Le retour du bon soleil
20 février 2016
Plus qu'une dernière étape, plus ou moins imposée par Pôle Emploi lundi (et mon sens un brin vieille école des engagements à respecter), un petit peu de paperasse (avec eux, c'est ainsi, l'aide aux chômeurs est à ce prix) et je pourrai dans quelques temps si tout va bien à nouveau être une passeuse de livres, une personne qui aide les autres à aller mieux grâce à des mots, une commerçante (il faut faire vivre une entreprise) avec du cœur (c'est possible, Emmanuel me l'a appris et l'esprit de ma grand-mère maternelle aussi), bref, ma place utile au monde, en fait.
La part conseil de ce métier me manque, et je me rends compte que j'ai quitté la librairie de chaîne car je ne pouvais pas l'y exercer à plein. Travailler au "Rideau Rouge" en décembre m'a fait retrouver ce bonheur quotidien. J'en prends conscience à présent que la période d'abstinence forcée s'apprête à prendre faim fin.
L'horizon s'éclaircit. L'horizon s'élargit.
Et j'ai cette chance inouïe d'avoir à nouveau rencontré quelqu'un qui aime les livres aussi, à l'opposé de l'entrepreneur dynamique (1) qui me déclarait lundi, Le livre, dessus tous frais déduits, on ne gagne que 0,25 à 0,45 €, ça fait du chiffre d'affaires, mais on ne gagne pas sa vie. (2) Il n'a pas tout à fait tort, mais j'ai envie de prouver, de contribuer à prouver, que pour quelques temps encore, ça reste un peu possible. Il ne faut pas être trop gourmands et le faire pour les bonnes raisons - une saine économie, pas la recherche frénétique du profit -.
Pour compléter le bonheur, les lieux sont magnifiques, j'y venais jadis en vélo, sur les traces de Jean-Jacques Rousseau, la vie parfois ressemble à un remerciement de nos actions d'antan
Je suis sans doute trop cartésienne, il faudrait peut-être que j'accepte l'idée, à force que chaque coup dur soit calmé par des coïncidences heureuses, des belles rencontres, des éclats de bonté, que je bénéficie sans l'avoir mérité mais de naissance, d'entrée, des services de quelque ange gardien, malicieux et coquin.
(1) Qui n'était pas sans charmes, l'esprit d'entreprise je l'ai aussi, mais pas à n'importe quel prix, pas en sacrifiant quelque chose de l'ordre de l'équilibre, de l'harmonie.
(2) Avec un petit air que j'ai interprété (peut-être à tort) comme Vous valez mieux que ça, je le sais, et qui au lieu de me flatter m'a glacée. Je préfère les livres aux produits financiers, c'est sans doute une tare dans le monde tel qu'il est, mais tant que je peux payer ma vie quotidienne, je m'y tiendrai.