Garder le cap
30 août 2014
J'ai beau me dire que c'est provisoire et que le un peu d'argent rentré de plus est providentiel, j'ai beau l'écrire noir sur blanc, Dans huit jour je retrouve mon rythme de salariée à temps partiel, il me faut du temps, plus de temps pour mes petits chantiers personnels et au bout d'un mois complet complet, malgré que tout se soit fort bien passé et une jolie panne d'ordinateur de caisse pour pimenter, je suis en train de craquer. Comme je suis toujours sous l'emprise du chagrin qu'on m'a infligé l'an passé et de l'absence violente induite, et solidement lestée de deux voire trois tracas lourds dont je sais que dans le meilleur des cas ils ne s'allègeront qu'au printemps prochain s'ils le font, j'ai besoin d'écrire pour me réfugier dans cette concentration puissante que ce travail m'accorde au moins deux heures par jour sinon j'étouffe sous le poids de tout ça.
Ma production de la période est de moyenne qualité mais il faut qu'elle survienne. La seule ambition du moment est qu'elle m'aide à tenir.
Je maintiens la technique qui m'a permis de surnager jusque là, à savoir : m'en tenir à ce que j'ai prévu (sport, sorties, BNF) même si je vacille et que quand j'y suis je n'y suis pas. Ou qu'à moitié. Ou somnolente.
Alors aujourd'hui comme ça, ça a été BNF seul jour disponible sur 2 longues semaines. Mais sur place j'étais crevée, sans énergie, seulement capable de vaquer à quelques autres trucs que l'écriture de mes plus solides chantiers. D'où qu'ensuite je suis rentrée avec le sentiment de n'avoir rien fait de la journée, rien avancé.
Or c'est faux. J'ai bouclé sauf une, mes gammes quotidiennes, petits exercices salutaires et qui dans la durée formeront sans doute quelque chose. J'ai répondu à deux lettres en papier et c'était important de le faire sans tarder - un ami commun avec ma correspondante ne va peut-être pas fort bien -. Avancé d'un nouveau chapitre la lecture (on pourrait presque dire l'étude) de mon cher "Indien des plaines" - je suis à nouveau livrée à moi-même pour m'instruire, il ne faut surtout pas abandonner ce qui était déjà engagé -. Et enfin fini de traiter, d'organiser, de disposer ce qui concerne les photos du 17 octobre 2012. C'est quand même curieux cette conviction enfantine que lorsque j'aurais comblé mon retard, je pourrais reprendre sereinement le fil de ma vie interrompu en 2013 / 2014 par chômage, rupture et maladie (1). Une part de cette sensation est rationnelle : il s'agit de lutter contre l'impression d'avoir eu 5 années de ma vie qui n'ont pas compté puisqu'on m'a à nouveau effacée comme étant la fille de trop, celle qui était pas mal mais en attendant mieux. Alors oui fin 2012 et début 2013 j'ai eu une vie, et elle fut plutôt belle et bien remplie même si je voyais mon emploi fondre, un lieu magique disparaître et que l'amour n'aidait pas à l'épanouissement. Je dois remettre les bons éléments, les souvenirs des bons moments à leur juste place et éviter de voir tout ce temps comme une zone grise uniformément.
Et puis je ressens comme un devoir intime, interne et irréductible de poser mots et photos sur l'expérience Livre Sterling, sans faire de littérature, mais pour garder trace. La fin fut difficile mais ce furent des temps heureux et ce lieux lui aussi effacé mérite d'exister encore en mémoire. Restituer les souvenirs afin de tourner la page bien fort et proprement. Non pas un double effacement en plaie ouverte comme c'est toujours pour l'instant, entre celui qui a été contraint par les circonstances économiques de me dire Plus de boulot et celui qui a choisi parce qu'il avait plus blond de me dire Ne m'aime plus. Parce que même si le gagne-pain a été remplacé et bien, et que je ne suis pas entièrement seule, le cumul des deux a été secouant. Je ne joue plus tout à fait dans les mêmes dimensions ; c'est rude l'ajustage. Comme de déménager vers un logis plus petit. C'est peut-être normal d'en être encore à se cogner aux bornes, à ne pas savoir où se (re)placer.
En attendant, en ces temps si guerriers, il reste quelques pensées à ne pas perdre de vue (merci @Ale_Na_Va pour l'image) et qu'un chagrin lorsqu'on a le ventre plein, les pieds au sec et que personne n'est mort, tient un peu du #MPP
(1) pas de moi, mais de tout(e) proche
[photo : "C Moyen(ne)"]