Guillevic retrouvé
31 janvier 2016
Toujours en rangeant, retrouvé copie d'un message de juillet 2003.
On se l'était envoyé pour s'encourager.
Toujours en rangeant, retrouvé copie d'un message de juillet 2003.
On se l'était envoyé pour s'encourager.
Je n'en parle que lorsque la musique qu'il me passe (généralement dès le réveil et parfois même c'est ce son qui me réveille) est de nature à faire rire les copains, parce qu'il est tellement ridicule de se faire réveiller par la ritournelle bêbête (voire un tantinet machistisante (1)) d'une publicité ou d'une autre (à 8'26" celle de supercroix 73 ou la purée mousseline vers 11' (2) )(3) d'il y a longtemps. Et ça a ces côtés pratiques, par exemple je n'ai pas besoin d'embarquer d'objet pour écouter de la musique, notamment lors des entraînements de course à pied ou dans les temps morts d'un emploi salarié, c'est directement dans la tête. De plus ça tend à être d'un volume bas lorsque j'ai à parler ou écouter ou que je suis dans un endroit où du son est servi ou encore lorsque je décide délibérément d'écouter un disque (4), ce qui permet d'en faire quelque chose de socialement transparent et peu gênant, sauf parfois au téléphone, mais pas tout le temps. Si la musique est bonne c'est même génial pour se concentrer sur un travail personnel dans un lieu non-silencieux. D'où mon bonheur à travailler en bibliothèque.
L'ennui, c'est que je ne choisis pas. Que parfois les ritournelles me sont insupportables. Imaginez vous faites des courses dans un supermarché qui diffuse une niaiserie lénifiante, et que vous vous surprenez en rentrant chez vous à la fredonner. Vous supprimez le supermarché et vous avez une idée de mon quotidien musical cérébral.
Ce matin pour une raison que j'ignore, si ce n'est peut-être qu'il y a quelques temps j'ai vu une émission Taratata dans laquelle mon grand "cousin" dyonisien interprétait une chanson de Mc Solaar et que c'est un peu dans le même domaine, probablement le même casier de ma mémoire musicale, le #jukeboxfou bouclait sur
J'ai connu pire. Mais dans ce cas la perplexité de la survenue de tel morceau plutôt qu'un autre squatte aussi l'esprit et rend celui-ci plus dur encore à déloger.
Faire partie d'une chorale était un bon moyen de contre-carrer le phénomène - j'avais presque en permanence dans la tête les passages travaillés, c'était génial pour les concerts je savais tout par cœur sans l'avoir fait exprès - mais j'ai dû arrêter car les horaires étaient peu compatibles avec le métier de libraire et la disponibilité requise compliquée avec mes démêlés vie-écriture-sports-gagne_pain-vie_sociale-périodes_troublées.
Et qu'aussi du coup faire silence n'est possible qu'au prix d'un effort. Pour l'instant j'en suis capable, éveillée j'y parviens. Mais de même que je suis peu capable de penser à rien (il y a toujours des tas de trucs qui s'écrivent dans un coin), ce n'est jamais sauf très volontairement (J'écoute le silence attentivement, je décide de le faire délibérément) sans musique inside.
Mon violent sommeil m'en protège généralement la nuit. Qu'en sera-t-il s'il faiblit ?
Je me pose aussi d'étranges questions : par exemple si au lieu d'être habitée par des voix Virginia Woolf avait subi en permanence des airs de musique, des chansons, aurait-elle vécu plus longtemps ? Aurait-elle écrit ce qu'elle a écrit ?
Peut-être que les inventeurs de l'Opéra ou des comédies musicales souffraient aussi de ce bizarre petit handicap là.
Je crois que je vais me remettre au piano.
PS : L'ultime inconvénient du truc au regard des techniques modernes est qu'on ne peut shazamer un air qu'on a dans la tête (fors à le très très bien fredonner devant son téléfonino attentif). D'où que parfois on se traîne un truc non-identifié qui ne nous lâche pas.
(1) "On veut te voir dépiauter l'emballage", non mais les gars, franchement :-( (Ah, c'est censé être drôle ...)
(2) C'est quand même quelque chose que d'être réveillée par deux voix de femmes tonitruant "Super Croix 73", essayez d'imaginer.
(3) Au passage, une belle collection des eighties et dans celle sur les seventies à 5'38" une splendeur sur "La poste et les télécommunications" vu du temps de l'internet ça stupéfie.
(4) L'écoute au casque d'une musique choisie est d'une efficacité imparable, comme lorsque dans le temps on tournait un bouton pour syntoniser des radios et que l'on passait d'un émetteur faible à un émetteur puissant et bien situé.
C'était la petite fête intime du cours de danse parce que notre prof fait un travail d'une qualité qui dépasse celle des cours "clefs-en-main" des clubs de sports et que lorsqu'on est prêts à s'accrocher, à faire les efforts nécessaires, physiques et d'assiduité, généralement on reste et on devient amis.
Il se trouve que notre prof nous a annoncé une probable retraite dans quelques années. Si l'on était en 81 elle aurait en effet déjà l'âge de la retraite. Ce qui nous a tous surpris. Je la pensais en gros du même âge que moi, un peu mon aînée, allez trois ou quatre ans.
Beaucoup de ses emplois comme danseuse n'ayant pas compté (1) et la législation s'étant durcie, elle doit encore un peu continuer.
J'ai été prise d'une forme de vertige. J'ai toujours été consciente que les cours pouvaient s'arrêter, que cette activité qui m'a tant apporté (et probablement permis de survivre jusqu'ici et aussi de traverser la ménopause sans même m'en apercevoir si ce n'est pas une légère prise de poids) était comme toute entreprise humaine mais peut-être davantage parce qu'elle tient à une personne et à une organisation, pouvait ne plus exister. Mais je pensais que ça serait sans doute dû à mon incapacité : physique ou financière. Je n'avais pas imaginé que je pourrais ne plus danser parce que ce cours disparaîtrait parce que notre prof-chorégraphe cesserait.
Mon idée de triathlon était donc en fait un réflexe de survie devant un avenir incertain dont j'ignorais l'augmentation prochaine de degré.
Je suis consciente qu'il s'agit d'un MPP, il n'empêche je n'ai pu de toute la soirée me départir d'une forme d'appréhension. Sans danse, que deviendrons-nous ?
(mais je suis contente pour elle, c'est un beau chemin, une vie professionnelle qui aura beaucoup apporté aux autres, beaucoup appris)
(1) Ah les métiers où les longues heures de répétition ne sont pas comptées. Seulement le spectacle, parfois unique.
La fin du monde est pour demain (oui mais d'abord je dors)
(Bonheur du vendredi 22 janvier 2016)
Il y aura eu ce déjeuner avec un ami dont la conversation est formidable. J'ai l'impression de devenir moi bête à chaque fois qu'on se voit et je ne sais pas comment - la plupart du temps nous parlons de livres ou de société, ou de politique ou lui de philo (mais en philo je suis assez vite larguée, c'est qu'au lieu de faire penseurs dans ma jeunesse j'ai fait BTP). Je manque désespérément de hauteur de vues dans mon quotidien, ça fait du bien de pouvoir s'extraire de la mélasse des modestes tracas ne serait-ce qu'occasionnellement. J'admire la façon dont il parle de son métier. Mais c'est peut-être plutôt de l'ordre du solide bonheur, dix ans après un tremblement de terre affectif qui m'avait laissée sans des doutes abyssaux, l'amitié a repris le rôle de socle qu'elle a dans ma vie. J'ai appris à concevoir que certains humains sont fluctuants, que c'est ainsi, qu'ils sont comme ça. Et pas moins attachants pour autant, il convient simplement de savoir faire avec ou sans.
Le petit bonheur du jour aura été une carte postale, una cartolina di Venezia che mi ha lasciata con una bella felicita, come da dire di non disperare che la bellezza e i pensieri affettuosi esisteranno per sempre (anche si viene di nuovo la guerra altre che quella economica che abbiamo già).
Billet publié dans le cadre des Bonheurs du Jour.
Share the love chez Kozlika qui a lancé le mouvement et le lien verstous les bonheurs (pour s'inscrire c'est par ici- grand merci àTomek qui s'est chargé du boulot -)
Chez Couac : Bonheur du jour 9
C'est un touite de Robinson Boucan (merci Robinson) qui m'a fait (re?)découvrir ce clip d'un air des années 80 dont je n'avais pas (ou plus) le souvenir : ce furent pour moi des années sans télé, du moins jusqu'en 1988 où nous nous étions laissés convaincre de passer au cable et ses chaînes du monde entier. D'où que des airs qui ont bercés mes vingt ans (que j'ai aimé ces airs où non : ceux qu'on entendait partout tout le temps finissent par s'accrocher à l'époque concernée et nous en venons à les chérir ou les détester selon le fond sonore de quoi ils représentaient).
Black, j'aimais bien. Et cette chanson retrouvée m'a accompagnée toute la journée.
Avec ce courage qu'elle me donnait que j'aurais quand même connu 12 ans sans (trop) (de) solitude et de mesurer que même si d'une façon ou d'une autre je ne suis que rarement sortie d'être dans le dur, pour une raison ou une autre, ma vie est quand même à sa façon vachement plus wonderful qu'à vingt ans.
(et si je tiens la santé, je n'ai pas dit mon dernier mot, loin s'en faut)
et très fair play. Avec une belle iconographie.
Cet article vient de me sauter aux yeux. Il s'agit pour Libé (qui a été fondé en 1973 pas en 1981 contrairement à ce que ce "corrigé" croit savoir) d'une interview de Nicolas Grimaldi (1) :
Les terroristes agissent comme dans un rêve en prenant congé du réel
Il m'est arrivé une fois de prendre congé du réel sous l'effet d'un choc émotionnel violent et une deuxième fois, au lendemain du 7 janvier et pour partie à cause des événements de ce jour-là, j'ai frôlé la récidive. Je peux attester qu'il s'agit d'un étrange état et qu'effectivement on peut ne plus être vraiment ici bas tout en prenant en compte l'environnement et les choses concrètes, qu'il est possible (je crois) de donner une apparence extérieure de quasi normalité, et de tenir une conversation.
Je n'étais programmée pour rien du tout, il se trouve simplement que dans les deux cas j'étais confrontée à des situations ou des propos tenus en face à face qui dépassaient l'entendement, lequel a buggué en se plaçant dans la position "normale" qui y ressemblait le plus : être en train de faire un (très mauvais) rêve. Et donc croire mais sans plus aucun lien, plus aucune ancre plantée dans aucun fond stable, qu'on n'est plus en "pour de vrai". Il se trouve que je ne suis pas d'un naturel violent, où qu'elle ne se déclenche chez moi que sous forme de contre-attaque et que je n'étais pas en train de conduire ou de piloter quoi que ce soit. Je n'ai donc tué ni menacé personne, à part éventuellement moi en cherchant à sortir du cauchemar.
Il n'empêche que je trouve de fait l'hypothèse de ce philosophe très plausible. Certains recruteurs-manipulateurs sont sans doute très forts. Et des drogues doivent probablement contribuer à l'état "décollé". Si je n'avais pas traversé moi-même certaines difficultés, j'aurais pensé de toute ma rationalité coutumière qu'il exagérait.
Si ça tombe les mecs croient être dans un jeu video (2), oh trop cool, le décor c'est comme dans à Paris.
Et peut-être que celui qu'à l'heure actuelle on recherche encore a tout simplement "décroché" sur le moment, repris connaissance avec le réel et s'est carapaté, atterré. Dans mon cas très léger, et non programmé, le retour au réel s'est fait grâce à quelqu'un qui s'est adressé à moi, l'air gentiment inquiet.
(1) par