Flagrant délit de gentrification (mon quartier pris en)
Écrire en dormant (remerciements)

La société des objets dépendants


20150504_164827 - Version 2Des tracas de plomberie toujours pas totalement résolus et une bonne forme relative m'ont poussée aujourd'hui à tenter de ranger. 

Pas le petit rangement du (déjà grand) retard de tout-venant. Non du grand truc archéologique afin de (tenter de) dégager vraiment. 

Dans des tiroirs peu accessibles dormaient une part de mes archives d'équipements informatiques successifs, barrettes de mémoires pour des PC alors modernes, factures, manuels, listes de codes que je ne sais plus lire (1), vielles réclames  20150504_164848 - Version 2...

J'ai retrouvé des disquettes 5 pouces 1/4 (repeat after me : cinq pouces un quart).

Par ailleurs j'ai archivé (traduire : descendu à la cave) des cassettes video auxquelles pendant longtemps je tenais, mais pour lesquelles je ne sais même plus si le lecteur est encore branché sur notre vague vieille télé). J'ai mis de côté les disquettes 3.5 pouces pour lesquelles je sais avoir un petit lecteur quelque part dans le fourbi. Pour autant, si je ne le retrouve pas, je ne pourrai plus consulter les documents que j'y croyais sauvés.

Tous ces objets sont en bon état, ils pourraient encore avoir leur utilité, hormis pour les programmes dont les versions ont évolué en même temps que les supports changeaient. Mais voilà il manque l'outil intermédiaire.

Quelqu'un que j'aimais a ainsi lors d'un déménagement il y a bientôt cinq ans jeté toutes ses cassettes video et ce n'était pas seulement par manque de place.

Ça n'est jamais arrivé à mes grands-parents : jeter des objets non pas parce qu'ils ne fonctionnaient plus mais parce que leur usage nécessitait un intermédiaire qui n'existait plus ou était en panne sans grand espoir de réparation.

C'est sans doute un peu arrivé à mes parents : films super 8 vierges qui n'avaient plus de camera pour les utiliser par exemple, ou récipients pour un robot ménager mort au bout d'une quarantaine d'années, sacs d'une boule Hoover avant l'internet qui aurait permis de les proposer à un collectionneur équipé.

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Et pour ma génération et celles qui suivent ça sera sans doute de plus en plus fréquent. Non pas tant l'obsolescence programmée qu'une mise au rebut d'objets dépendants dont l'intermédiaire entre eux et l'usage que nous en faisons aura disparu.

Jean-Paul, Secrétaire Général, a dû prendre sa retraite (méritée) depuis bien longtemps, mais pendant ce temps la planète s'épuise de nos sur-productions destinées à des usages de plus en plus limités.

Ne serait-il pas plus que temps de penser à des usages plus pérennes, moins effrénés ? 

 

(1) Je ne sais même plus identifier l'usage qu'ils avaient. Pour les plus anciens presque trente ans (30 ! XXX !!) se sont écoulés. Le trou de mémoire me semble légitime. 

PS : Il est vrai aussi que pour les cassettes audio et video ce sont désormais aussi parfois les supports eux-mêmes qui défaillent. Ainsi que pour les diapos.

PS' : Il semblerait donc que ça soit au printemps 1992 que j'ai croisé Bill Gates qui présentait au Palais des Congrès Windows 3.1 ; mamma mia !

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