Du retard dans les petits bonheurs
Time for me to stay ?

Un état amoureux


    Depuis hier et la journée magique que j'ai passée, dans un endroit de rêve avec la personne qui l'avait créé puis en passant par la case BNF écouter Laurence Briaud et Arnaud Desplechin avant de rentrer, me voilà éperdue de distraction - moi d'habitude attentive et si organisée -. J'écris une lettre, j'oublie de préparer l'enveloppe, manque de coller le timbre sur une autre enveloppe, pars en la prenant, passe devant la boîte à lettre sans la mettre dedans. Je commence trois messages, oublie de les avoir entamés, en ouvre un nouveau pour l'une des mêmes personnes (1). Je prends un livre, me mets au lit (espérant lire avant de dormir), puis j'éteins la lumière (ce qui pour lire, le soir tard, aide moyen).

J'oublie le jeton de chariot qui me fait office de pièce de 1 € pour les casiers à la piscine, j'oublie les sous-vêtements de rechange, j'oublie la chevillère que je mets ces jours-ci depuis que je me suis fait un peu mal à la danse samedi, j'oublie presque (m'en rends compte à temps) que comme j'avais oublié le jeton pour le casier, mon sac de sport était sur les gradins, j'oublie que je peux rentrer en vélib puis j'y pense in extremis parce que vraiment la station est DEVANT la piscine (ou quasiment).

J'oublie de manger (moi qui ai si bon appétit) une tartine de confiture du petit déjeuner. Et ce n'est pas n'importe laquelle, celle d'oranges au whisky qui vient de la biscuiterie de Sortosville en Beaumont. Le fiston, de retour, dit : - C'est quoi cette tartine ?

J'oublie d'ôter mes lentilles de contact, range soigneusement les étuis comme si je l'avais fait. Plus tard je me frotte les yeux. Et ...

Et puis j'oublie que je n'ai pas trouvé d'emploi pour l'instant, que je suis à la merci d'une autre préférence, d'une décision, et je suis incapable de faire autrement, d'envoyer d'autres candidatures.

(ce qui n'est pas très malin : les candidat(s) sont nombreux et je me sais atteinte du syndrome de Poulidor)

Je (re)connais cet état qui ne me ressemble pas, ou qui ne me ressemble que dans certains cas : 

- en état de deuil - une sidération triste - ;
- dans un état amoureux ou du moins après certaines rencontres majeures - ça n'a pas nécessairement le volet désir de l'état amoureux des amoureux, mais ça a clairement à voir avec l'envie de se revoir, notamment pour la musique, l'évidence qu'il y a de revoir quelqu'un avec qui l'on doit jouer ou tel chef de chœur dont on sent qu'il est le bon pour notre voix -.


En 2015 j'ai eu mon quota du premier cas.
Mais du second, je n'avais pas ressenti ça depuis le 28 août 2008 (et aussi le 5 janvier 2013, mais ce fut une illusion).

(Et je me rends compte que ça aurait sans doute été le cas à Livre Sterling s'il y avait eu le moindre suspens mais ça avait été immédiat, je passe, on discute brièvement et de toutes façons on décide de s'essayer la semaine d'après, ce qui fait qu'ensuite je m'étais employée à vite terminer tout ce que je devais faire avant de me consacrer à ce nouvel emploi, cette nouvelle vie dont j'espère bientôt ne plus avoir la nostalgie puisque ça pourra être aussi bien, voire en plus heureux car dans des conditions de développement et non de préservation)).

Je pensais être simplement en train de chercher du travail (2) et me revoilà en danger, prise à cœur et à l'intuition.

Tant qu'il y a du bon espoir c'est un danger de bonheur. 


La vie est décidément un inépuisable réservoir de surprises. Entre hier matin même heure où j'attrapais mon sac pour filer à cette rencontre instantanément décidée et aujourd'hui, quelque chose a basculé et qui comptera quoiqu'il advienne (3). Vingt-quatre heures.

 

(1) Normalement je me mets parfois du temps à répondre à des mails parce que j'aime le faire de façon calme et posée, de A à Z, en pensant à ce que je fais et au destinataire. Pardonnez-moi si vous avez reçu hier soir de ma part des mots un peu confus, agités.

(2) Quelque chose de sérieux et qui implique, mais pas de constitutif. De cérébral et de physique mais pas d'affectif.

(3) J'ai rencontré une nouvelle amie, que notre relation devienne par la suite professionnelle ou pas. J'ignore si elle le ressent aussi nettement que moi. Avec la même évidence. Une lumière d'été. En la matière en cinquante ans je ne me suis trompée qu'une fois (et encore ce cas fut si particulier, il y en a presque un film, et ce n'était pas une erreur d'emblée, pendant sept ans ça ne l'avait pas été). Wait and see.

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