La persistance stupéfiante
22 septembre 2015
Au risque de radoter, mais ça vient de me le refaire, je suis si peu habituée à avoir chaud que je mets un moment avant de comprendre que ce que j'éprouve pourrait nécessiter par exemple que j'enlève ce pull dont machinalement je me suis équipée. Rien à voir avec des bouffées de chaleur, c'est constant.
La lecture d'Henning Mankell me fait prendre la mesure de mon épuisement : lorsqu'il évoque dans "Sable mouvant" la fatigue que la maladie et ses traitements violents lui donnent, ça ressemble à ce que je ressens dans mon état "normal" au quotidien d'en ce moment, depuis août 2014 et à cause de ce qui s'est passé en janvier, qui n'avait rien à voir avec le travail salarié, mais a interrompu une phase de récupération nécessaire, il n'y a pas eu de trêve. Juillet qui aurait dû l'accorder n'a servi qu'à me soigner - ce pied qu'un geste du travail avait rendu douloureux -. Je traverse tout ce que je fais dans une brume d'épuisement. Ne réponds pas aux messages à temps : le sommeil m'a saisie.
Parfois un vieux billet que quelqu'un a relu, me permet de mesurer combien cet état s'est ancré, depuis plus de deux ans différentes raisons s'en sont succédées, mais il n'a pas cessé.
C'est d'autant plus curieux de n'avoir pas froid. Ou plutôt de ne plus l'éprouver comme autrefois. Aucun regret, c'est un grand avantage (1), mais une très persistante perplexité.
Me sera-t-il accordé de connaître également des jours dont toute autre fatigue que celle lié à leur traversée me sera épargnée ?
(1) Je pense que s'il m'avait été accordé plus tôt, ainsi que celui de n'être pas tous les hivers sans arrêt enrhumée, ma vie amoureuse et sans doute d'écriture en aurait été transfigurée. Mais certaines choses ne dépendent pas de nous, il faut composer avec le sort qui nous est fait.
(et ne pas trop compter sur l'intelligence et l'imagination des autres, eux aussi font avec (d'autres limites, d'autres dysfonctionnements))