Un hiver très printanier
29 décembre 2015
C'est la fin de décembre. Il a été très doux.
En ce jour où nous décidons de quitter Paris pour une semaine ou moins (selon les impératifs d'emploi ou leur absence), on se croirait au printemps.
La photo est prise à la va-vite sur une aire d'autoroute, mais le groupe de personnes sur les tables extérieures est tout bonnement en train de pique-niquer, et ce n'est pas héroïque de leur part, les conditions s'y prêtent.
J'ai effectué tout le trajet en pull, ce grand pull gris moucheté trouvé un jour près de chez moi en rentrant, je crois, de chez toi, d'où que j'ai le sentiment d'un cadeau de ta part, quelque chose que tu m'aurais confié. Pas un seul instant, même en sortant pour la pause, je n'ai eu froid. À peine, une vague sensation de frisquet en arrivant dans la maison vide et non chauffée (1).
Dans la salle de bain, un moustique nous attendait (2), dans le jardin deux fleurs.
C'est un hiver très printanier.
Quelque chose d'ancestral m'empêche de le bien savourer. Pas grand chose à voir avec la conscience des calamités potentielles que porte le réchauffement climatique, je ne crois pas qu'un seul décembre change grand chose à l'affaire, d'autant plus que j'ai des souvenirs encore récents de grands froids bruxellois et de me tenir glacée dans des librairies dont les portes n'étaient la plupart du temps pour des raisons commerciales pas fermées. Mais plutôt avec la crainte animale d'un "rattrapage", que le doux présent cache du brutal ultérieur, que le printemps soit de ceux de diète prolongée comme autrefois lorsque les premières récoltes se faisaient attendre et que les maigres réserves de l'année passée étaient épuisées. Je ne sais presque rien de mes aïeux, mais ils m'ont transmis beaucoup de leurs difficultés de survie.
Vaguement inquiète et incrédule, j'enlève doucement mon pull.
(1) C'est là qu'on s'aperçoit que du moins hors la ville et ses micro-climats, le chauffage n'est pas tout à fait un luxe.
(2) D'où cette question du soir, à la mode enfantine