Un tsunami dix ans après
Les mystères du blanchiment

"J'ai oublié de rapporter le papier cadeau"

 

Je suis occupée par une cliente à l'autre bout du magasin, le genre de brève demande sur un titre précis, et par ailleurs poursuis mon reclassement de tous les Modiano - dont j'admire l'apparente simplicité des titres -, lorsque j'entends une dame dire en caisse à ma collègue "J'ai oublié de rapporter le papier cadeau, mais voilà j'ai eu ces livres pour Noël ils viennent de chez vous et je voudrais les changer".

Je crois qu'elle lui réponds que la simple étiquette que nous mettons pour masquer les prix suffit à prouver leur provenance, c'est le murmure habituel, puis je l'entends plus clairement, elle a dû hausser le ton

- Ah mais ceux-là ne viennent pas de chez nous, ils viennent de la Fnac, il y a là leur étiquette particulière. Et puis ce titre-là n'est pas référencé chez nous.

La dame ne s'est pas trop attardée, mais, prise en flagrant délit d'impie mensonge, pas non plus démontée. je crois qu'on lui a échangé ceux des titres qui auraient pu effectivement venir de chez nous, en lui laissant le bénéfice du doute que si elle était la destinataire des cadeaux elle ne savait pas nécessairement d'où ils venaient. Elle n'était pourtant pas de nos habitués à qui l'on aurait rendu service volontiers - mais qui dans ce cas seraient venus gentiment, en demandant si on pouvait leur faire cette faveur -.

La prochaine fois je vous raconterai ceux qui nous prennent pour une bibliothèque : une dame qui donne l'impression d'être seule et malheureuse et que du coup nous n'osons pas brusquer et un homme jeune qui semble beaucoup voyager (et rapporte un guide de voyage pour en reprendre un autre). 

Nous n'avons rien contre procéder à un échange si l'objet restitué est courant et en bonne santé, mais aimerions que ces sortes de faux-clients s'abstiennent de nous prendre pour des dupes et d'enrober leur "J'aimerais l'échanger" d'un vulgaire mensonge. Que voulez-vous, ça agace.

 

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