Retour vers le passé du futur
31 octobre 2014
Et voilà donc qu'avec cette révolution au Burkina Faso déjà mutée en coup d'état, j'ai passé, malgré un travail sans trève, la journée à me débattre contre une sensation mentale d'être en 1987, que vers le soir, enfin ça allait mieux, j'étais de retour en 2014, sans trop de sensation de dé-réalité (1), que j'étais pleinement là pour communiquer avec ma petite famille sur le mode de retour - je cherche un vélib -, que toujours respectueuse de la consigne de la cycliste aguerrie qu'était (qu'est toujours ? À moins qu'elle ne soit passée au taxi) V. "En vélo dans Paris, il faut être attentive", j'étais concentrée sur mon trajet. Bref, j'étais bien vendredi 31 octobre 2014 de plain-pied. Ouf, sauvée (1 3/4).
Puis je suis arrivée au carrefour de la Porte Maillot. Lequel comporte des zones cyclables, certes un peu gymkhana, mais qui protègent du redoutable rond-point. Mais elles possèdent un inconvénient : un des feux rouges est fort long. J'y attendais donc, et regardais le paysage ; je savais avoir le temps.
C'est alors que j'ai vu sur la façade du Palais des Congrés, une immense affiche pour un prochain spectacle de
J'ai cru que j'étais réellement repartie dans les années 80 du siècle passé. Le vélib avec lequel je circulais, je sais leur mise à disposition datant de juillet 2007, m'a sauvée. Ça n'aura duré qu'une fraction de seconde de vaciller. D'être perdue dans le temps. Fractionnée.
Ce bref voyage digne des passagers du chronogyre, m'a rendue en rentrant consciente de façon plus aigüe qu'elle ne l'est déjà, de l'importance que l'écriture a pris dans ma vie, du poids des rencontres décisives (avec V., avec F.) même si elles se sont pour moi terriblement mal finies (2), de l'attachement à mes enfants (dont en 1987 j'ignorais l'existence ultérieure), de quelques très belles expériences qu'il m'a été donné de faire, du bonheur qu'est l'usage de l'internet, cette eau courante du lien au monde et des amitiés nées depuis.
Je n'ai donc pas été si malheureuse d'avoir été destabilisée. Il n'en demeure pas moins qu'ouvrant le petit livre de Sylvain Prudhomme que Frédéric Forte m'a conseillé, "L'affaire Furtif" et tombant d'entrée de jeu sur cette phrase
"L'amnésie d'une époque n'a d'égale que la brutalité de ses réminiscences"
je me suis sentie, comment dire, en plein dans le mille concernée.
(ce petit bouquin promet)
(1) Celle qui est mon lot depuis la rupture subie en juin 2013. Heureusement qu'il y a les amis et les réseaux sociaux, je serais sinon comme un petit bouchon de liège flottant dans l'espace-temps. Bizarrement le boulot n'aide pas, séquelles des années d'"Usine" que j'ai traversées comme des plages de non-vie.
(1 3/4) Pour les initiés qui s'inquièteraient, il est prévu que je vois lundi Simone. Par précaution.
(2) Et je suis pour l'instant incapable d'en faire quelque chose comme le "Pétronille" d'Amélie Nothomb. En partager les bons moments, et les drôleries, remercier au passage les amis (ce si bel hommage qu'elle offre aux amis de l'Astrée), m'arrêter à l'instant où je me fais flinguer. Garder pour moi les conséquences funestes.