Nouvelle année
30 août 2015
Ça m'est resté de l'enfance, puis de la période où je travaillais en entreprise, du temps où les projets conséquents existaient qui courraient sur un rythme d'un été l'autre sans spécialement tenir compte des fins d'années du calendrier - fors pour certains découpages de budget -, de mes années de mère de famille de jeunes enfants scolarisés, d'abonnée (ou ex-abonnée) à certains théâtres aussi et de membre de différentes associations, sportives ou musicales, mais voilà pour moi les années sont sur le rythme de celles d'écoles. Elles s'achèvent au 15 août pour après un espace transitoire voir une nouvelle saison arriver au moment de la rentrée où à son plus proche dimanche soir.
C'est donc demain le début de 2015/2016.
Et ce soir le moment de faire un bref bilan.
2014/2015 aura été rude.
2005/2006 avait été une sorte de triangle des bermudes, comme si nous (= ma petite famille) devions subir une colère des dieux, une malédiction ancestrale, c'était étrange de voir en temps de paix tant de coups durs se cumuler dans tous les domaines possibles de façon quasiment simultanée.
Peu à peu la vie avait repris un cours plus cohérent. J'avais trouvé en 2009 l'énergie de me défendre d'une attaque insensée pour sauver ma peau professionnelle et ce mouvement semblait avoir relancé ma vie dans son ensemble vers une progression. Tout n'était pas simple, il y a eu des chagrins, des ennuis d'argent, une rencontre décisive qui n'a pas bien tourné (0), un petit succès dont je me suis à peine rendue compte, une chance formidable qui m'aide encore à présent (1) et de belles et solides amitiés.
L'automne 2012 a été un moment de grâce. J'ai été trop surmenée pour le mesurer - encore que, en retombant sur des bribes d'alors je me rends compte que je faisais la part des choses entre ce qui était formidable, la fatigue qui m'empêchait d'en profiter parfaitement, et la déception que quelqu'un m'avait infligée, mais qui restait présent et proche -.
Mais la fin de 2012/2013 avait été une dégringolade, plus d'emploi salarié - et pour le coup la conscience aigüe que j'avais eu la chance de partager une expérience sauf les derniers mois formidable - et une rupture subie combinée (2).
2013/2014 a été l'occasion de prouver une fois de plus que je peux être une survivante. Je peux sans doute remercier les ami.e.s, l'homme de la maison, mes enfants, et mon grand-frère électif. Le système de chômage qui permet en cas de licenciement économique de ne pas devoir encaisser le choc sans filet. Et je peux remercier très fort Satsuki et Claude qui m'ont aidée économiquement, l'une à tenir financièrement malgré un emploi que j'ai refusé (3) l'autre à sauver une fin de mois qui avait été rendue catastrophique par l'erreur d'un tiers. Mais quelqu'un de la famille a vu revenir un épisode de crise de sa maladie chronique et la fin de cette année là a été d'inquiétudes et d'épuisement.
J'ai vraiment cru que 2014/2015 serait enfin l'occasion de stabiliser une vie quotidienne propice à l'écriture et à la progression de ma condition physique à laquelle je persiste à croire comme si quelque chose me devait compensation pour les années d'enfance et de jeunesse traversées bien en dessous de mon niveau réel, trop occupée par les phases de fièvre et de toux et de ne plus tenir debout. Je suis une sportive. Mon corps n'est pas tout à fait d'accord. Ça se négocie.
Mais je travaillais et travaille encore dans une librairie à fort passage et j'avais fait la permanence estivale, ce qui fait que lorsqu'à la rentrée ont succédé les flux de clientèle grossis par les achats Trieweiler - Zemmour - Modiano, malgré un emploi à temps partiel je suis tombée fatiguée et du coup salement enrhumé en novembre, où je n'avais pas pu prendre de congés même brefs, et il avait fallu enchaîner sur le temps plein intense de fin d'année. Ce qui fut fait. Je sais honorer un contrat. Seulement j'ai débuté 2015 exténuée et comptant profiter d'une période d'accalmie pour me refaire une santé.
C'est alors qu'est survenu le 7 janvier.
Complété par une sorte de sous-catastrophe intime le 8. En l'écrivant ça me fait songer aux balles à fragmentation. Une première blessure serait grave mais pas fatale seulement le projectile est conçu pour poursuivre ses dégats.
J'ai assuré. Sans doute que travailler sans manquer un seul jour fors celui des obsèques d'un ami, a aidé, j'étais obligée de tenir, de me concentrer. Mais l'effet à un moment s'est inversé : j'avais esquivé le deuil, un deuil à plusieurs étages, collectif, personnel et de la blessure secondaire et il me rattrapait. L'été sans vacances mais non sans congés - ça tombait bien j'avais un pied à soigner -, m'a permis de refaire surface. Malgré un nouveau deuil, plus éloigné mais non sans forte émotion.
J'aborde 2015/2016 avec une volonté de m'en sortir renouvelée. Mais je sais que ça ne sera pas simple. Et qu'il me faudra prendre un risque financier. Avant que d'être une fois de plus rattrapée par le syndrome de George Bailey. Tenter le tout pour le tout.
Je crois que j'ai compris que pour quelqu'un comme moi, les conditions minimales de sérénité ne seront jamais rassemblées.
Le 8 septembre je saurais si l'un de mes projets est insensé ou acceptable.
Et puis j'en ai un autre, fou (je pars de rien, matériellement), à longue échéance (je n'ai pas le temps pour l'instant et ne l'aurait pas dans l'immédiat) mais très sérieux (si je l'accomplis un jour il rendra service à bien des gens) : réaliser un documentaire sur un sujet précis qui me tient à cœur.
Mes bonnes résolutions ? Ranger l'appartement, faire refaire ma carte nationale d'identité et mon permis de conduire égaré.
(0) Depuis que j'ai lu le nouveau roman de Delphine de Vigan je me demande si je n'ai pas été purement et simplement manipulée. Jusqu'alors et malgré le 8 janvier, j'ai cru à la sincérité mais grande maladresse de qui j'avais rencontré. Ainsi qu'à ma trop grande naïveté.
(1) L'accès grâce à mon écriture sur blogs à un lieu de travail que je n'ai pas à la maison. L'indispensable "chambre à soi" sauf qu'elle est collective. Ça me va.
(2) J'ai encore aujourd'hui du mal à ne pas croire que l'annonce au détour d'un message d'un truc du type "Va-t-en plus loin, j'ai trouvé mieux", n'est pas liée à celle de mon chômage devenu imminent et que jusqu'à ce moment depuis plusieurs mois celui qui me congédiait avait crânement joué sur les deux tableaux. Tant que j'étais libraire je pouvais être utile. Certaines coïncidences sont difficiles à avaler.
(3) La proposition était prometteuse mais je n'étais pas en état de l'assumer. À un certain point travailler peut aider à se remettre d'une rupture, d'un deuil, d'un accident, mais si on est en dessous d'un certain état physique, on ne peut pas parvenir à assumer ce qui est demandé et alors ça peut se révéler encore plus destructeur.