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Comment en sortir ?


    Le fait est qu'à part en 2006 et que ma vie m'était tombée dessus et dans une moindre mesure 2009 où l'épuisement était compensé par l'espoir d'une vie enfin meilleure, je ne me suis jamais aussi sentie épuisée durant un printemps. Mon corps a son besoin d'hibernation d'hiver. Je parviens péniblement à faire le nécessaire : travail et corvée, entraînements sportifs mais non sans difficultés. 

Et pour le reste, je dors sans arrêt. J'ai même dû rentrer avant la vraie fin d'une soirée.

J'ai l'impression d'être en permanence sous perfusion de somnifère. Avec en prime un corps généralement douloureux.

Le médecin vu en janvier ne trouvait pas dormir trop inquiétant : il ne voit défiler que des personnes qui souffrent d'insomnies. Et il sait l'anémie.

Le point commun de ces trois années c'est un état de choc mental alors peut-être que je souffre simplement d'épuisement émotionnel. Et, contrairement à 2009 où je me croyais aimée, de n'avoir personne sur qui m'appuyer le temps de reprendre des forces. J'ai survécu. Mais au prix d'avoir basculé en mode "sans erreur" des ordis. Seule les fonctions élémentaires restent assurées.

Heureusement qu'une partie de mon travail consiste à lire ou plutôt que lire fait aussi partie du boulot. C'est tout ce que je parviens encore à faire. Du moins à nouveau depuis en gros février.

Comment en sortir ?


Interlude : petit tour de magie du dimanche matin



nb. : Celui qui joue le rôle de faire-valoir sur ce tour est pianiste à la base. Ce n'est pas neutre.

(merci à YouTube qui au lieu de me proposer inlassablement les One Direction au prétexte que j'ai cité une de leur video dans un lointain billet d'un de mes blogs annexes et que j'avais fait des recherches pour mes amies Sylvie et Erika en vue d'un concert auquel l'une allait et l'autre pas, m'a mis celle-ci à l'image après une autre, celle-là choisie)


Boulot - dodo


Allez, tu seras quand même parvenue à arracher quelques soirées au sommeil. C'est comme si les amis te protégeaient pendant les instants partagés. Mais après, toujours après, il faut rentrer et pas question de prendre un taxi, c'est trop d'heures de travail d'un seul coup envolées. Alors prévoir de dire au revoir avant de risquer de s'effondrer en cours de route.

C'est le travail personnel qui a morflé et très nettement depuis janvier. Ainsi que les correspondances, mais tes destinataires savent qui sont indulgents. 

Il n'empêche : ne pas se voir, ne plus (trouver le temps de) s'écrire, c'est de l'éloignement.

Tu te sens reléguée dans le beau quartier.

Le nouveau chantier n'avance pas : il te faudrait du temps personnel disponible et réveillé. Il ne t'en reste pas. 

Cette semaine, le bouquin de Despentes te tient la main. Elle a si bien su capter l'air du temps. 

Tenir jusqu'aux vacances, en juillet mais trop tard pour rejoindre les camarades festivaliers. Rien n'est fait pour faciliter. Chaque bribe de bon moment doit être arrachée. De quelle malédiction fais-tu l'objet ?


Une sensation de ma jeunesse


J'avais un peu oublié l'effet que ça faisait mais voilà : Comme lors de mes années d'études et plus particulièrement en classe prépas, combien de fois m'est-il arrivé de tenir le coup en pensant à un bon moment prévu ou au prochain week-end et qu'arrivée l'heure dite j'étais si malade (c'était l'époque où j'enchaînais les rhumes carabinés comme les migraineux des crises de migraine) ou si fatiguée que je ne pouvais pas y aller, clouée au lit ou dans le meilleur des cas pas en profiter.

Je n'ai pas à me plaindre : j'ai pu ce soir profiter pleinement de ce que nous confiaient à l'Attrape-Cœurs Gilles Marchand et Éric Bonnargent sur "Le roman de Bolaño". Mais j'ai quasiment dû m'enfuir juste après en courant, par peur d'être rattrapée par le sommeil avant que d'avoir franchi le seuil de mon appartement. Grâce au mode de transport choisi (un vélib) j'ai pu éviter le problème, sans doute parce qu'il y avait danger à y succomber en roulant. Mais c'était terriblement décevant après avoir supporté les différentes contraintes de ma journée en pensant, Courage, ce soir une belle soirée, de s'en trouver pour partie privée de par l'épuisement même.

Il n'empêche : quelque chose ne va pas. 

Et paradoxalement : se sentir rajeunir n'est pas nécessairement une bonne nouvelle. 


Aller mieux

 

Aller mieux après avoir été touchée par les événements des 7 au 9 janvier qui sont survenus dans une période où je commençais tout juste à refaire surface et moralement et financièrement après le double coup dur de l'été 2013 et des soucis familiaux sérieux côté santé en 2014, ça peut vouloir dire :

- ne plus éclater en sanglots de façon intempestive, sans aucun signe avant-coureur ;

- avoir un peu plus de soirées - ça tombe bien, c'est la saison de présentation de rentrée littéraire -, et un peu moins d'heures de sommeil irrépressible à peine rentrée du travail de libraire ;

- recommencer tout doucètement à retrouver le temps d'écrire, reprendre le fil des chantiers rédactionnels qui par la force des choses se sont trouvés mis en jachère ; se lancer avec l'aide des amis qui ont aussitôt répondu présents alors qu'ils n'ont pas que ça à faire, dans un nouveau petit chantier ;

- recommencer à être capable de tenir un agenda, en particulier prévoir des semblants de vacances afin d'avoir des jalons ("tenir jusqu'à") ;

- être repartie, dirait-on, pour un rythme retrouvé de rencontres fortuites dans cette pas si grande ville qu'est Paris. C'est en renouant avec cette "habitude" que je m'aperçois à quel point elle me manquait. Il faut dire que je renoue via de belles retrouvailles, qui me mettent du baume au cœur.

 

Aller mieux ne veut pas dire :

- être capable de supporter une surpression professionnelle ; des injonctions contradictoires ; une augmentation de temps de travail.

- avoir cessé de pleurer, avoir cessé d'être envahie par des images d'avant, comme des bonheurs fracassés. D'autant plus que différents "avant" se superposent. L'attentat du 7 janvier en me faisant perdre un ami a ravivé les peines précédentes qui n'étaient pas encore totalement cicatrisées, d'autant que la cause de l'une d'elle a jugé bon de se manifester en ce moment précis (1). C'était très dur ce paquet cadeau à faire (en plus à un client fort gentil, qui aurait été terriblement embarrassé si j'avais craqué) sur Catharsis de Luz ;

- être sortie de cet état très particulier de suffocation. Le mélange chagrin impuissance rage se monte en une sale mayonnaise qui me fait par moment perdre la respiration.

Dans le contexte, des nouvelles comme le choix respectueux du peuple irlandais - pourtant encore très catholique (2) -, ou le regain d'intérêt de la jeunesse espagnole pour la politique (3) me mettent un peu de baume au cœur.

 

(1) Curieusement cette semaine, la réflexion d'une commensale sympathique lors d'un dîner d'après Encyclopédie et par ailleurs un passage de "Pukhtu primo" qui a aidé à une compréhension comme seules les fictions savent le faire : en parlant de tout autre chose, sont venues me fournir des explications plausibles. C'est terrifiant, je passe une grande partie de ma vie à tenter de piger pourquoi les gens agissent comme ils le font. 

(2) Je serais François, Pape, je me poserais des questions.

(3) Entendu à un journal radio de 13h que le taux de participation était très encourageant. 


Très beau texte de Joann Sfar sur la montée des intégrismes en général et l'antisémitisme en particulier

Le salut ? Parvenir à sortir d'une lecture religieuse du monde. Ça n'arrivera pas. Pardon. Peut-être que je me trompe sur tout. Quand on touche aux morts je ne sais plus penser."

Aujourd'hui c'est bien l'antisémitisme qui fait le juif

(et on sent que si ça continue cette montée de l'obscurantisme, ça ne va pas tarder à faire un peu (1) pareil pour le fait d'être agnostique, mécréant, athée, de toute libre pensée)

(1) Je dis bien : un peu. Il n'y a pas (encore) de haine mais une simple absence de scrupule à éliminer.


L'Encyclopédie des coïncidences


P5221811La séance préceédente de l'Encyclopédie m'avait fait comprendre que ce n'était pas un hasard si je m'y sentais si bien.

Celle de ce soir fut l'occasion de découvrir qu'un autre afficionado avait comme moi des souvenirs de vacances d'enfance familiales à Rimini.

(Je viens de me rendre compte que c'est sans doute à cause de Rimini que j'aime beaucoup m'amuser à regarder le concours eurovision de la chanson)

Il aura été beaucoup question de Montluçon, aussi.

Et en rentrant voilà qu'un livre d'occasion que j'avais commandé sans connaître l'expéditeur venait de là. 

Ah bon ?

Et un autre : d'Arras

Ce qui n'est pas anodin. 

Ce n'est plus une Encyclopédie des guerres c'est une centrifugeuse à coïncidences.

 

Et il faudra que j'écrive un recueil de texte sur les photos que je n'ai pas prises autrement que mentalement.


Parfois j'en ai assez d'être naïve et (prise pour quelqu'un de) con


Heureusement l'internet est là pour secouer ma bécassine béatitude. Le problème est que ça survient souvent à retardement, ainsi

j'avais le souvenir d'un message ou deux ou trois à la fin de ma période d'Usine quand le clash final à mon insu se préparait et qu'il m'avait semblé avoir lus du moins l'en-tête et puis je ne les retrouvais plus. Et je m'étais dit, j'ai dû rêver ou confondre avec autre chose.

j'ai eu parfois la même impression de loin en loin, en particulier avec celui qui n'est plus là - mais il m'avait écrit avoir des problèmes avec orange (mon opérateur qui était celui aussi de l'un de ses collaborateurs à la maison d'édition), je lui avais indiqué comment ouvrir un compte gmail dont il se sert encore aujourd'hui (hélas du 8 janvier) -. 

une fois il s'agissait d'une invitation, d'après l'en-tête, de la part de quelqu'un que je connaissais mais d'assez loin, j'étais un peu surprise - consultant ma messagerie en vitesse, de la librairie d'avant où je bossais alors, je n'avais pas eu le temps de lire le message -. De retour chez moi, il n'y était plus, et j'avais vraiment cru que j'avais dû avoir un instant de rêve de fiesta ou qu'il était arrivé à la messagerie de la librairie et pas la mienne. Je me souviens d'avoir songé, de toutes façons, c'était bizarre que je sois moi, invitée. Et puis quelque chose comme : quand même qu'est-ce que je suis fatiguée si j'en viens à ne plus savoir ce que je lis.

Ce matin, alors que prise d'un doute (1) je voulais vérifier un détail dans la conjugaison du verbe rattraper (2) je vois le moteur de recherche me proposer :

comment rattraper un e-mail renvoyé un peu trop vite

L'article date et le procédé suggéré est sans doute périmé. Mais voilà j'ignorais jusqu'à la possibilité de supprimer un message déjà parti et arrivé. J'avoue que je ne m'étais jamais posé la question. Les rares fois où ça m'est arrivé j'ai écrit ou répondu simplement pour dire qu'il s'agissait d'une fausse manip. La vérité.

Alors soudain je comprends, mais à retardement, certaines petites choses que j'avais mises sur le compte de ma fatigue et de mon éventuelle confusion.

 

(1) La Bécassine Béate doute beaucoup, ça renforce le problème général.

(2) Oui, parce que non seulement jeu fée dé fo teuh mais je vérifie aussi. 

PS : Appliqué à un tout autre domaine et ça joue un peu dans la même zone (le côté "bon sang mais c'est bien sûr" à retardement et que les pièces du puzzle se mettent en place dès lors harmonieusement et sans morceau manquant) que ce qu'écrit Xave dans ce billet

 


Comment les jeunes filles se laissent embrouiller


J'avais bien pigé que ces jeunes qui partaient "faire le djihad" alors que rien ne les y prédisposait, ça correspondait au même besoin de croire à un idéal que certains des hippies dans les années 70 et des punks peu après - la haine de l'autre jusqu'à être prêt à tuer en plus ce qui n'est pas rien -. Mais voilà, "La seule idéologie globale disponible sur le marché" en ce moment c'est celle-ci. Et les jeunes filles qui rêvent d'un mari et d'une kalachnikov, ou d'un mari et de s'occuper d'enfants orphelins, qui ont pigé que la vie en occident ne leur offrirait que des petits jobs précaires et sous-payés, qui ont envie d'autre chose, le tout combiné avec un fond de pulsions suicidaires adolescentes, se laissent prendre dans l'engrenage. 

C'est le même mécanisme que les sectes, et très voisin de l'état dans lequel met le harcèlement au travail : à un moment donné la personne n'est plus maître de ses pensées, ni même de ses actes, elle entre dans une logique viciée, ceux que vous aimiez deviennent ceux qu'ils faut fuir, et vous croyez que ceux qui vous manipulent en fait tiennent à vous (1).

Les principales intéressées l'expriment bien mieux que moi et c'est par là, grâce à l'émission "Les pieds sur terre" sur France Culture :

Déradicalisation 3 : les jeunes filles aussi

(pour les garçons j'imagine qu'on leur fait miroiter la chance de devenir le viril héros qu'au fond d'eux-mêmes ils sont) 

Merci @Le_M_Poireau pour le lien de l'émission.

À toutes fins utiles, un lien vers une association qui travaille dans la prévention et la déradicalisation.

Et un numéro vert : 0-800-005-696

 

(1) Comme il m'est arrivé de m'y faire prendre en amour ou en grande amitié (mais pour un être humain par pour un dieu, et surtout pas qui prononçaient des mots haineux ; c'est au contraire pour moi un motif de ne plus fréquenter qui que ce soit qui prennent un autre groupe comme boucs émissaires), je ne leur jetterai pas la pierre.

PS : Le témoignage du frère courageux qui tente de sauver sa sœur et ne l'avait pas vue se dissocier est important aussi. "Elle était valorisée". "Elle était complètement dans un monde".


La soirée des bons sujets


11068402_10206759388806248_3458315641856290420_nJe revenais paisiblement d'une soirée en librairie italienne, avec plein de réflexions fournies au sujet des loups et des lions, lorsque traversant la gare Satin Lazare pour accéder au train de banlieue que je m'étais résolue à prendre - trop envie de lire et donc moins de pédaler (1) -, je suis tombée via mon téléphone malin (2) sur cette photos de chiens dans un relais d'une autre gare. 

Les commentaires suivants, c'était sur un réseau, indiquaient qu'ils allaient fort bien, merci, juste un peu apathiques, mais au premier regard ils donnaient bien l'impression d'une étrange tragédie propre, et la toute première idée "Mais que s'est-il donc passé ?" appelait l'écriture, une histoire à raconter, des imaginations à libérer.

"Racontez ce qui s'est passé."

*            *            *

 

Je n'ai pas eu le temps de développer : sur  l'escalator voisin une jeune femme conversait avec une dame nettement plus âgée, tante aînée ou grand-mère et lui déclarait :

"Je connais très bien une dame qui a perdu son mari à Poissy cet été".

Comme nous ne faisions que nous croiser, je n'ai rien perçu de ce qui précédait, ni non plus la suite. Ce qui était curieux c'était l'absolue neutralité avec laquelle elle prononçait ses mots. Un peu comme dans certaines pièces de théâtre un brin expérimental, quand les acteurs s'adressent en face public, et débitent un bout de dialogue, monocordes, détachés, puis s'écartent. Ou alors dans certains passages, pour le coup ils y seraient dit en plus dynamiques, des pièces de Pierre Notte (3). 

"Reconstituez le dialogue. Vous avez 30 minutes".

*            *            *

Mais le train arrivait. Et entre-temps sur mon téléphone futé, j'étais passée sur twitter où je suis tombée en arrêt devant 

Capture d’écran 2015-05-19 à 23.03.26À l'heure qu'il est j'ignore s'il s'agit d'un canular combiné avec le compte @FLOTUS ou d'un piratage généralisé, mais 

"Imaginez les touites qu'auraient émis, confrontés à la même situation, l'un.e. des responsables politiques suivant.e.s : 

Vladimir Poutine, Angela Merkel, Matteo Renzi (4), David Cameron, Alexis Tsipras, Catherine Samba-Panza, Michelle Bachelet, Dilma Rousseff, Park Geun-hye, Manuel Valls, François Hollande.

(Le petit Nicolas est quant à lui occupé à relire 1793, en plus qu'il n'est plus en exercice, il ne touitera donc pas)"

*            *            *

Le temps que je constitue la liste, j'étais arrivée.

Et là je tombe de sommeil, et demain c'est une nouvelle semaine de boulot salarié qui s'entame. Je n'aurai donc pas le temps de traiter moi-même les sujets fournis par cette belle soirée.

Mais si d'aventure ça vous dit ... 

 

(1) Dab à la belle saison je rentre en vélib.

(2) C'est plus rigolo que smartphone, non ?

(3) Je l'aurais bien vu dit par le deuxième fils dans "C'est Noël tant pis".

(4) L'homme qui s'est installé dans le bureau de Clément VII

 

[photo : Anne Savelli que je remercie ; Châtellerault aujourd'hui]

PS : Cette photo a été réalisé sans trucages ni souffrance animale ;-) 

PS' : Je crois que j'ai un peu trop écouté débattre sur les programmes du collège, ça a déteint.