Listes de souhaits
Première pensée au réveil

The no more secret diary of Gilda F. aged 12¾


    Parfois je suis fière de moi. Ou plutôt de la moi que j'étais (la moi du présent étant généralement gluante de fatigue et empêtrée dans diverses difficultés). Ce soir je suis extrêmement fière de la gamine de 12 ans 3/4 qui tenait un journal pas intime, mais très précis, un vrai carnet de bord, avec durant les congés scolaire un soin méticuleux (1).

En vue d'un de mes chantiers d'écriture, que j'espère avoir enfin le temps de lancer si je parviens à arbitrer décemment entre emmerdes de fric et boulots rémunérés à devoir accepter pour faire face aux premières, je relis le diario de l'été 1976 et ainsi : 

  • Retrouve la description pas mal rédigée du tout des conditions de casernement du bataillon de Joinville où l'un de mes cousins effectuait son service militaire ; lequel cousin en m'offrant un livre illustré sur les atomes et ce qu'on en savait alors m'embarqua dans une vocation qui me tint de 13 à 19 pour la physique nucléaire et quantique et qui reste comme quelque chose de fondateur, une sorte de socle stable de moi ; 
  • Réapprends que le vainqueur du Tour de France cette année-là fut Van Impe suivi par Zoetemelk. Le troisième était Raymond Poulidor que j'appelle Poupou, on disait tous Poupou. Et alors que je n'écris quasiment que des faits, sans aucun affect sauf quand il s'agit de supporter l'ASSE, je prends la peine de préciser "C'était le dernier tour de Poupou - il a 40 ans -."
  • Constate que conformément à la mémoire que j'en conservais, je regardais tous les jours les J.O. de Montréal, avalant toutes les disciplines que les retransmissions nous proposaient. Et c'est ainsi qu'en toute logique : 
            Jeudi 22 juillet par un temps variable et alors que nous disposions de la voiture (2)
    Je note que j'ai écrit au magazine de fooball "Onze" (3) Puis j'ai été poster la lettre et acheter du pain. Comme d'habitude, j'ai passé la première partie de l'après-midi à jouer avec Valérie (ici) et à regarder "Au cœur du temps" et puis la deuxième partie à regarder les J.O. - Nadia Comaneci est médaille d'or au concours général de gym avec 10 aux barres asymétriques et 10 à la poutre -. Ce soir nous avons attendu jusqu'à 22 heures 25 pour voir 5 mn des J-O dont nous n'avons rien vu. (écrit le 23-7-76 à 9 heures 25)

La dernière phrase peut sembler bizarre mais il convient de savoir ou se souvenir qu'en ce temps là les magnétoscopes n'existaient que chez les riches et l'internet restait à inventer (ou commençait de l'être mais bien loin d'atteindre le grand public). Si nous voulions revoir Nadia il nous fallait attendre un résumé du jour ou la part sport d'un journal télévisé. C'est visiblement ce que nous avions tenté de faire - en vain. J'en rajoute un peu dans la formulation, c'est mon côté pince-sans-rire lequel n'a pas bougé et qui chez mon fils s'est trouvé dupliqué. 

L'autre élément notable est que tous les autres jours je consigne uniquement le fait que nous regardons les J.O. sans rien en détailler, fors une fois une "scène" (on disait faire une scène en ce temps-là) faite par ma petite sœur qui prétendait du haut de ses six ans se coucher aussi tard que moi qui en avait le double et à qui l'on permettait visiblement de regarder la télé un peu tard pendant les congés scolaire et s'il s'agissait de sport. Donc la mention des 10 de Nadia est significative. Quarante ans plus tard ou peu s'en faut, j'ai souvenir de l'éblouissement, d'être restée bouche bée. D'autant plus éperdue d'admiration que j'avais un réel handicap de coordination pour la gym (Quant à la danse c'était pour moi un mystère absolu, pourquoi les êtres humains se secouent-ils en rythme ? Comment fait-on pour suivre un rythme ?) qui m'avait valu dans l'année scolaire un déshonorant 5/20 malgré d'immenses efforts. Je mesurais donc parfaitement la portée de l'exploit.

 

 

 

(1) Et une écriture en pattes de mouche assez effrayante. Je crois que j'économisais le papier et suivais peut-être une forme de protection contre les intrusions. 

(2) Il faudra un jour que je décrive le co-voiturage précurseur qu'avaient mis en place mon père et trois de ses collègues pour aller de leur banlieue pavillonnaire à l'usine, située à 30 km de là. C'est typique d'une époque. Ce système permettait aux épouses de disposer du véhicule familial trois semaines sur quatre. Et donc aux enfants de ne pas toujours circuler en vélo sur des distances de 2 à 3 km (collège, lieux pour faire les courses familiales, centre d'entraînements des activités sportives ou conservatoires de musique)

(3) D'une façon totalement adrianmolesque. 

 

nb. : Bien sûr le titre est une allusion à celui de Sue Townsend 

L'intégrale de la compétition ici : Et le prélude en mars, sur fond de Abba l'air de rien : Quarante ans plus tard je souris en pensant que si on m'avait dit qu'un jour je publierai une nouvelle dans laquelle les conséquences de ma lettre ou la suivante au magazine de foot interviendraient, je recoudrai lors d'un salon du livre un bouton de manche de chemise de l'un, et que je croiserai la troisième sur les réseaux sociaux - concept alors à peine imaginable -, j'aurais alors traité le messager de fou rigolo. Ça va pas la tête ! Complètement gaga. La vie est dure mais elle sait être drôle aussi. D'autres extraits par là même si le documentaire porte sur Nelly Kim

Par ici le début d'un documentaire intéressant (avec les deux passages aux barres asymétriques dont celui avec la sortie par l'avant qui quarante ans plus tard m'épate encore tant)

Enfin au tout début (ce que dit Nadia Comaneci) et par bribes au cœur de ce documentaire par ailleurs un peu pesant, quelques éléments intéressants. 

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