Espion ou amoureux ?
Liebster award - part 1

Mieux vaut en rire (mais ça n'est pas si évident)

Depuis un moment déjà j'ai identifié que mon mode d'écriture correspondait à écrire des choses plus ou moins tragiques en tentant de tendre vers le drôle sans pour autant passer la frontière de la comédie appuyée (1), et d'écrire comme une fiction des éléments de souvenirs en rabotant une partie de ce qui fut, car trop romanesque. Si j'arrive à ça, je serai sauvée.

Ce n'est pas un hasard si ma nouvelle sur le foot a été publiée : tout imparfaite qu'elle soit elle s'approchait de ça. D'autres où je forçais sur le "rire malgré tout" était trop forcées justement, d'autres où je laissais le tragique s'exprimer tout en tentant quand même de limiter la casse étaient remplies de morts 6FU, d'autres où je racontais la réalité étaient trop peu crédibles. Quant à la pure fiction elle me demanderait de m'enfermer avec des personnages un long moment, j'adorerais m'y confronter mais ma vie ne veut vraiment pas me laisser tranquille pendant trois semaines un mois (le temps de coudre le bâti).

Alors que je ne m'en remets toujours pas, je commence à être capable de raconter sur un mode marrant l'enchaînement de faits, messages et coup de téléphone qui m'ont fait croire début janvier qu'un monde parallèle avait hacké la réalité. 

Les amis, riant, croyant sans doute que j'en rajoute - hélas non -, me disent Tu devrais l'écrire.

Quelque chose me dit qu'y parvenir serait faire enfin un pas vers en guérir. Comme le fait d'être au moins capable de dire (2) et en faire rire est plutôt signe de santé retrouvée.

Mais quand j'y teste (mentalement car entre mercredi et là maintenant je n'ai eu aucun temps calme devant l'ordi si ce n'est ce midi mais j'étais exténuée) mes neurones assembleurs de mots, je vois que ça ne fonctionne pas. Le premier élément de l'histoire - la mort violente d'un ami - est trop dur, trop de chagrin absolu, pour l'instant pour moi. Je peux rire de mes déboires amoureux, de ma naïveté envers les hommes, je peux rire de mon côté irréductible bécassine béate, je peux rire et faire rire sur des anecdotes amusantes de librairie, pour l'instant je suis incapable d'écrire avec un minimum de distance sur la brutalité d'un assassinat qui plus est collectif. Et je n'en ai au fond sans doute pas l'envie.
(il n'empêche que j'y réfléchis)

 

(1) Encore que pour sortir de la mouise il faudrait. La demande est forte. 

(2) Cela dit ça ne peut fonctionner qu'avec des personnes me connaissant, connaissant au moins de nom et par son travail l'ami perdu, sachant de qui je parle pour le malencontreux messager sans que j'aie rien à expliquer et connaissant plus d'un épisode de ma #viedelibraire - ces moments parfois drôles que l'on traverse lorsque l'on tient un magasin -. Et ceux que je parviens à faire sourire sont précisément ceux que l'événement collectif tragique a aussi essorés.

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