jeudi 29 janvier 2015 Twenty two days after
samedi 31 janvier 2015 Twenty four days after

vendredi 30 janvier 2015 Twenty three days after


Il faut aller travailler et selon les jours le travail est un secours, surtout lorsqu'il y a à faire du conseil : quand je conseille un.e. client.e. je suis à 100 % dans cette forme particulière de concentration et rien d'autre n'existe, ou alors une part de fardeau en plus : je voudrais, je devrais être chez moi ou à la BNF en train d'écrire et pas de perdre ma vie à la gagner. 

Ma paie est hautement démotivante. 

(je sais bien que c'était la condition pour être embauchée, il n'empêche que tant d'énergie mise à disposition d'un employeur pour si peu de rétribution n'est pas équitable).

Je réussis une vente en forme de coup de billard à deux bandes : deux femmes viennent qui cherchent un bon roman policier pour une amie hospitalisée, je leur conseille le plus récent Robert Galbraith. En fin d'après-midi l'une d'elles revient seule pour en prendre un pour elle. Je lui avais donné doublement envie.

Petits réconforts de cet ordre dans une journée passée pour beaucoup à lutter contre le désespoir.

La soirée est pour l'homme de la maison et l'entreprise qui l'emploie. Fête des 50 ans de celle-ci avec soirée dansante (après qu'ils avaient eu une journée en grand séminaire). 

Nous apprenons qu'il y a des licenciements. Traités à l'individuel, à l'un on reproche une incompatibilité d'humeur, à l'autre des résultats insuffisants ... Façon de contourner la mise en place d'un plan social face aux affaires en déclin.

Ce qui est bon : m'apercevoir que nous sommes en bas de chez de vieux amis. La tristesse de la période me décide à faire ce que je n'aurais jamais osé en d'autres temps, mais la vie est trop courte pour manquer une bonne occasion d'amitié : j'appelle d'en bas. Chance, ils sont chez eux et pas encore au lit.

Malgré les sujets de conversation triste - très marqué par les événements, l'ami a fait une compilation la plus exhaustive possible des dessins en hommage à Charlie Hebdo -, nous passons un moment très doux.  

Il y aura eu au moins cet élément positif : la tragédie a resserré les liens entre tous ceux qui s'aimaient bien mais ne se voyaient pas tant - nos vies sont prenantes, assuré l'essentiel les remplis déjà bien -. Jamais je n'aurais passé tant de bonnes soirées avec tant d'amis auparavant. La tristesse persiste, mais elle se soulage d'être partagée. 

J'apprends que l'auteur du dessin à la boule de cristal s'appelle Dutreix.

Le retour, dans la nuit, après avoir dansé sur des musiques interchangeables, rien à en retenir à par la fréquence du beat, en taxi (remboursé par l'entreprise qui a vu les choses en grand). Un Yougoslave, qui précisera mais seulement après Croate. Philosophe désabusé. J'aurais dû noter.

Je pense encore à Honoré presque sans arrêt. Là où j'ai progressé : désormais capable d'évoquer l'homme qu'il fut sans avoir une forte envie de fondre en larmes.

Et là : je dois dormir.

 

 

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