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Formidable festival mais retour (un peu) gâché


    L'idée était de prendre des forces avant le rush de fin d'année en librairie. Ça surviendrait en mois d'été que je pourrais faire face sans souci. Pas de chance pour moi : ça tombe à la saison où je dispose de moins d'énergie, tout passe à tenir devant le froid. 

Ça a failli bien fonctionner : le cru 2014 du Festival de cinéma d'Arras était de grande qualité, un seul film m'a donné envie de l'avoir évité et il y a eu une œuvre (1) qui m'a fait ce rare effet de : Il y a avant, il y a après.

De plus un film, "L'homme du peuple" d'Andrzej Wajda, m'a menée à un livre dont le titre, "Rêves et secrets" sinon m'aurait fait fuir, et qui est le récit par Danuta Walesa de ce qui lui est arrivé, comment elle a fait face, ou selon elle pas toujours (2). Peut-être que ce récit, malgré son extrême religiosité, m'aidera à passer l'hiver.

Sauf qu'en attendant, l'hiver et son cousin l'automne, étant ce qu'ils sont, et malgré des températures plutôt clémentes pour la saison, je rentre avec un rhume à fièvre, déjà présent en fin de semaine mais auquel j'ai ordonné de me foutre la paix et qui depuis hier après-midi se venge en me clouant au lit - sauf un bon dîner et le retour vers Paris, que, n'étant pas seule, j'ai pu assurer -. 

Ce qui fait qu'au bout du compte, me revoilà en mode "simple survie" et à devoir renoncer à quelques éléments de bonheurs potentiels - je devrais d'ailleurs ce soir être au lieu de devant l'ordi dans une librairie amie -. Sans compter que les films vus combinés à la fièvre me font faire des rêves exténuants et passablement perturbants. 

Reste à espérer qu'une fois passé cet épisode de faiblesse, le relatif repos, la partielle déconnexion grâce au festival m'auront quand même fait du bien.

L'objectif immédiat étant de parvenir à faire ma semaine de salariée.

L'objectif secondaire de tenir jusqu'au 25 décembre, malgré deux semaines intenses à temps plein.

Après, on verra bien. 

 

(1) "La terre éphémère" de George Ovashvili.
(2) Vu de l'extérieur je reste admirative.


Le gag personnel du film islandais

 

    Tu vois donc un film islandais, un genre de comédie triste, assez lent. Tu le vois après ta mini-semaine de travail, mais quand même 2x8 heures dans les pattes et une soirée entre les deux qui fut festive, autant dire que tu es crevée. Alors par moment tu oublies de lire les sous-titres, non que tu n'aies pas le courage de lire mais que la fatigue te fait oublier que tu ne comprends pas l'islandais, et d'ailleurs à un moment tu te dis, tiens, ça vient, tu commences à piger, chic alors. Et puis justement puisque tu piges tu comprends que le personnage principal est au téléphone avec le nouveau de son ex, laquelle est au Portugal et que d'ailleurs avec cet inconnu, il parle ... en Portugais.

J'ai bien ri (intérieurement). C'est chouette cette capacité à rajouter des gags personnels aux films qui n'en comportent que peu.

Tu auras donc au moins appris de cette projection que tu comprends moins pas le portugais que l'islandais (1).

 

(1) Ah, et puis aussi un usage inattendu d'un élastique, mais si ça tombe c'est encore un truc du genre que tout le monde savait sauf moi #bécassinebéate #léducationparlecinéma #troptard 

 

 


Merci !

    
    Comme presque chaque année mon anniversaire tombe à une période où je me trouve sur-occupée sans l'avoir forcément cherché ; cette année c'est plutôt par de belles choses - un festival de cinéma, le travail que j'apprécie, et hier soir une formidable soirée dans une librairie amie et l'après -. Il n'en demeure pas moins que les journées sont loin d'un ordinateur à usage personnel, alors je profite d'une pause pour tenter de remercier tous ceux toutes celles qui m'ont envoyé un petit mot par la vieille poste de sur la terre, la messagerie, les réseaux sociaux, le téléphone, les textos.

En espérant si la semaine prochaine reste calme, de pouvoir répondre à chacun d'entre vous.


Chris, Pier Paolo et de loin Donatien

 

PB050013

(Ne comptez pas sur ce billet pour être très cohérent je l'écris en dormant)

 

Je ne sais pas ce qui se passe depuis quelques semaines je croise Chris Marker tout le temps. 

Une œuvre dont j'ignorais qu'elle fut de lui et dont je m'aperçois qu'elle l'est. Une autre à la BNF parce qu'elle tombe dans un de mes sujets. "Le tombeau d'Alexandre" parce que quelqu'un que je connaissais par ricochet le présentait (mais je n'avais pas fait gaffe que c'était aussi de Chris Marker) etc.

Aussi n'ai-je pas été tant surprise lorsque gagnant ce soir le doux refuge qu'est pour moi Charybde en levant les yeux de là où j'avais assis mes jambes douloureuses j'ai vu négligemment déposé là, un DVD de deux de ses films. 

En 2012 / 2013 c'est Tarkovski qui m'avait fait le même genre de blague.

J'ai appris, et la BNF m'en donne les moyens comme je n'aurais pas même osé en rêver, à accueillir avec bonheur ce genre de rencontres, lire ou voir ou écouter tout ce qui vient à moi, puis ensuite avec méthode à compléter les interstices jusqu'à finir par connaître à ma façon toujours un peu floue, mais très solide, l'œuvre complète de la personne qui m'a honorée de ses visites dans mon salon mental.

Alors voilà ce soir c'était Frédéric qui avait pris le génial réalisateur sous le bras et lui avait dit "Allez viens, Christian, je vais te présenter aux copains".

Frédéric avait aussi ammené Donatien dont il parle très bien. Pour autant le peu que j'en ai lu m'a suffi (Justine ; et un autre, Juliette ?), je me souviens que j'admirais la souplesse de plume mais goûtais fort peur les exploits sexuels et la violence qu'il y mettait. D'autant plus violente les sentiments n'avaient pas grand place dans tout ça. Même bien écrit j'ai toujours trouvé ça ennuyeux.

Et tant qu'à lire de l'insoutenable, "La geôle" de Selby me convient moins pas.

(dormir urgent, la suite plus tard)


Such a perfect day

Vite, vite avant de filer bosser - devoir vendre son temps, quel fardeau ; j'aimerais tellement pouvoir vivre en n'ayant à vendre que le produit de mon travail -, noter combien ce mardi 4 novembre fut un jour enchanté, de la nage à la kiné, des livres d'Antoine Volodine livrés juste avant de savoir qu'il obtenait un prix, du déjeuner entre amis, de l'ami vu à la Grande Bibli sans avoir eu besoin de fixer rendez-vous - comme je me suis sentie bien, protégée, auprès des uns et de l'autre, comme si le monde coupant ne pouvait pas auprès d'eux me blesser -, d'être dans la Grande Bibli enfin à travailler - mon propre travail celui auquel je devrais pouvoir chaque jour me consacrer -, de la soirée dans une de mes librairies amies, une de celles où tout à commencé de ma nouvelle vie, celle d'après l'"Usine".

Il y a simplement deux petits regrets, l'amour, toujours, et puis d'avoir manqué Kamel et Marie à 10 mètres près. Mais ce qui m'a été donné était déjà formidable. De telles journées sont un cadeau.

Je ne regrette pas plus pas d'être à Paris.


Un soir bizarre

jadis, qu'il m'en souvienne soudain, effet retour d'anciens chagrins ?

 

J'avais trop travaillé, mes amis un peu perdus, selon cette loi si dure qui fait que si l'on s'écarte par surmenage, cette détresse perverse et masquée, personne ne vient vous rechercher pour vous empêcher de sombrer.

On vous croit fort puisqu'accaparé.

Et je découvrais d'un coup tout le nouveau qu'il y avait, dont pourtant j'avais eu des bribes, mais rien encore de concret.

Il y avait ceux qui s'étaient séparés alors qu'à les voir encore par instants côte à côté il était évident qu'encore ils s'aimaient.

Celui qui allait mal et qu'on a déridé mais qui devait rentrer.

Celui dont je savais certaines arrières-pensées et la femme séduite et qui les ignorait (1).

Celui qui exhibait enfin une conquête, mais dont l'insignifiance était si parfaite qu'on se demandait bien quelle mouche l'avait piqué. 

Une ancienne qui savait.

La cohorte nombreuse des surmenés qui ne savaient plus prendre le temps de se voir et partager et passaient ce soir-là pour le constater.

La soirée avait été bonne. Il n'empêche qu'en rentrant, toujours seule, pour changer, presque soulagée de l'être au fond, mieux valait ça que mal appariée, j'ai eu très fort envie de pleurer. Ce monde de bord de guerre ne permettait plus d'aimer.

 

(1) Ça aurait pu être moi avec l'homme de mes rêves si j'étais fortunée.


Les logiques disjointes


    J'aimerais avoir les capacités que possède Virgile pour se saisir d'un sujet politique ou de société et en synthétiser certains aspects, dénoncer des abus, des biais, avec clarté. Comme ce n'est pas le cas et que je manque de temps et en plus suis claquée, je vais seulement tenter de mettre en quelques phrases quelque chose qui me paraît soudain flagrant.

Ce sont deux articles, l'un que j'ai cru, au vu du titre, parodique, avant de comprendre que non, sur des élus versaillais qui auraient demandé un contrôle de l'orientation sexuelle des animateurs employés par la municipalité pour les activités périscolaires ; l'autre sur lequel je suis tombée après m'être demandée ce qui valait ce matin dans mon patelin un tel déploiement de forces de l'ordre ainsi qu'un gros embouteillage. 

Dans les deux cas, j'ai dû relire certains passages en me disant "Mais c'est pas vrai !", que j'avais sans doute mal compris.

Pour le premier que certaines personnes puissent trouver parfaitement normal d'exiger que d'autres aient telle ou n'aient pas telle orientation sexuelle pour accéder à un emploi qui n'a rien à voir avec le sexe (1).
Pour le second pas tant les déclarations de l'actuel premier ministre dont on a fini par comprendre qu'il était de droite et très carrément, on peut au moins lui reconnaître ce mérite d'être archi-cohérent, que d'apprendre qu'une des plus grosses, riches, puissantes entreprises françaises touchait une aide de l'état, laquelle avait été de 10 millions d'euros (en 2013). 

"Reconnaissant qu'il s'agissait d'une goutte d'eau par rapport aux bénéfices de l'entreprise (23 milliards d'euros de chiffre d'affaires), il [Jean-Paul Agon PDG de l'entreprise] a assuré: "les petites gouttes d'eau font les grandes rivières et ça contribue à nous aider (...), à investir, améliorer nos usines, investir en recherche..."."

Tout est parfaitement légal dans ce cas précis cela s'appelle le CICE, ça correspond à des calculs soigneusement qualibrés, si l'entreprise les a touchés c'est qu'elle y était éligible. Les lois étant votées par les mêmes que ceux auxquels elles profitent (ou leurs cousins) et quels que soient les régimes successifs, le résultat est que des pratiques de détournement d'argent public au profit de ceux qui n'en ont pas besoin sont depuis longtemps irréprochables.

Il n'y a déjà plus rien à contester.

Subsiste une vague nausée et dans les deux cas, pris comme exemples du jour parmi hélas bien d'autres, cette constatation : notre société, en France et dans la vieille Europe plus généralement, est de façon de plus en plus flagrante, atteinte de disjonction. Des éléments qui dans la dernière partie du siècle dernier allaient encore de soi, constituaient un socle commun de valeurs, de façons d'être, ont disparu. Que leur contraire est désormais parfaitement soutenable, par certains qui le trouvent totalement légitime ; en l'occurrence faire preuve de racisme envers une population donnée, faire profit sans vergogne de l'argent public. Et qui s'ils me lisaient ne comprendraient même pas ce que j'ai à y redire, pauvre vieille humaniste.

Nous vivons désormais dans des ensembles disjoints quoi que sur le même territoire et au même moment. Il n'y a plus de base commune d'où partent des divergences d'opinion, d'où naîtraient des luttes de par nos positions respectives (je suis le salarié, vous êtes l'actionnaire, il est le patron, nos intérêts particuliers divergent ; en revanche nous avons tous cet intérêt général à ce que l'usine tourne), il y a des divergences absolues de perception (aucun accord sur ce que l'usine doit produire).

Le mariage pour tous a été un sujet révélateur de ce phénomène plus général : la question n'était pas tant d'être plus ou moins favorables à ce que toutes les unions soient possibles, que d'avoir d'un côté ceux qui considéraient que l'homosexualité c'est mal et les homosexuels des sous-citoyens, tandis que de l'autre on admettait l'homosexualité comme une orientation sexuelle, certes minoritaire, mais qui n'avait pas à être jugée, simplement à être prise en compte au même titre que celle qui concernait davantage de monde. Au mieux, en discutant, on parvenait à faire entendre à qui ne partageait pas notre façon de voir que précisément, tout le monde ne pensait pas de la même façon. Mais il était impossible de convaincre : le point de départ des uns était sans intersection avec celui des autres.

Il n'y a pas que pour le climat planétaire que nous allons dans le mur. Et sans le moindre signe de ralentissement. Parfait prélude de guerre civile sur fond de pollution.

 

(1) Il ne s'agit pas de jouer un rôle, il s'agit de faire un travail.

 

PS : À l'heure où j'écris ce billet j'espère encore qu'on va me signaler que l'article sur le conseil municipal de Versailles est un fake ou un Gorafi mal aiguillé. Hélas, pour l'instant, rien.