aurait-il fallu arriver très tôt. Je le signale non pas tant pour le fait lui-même que pour l'écart entre ce qui est et ce qui fut ; l'époque où les petits éditeurs régionaux "montaient" avec leurs livres, certes, mais également leurs spécialités (boire et manger) ce qui faisait de certaines soirées un régal.

Moins de stands. Tendance qui pré-existait mais qui devient palpable encore plus chaque année.

Les gens, dans l'ensemble, particulièrement fatigués. Tous et toutes, les traits tirés.
Ce salon est peut-être pour certain-e-s celui d'une sorte de dernière chance. On les sent tendus - mais néanmoins charmants, du moins avec les copains -. 

Un ami qui en tenait une bonne. Et ça le rendait touchant, ce qui est plutôt rare.

Une curiosité de ma part pour la Corée. Il faudra que je prenne le temps d'aller y voir de plus près.

L'étonnement que j'ai toujours à être reconnue et à me faire (joyeusement) héler.
Cette gêne perpétuelle qui me fait hésiter lorsque je croise un ami en pleine conversation à l'interrompre pour le saluer ; avec la crainte si je ne le fais pas et qu'il m'a lui aussi vue, qu'il me soupçonne de le snober. Je n'ai rien au départ d'un animal mondain.

Ne pas avoir mal aux jambes en restant debout de façon prolongée (quel bonheur de).

La découverte fortuite que deux amis dont j'ignorais le lien militent parfois ensemble et se connaissent fort bien. 

Savourer le fait d'être entièrement libre, les pensées prises par personnes, seulement occupées par une petite hâte d'entamer le nouveau boulot, les soucis sous-plomberie-voisin procédurier-cave (celui-là vient de sortir, est tout récent), mes questions d'écriture (ce souci-là j'adore l'avoir), et pour le reste tout le reste, pouvoir me consacrer à savourer l'instant. Personne pour m'habiter ; c'est de la solitude, certes, mais une belle liberté.

Les renforcement de sécurité ont eu raison de la loi Evin : à un moment donné bien des fumeurs ont craqué et se sont mis à fumer à l'intérieur. Il faut dire que sortir puis revenir n'est plus une chose que l'on peut faire instantanément.

J'ai tenu sans que le sujet ne vienne de moi au moins trois conversations dans lesquelles au lieu de parler de livres on se trouvait à parler, avenir collectif sombre, bruits de bottes et malheurs des migrants. Et d'ailleurs Olivier ayant utilisé la métaphore d'un paquebot pour l'expérience que c'est de tenir un stand, je n'ai plus pu m'ôter de l'idée qu'on était peut-être là dans une sorte de Titanic. Encore en train d'écouter l'orchestre. 
Une gênante homogénéité d'allure et de couleur de peau : le livre redevient l'objet élitiste que pendant quelques décennies aux alentours des années 70 du siècle passé il avait cessé d'incarner.

Reste qu'un peu de passion des livres flotte encore un peu, trop peu, mais un peu, en ces lieux. C'est comme pour les champignons, il convient de connaître les bons coins.

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