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Nouvelle année


    Ça m'est resté de l'enfance, puis de la période où je travaillais en entreprise, du temps où les projets conséquents existaient qui courraient sur un rythme d'un été l'autre sans spécialement tenir compte des fins d'années du calendrier - fors pour certains découpages de budget -, de mes années de mère de famille de jeunes enfants scolarisés, d'abonnée (ou ex-abonnée) à certains théâtres aussi et de membre de différentes associations, sportives ou musicales, mais voilà pour moi les années sont sur le rythme de celles d'écoles. Elles s'achèvent au 15 août pour après un espace transitoire voir une nouvelle saison arriver au moment de la rentrée où à son plus proche dimanche soir.

C'est donc demain le début de 2015/2016.

Et ce soir le moment de faire un bref bilan.

2014/2015 aura été rude. 

2005/2006 avait été une sorte de triangle des bermudes, comme si nous (= ma petite famille) devions subir une colère des dieux, une malédiction ancestrale, c'était étrange de voir en temps de paix tant de coups durs se cumuler dans tous les domaines possibles de façon quasiment simultanée. 

Peu à peu la vie avait repris un cours plus cohérent. J'avais trouvé en 2009 l'énergie de me défendre d'une attaque insensée pour sauver ma peau professionnelle et ce mouvement semblait avoir relancé ma vie dans son ensemble vers une progression. Tout n'était pas simple, il y a eu des chagrins, des ennuis d'argent, une rencontre décisive qui n'a pas bien tourné (0), un petit succès dont je me suis à peine rendue compte, une chance formidable qui m'aide encore à présent (1) et de belles et solides amitiés.

L'automne 2012 a été un moment de grâce. J'ai été trop surmenée pour le mesurer - encore que, en retombant sur des bribes d'alors je me rends compte que je faisais la part des choses entre ce qui était formidable, la fatigue qui m'empêchait d'en profiter parfaitement, et la déception que quelqu'un m'avait infligée, mais qui restait présent et proche -. 

Mais la fin de 2012/2013 avait été une dégringolade, plus d'emploi salarié - et pour le coup la conscience aigüe que j'avais eu la chance de partager une expérience sauf les derniers mois formidable - et une rupture subie combinée (2). 

2013/2014 a été l'occasion de prouver une fois de plus que je peux être une survivante. Je peux sans doute remercier les ami.e.s, l'homme de la maison, mes enfants, et mon grand-frère électif. Le système de chômage qui permet en cas de licenciement économique de ne pas devoir encaisser le choc sans filet. Et je peux remercier très fort Satsuki et Claude qui m'ont aidée économiquement, l'une à tenir financièrement malgré un emploi que j'ai refusé (3) l'autre à sauver une fin de mois qui avait été rendue catastrophique par l'erreur d'un tiers. Mais quelqu'un de la famille a vu revenir un épisode de crise de sa maladie chronique et la fin de cette année là a été d'inquiétudes et d'épuisement.

J'ai vraiment cru que 2014/2015 serait enfin l'occasion de stabiliser une vie quotidienne propice à l'écriture et à la progression de ma condition physique à laquelle je persiste à croire comme si quelque chose me devait compensation pour les années d'enfance et de jeunesse traversées bien en dessous de mon niveau réel, trop occupée par les phases de fièvre et de toux et de ne plus tenir debout. Je suis une sportive. Mon corps n'est pas tout à fait d'accord. Ça se négocie.
Mais je travaillais et travaille encore dans une librairie à fort passage et j'avais fait la permanence estivale, ce qui fait que lorsqu'à la rentrée ont succédé les flux de clientèle grossis par les achats Trieweiler - Zemmour - Modiano, malgré un emploi à temps partiel je suis tombée fatiguée et du coup salement enrhumé en novembre, où je n'avais pas pu prendre de congés même brefs, et il avait fallu enchaîner sur le temps plein intense de fin d'année. Ce qui fut fait. Je sais honorer un contrat. Seulement j'ai débuté 2015 exténuée et comptant profiter d'une période d'accalmie pour me refaire une santé.

C'est alors qu'est survenu le 7 janvier.

Complété par une sorte de sous-catastrophe intime le 8. En l'écrivant ça me fait songer aux balles à fragmentation. Une première blessure serait grave mais pas fatale seulement le projectile est conçu pour poursuivre ses dégats.

J'ai assuré. Sans doute que travailler sans manquer un seul jour fors celui des obsèques d'un ami, a aidé, j'étais obligée de tenir, de me concentrer. Mais l'effet à un moment s'est inversé : j'avais esquivé le deuil, un deuil à plusieurs étages, collectif, personnel et de la blessure secondaire et il me rattrapait. L'été sans vacances mais non sans congés - ça tombait bien j'avais un pied à soigner -, m'a permis de refaire surface. Malgré un nouveau deuil, plus éloigné mais non sans forte émotion.

J'aborde 2015/2016 avec une volonté de m'en sortir renouvelée. Mais je sais que ça ne sera pas simple. Et qu'il me faudra prendre un risque financier. Avant que d'être une fois de plus rattrapée par le syndrome de George Bailey. Tenter le tout pour le tout. 

Je crois que j'ai compris que pour quelqu'un comme moi, les conditions minimales de sérénité ne seront jamais rassemblées. 

Le 8 septembre je saurais si l'un de mes projets est insensé ou acceptable.

Et puis j'en ai un autre, fou (je pars de rien, matériellement), à longue échéance (je n'ai pas le temps pour l'instant et ne l'aurait pas dans l'immédiat) mais très sérieux (si je l'accomplis un jour il rendra service à bien des gens) : réaliser un documentaire sur un sujet précis qui me tient à cœur. 

Mes bonnes résolutions ? Ranger l'appartement, faire refaire ma carte nationale d'identité et mon permis de conduire égaré.

 

(0) Depuis que j'ai lu le nouveau roman de Delphine de Vigan je me demande si je n'ai pas été purement et simplement manipulée. Jusqu'alors et malgré le 8 janvier, j'ai cru à la sincérité mais grande maladresse de qui j'avais rencontré. Ainsi qu'à ma trop grande naïveté.

(1) L'accès grâce à mon écriture sur blogs à un lieu de travail que je n'ai pas à la maison. L'indispensable "chambre à soi" sauf qu'elle est collective. Ça me va. 

(2) J'ai encore aujourd'hui du mal à ne pas croire que l'annonce au détour d'un message d'un truc du type "Va-t-en plus loin, j'ai trouvé mieux", n'est pas liée à celle de mon chômage devenu imminent et que jusqu'à ce moment depuis plusieurs mois celui qui me congédiait avait crânement joué sur les deux tableaux. Tant que j'étais libraire je pouvais être utile. Certaines coïncidences sont difficiles à avaler.

(3) La proposition était prometteuse mais je n'étais pas en état de l'assumer. À un certain point travailler peut aider à se remettre d'une rupture, d'un deuil, d'un accident, mais si on est en dessous d'un certain état physique, on ne peut pas parvenir à assumer ce qui est demandé et alors ça peut se révéler encore plus destructeur.


La colère incongrue

(ligne 13, série de 2x3 sièges ; je suis sur l'un du fond. En face de moi 1 + 2 garçons. L'un à l'air hispanique dirait-on aux USA, assis en face de moi et qui semble être arrivé en même temps que deux femmes une poussette et le bébé assorti lesquels pour cause d'encombrement de l'engin sont restés un peu plus loin. Deux potes, un noir un arabe, la version classe des mecs de banlieue (1) et qui semblent contents d'être ensemble soit qu'ils aillent quelque part soit qu'ils en reviennent. Ils parlent sans hausser la voix, de sujets quotidiens, je crois entendre des dates, la mention de papiers, une question d'inscription quelque part, sans doute. 

Sur le strapontin le plus proche mais qui est séparé des 3 sièges par une petite paroi, une femme entre 55 et 60 ans. Et qui se lève soudain, claque fort le strapontin, marche jusqu'à la porte se retourne et se met à tenir un laius, mi en Espagnol mi en Français, très agressif en regardant en direction de la brochette des trois. On dirait qu'elle déclame, furieuse, une tirade de Carmen. 

Les deux banlieusards s'entre-regardent, retiennent un rire et se désignent du doigt, Moi ? Mais elle poursuit avec un mouvement de menton qui semble désigner le 3ème qui à son tour se désigne 'Moi ?', éberlué, tandis qu'elle continue à vitupérer. 

La station est atteinte, les portes s'ouvrent, l'homme, les deux femmes qui l'accompagnaient - sans être près de lui au moment où la colère de l'autre avait éclaté -, et celle qui à force de protester a attiré sur eux l'attention de tout le monde. Et qui continue comme à l'injurier. Et l'homme qui la regarde, l'air sidéré et très embarrassé, et que je crois sincère (il ne s'était senti concerné que lorsque ces deux voisins avaient obtenu un geste moins peu précis qui le désignait lui) et qui tente d'en placer une, Mais je la connais pas, et de poursuivre son trajet malgré celle qui semble avoir un monstrueux grief à l'égard de quelqu'un qu'elle confond avec lui.

J'oubliait, ce type qu'elle semble désigner comme dangereux, au début de l'esclandre, somnolait tranquillement. Elle ne semblait pas armée et il avait le gabarit suffisant pour pouvoir la maîtriser si elle passait des attaques verbales à des tentatives plus physiques pour régler ses comptes, il n'était pas du tout aggressif ni énervé (pour l'heure), on pouvait raisonnablement supposer qu'une intervention de tiers risquait surtout d'envenimer les choses. 

Il n'empêche que j'ai bel et bien vu quelqu'un se faire verbalement agresser, sans avoir fait quoi que ce soit qui méritait le déclenchement d'une colère. 

(et s'il était de mauvaise fois en affirmant "Je ne la connais pas", il est vraiment un très très grand acteur).

 

 

(1) Oui parce que malgré la vie pas drôle, il y en a.


Plus je pédale moins vite moins j'avance plus vite

(ligne 13 série de 2 x 3 strapontins)

Trois jeunes hommes en chemin pour une suite de soirée de type bar ou boîte de nuit. Pas éméchés d'apparence ni de comportement mais, comment dire : 

- Oui tu sais cette expression qui dit que quand tu tombes vraiment tout au fond tu rebondis après plus fort.

- [suggestion d'un des gars, quelque chose de l'ordre de Aide-toi le ciel t'aidera]

- Non, non, mais si tu sais bien le truc pour dire quand tu tombes plus bas tu remontes plus haut.

- [autre suggestion rejetée de l'ami secourable]

Alors, le 3ème, sentencieux : 

- Cette conversation de mecs torchés qu'on a.

 

J'ai failli intervenir puis me suis abstenue, consciente qu'à leurs yeux j'étais sans doute une vieille, de quoi elle se mêle celle-là, potentielle. Alors j'ai porté mon effort sur une louable absence d'éclat de rire.


La circulation des informations via les réseaux sociaux - bel exemple


    Comme tout s'est bien fini, on peut se pencher sans arrière-pensées sur ce qu'on a fait de ce qui s'est passé vendredi et que ça en devienne un cas d'école. Je crois que c'est formidablement typique de la place que les réseaux sociaux en général et twitter en particulier ont pris dans nos vies. 

Je me souviens parfaitement qu'au tout début de twitter je ne voyais pas l'intérêt de raconter sans arrêt par paquet de 140 caractères sa vie. J'y suis venue, comme ça m'arrive le plus souvent avec les lieux réels ou virtuels, parce que les amis y étaient et pour les y retrouver. Il faut dire que je n'avais pas de téléphone adapté, et quand je me suis inscrite je touitais sur l'ordi (et donc pas ou très peu lorsque j'étais à l'extérieur). Très vite s'est devenu un moyen de plaisanter entre amis sur nos petites mésaventures quotidiennes. Il arrivait un truc anodin, par exemple un train qui se traîne, on en faisait un trait d'humour, si des potes passaient par là ils renchérissaient, et passaient mieux les trucs pénibles. Il y avait ce côté café du coin : tu passes et à cet instant sont là tels ou tels habitués parmi tes amis. Très vite aussi, c'est devenu un lieu d'échanges pratiques : un problème se pose, parmi tous les gens qui lisent il y en a bien un qui connaît une solution possible. Je date de 2011 le moment où le côté "informations en temps réels" prend de l'ampleur. J'ai suivi l'Égypte en direct, la Tunisie puis la Syrie avant de désespérer. Les négos pour la Grèce. Récemment l'explosion à Tianjin. Abonnée aux comptes pertinents, je peux disposer en temps quasi instantané des infos sur quoi qu'il se passe dans le monde - à recouper ensuite, il ne faut pas oublier (1) -.

Ce que les non-utilisateurs oublient le plus souvent, c'est qu'on a chacun le twitter qu'on se fait : selon les comptes que nous suivons, nos TL seront très différentes. 

La plupart du temps lorsqu'on est sur place de quelque chose qui survient on ignore de quoi il s'agit. Le vendredi 9 janvier dernier il y a eu une fausse alerte entre les métro Trocadéro et Boissière, c'était spectaculaire, au point que des personnes sont entrées se réfugier brièvement dans la librairie où je travaillais. Mais il ne s'agissait que d'une fausse alerte. Impossible sur le moment de savoir de quoi il s'agissait, nous ne pouvions que décrire - j'étais au travail, je ne crois pas l'avoir fait, j'ai brièvement passé un coup de fil à mon conjoint en lui demandant de regarder sur l'internet s'il lisait quelque chose et afin qu'il soit averti -. À l'inverse, des personnes dans le Thalys de vendredi, installées dans des rames loin de celles de l'individu armé ne voyaient qu'un train, le leur, qui s'arrêtait sans raison apparente ni explications. Alors qu'il se passait quelque chose de grave.

L'article suivant (de Nicolas Vanderbiest chez Reputatiolab) d'analyse moins de 48 heures après de la circulation des informations via le réseau social et ses interactions avec les médias classiques est de ce point de vue passionnant. Et par instants presque drôle en particulier lorsque les journalistes tentent de contacter des touiterons qui indiquent être à bord en même temps que leur perplexité, leur apprenant par la même occasion qu'il s'agit d'autre chose que d'une simple panne. Au passage on voit la récupération immédiate, y compris pour un drame qui n'a pas eu lieu, par la fachosphère - je me demande parfois s'ils ne rémunèrent pas des gens pour guetter le moindre truc sur lequel s'appuyer pour entretenir la haine de l'autre, comme si la nationalité de quelqu'un sa provenance ou sa religion contenait la certitude de son infériorité -. Mais l'article est plus large que cela.

 Attentat du #Thalys : Twitter avait les informations 1 heure avant les médias

nb. : Je ne suis pas certaine que la France ait fait tellement mieux en matière de communication de crise que la Belgique, à part ce touite royal respectueux mais si tardif qu'il donnait l'impression d'être le fruit d'une longue négo de type Après vous je n'en touiterai rien, entre royauté et gouvernement. Mais j'admet que l'auteur de l'article en sait plus que moi. Ça ne me serait pas venu à l'esprit de faire un comparatif, il me semble qu'à part pour le coup des abrutis français et fiers de l'être qui tapaient sur le ministre de l'intérieur pour n'avoir pas arrêté le suspect pourtant fiché alors qu'il vivait en Espagne (d'après ce que j'ai lu) et est monté en train à Bruxelles, les frontières importaient peu. Les soldats voyageurs l'ont très bien prouvé.

(à part ça suis-je la seule à avoir souri en imaginant Valls piaffant d'impatience de pouvoir enfin lâcher son touite après que le président avait émis le sien ?)

 

Je n'oublierai pour ma part jamais que je dois à twitter une belle rencontre sur un Thalys Paris Bruxelles parce que j'avais de mon ordi d'alors touité, agréablement surprise, Tiens il y a du wifi ! et que quelqu'un de bien me lisait et m'a dit, On prend un café ?

(1) Dans notre monde hyper-connecté d'aujourd'hui, recouper l'info peut certes revenir à vérifier via différents moteurs de recherche si d'autres l'évoquent - avec le danger qu'en fait elles utilisent la même source - mais aussi contacter l'ami qui se trouve sur zone et lui demander Dis, il se passe quoi en bas de chez toi / de ton bureau ? En général, l'alerte du journal Le Monde qui est parmi les classiques un des plus réactifs survient alors qu'on vient d'avoir la réponse (sauf si le pote est à l'autre bout du monde et roupille parce que chez lui c'est la nuit et qu'il ne s'agit pas d'un tremblement de terre ou d'une méga-explosion). Pour vendredi ils l'ont émise à 19h27 (heure d'arrivée sur ma messagerie), ce qui me semble honorable même si elle évoquait "Trois blessés par balle" (sic).

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Le récit sobre de Taylor Pemberton - North Korea - 2015

Capture d’écran 2015-08-22 à 10.51.22

C'est sur instagram, par ici et c'est passionnant. (en plus que les photos sont bonnes, leur auteur a un regard)

 

La capture d'écran est extraite de ce billet dont voici la conclusion : 

"I'm able to practice the art of photography and documentary. I can be inspired by people I've never met. I feel the competition, the pressure to keep growing and exploring. I don't know where I'd be without the accessibility of free information. I grew up on the Internet. I've formed my own conclusions. And for that, I feel very grateful."

Il y a dans la qualité de ses brefs commentaires, et ce qu'il accroche, quelque chose qui me rappelle Albert Londres. Avec les outils de maintenant.

 

 


Pourquoi sommes-nous touchés par certaines infos quand d'autres du même acabit nous laissent indifférents ?


    (Ce billet n'aura sans doute ni queue ni tête, c'est plutôt plein de questions que je me pose et que j'aimerais mettre en mots afin d'y voir moins pas clair).

D'emblée j'ignore si c'est très différent pour chacun de nous, d'être émus ou de se sentir concernés par une info en particulier, ou s'il s'agit d'un ressenti très personnel. À défaut de pouvoir généraliser, je vais essayer de piger pour mon propre cas (le seul pour lequel je dispose en intégralité des données).

D'une façon générale je suis peu intéressée par les faits divers et infos factuelles (1) qui ne me concernent pas ni aucun de mes amis ou connaissances, à trois exceptions près qui d'ailleurs peuvent se chevaucher : 

- le truc est drôle, en particulier par effet d'humour noir et de mauvais esprit. Typiquement aujourd'hui cet article du Monde qui révélait que Doris Lessing avait été surveillée pendant vingt années par les services secrets britanniques ;

- ce qui s'est passé est certes local mais tellement symptomatique de notre époque ; 

- ce qui s'est passé ferait un bon sujet de nouvelle ou de roman.

En revanche je suis intéressée par la marche du monde et plus encore à présent que l'internet via les réseaux sociaux nous laisse en prise directe avec ce qui survient. Avec le danger de se planter car il n'est pas toujours évident de recouper l'info. J'ai suivi le cœur battant en 2011 la marche bouleversante des révolutions méditerranéennes puis de leur confiscation par de nouvelles dictatures, j'ai suivi autant que je le pouvais ce qui concernait les négociations pour la Grèce. Parfois je ne comprends pas tout et parfois j'ai le sentiment d'être complètement larguée malgré que j'ai lu bien des articles plutôt bien écrits et documentés (typiquement : les forces en présence en Irak, en Syrie ; la guerre entre l'Ukraine et la Russie (2).

Parfois quelque chose qui est à la limite du fait divers de catastrophe (naturelle ou pas), de la politique, d'un cas typique de l'air du temps, me saisit complètement. Je reste alors attentive au fil d'infos concerné tant qu'elles n'atteignent pas un pallier de type On en saura plus demain mais là on n'en sait pas plus.

Certaines fois il est clair qu'il s'agit d'un "hasard" temporel : ainsi les premières images des explosions de Tianjin sont apparues sur twitter alors que j'étais devant mon écran, j'ai donc passé toute la soirée du mercredi 12 à regarder, effarée, en tentant de piger. Pendant ce temps une partie de ma petite famille passait quelques jours de vacances en Normandie, dans une maison sans connexion ni télévision. Ils ont bien entendu des infos, je crois à la radio, vu des titres devant la boutique du marchand de journaux. Mais quand je les ai rejoints pour le week-end, encore pensive et dans l'esprit concernée, eux était en mode Ah tiens au fait, en Chine, il s'est passé quelque chose, non ?

Enfin, ce qui nous saisit procède dans certains cas de l'évidence : ainsi cette fusillade dans un Thalys aujourd'hui, en plus un vendredi à l'heure où il m'arrivait de le prendre en rentrant de Bruxelles quand j'y faisais un saut pour des raisons sérieuses dont la cause principale a disparu de ma vie il y a deux ans avec la violence d'une explosion et un même effet de surprise ; si ma vie avait suivi son cours, j'aurais fait potentiellement partie des personnes concernées ou sinon moins du moins quelque très proche. Comme il se trouve qu'entre temps certains de mes amis qui vivaient là-bas sont revenus à Paris, je n'ai plus d'inquiétude directe en apprenant l'info, mais subsiste un réflexe, et la conscience aigüe qu'être concerné(s), ma foi, ça aurait pu. 

Ce qui est d'une évidence éblouissante est que les moyens moderne de communication renforcent l'effet d'intérêt, l'effet de trappe, qui nous voit pendant quelques heures tombés dans un trou temporel, uniquement préoccupés d'une info (ou son absence) pourtant lointaine. J'ai le souvenir maintes fois d'avoir guetté des miettes d'entrefilets et pas seulement pour le coup d'état de 1987 au Burkina Faso lequel m'avait concernée puisque mon amoureux était sur place et qu'à l'époque "communications coupées" ça voulait dire, pas même un SMS, pas de possibilités d'appels téléphoniques, rien. Non, vraiment pour des événements qui m'intéressait parce que je me sentais reliée en tant qu'être humain à ceux qui étaient concernés. Par exemple Seveso, ou la mort d'Allende et le coup d'état associé, plus récemment Tchernobyl ou la chute du mur de Berlin. On devait attendre les flashs d'infos (ou que ceux-ci sur France Info ajoutent un élément nouveau), et la parution des journaux. Et un article ne comportait pas de liens hypertextes pour tenter d'en savoir plus que ce que disait le texte trop court qu'on avait sous les yeux.

Me voilà donc encore réveillée à une heure avancée parce qu'un type sans doute cinglé a tenté de tuer sur un train d'une ligne que j'empruntais il n'y a pas si longtemps et très régulièrement pendant plusieurs années. 

Comme pourrait l'écrire mon ami du Rien Quotidien, on est peu de choses et à quoi tiennent-elles.

 

PS : Toutes autres considérations mises à part, désormais ce sont les touites que les médias classiques quêtent (pas nouveau, depuis plusieurs années déjà) y compris afin d'y piocher les déclarations des politiciens concernés. Exemple typique dans cet article du Point sur le tireur du Thalys.  Quand on pense aux articles d'il y a six ans au sujet de ce petit truc d'oiseaux cui-cui qui amusait ces fadas d'internautes, je me dis qu'il ne faut décidément jamais jurer de rien.
Cela dit j'ai le souvenir d'un article raisonné et annonciateur chez Embruns qui avait tout bien vu venir. 

(1) Ce n'est peut-être pas le mot juste : je veux dire concernant des choses qui surviennent par oppositions à des événements prévus (par exemple une finale sportive : on sait quelle est censée avoir lieu, c'est le résultat qui est l'inconnue) ou voulus (par exemple : une loi est en train d'être débattue au parlement et puis tel jour tombe l'info qu'elle vient d'être votée). Ou encore des choses qui sont survenues sans qu'on le sache pour lesquelles l'info est leur soudaine découverte (généralement x ans après).

(2) J'ai beau avoir lu de fins articles (d'ailleurs : comment se fait-il que l'on en parle plus, alors que rien ne semble vraiment résolu ?), ça me paraît aussi absurde que si la France et la Belgique se mettaient à guerroyer ; preuve que je n'y comprends rien. 

addenda du 22/08/15 : témoignage de Jean-Hugues Anglade et un article assez complet dans Libé.


Soyez rassurés


P8191899Soyez rassurés, il existe aussi des salles normales. Et des zones d'accueil pour les grands.  20150819_204523

Je voudrais pas dire mais Montreuil a désormais à la fois la plus belle piscine que je connaisse à et près de Paris (1), et le plus beau cinéma. (et la pression fiscale n'est peut-être pas pire qu'ailleurs, pas pire) (1) La plus belle de toutes, la piscine de mes rêves de la réalité, reste la piscine Longchamp à Uccle. Quand tu penses que ça fait bien quatre ans que je n'y ai pas nagé. Triple #plog (no more love, no money). Quand à la piscine Beaujon elle ne manque pas de charmes (dont celui d'être à 20 mn en vélib de chez moi) mais elle est nettement plus petite et on ne peut pas y pratiquer le pull-plaquette aux heures de grand public.