Gros vrac du samedi soir en vrac de fatigue mais tout va (plutôt) bien
L'histoire du livre même est un fameux roman

un nom de pas-poisson


Ils courent, la mère, une femme plus jeune peut-être une amie, et le garçonnet dont on sent qu'il se fait violence pour accompagner mais préfèrerait être ailleurs (1). La mère s'efforce de maintenir une conversation qui n'ennuie pas trop son fiston. Ils ont des projets d'aquarium et me dépassent, j'ai un petit rythme, au moment de l'évocation du choix des poissons.

- Et si on prenait de ceux qui ont un nom de pas-poissons mais qui sont si beaux ? suggère alors la mère.

J'ignore ce qu'a répondu l'enfant. J'étais occupée à imaginer à quoi pouvait ressembler un beau poisson qui avait un tel nom.

Plus tard j'ai croisé le garçon qui repartait avec son père, venu le chercher après un message de la mère et qui semblait se justifier d'avoir un peu tardé - "Je ne pouvais pas répondre à un message que je n'avais pas lu" -. Plus tard encore j'ai revu la dame qui courait, à présent seule. Sans doute que l'amie, moins entraînée, avait arrêté. 

Leur art famillial de la négation logique m'a fait me demander s'ils n'étaient pas mathématiciens de profession (2). Et même s'il semblait mécontent d'avoir dû (tant) courir, l'enfant souriait. J'aime voir des enfants heureux, ça me laisse un (doux ? naïf ?) espoir que certains adultes de demain ne seront pas (que) des pires salauds. Et qu'ils sauront respecter les autres parce qu'ils auront petits été respectés et choyés.

 

(1) C'est marrant de constater combien la plupart des enfants qui spontanément courent dès qu'on les libère d'une activité plus contrainte, détestent courir sérieusement, sur une distance. Je ne peux pas dire comment j'aurais été à leur âge : je date d'avant la course à pied, du moins comme activité pratiquée en dehors des stades par tout un chacun. Courir c'était deux à trois tours de terrain comme échauffement avant autre chose (tennis, football) ; et encore pas toujours. Ça commençait tout juste de voir des joggers dans les films et séries USAméricains. Ou peut-être en France dans les BeauxQuartiers mais je n'y étais pas.

(2) Je garde un souvenir ému et ébloui de mes premiers cours de logique, moi qui l'avais si forte (d'où ensuite ce goût pour la programmation) et qui me heurtais sans arrêt dans la vie quotidienne au fait que si peu de choses et de gens la respectaient. Je (re)trouvais enfin un monde où au lieu de boire la tasse j'avais pied. Où tout allait très strictement de soi, et me semblait simple, sans effort, sans devoir sans arrêt me demander s'il n'y avait pas une embrouille ou une exception cachée. 

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