La mémoire des lieux (billet à compléter)
J'ai une poupééééée

Les fausses photos anodines


     1252748394818_fJe m'aperçois, toujours en sauvegardant les images de mon fotolog, qu'il existe des photos faussement anodines. 

Elles n'ont rien d'extraordinaires à première vue. Celle-ci en est un bon exemple : prise dans un bar de Melun le samedi 12 septembre 2009. J'étais venue accompagner l'homme de la maison qui participait à un concours de pétanque et m'occupais studieusement (j'avais pris l'ordi) en attendant sa pause de midi puis d'aller passer l'après-midi à l'Astrolabe, et peut-être, qui sait, voir une amie. 

Le cliché ne présente aucun caractère d'exception, rien de spécial sur ce qu'on y voit, rien de spécial techniquement, on pourrait même sur plein de points y trouver à redire.

Mais voilà, je me souviens de tout ce qui le concerne, le lieu, l'endroit, la qualité de l'air, celle de mes pensées, ce que juste avant et juste après je faisais, y compris les conversations que j'entendais. 

Pour quelqu'un d'extérieur il peut témoigner du quotidien le plus anodin mais par la même le plus significatif d'une époque donnée.

J'aime retomber dessus des années après. Y compris (ce n'est pas le cas pour celui-ci) si les souvenirs associés sont ceux d'une période difficile (mais surmontée sinon je ne serais pas en état longtemps plus tard de les retrouver). 

 

PS : Ces anodines ont des cousines ; il s'agit des photos que j'aime à prendre en marge d'un événement à mes yeux importants. Par exemple celle-ci :

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Prise également en septembre 2009, discrète, d'un coin plutôt jolie, elle signifie pour moi Tabucchi. Le début de cette habitude vient de mon passé professionnel qui me faisait pencher pour mes écrits sur l'internet vers une prudente discrétion. Les temps n'étaient pas tendres, je tenais à garder en mon jardin privé ce qui concernait mes "mauvaises fréquentations" (entendez par là littéraires). Par ailleurs lorsque des personnes sont prises en photos de toutes parts, je trouve gênant sauf à le faire parce qu'on me l'a demandé de participer à cet élan qui peut être pénible aux principaux intéressés. J'ai ainsi pris la solide habitude du pas de côté. Et ma mémoire fonctionne très bien ainsi. Je revois mieux Antonio Tabucchi en regardant l'image de cette cour calme que s'il avait été capté directement en sujet.

PS' (du 23/02/16) : Dans la série fausse photo anodine, celle-ci est particulièrement chargée réussie : 

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rue Henri van Zuylen, Uccle, août 2010 mais pas là où j'allais.

Et je me souviens d'avoir choisi cette façade pour son côté typique et commun, ainsi que pour l'absence d'humains (ne pas déranger quelqu'un).

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