La chanson qui tue
The real Joan (Clarke)

Parfois je commets des billets à caractères prémonitoires


... mais c'est rarement (heureusement ?) aussi concret. J'ai donc écrit hier ceci. Et aujourd'hui alors que j'étais dans un quartier de Paris censément civilisé, je me suis trouvée dans cette sale situation en entendant de la violence de devoir prendre, et très vite, une décision : que faire ?

- Comme si de rien n'était ; j'en suis incapable. Ce n'est pas altruiste, ce n'est pas raisonné, c'est que je ne sais pas ne pas me mettre à la place de qui a besoin d'aide, la part de l'enfant qui voit tout le monde plus fort et plus grand n'a pas disparue. Un jour ça m'attirera des ennuis. Jusqu'à présent ça m'a surtout permis de ponctuellement soulager des gens

- Intervenir directement ; c'était mon impulsion. Je la sais dangereuse : je peux me battre face à un homme (1), deux s'ils sont bêtes et peu entraînés, mais si quelqu'un sort une arme c'est foutu. 

En l'occurrence je n'étais pas seule et qui était avec moi n'était pas apte à l'éventuel combat.

- Appeler la police ; la fille de banlieue fille d'immigré et fille tout court que je suis n'aurait pas choisi cette solution. D'où je viens il est presque aussi risqué d'avoir affaire aux forces de l'ordre qu'aux voyous. D'où je viens on peut comprendre les jeunes qui voyant des policiers venir vers eux alors qu'ils jouent au foot se carapatent fissa même en n'ayant rien fait, parce que si l'on vient nous chercher c'est soit qu'un pote est dans une sale embrouille, soit qu'on est soupçonné d'un truc et que l'un dans l'autre on va avoir des ennuis - et puis confusément on a intégré que quoi qu'on fasse il y a toujours un truc qui n'est pas légal et qu'on ne savait pas que ça ne l'était pas (sauf les corvées, les corvées sont toujours légales). Mais voilà, j'ai lu Bénédicte Desforges, son blog, son livre où elle parlait et si bien de son boulot au quotidien, j'ai rencontré d'autres personnes dans ces métiers que mon enfance ne faisait voir que du côté de la répression, alors "heureusement que je l'avais lue", j'ai appelé la police. Qui est intervenue très vite (2) et avec efficacité en éloignant la victime de son danger immédiat. J'espère qu'il ne se reverront pas de si tôt. Ceux qui sont intervenus sont ensuite revenus nous tenir au courant et nous remercier d'avoir appelé, ce qui m'a laissée pantoise (3).

Me voilà donc avec une illustration précise de ce que j'écrivais vingt-quatre heures plus tôt.

Je m'en serais passée.

En attendant, voilà : lire les blogs, rencontrer des personnes que sans l'internet on n'aurait sans doute pas croisées peut aussi aider à aider. 

(merci Bénédicte).

(et d'ailleurs pendant que j'y suis, merci aussi tout particulièrement de ce billet

 

(1) La violence du jour émanait d'un homme. Je n'ignore pas que les femmes sont violentes aussi parfois.

(2) J'étais restée sur une triste expérience de devoir négocier avec les pompiers pour qu'ils viennent pour un gars de la rue blessé, venu se réfugier dans la librairie où je travaillais et où il venait parfois quand il n'y avait pas trop de monde, acheter un poche, parler un peu. Il avait fallu que mon patron de l'époque dise, je ne connais pas son adresse mais il est mon ami, pour que le malheureux soit pris en charge. Là j'avoue qu'alors qu'on décrivait une situation de violence simple et non visible (seulement audible) la police est arrivée aussitôt. Ce qui m'avait desservi auprès du standard des pompiers, un calme froid pour décrire l'état de l'homme salement amoché mais certes conscient qui se tenait près de moi, et du coup mon appel n'avait pas été pris avec toute l'urgence nécessaire, a été utile auprès de celui de la police, dire très précisément ce qu'on entendait.

(3) Je crois que je m'attendais à devoir justifier de l'appel. On ne se débarrasse pas si aisément des réflexes de qui est né.e. "du mauvais côté".

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