The real Joan (Clarke)
02 mars 2015
La réalité est souvent encore plus romanesque que la fiction. One more confirmation (if needed)
De retour d'une bonne séance de cinéma ("Imitation game", biopic plutôt réussi malgré ses travers Grand Public, dont le fait de faire de Turing un splendide Aspie qu'il n'était peut-être ou sans doute pas, juste un brin associal comme tous ceux qui sont dans des urgences professionnelles de haute volée) et curieuse de vérifier certains points (1), je suis tombée sur une image de la vraie Joan Clarke, et qui devenue vieille narrait avec humour cet épisode de sa vie, et donc cette romance qui n'en est pas une, un brin lourdingue dans le film, au point que j'ai cru que c'était monté de toutes pièces histoire qu'il y ait une jolie dame à l'affiche.
Contrairement à certains, je n'ai pas trouvé que le sexe dans le film manquait : quelle que soit l'orientation sexuelle qu'en ces temps-là on avait, la chose restait très discrète, on travaillait beaucoup, la part physique de l'amour avait toujours un parfum de péché, même les couples mariés en temps de guerre restaient parfois longtemps séparés et à moins d'être des époux officiels et désireux de croître et multiplier faire l'amour était toujours risqué. Je ne crois pas qu'il faille interpréter la chasteté apparente des personnages du film comme un signe d'homophobie. Leurs préoccupations à tous étaient ailleurs. Et si les humains n'étaient pas plus chastes, surtout en ces temps troublés, je suis persuadée qu'ils étaient beaucoup plus discrets (2).
Comme toujours j'ai regretté que les rôles titres soient confiés à des acteurs connus. J'aurais préféré de réelles ressemblances (3). Et qu'il y ait des vrais moments de maths pas nécessairement fait pour qu'on comprennent mais qu'on puisse toucher du doigt ce à quoi ils se confrontaient. Seulement voilà : un film fait selon mes goûts serait financièrement un flop parfait. On fabrique donc des héros beaux.
Ce n'est sans doute pas si mal, qu'enfin on le réhabilite et fasse mieux connaître ce qu'on lui doit, ainsi qu'à ceux et celles qui étaient sur les décryptages.
À titre personnel, mes parents étant de deux pays qui furent ennemis, je ne suis que trop consciente qu'une issue plus tardive ou différente n'aurait pas permis la rencontre de ces deux-là.
Sans parler de mon infinie reconnaissance envers tous ceux et toutes celles qui ont rendu l'informatique possible puis accessible ainsi que les connexions que de nos jours on a.
Il se trouve qu'Alan Turing est à la croisée de ces chemins-là.
(1) J'étais persuadée qu'une avancée décisive dans le pré-ordinateur mis au point par Turing et ses collègues venait d'une machine enigma récupérée sur une prise de guerre, navire ou sous-marin torpillé, et sur laquelle un codage était en cours ; en fait il semblerait que le "CIL" devenu CILLY dans le film fut la source du véritable "instant Eurêka" (cf. cryptanalyse d'Enigma sur wikipédia). Même si des captures de machines ont dû aider aussi (cf. § "Histoire d'Enigma" et les interceptions par les alliés)
(2) Au même moment je tombe sur ce billet d'un ami qui a 60 ans et que je crois assez significatif du silence qui pesait sur la chose dans la plupart des familles et de la société en Europe jusqu'à la fin des années 60.
Après, il se trouve aussi que j'ai l'impression, que j'espère fausse, qu'on est en la matière en train de régresser - à mesure d'un retour en force de l'obscurantisme, tous monothéismes confondus -.
(3) Par exemple que l'acteur ressemble à ceci ou cela
PS : Par ici un site très bien fait au sujet d'Alan Turing et de ses recherches. Et la page wikipédia sur le test de Turing