Le héron
Contre la corruption

Radio confusion


    Après avoir couru jusqu'au pont de la seconde île, puis fait un tour de piste, puis accompli un morceau de parcours sportif, j'ai eu la prétention d'écouter la radio. C'était une émission où il était question de Picasso et d'Apollinaire, deux voix, un homme et une femme, jeune, laquelle m'agaçait un peu - trop de bourgeoisie, d'apprêt - mais dont l'intelligence des propos me ravissait. Je n'ai pas prêté attention que je glissais dans le sommeil. J'ai été réveillée par ces phrases : 

- Les gens détestent apprendre ce qu'ils savent (l'homme, qui s'était fait plus péremptoire, et par quelques autres phrases, un brin communes, à présent me décevait)

- Et comme dirait un grand moraliste de notre temps, Merci pour ce moment (la femme, qui s'était faite plus impertinente, malgré que la voix de l'homme la coupait, professoral et présomptueux, par moment, à moins qu'il ne se fût agi d'une sorte de sketch entre eux - d'un goût hélas douteux -). 

Je venais dans la demi-brume du sommeil s'éloignant de piger que depuis un moment ils évoquaient Chamfort et son suicide raté - comment ça Picasso se serait suicidé, et le jour de mon anniversaire, mais quel toupet ! -, que tout simplement on avait changé d'émission. Que l'homme savant et la femme jeune n'étaient plus les mêmes. Alors que la formule de l'émission, une femme fait l'exposé et l'homme intervient, plus professoral que partenaire, était fort cousine.

Et qu'un tel tandem pouvait très facilement, même en tirant vers l'humour, virer à l'agaçant. Comme s'il n'était pas envisageable que la femme fut celle qui en savait plus long (1).

Nous en sommes donc encore là.

 

(1) Dans le premier cas, étant donné qui est l'homme, un puits de culture, mais qui sait ne pas l'étaler, qui que l'on soit, c'est effectivement difficile. La seconde personne parle inévitablement sous son approbation. Mais il sait laisser dire, se contenter de déposer une précision, affiner discrètement.

Commentaires