Salon 2016 toutes premières impressions
Un grand plaisir radiophonique - Nouvelles vagues, Marie Richeux -

Jours de salon


    Trop fatiguée pour écrire jeudi soir en rentrant : la journée de salon se prolongeait par une soirée chez Charybde et comme nous avons refait le monde après, malgré les cafés qui mettent de la musique fort dès qu'on parle politique (1), et qu'il y a vraiment beaucoup de choses qui ne vont pas, ça prend du temps et j'ai raté mon changement en métro, pas autant que l'une des fois récentes où j'avais dû remonter tout du long en vélib, mais suffisamment pour me retrouver vers 1h du matin à marcher près de l'Élysée et que c'était désert fors un automobiliste qui se dé-garait et que je commençais sérieusement à me demander s'il n'existait pas un couvre-feu dont j'aurais ignoré l'existence.

Je ne suis pas encore totalement détachée du quartier d'où j'ai travaillé avec bonheur, c'est très bizarre, comme si l'année et demi écoulée ailleurs entre temps n'avait pas vraiment existé, un rêve qui avait bien commencé puis s'était mis à mal tourné, les gens changeant d'attitude, des contraintes montant peu à peu comme un serpent enserre et le fond de l'air du temps devenu dramatique, effrayant. 

Et donc là je me suis réveillée, le mauvais rêve est fini - et d'ailleurs ceux qui mettaient les autres en danger sont pour partie arrêtés juste en ce même moment, comme s'il s'agissait de rendre sur la toute fin le cauchemar supportable -, mais quand même il en reste des traces cruelles dans la réalité. Dont très concrètement un ami définitivement absent et d'autres pertes d'encore plus proches pour d'autres personnes que je connais.

De retour dans la réalité d'en vrai, c'est donc le salon du livre. 

Jeudi matin : deux heures (deux heures !) réservées aux professionnels. Un fiasco en tout cas pour ce qui concerne les libraires : la plupart des petits indépendants n'auront pas pu quitter leur boutique un jeudi matin alors que du temps où la demi-journée pro était le lundi, en général, si.

Je suis arrivée en retard : pas de mon fait mais pour cause d'une panne de la rame dans laquelle je me trouvais - nous avons dû descendre à Invalides, nous faire transvaser - suivi de consignes de sécurité drastiques qui font qu'on ne peut passer les grilles côté Balard, même avec une accréditation pro. Faire tout le tour prend dix minutes. Du coup j'ai à peine croisée l'auteure qui était fêtée au stand qui m'avait conviée. En plus que l'amie qui devait être là aussi n'avait pas pu venir. Une femme est passée coupant la conversation que j'avais avec une des éditrices qui s'est servie à l'abondant buffet intact et est repartie aussi vite. On aurait cru un gag (triste).

J'essaie de m'intéresser au pays invité (2). Pour l'instant j'ai découvert deux auteurs Eun Hu-kyung et Kim Jung-huyk. C'est surtout la première qui m'a paru intéressante. Mais je n'ai pas pris le temps de feuilleter leurs livres. 

Aller d'un stand ami à l'autre, passer du temps avec les amis croisés au gré des allées. Le temps file.

Ce vendredi deux tables rondes professionnelles dans un espace dédié, c'était sur inscriptions et très intéressant. Mais dans de piètres conditions : bien qu'étant un peu fermé, le stand ne protège en rien des bruits de l'extérieur. Or des stands de BD ou d'animations liées à des séries étaient sis tout près et des enfants criaient comme aux spectacles de Guignol.

Viviane Hamy me parle de son expérience, à la fin de son intervention. Mais un homme arrive se présente, parle business et invitations et je me suis sentie de trop.
Qu'il me considère comme quantité négligeable, soit : j'écoutais avec attention comme quelqu'un qui apprend. Mais il interrompait Viviane. Qui a dû penser dans un premier temps à un simple salut d'où qu'elle s'est laissée faire, sauf qu'ensuite il ne l'a pas laissée reprendre le fil de ce qu'elle disait.
Quand tu penses que la veille je n'avais pas osé interrompre une amie éditrice qui était en grande conversation. Le monde appartient (hélas) aux malotrus.  

Je fais la connaissance de libraires français itinérants en Australie. Leur conversation est vraiment intéressante, mais elle tourne court aussi quoique plus naturellement. Il y a du monde.

On me propose de visiter les entrepôts Hachette en partant là maintenant. 

Quelqu'un part accueillir une ministre et un ancien-ministre en exprimant la lassitude de rigueur. Y a-t-il un seul de ses interlocuteurs qui soit dupe ? C'est la technique de Tom Sawyer inversée : faire croire qu'une tâche prestigieuse est une corvée (tellement même ça on vaut mieux que ça).

Des amis ont faim sur leur stand, nous partons chercher des sandwichs. La file d'attente est telle que nous sortons, non sans nous faire renvoyer de portes en portes, une seule sortie et (bien sûr) elle se trouve à l'autre bout. J'avoue ne pas comprendre : que l'entrée soit sur un seul accès, admettons, pendant qu'on arrête les terroristes plus que présumés, il se pourraient que de leurs collègues en un baroud d'honneur tentent de remettre ça et un tel salon qui représente tout ce qu'ils détestent pourraient constituer une cible. Donc on filtre l'entrée et une seule par souci d'efficacité. 

Mais la sortie ? Pourquoi ne pourrait-on pas repartir par où c'est physiquement possible ? - d'autant plus que contrairement à bien d'autres années, il n'y a aucun contrôle des sacs quant aux livres -.

Nous nous retrouvons dans une pizzeria. Correcte mais surchargée.

Conversation professionnelle. Revue. Édition. J'ai toutes les cartes pour comprendre et connais les personnes. Pour autant pas impliquée sur ce projet. Du coup c'est très détendant.

Les rencontres littéraires valent autant pour les "modérateurs" que pour les auteurs, plus le temps passe plus j'en suis convaincue. 

Je me souviens d'Henning Mankell et j'ai envie de pleurer. J'étais venue un samedi, exprès, l'écouter.

Pour l'heure j'apprécie le travail de Nils Ahl, Sophie Quetteville - ça me fait plaisir de voir qu'elle a un programme chargé -, Eduardo, croisé dans un couloir, puis plus tard et ailleurs Marie-Madeleine Rigopoulos. Ils savent mettre leurs invités en valeur.

Un Ogre est là. 

Il y a des musiques d'ambiance dans les toilettes. L'une d'elle, vaguement asiatisante me plaît suffisamment pour que j'en sois surprise. Fond sonore discret et reposant. Mais la personne qui nettoie en permanence les lieux doit en avoir assez en fin de journée.

Je n'ai toujours pas trouvé "la" pépite ; ma petite découverte annuelle. Dimanche ?

La nouvelle de l'arrestation du terroriste restant me parvient sous forme d'une "alerte" du Monde. Je ne sais qu'en penser : doit-on s'en féliciter et se sentir moins vulnérable ou au contraire penser : Ils auront mis tout ce temps ? et s'attendre à une nouvelle vague d'attentats en guise de protestation ? J'imagine des tas de personnes recoupant des tas d'infos pour en arriver là, bossant d'arrache-pied week-ends inclus. (Certains déjà mal en point en couple, auront divorcé).

Je retrouve Anaïs et quelqu'un me parle d'Élise. C'est comme de faire partie d'une famille heureuse.

Il fait quand même froid pour un mois de mars, non ?

Nous loupons de peu Marie Richeux.

J'entends parler au vol des bébés élevés au vin de palme (en Afrique sub saharienne, quand la mère mourrait en couches). 

Un ami me fait admirer un Dictionnaire des mots manquants. C'est marrant j'y avais pensé. Entre autre en français dans les liens généalogiques. Et d'ailleurs comment dire des parents dont sont morts un enfant ? Orphelin d'enfant ?

Je pense qu'une femme toute tirée, blondie, refaite, déridée qui parle de féministe, s'en trouve un brin disqualifiée. 

Plusieurs personnes que je suis quasiment certaines de ne pas connaître me font à différents moments de larges sourires. Pour qui m'ont-ils prise ? (j'ai vérifié dans la glace des toilettes musicales que je ne présentais rien de risible).

Une auteure danoise dit des choses particulièrement intelligente tant et si bien que j'ai l'illusion de comprendre sa langue.

J'apprends que pour les éditeurs, un stand coûte aussi cher dans cette version réduite jeudi-vendredi-samedi-dimanche qu'il y a quelques années dans la version vendredi-samedi-dimanche-lundi-mardi-mercredi. Je comprends mieux certaines absences. 

Le sommeil finit toujours par l'emporter.

 

(1) La persistance de l'état d'urgence rend parano, à force.
(2) La Corée (du sud)

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