C'était ce jour-là
11 septembre 2014
(en ce même jour, une autre année)
- Un film dont tu attendais la sortie depuis plus d'un an et qui ne t'avais pas déçue fors une romance superfétatoire (il fallait donner du boulot à l'actrice I presume) ;
- La librairie où tu aurais pu travailler si tu avais été une femme d'affaires ou accointée avec quelqu'un qui l'était et que tu vois splendide, alors que celle où tu travaillais était en train de fermer ; cette constatation combinée au fait d'avoir été quittée par ton bien-aimé, parce qu'il a rencontré quelqu'un d'autre, avait engendré une violente sensation qu'en ce monde quoi que tu fasses, même en n'ayant rien d'autre à te reprocher que de n'être pas la belle blonde requise et déjà fortunée (pour créer une entreprise), tu étais celle de trop ; le seul cas où tu ne l'es pas c'est pour dépoter à pas cher mais très efficacement du boulot fastidieux.
- L'homme d'ici malade un peu par sa faute à ne jamais vouloir prendre en respectant les posologies (il divise tout par deux, y compris le, non rien) les traitements prescrits, les rendant souvent inopérants. ; il t'avait en n'étant pas du tout stoïque dans son problème empêché de travailler efficacement pendant toute une matinée. Et empêché aussi de compatir. Lassitude aussi de se faire ouspiller lorsqu'on hasarde un conseil de bon sens, un geste de réconfort ;
- Avoir appris au passage d'un secours qu'il n'était finalement d'aucun secours (on ignorait qu'il avait été utilisé et rien ne permettait de s'en rendre compte) ;
- Le bien-aimé qui trois mois après une rupture qu'il avait choisie et menée avec désinvolture et lâcheté, persistait à manquer malgré la forme de mépris que désormais à son égard tu éprouvais. Il avait fallu pour un motif sérieux retrouver une adresse de messagerie qu'un correspondant avait communiquée en juin, et ré-entrevoir au passage ne serait-ce que les débuts de ses messages de juste avant le jour J, toi ne te doutant de rien, lui sachant déjà qu'il s'apprétait à mettre un terme à votre relation, sans doute après une nuit d'amour plus réussie que les précédentes avec sa nouvelle recrue femme, t'avait donné la nausée. Ce truc terrible des mois où l'on croit que l'autre est encore là, et que toutes ses pensées (et le reste aussi) vont déjà vers l'autre, mais tu l'ignores, tu es le petit bonhomme des dessins animés qui continue à marcher droit après que le bord de la falaise ait été dépassé (jusqu'au moment où tu regardes en bas et). Cela dit, revoir les amorces t'avait fait comprendre que non, tu n'avais pas pêché par naïveté (ce dont tu avais fini par te persuader, il t'avait quand même fait gober que l'amour, il ne pouvait plus et à le voir les larmes aux yeux, tu l'avais cru), qu'il avait été dissimulateur. Les messages jusqu'au dernier jour juste avant étaient toujours attentifs et tendres, vraiment ceux d'un homme aimant. Peut-être un peu plus brefs qu'avant.
- Un bon moment en soirée mais quand même un rendez-vous manqué - encore le syndrome de Gilbert Woodbrooke (1) -. Comprendre qu'il est inutile de tenter d'autre chance, tu ne les intéresses pas ;
- Des voisins nouveaux qui se font engueuler pour simples conversations sur le balcon, oui d'accord, tardives. Je regrette d'autant plus que comme effectivement ils n'avaient pas conscience de l'environnement, c'était pour moi un peu distrayant ;
- Un boulot qui se présente, que je dois accepter sous peine de naufrage financier, que je n'ai pas l'envie ni la force d'effectuer ;
- Un homme que je ne connaissais que de l'internet mais dont j'appréciais le travail (2) et donc l'annonce du décès survient dans la matinée, sans le moindre détail, brutalement. Je ne saurais dire exactement pourquoi mais je trouve ça pire lorsqu'on ne sait pas la cause de la mort et, en cas de maladie, si l'on ignorait ce qui se tramait ;
- Un autre homme au sujet duquel lors de notre rencontre je m'étais dit, C'est quelqu'un que je pourrais aimer. Mais j'étais à l'époque subjuguée par celui que je croyais amoureux de moi, et l'homme rencontré fort bien accompagné d'autant qu'il avait alors avec sa femme un projet de changement régional. Les nouvelles que j'avais eues les plus récentes étaient d'une satisfaction de leur nouvelle vie. Et puis voilà, apprendre en même temps qu'il y avait eu séparation et déjà de son côté une autre. Cette sensation d'autant plus cruelle d'avoir "loupé le coche" (comment dire autrement).
Alors malgré, de très bons livres sur la période, entre le "Kinderzimmer" de Valentine Goby et le "Confiteor" de Jaume Cabré, malgré un certain nombre d'éléments encourageants, c'était au soir une grande, une immense tristesse, relativement proche de celle d'un deuil important (j'insiste sur le relativement, je sais l'écart).
(1) Personnage de Romain Slocombe doté du moins jusqu'à un épisode de ses aventures très avancé, d'une poisse fidèle particulièrement en matière de sexualité - par exemple un rhume carabiné lors de l'unique nuit qu'il peut passer avec la femme de ses rêves (du moment) -.
(2) Sauf la part classement des blogs qui m'a toujours paru un truc de mecs hétéros : dès qu'ils sont deux il faut à tout prix qu'ils sachent qui pisse le plus loin. Ceci n'est pas une généralisation abusive mais du constaté dans 99,9 % des cas. J'aimerais des contre-exemples, j'aimerais me gourer.
addenda de longtemps plus tard (au moins un an) : Finalement le point 5 (chagrin amicalo-amoureux) t'avait fait manquer le point 8 (travail proposé) ; ce qui était demandé nécessitait d'être en pleine forme, beaucoup de part relationnelle, totalement incompatible avec les montagnes russes que la peine te causait. Un instant presque normale, le temps d'après au bord des pleurs. Et la tension qui tombait plus bas que bas, sans aucun signe avant coureur et te mettait au bord du malaise. Ça va mieux.
Je m'en étais rendu compte au dernier moment, que tout simplement physiquement ça ne passerait pas. Et ne remercierai jamais assez Satsuki qui m'a soulagée en ces mois difficiles de l'obligation financière d'accepter malgré mes défaillances. Ni non plus Sylvie qui m'a permis de retrouver du travail dans ce que je considère désormais comme mon métier (libraire).