366 - Aujourd'hui attention particulière à ne pas faire
Le malentendu de l'ascenseur

Tabucchi par surprise

PA210010

  Le kiné m'a fait un bien fou. Je ne perds pas de vue qu'il s'agit d'une forme de soin palliatif, ce qui me manque est ailleurs ; mais ce mieux que rien est en fait beaucoup mieux que bien des pas rien.

C'est donc le corps allégé que je gagne la BNF, prête à en découdre avec l'écriture. Même si une fois de plus je devrais me contenter d'étudier - aujourd'hui Roger Leenhardt, très intéressant, malgré que la façon qu'avait la plupart des hommes de cette génération de considérer les femmes m'est devenue insupportable -, et d'écrire du bref, de bloguer. Décidément ma vie de la période est faite de demi-teintes, de limitations des dégats. Non sans panache, non sans éclats, mais si "en-dessous" de ce que je devrais faire. J'avais brisé mes chaînes mais d'autres ont remplacé ce qui m'entravait.

Sur le site de la Grande Bibli, j'avais repéré la mention d'une expo concernant Antonio Tabucchi. Je ne m'attendais pas à la voir, brève, dans une petite salle vers l'ouest. Puisque je la longeais, je me suis accordée le temps d'y entrer. 

J'ai enfin mieux compris pourquoi était légitime cette confusion que je fais parfois entre Pessoa et lui. Le lien est fort. Mais l'un avait un chapeau et l'autre pas ;-).
Les documents et quelques objets rassemblés sont émouvants, même si la présence de ces derniers dans quelque expo que ce soit, concernant le travail de quelqu'un, me laisse toujours un peu perplexe dès lors qu'elle ne touche pas directement à celui-ci. 

Je peux éventuellement être intéressée par l'appareil photo du photographe, qui m'apporte une indication technique sur l'outil ; mais pourquoi les lunettes de l'écrivain ? ce coupe-papier ? cet autre accessoire personnel non directement lié à l'écriture ? J'ai eu la vision d'une expo qui aurait F. pour sujet et de la montre qu'on y verrait. Ainsi que des lunettes qu'il s'efforçait de ne pas utiliser. Y aurait-il aussi ses tablettes de viagra ? (entre-temps on aurait trouvé bien mieux que cela).

L'exposition avait beau ne pas abuser de ce côté exhibition de l'intime, et être construite pour porter à connaissance de manière bienveillante, je m'en suis sentie génée.

Les courriers étaient pour beaucoup instructifs. Seulement là aussi, je me suis mise à la place de qui, tel acteur que je sais encore en vie, tel réalisateur qui pourrait passer là ..., verrait un mot pensé d'usage très personnel montré au grand public dès à présent ainsi. Là aussi, le tri était respectueux. Mais pour un autre auteur et sélectionné par des moins scrupuleux, il pourrait donner d'étranges résultats. Y compris un jour éventuellement pour moi. J'ai songé au délicat roman de Catherine Locandro, "Histoire d'un amour", à ce professeur qui découvre dans le journal 25 ans après les faits tout un pan de sa propre vie dont il ignorait certaines causes et qu'au grand public en même temps qu'à lui-même on dévoilait.
Demande-t-on leur avis aux personnes dont les mots sont cités ?

Avec les correspondances de contemporains, je ne suis jamais à l'aise. Cette sensation d'intrusion.

La voix intérieure moqueuse à alors suggéré : Et si c'était l'inverse qui advenait ? Je dois au moins pour aujourd'hui à Tabucchi de m'être mise au boulot sans tarder. La seule certitude est que le temps m'est compté.

 

PS : Ne pas croire malgré les réserves toutes personnelles que j'y mets que l'expo ne mérite pas le détour. Un homme d'ailleurs prenait des notes avec un sérieux parfait.

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