I'm afraid I've been ghosted
25 janvier 2016
Samantdi m'a gentiment signalé cet article de Camille Detraz pour le Temps (1) :
Le "ghosting", ou l'art de larguer son amour sans explication
Elle a bien fait. Il se trouve que je suis bonne cliente des ruptures subies sans presque aucun signe avant-coureur ou des signes que toujours prête à excuser ceux qui me sont chers, je ne sais pas interpréter avant qu'il ne soit trop tard. Mais il s'est trouvé qu'une fois, en amitié, une grande et longue amitié, j'ai également été ghostée et effectivement, comme il est raconté dans l'article : purement et simplement effacée.
C'était plutôt avant (ou au tout début) des réseaux sociaux et n'avait donc rien à voir avec le développement du phénomène dont il est question, il s'agissait d'une vraie rencontre et d'une longue relation entre personnes qui avaient par ailleurs des vies bien (trop ?) remplies. Et il ne s'agissait pas d'amour avec cette composante du désir qui peut foutre le camp sans que personne ne sache pourquoi et n'y puisse quoi que ce soit. J'ai un peu vécu le coup double de "Léa" puisque que le consolateur s'est révélé être un danger public au passé chargé, dont il était parvenu sans difficultés à me faire gober une version édulcorée. Mais au moins lui ne m'a pas ghostée, même s'il s'est contenté d'un coin de mail pour signaler by the way, qu'au fait ... D'ailleurs au vu du mal qu'il m'a fait le 8 janvier 2015, peut-être pour partie pas de façon intentionnelle car je n'avais pas été la seule concernée, mais celle qui l'a le plus mal encaissé, il eût mieux fallu qu'il effaçât jusqu'à mon adresse électronique de tout carnet qu'il avait.
Alors oui je peux (je devrais ?) témoigner de l'effet que ça fait d'être l'objet d'un ghosting, à quel point ça bousille la confiance, en l'autre, en soi, en le monde entier. Comme on peut devenir ensuite une proie facile pour qui que ce soit d'un brin prédateur ou recruteur des causes les pires - ce qui ne fut pas mon cas, l'entourage amical était et est toujours par ailleurs d'une grande qualité et il reste quelqu'un qui m'aime à sa façon -.
Je ne sais pas si c'est tant que ça une question de s'être planté comme dans la citation de Vincent Cespedes, je crois que ça se situait ailleurs (2), et que oui, comme le disait Véronique Sanson il y a eu [dans mon cas de la part de l'autre] saturation.
Mais c'est quand même, lorsqu'on se retrouve soudain dans le vide sans qu'aucun signal négatif n'ait pu nous y préparer, très douloureux et dangereux.
Il y a aussi un ami, je croyais un ami, qui m'a ghostée (et pas seulement moi) depuis plusieurs années et s'est effacé de l'internet - ou y est revenu sous pseudo inconnu - et j'ai bien compris que c'était suite à une rupture, mais avec quelqu'un d'autre. Pourquoi diable effacer tout son carnet d'adresses d'un seul coup ? Le cas est pour moi moins douloureux puisque notre relation était amicale au gré du temps qu'on avait et de spectacles qui tombaient dans nos goûts communs qui n'étaient pas ceux de nos partenaires, mais il demeure une tristesse et de n'avoir pas eu l'opportunité de se dire au revoir proprement.
Sans doute que l'époque se prête aux laisser tomber brutaux. Il vaut mieux être seuls pour affronter la guerre. La solitude peut être une protection contre les trahisons.
(1) J'espère qu'il restera accessible un moment
(2) Du moins dans le cas du ghosting. L'autre rupture que j'évoquais, oui, j'ai pris (une fois de plus) quelqu'un pour (bien) meilleur et fiable et plus sincère qu'il n'était.
PS : Sur ces sujets deux ou trois livres m'ont aidée : les écrits autobiographiques de Simone Signoret ("La nostalgie n'est plus ce qu'elle était" et "Le lendemain elle était souriante") et "Le fil du temps" de Corine Marienneau ; il n'y est pas à proprement parler question de ghosting, mais quand même d'être mise de côté sans l'avoir vu venir et sans égards pour ce qu'on peut éprouver.