Saucisse (R.I.P.)
23 novembre 2014
Alors voilà, Saucisse n'est plus. La mauvaise nouvelle m'est parvenue hier soir tard. Je n'avais pas été chez moi de toute la journée, étais sortie en soirée et en arrivant à la maison c'était de façon étrange apprendre exactement en même temps (1) que le séjour sur terre de Saucisse était terminé et qu'une amie s'était fait voler sa voiture ; du coup les deux événements, alors qu'ils ne se situent pas du tout sur le même plan resteront liés dans ma mémoire. Bizarre.
J'ai l'impression que je connais Saucisse et Serge depuis toujours. Il n'en est rien puisque c'est une grande amie commune qui nous avait présentés lors d'un salon du livre de Paris en 2000 ou 2001 (ou 2002 ?). François aussi était là. Elle m'avait proposé de venir avec la petite bande dîner chez elle, mais à l'époque j'étais trop coincée par "l'Usine" et dans ma tête et mécaniquement : je devais me lever tôt le lendemain pour conduire les enfants à l'école, puis aller travailler, un dîner entre bons amis risquait de se prolonger, et avec mes forces incertaines, veiller tard était trop risqué. Et puis j'avais peur d'encombrer ces amis de longue date, même si j'avais plutôt l'impression de retrouver de vieux camarades plutôt que de faire connaissance. Avec le recul et vu le peu de cas qui fut fait à ce travail de mon assiduité, j'éprouve un lointain regret.
Ça n'a pas empêché l'amitié. Au gré des venues des uns et des autres à Paris ; d'une période qui me paraît un âge d'or (financier) (très relatif) où je pouvais facilement prendre le train pour Marseille, me déplacer, honorer une invitation.
Ce qui me fait l'heureuse destinataire d'une jolie collection de bons moments avec le petit chien philosophe et son "Papa". Saucisse, j'ignore comment il se débrouillait, donnait toujours (du moins dans le genre de moments que l'on partageait, par exemple en balade, à la terrasse d'un café ...), l'impression de considérer les choses avec une sorte de détachement amusé ; tout en se montrant affectueux (alors qu'on se voyait peu).
Fin 2011, j'ai commencé à avoir quelques soucis financiers, nous vivons à une époque où même en travaillant et sans être excessivement dépensiers on peut se retrouver dans le rouge et ensuite les frais liés aux comptes débiteurs engendrent d'autre frais et pour peu qu'un truc ou des dents tombent en panne, on tombe dans une spirale de fins de mois qui commencent aux débuts. Les déplacements amicaux étaient mon seul volant d'économie possible, à l'été 2012 j'ai effectué un ultime trajet pour transporter des livres de Bruxelles vers Paris et depuis c'est fini. J'espérais que 2015 me permettrait, toutes dettes amicales remboursées, de refaire surface et donc reprendre mes petits trajets. Vers Bruxelles (les amis n'y manquent pas), Toulouse, Nantes ou justement Marseille - sans compter que je rêve de participer un jour à la Monte Cristo (2) -. J'imaginais d'heureuses retrouvailles avec Saucisse et Serge, sans doute aussi François, ainsi qu'un ancien blogueur disparu des téléscripteurs.
La disparition du bon petit chien fait prendre conscience que le temps a passé, que même si reviennent des jours meilleurs pour chacun d'entre nous, ça sera sans lui. Que le rêve est fini.
Lorsqu'entre humains l'on se reverra, il y aura toujours un peu de sa présence, comme ça. Que nos mémoires ne l'effaceront pas.
C'est la première fois que j'éprouve un réel chagrin pour un animal qui ne m'était pas si proche en tout cas du point de vue de la géographie - même s'il m'est déjà arrivé d'éprouver de la peine pour les compagnons de mes amis humains, dont un chat belge beige qui un jour avait pris soin de moi et avait disparu deux ans plus tard de la maison où alors nous nous rencontrions, et aussi l'une des habitantes de la Couvemaison -. Des chiens amis ne restent plus que Nelson et Yéti, mais si loin partis. Le temps a filé comme du sable. Les êtres aussi.
Pensées pour Serge qui aura rendu à ce petit chien, trouvé à la SPA après un passé de gibier de combats, une bonne vie. Ça n'est pas rien, même si c'est fini.
(1) Quelque chose qui au siècle dernier n'était que peu possible mais que rendent courante nos usages technologiques actuels qui multiplient les flux : on peut donc lire une info sur son écran tout en recevant un coup de fil qui nous en apprend une autre, avoir plusieurs messageries affichées, lire une lettre tout en voyant autre chose s'afficher à l'ordi ...
(2) Pour l'instant je n'ai qu'à moitié le niveau (au sens littéral)