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La persistance stupéfiante


    Au risque de radoter, mais ça vient de me le refaire, je suis si peu habituée à avoir chaud que je mets un moment avant de comprendre que ce que j'éprouve pourrait nécessiter par exemple que j'enlève ce pull dont machinalement je me suis équipée. Rien à voir avec des bouffées de chaleur, c'est constant.

La lecture d'Henning Mankell me fait prendre la mesure de mon épuisement : lorsqu'il évoque dans "Sable mouvant" la fatigue que la maladie et ses traitements violents lui donnent, ça ressemble à ce que je ressens dans mon état "normal" au quotidien d'en ce moment, depuis août 2014 et à cause de ce qui s'est passé en janvier, qui n'avait rien à voir avec le travail salarié, mais a interrompu une phase de récupération nécessaire, il n'y a pas eu de trêve. Juillet qui aurait dû l'accorder n'a servi qu'à me soigner - ce pied qu'un geste du travail avait rendu douloureux -. Je traverse tout ce que je fais dans une brume d'épuisement. Ne réponds pas aux messages à temps : le sommeil m'a saisie. 

Parfois un vieux billet que quelqu'un a relu, me permet de mesurer combien cet état s'est ancré, depuis plus de deux ans différentes raisons s'en sont succédées, mais il n'a pas cessé.

C'est d'autant plus curieux de n'avoir pas froid. Ou plutôt de ne plus l'éprouver comme autrefois. Aucun regret, c'est un grand avantage (1), mais une très persistante perplexité. 

Me sera-t-il accordé de connaître également des jours dont toute autre fatigue que celle lié à leur traversée me sera épargnée ?

 

(1) Je pense que s'il m'avait été accordé plus tôt, ainsi que celui de n'être pas tous les hivers sans arrêt enrhumée, ma vie amoureuse et sans doute d'écriture en aurait été transfigurée. Mais certaines choses ne dépendent pas de nous, il faut composer avec le sort qui nous est fait. 

(et ne pas trop compter sur l'intelligence et l'imagination des autres, eux aussi font avec (d'autres limites, d'autres dysfonctionnements))


Quelque chose a changé, mais quoi, en fait ?

 

    Pour le froid que je ne ressens plus de la façon si intérieure d'avant, je peux dater vraiment le changement du 7 janvier 2015. 

Pour le fait de ne plus percevoir si l'on vient vers moi par l'arrière, je peux en tracer les premières manifestations de cette période là. Ainsi que la peur disparue de Poutine. Alors que le simple fait de le voir en photo me faisait remonter un frisson tout au long du dos.

Je viens de m'apercevoir à l'occasion d'un geste médical anodin comme suite à quelques légers tracas dermatologiques que je ne ressentais désormais la douleur provoquée par un élément extérieur que de loin. La dernière fois que j'avais subi la même chose c'était en mai ou juin 2014 et j'avais dû faire un effort sur moi-même pour ne pas réagir, ne pas bouger, ne rien dire, ça brûlait. Je ne peux pas dater celui-là de mes changements de perception puisque j'ai eu la chance de n'en pas avoir l'occasion.

J'ai vraiment l'impression que l'état de choc émotionnel dans lequel les 7 puis 8 janvier je me suis trouvée plongée a débranché en moi quelque chose. 

Quelque chose de mon corps a changé, mais quoi, en fait ?

Ou alors : j'ai peut-être quitté la réalité ce jour-là et donc forcément comme je suis à l'intérieur d'un rêve les perceptions ne sont plus les mêmes mais cotonneuses, atténuées. 

Peut-être que je vais me réveiller. 

Peut-être que rien de se qui a fait semblant de se passer depuis n'est vrai.

Qu'est-ce qu'on en sait ?


Paris en 1920

Pas certaine que ça fonctionne pour tous, ceci est un essai (et la video vraiment impressionnante, alors j'espère que ça va fonctionner) 
addenda du 22/09/15 18h : Il s'agit d'un travelogue de Burton Holmes, merci au Capitaine pour le lien vers l'original. 

Je vous recommande cette vidéo d'une qualité exceptionnelle de Paris en 1920

Posted by Jean Claude Vasseur on vendredi 18 septembre 2015

Ne pas pouvoir accueillir (il est grand temps d'y remédier)

C'est ce petit film sympathique, même si peu probablement suivi d'effets concrets - déjà s'il y a du monde, beaucoup à la manifestation annoncée ça serait bien -, mais l'intention est déjà un début quand on voit les réactions dégueulasses de certains, qui m'a fait prendre conscience qu'en l'état actuel de l'appartement - il faut dire qu'on le remplit nous-mêmes assez complètement -, nous ne pourrions accueillir personne même si nous le voulions. 

Ça sera mon objectif personnel (en plus de l'écriture) pour 2015/2016 : le rendre à nouveau accessible à qui saura se contenter d'un canapé dans un salon encombré - même en rangeant ça restera encombré, il ne faut pas rêver -.

Dans le même ordre d'idée, Sacrip'anne résume assez bien ce que je ressens sur la période, rapport à l'état du monde, et à quelques nuances près - par exemple pour les tricheurs et les dangereux, j'aime autant qu'on me tienne au courant même si c'est déprimant -, c'est quelque chose comme ça que j'eusse aimé être capable d'écrire  :

Je voudrais 


Trop de temps contraints, le reste trop vite


    De cette période plus tard je redécouvrirai les belles soirées, les retrouvailles amicales, de savoureux messages échangés. Le chemin retrouvé (grâce au Nouveau Méliès) du cinéma qui me manquait. D'autant plus que j'avais également perdu deux ans plus tôt le cinéphile avec lequel les échanges comblaient ma propre soif de cet art des images en mouvement.

Ce curieux problème dont on parle assez peu, lié au vieillissement : on finit par développer un si joli petit niveau de compétence dans nos passions qu'il n'y a presque plus personne avec qui échanger en étant l'apprenant. 

Mais sur le moment je n'ai la sensation que des temps contraints (professionnels ou médicaux), du sommeil contre lequel il faut sans arrêt négocier alors que dans une vie équilibrée il serait d'être si solide mon meilleur ami, les jambes douloureuses et la tête qui tourne. Trop de temps contraints et le reste va trop vite.

(Le tout sur fond d'Europe qui semble aller vers la guerre ; mais c'est peut-être en moi un tracas d'été chaud, comme si je me souvenais de 1914)

 


"Sous le soleil timide de septembre, donc [...]"

"Sous le soleil timide de septembre, donc, on n’est pas sans inquiétude. "


    Un texte de Marie Cosnay qui dit tout bien la confusion, la complexité, les choses inextricables (mais qu'on voudrait pouvoir faire quelque chose, ne pas renoncer à notre humanité)

Réfugié, participe passé passif

(lien médiapart alors j'ignore s'il restera disponible en entier) 


Deviser avec Mark (Twain)

(dernier rêve avant réveil)

Nous (? - je ne suis pas seule dans le lieu du songe mais au réveil j'ai oublié qui m'accompagnait (famille ? ami.e ? amoureux ?) -) marchons à la campagne vers une jolie palissade de bois bien peinte en blanc. Je sais que c'est Tom Sawyer qui en faisant envie à ses potes, a fini par faire ça. Il y a un homme qui se tient là, pipe et chapeau, air doux d'antan - d'avant la grande guerre puis l'autre et la shoah pour ne parler que de ces horreurs là -, il contemple les grandes étendues au delà. Nous nous parlons comme si nous nous connaissions depuis longtemps mais nous savons l'un comme l'autre que ça n'est pas le cas.

Seulement il n'est pas là pour longtemps alors il n'y a pas de temps pour des préliminaires acclimatants. Et la connivence y est, même si (V., #anotherTed ...) je m'en méfie désormais.

C'est Mark Twain. Ça va de soi. Arrive [biiiiip] , qui me fait la bise - il fait partie de ceux de mes amis qui ont trop bien réussi dans la vie d'une certaine façon mal tourné - et je laisse les deux hommes se parler. Il en va d'un avenir peut-être un peu moins pire pour l'humanité. 

 

Le son que le rêve a saisi est .

Mettre le radio-réveil à 6h20 afin d'entendre la part littéraire de l'émission de Tewfik Hakem se révèle à l'usage une excellente idée, mais pas du tout comme je m'y attendais : incapable de me réveiller avant 6h30, j'incorpore ce qui se dit à un dernier rêve que ça rend beau. 

 


Gratitude

    Je ne sais comment remercier Yves Pagès et son équipe, ainsi que Jean-Yves, Arno et Philippe qui m'ont permis de passer le cap d'une sorte de malédiction chagrinée qui m'empêchait d'aller au Point Éphémère pour y avoir été trop heureuse, éblouie, émue, aimante, autrefois. 

J'y ai passé ce soir une excellente soirée avec des lectures et même un concert de qualité, j'ai mis de nouveaux souvenirs tout frais sur l'endroit, estompé ceux qui m'en éloignaient d'être devenus source de chagrin rien qu'à y repenser. Je ne dis pas qu'il n'ont pas tenté leur offensive notamment pendant la deuxième lecture qui évoquait le quotidien ou l'histoire du Brady, un cinéma, rappelant cette passion des films que nous partagions, mais les mots de Pierre Senges et Maylis de Kerangal, puis la musique les ont tenus en respect.

Une page est tournée. Dieu seul ou son absence savent combien elle avait compté. 


L'étrange météo plutôt favorable


    Tu avais un rendez-vous médical que l'on qualifiera de contrôle ou de résultats des courses, un horaire précis. 

Il restait peu mais un peu de temps pour dormir avant d'y aller. Ta vie depuis 9 mois, c'est régler le radio réveil sur la contrainte suivante, qu'elle soit médicale, sportive, professionnelle ou festive, et dormir en attendant.

Mais le ciel en avait décidé autrement ; ce sont des rafales de vent, si violentes qu'elles faisaient battre les fenêtres, et une pluie de déluge naissant qui se sont abattues sur la ville. Au point de te tirer du très profond sommeil, dans lequel tu sombres instantanément. 

Tu te demandes comment tu vas faire pour honorer ton rendez-vous. C'est embarrassant : il est de ceux qui se prennent plusieurs mois à l'avance et qu'un employeur aura beau jeu de te reprocher si tu refuses de venir travailler à sa demande un jour inhabituel parce que tu en avais un de prévu - et que tu n'es pas si indispensable, tu le sais -. Mais à présent c'est la pluie et le vent qui jouent les menaces.

Et qui, miracle ou constatation d'échec de l'intimidation, stoppent tout soudain au bout d'un quart d'heure pour laisser place à un brillant jour d'été.

*            *            *

Le rendez-vous passé, tu sors, le cœur (presque) léger, sous ce temps estival. Un parc propose ses bancs à proximité. Tu t'y arrêtes pour lire, savourant la pause, dans un emploi du temps somme toute assez chargé.

Tu aurais le temps de rester, mais à la fin d'un chapitre tu te lèves, vérifies où se trouvent les vélibs les plus proches et files en prendre un, rentrer soudain sans plus tarder. Il fait pourtant encore grand soleil.

Le vent se lèvera alors que le vélo viendra d'être posé et à nouveau pluie et vents se déchaîneront alors que tu viendras de fermer derrière toi la lourde porte de l'immeuble, avec un grondement d'orage en guise de salut.

Pour un peu tu le prendrais comme une marque de déférence, Bravo, bien joué, je n'ai pas réussi à t'avoir, tu es arrivée à temps. 

*            *            *

Mon programme des prochains mois sera de tenter avec la vie même d'en faire autant. 


De l'importance de régler le radio-réveil sur une bonne émission

(rêve de réveil - grâce à la radio -)

C'était l'émission de Tewfik Hakem et Claro, ce qu'à l'avance j'ignorais, en était l'invité. C'était doux d'entendre sa voix, j'étais je crois en train de rêver d'une maison librairie, un endroit chaleureux où je travaillais, il y avait Mathias et Marion, présents aussi, et nous rangions des livres tout en devisant. La lumière était très douce, sans doute celle d'un tôt matin de jour ensoleillé.
Claro nous rejoignait mais était donc appelé à l'antenne, et répondait à l'émission avec un équipement de téléphone mains libres, tout en restant parmi nous et continuant à trier. Avec Mathias, un peu potaches, on essayait de faire les clowns et le déconcentrer mais il restait imperturbable. 

Puis on arrêtait tous tout pour ne plus faire que l'écouter, tant ce qu'il disait était rudement bien. Jusqu'à tenter de répondre avec humour aux trois questions un peu simplettes (un peu second degré ?) de la fin.

Nous étions heureux. 

 

Ce qui reste curieux c'est que j'ai tout écouté, compris, et pour partie mémorisé, sans pour autant cesser de rêver, je ne me suis réellement réveillée que 35 minutes après.