Il ne nous restera même pas ça (Fotolog has been closed without forewarning)
14 janvier 2016
Hier, j'avais le temps de mettre à jour mon fotolog, j'étais à la BNF, ça ne fonctionnait pas. Ça n'était pas la première fois que le réseau de partage de photos semblait ramer, et parfois à la BNF certains sites semblent rejetés par le proxy, je ne me suis pas plus que ça inquiétée.
Ce matin, de chez moi, même avis d'absence, pas même un cache disponible.
Alors je suis allée à la pèche aux informations et suis arrivée jusqu'à plusieurs articles qui évoquaient sa fermeture, par exemple celui-là, ou cet autre, aucun ne fournissant davantage d'éclaircissements, ni la réponse à la question clef : comment récupérer nos données ?
Sur twitter j'ai pu constater que je n'étais pas la seule à n'avoir pas été avertie de la prochaine disparition de fotolog. Il se trouve que j'avais, afin d'éviter la publicité et de pouvoir publier plusieurs photos par jour, souscrit à l'option Goldcam, payante légèrement. Ça fonctionnait par renouvellement mensuel et fin décembre j'ai payé ma paire d'euros pour janvier, tutto bene, aucun avertissement, aucun mail, rien si ce n'est la trace du réabonnement.
Je suis parvenue à remonter jusqu'à HiMedia Group qui avait racheté fotolog en novembre 2007. Mais que ça soit sur Twitter ou ailleurs le moins qu'on puisse dire c'est que pour une entreprise de communication ils ne sont pas très causants. La page wikipedia la plus complète n'est pas non plus d'un grand secours.
Bref, toute info est la bienvenue.
Jusqu'à présent, toutes les plateformes que j'ai connues qui ont fermé ou changé leur mode de fonctionnement avaient prévenu au moins quinze jour à l'avance et proposé des liens vers un téléchargement personnalisé. Twitpic, par exemple, fut parfait, ou MySpace lorsqu'ils ont fermé la partie blogs, ou encore U-blog ou posterous.
Fotolog avait connu à plusieurs reprise des périodes de plantage et son message de surcharge, quoiqu'un peu moins connu que la baleine de Twitter restait assez célèbre. En internaute aguerrie, j'avais à plusieurs reprise cherché en vain sur le site une possibilité de download pour sauvegarde, et n'en trouvant point ni d'adresse de contact efficace (j'ai retrouvé la trace d'un [email protected] mais qui ne répondait guère), je m'étais mise en tête de créer mon propre blog miroir :
et depuis quelques temps j'y dupliquais toutes mes entrées. C'était une copie de sauvegarde : le charme des échanges n'y était pas ou plus.
D'ailleurs à part quelques amis de la vie d'en vrai, la fermeture sans préavis m'aura fait perdre bien des amateurs d'images avec lesquels j'échangeais depuis longtemps.
Je n'ai pas eu le temps d'y porter mes archives puisqu'il fallait le faire image par image et que j'y figurais depuis l'été 2004 avec une photo par jour, fors à certaines périodes. Je m'étais précisément dit qu'en ce mois de janvier puisque je n'ai pas de travail salarié, j'aurais peut-être enfin le temps de m'y coller.
Trop tard.
Il ne me reste plus que quelques copies d'écran, réalisées lors de jours où le site ou ma connexion plantouillait
, une tentative de compilation, abandonnée par manque de temps, et 163 billets miraculés grâce à pinterest Car il ne sera pas dit que je ne m'étais pas méfiée du côté "travail sans filet". Simplement je n'avais pas disposé du temps libre suffisant.
Alors comme sans doute tant d'autres utilisateurs de la plateforme - malgré les départs vers instagram et autres réseaux, nous étions des millions - je me sens privée d'un pan de mon passé. C'est bien moins grave qu'après une mort, une rupture subie, pour les objets un incendie (ou une inondation majeure, ou un cambriolage complet), mais c'est une trace des dix années écoulées qui sans préavis s'en est allée et qui tiraille dans la même zone que celle des blessures des deuils de 2015, d'un "Ça serait mieux qu'on ne revoie pas" qui date qu'il y a dix ans, et d'une sorte de "Va-t-en, j'ai trouvé mieux" qui en a bientôt trois, tout ce qui tient d'un événement du présent qui bousille notre passé rétroactivement ou dans ce cas précis l'efface. Une sorte d'Eternal sunshine of the spotless mind de nos souvenirs numérisées.
PS : Les photos en tant que telles ne sont pas perdues, je sauvegarde régulièrement mes images, mais les textes et la sélection quotidienne si.
[copie d'écran : comme disait en 2011 ou 2012 le fiston]
addenda du 15/01/16 00:13 : Grâce à une indication de Benoistj je vais pouvoir en récupérer 188 autres.